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tournelivres une démarche d’éveil au livre pour les tout-petits et les professi

tournelivres une démarche d’éveil au livre pour les tout-petits et les professionnel-le-s dans les lieux d’accueil de l’enfance Un projet mis sur pied par le Centre de ressources en éducation de l’enfance CREDE et Jeunesse et Médias.AROLE Avec la collaboration de Bibliomedia et de l’Institut suisse Jeunesse et Médias ISJM t o u r n e l i v r e s 3 Proposer aux tout-petits, avant même leur entrée à l’école enfantine, des marges de liberté pour qu’ils puissent s’approprier, à leur manière et à leur rythme, le livre et la lecture est un enjeu éducatif central. Car favoriser, chez les jeunes enfants, la construction d’une représentation positive et chaleureuse de l’écrit et leur permettre de se familiariser avec la richesse de la langue du récit participent à leur développement global–sensoriel, affectif, cognitif, social et culturel–ainsi qu’à la prévention de l’illettrisme et de toutes les exclusions qui en découlent. Conscients de leur rôle en matière d’éveil au livre, le Centre de ressources en éducation de l’enfance CREDE et Jeunesse et Médias. AROLE, association romande de littérature pour l’enfance, se sont rencontrés autour de projets d’éveil au livre pour les lieux d’accueil de l’enfance. Au début des années 90, Jeunesse et Médias.AROLE développait les projets Chenille et Virus Lecture, destinés respectivement aux enfants d’âge préscolaire et aux jeunes écoliers. En 2003, l’Association des Centres d’Accueil de l’Enfance ACAE, devenue le CREDE en 2005, acquérait deux Chenilles pour les proposer aux institutions de l’enfance de la région lausannoise d’abord, puis du canton de Vaud ensuite. Sur le terrain, ce projet s’est avéré répondre aux intérêts des enfants dès trois ans et aux demandes des institutions de l’enfance. Par contre, pour les plus petits, il s’agissait de convaincre les professionnel-le-s que les livres peuvent –et doivent – faire partie de l’environnement des bébés dès leur plus jeune âge. Il fallait aussi imaginer un objet moins fragile que la Chenille mais tout aussi ludique, qui invite les tout-petits à découvrir l’univers des livres et à voyager dans l’imaginaire. Un groupe de travail réunissant des professionnelles du livre et de l’enfance a planché sur la conception de ce nouveau projet. C’est ainsi que tournelivres a vu le jour. Nous remercions chaleureusement tous les membres du groupe de travail et leurs institutions respectives pour leur collaboration, ainsi que la Fondation Bibliomedia pour la mise à disposition des livres. Nous vous encourageons à vous lancer sans plus tarder dans l’exploration de ce guide et vous souhaitons beaucoup de joie à faire vivre tournelivres avec les enfants et leurs parents au sein de votre institution. Brigitte Praplan, coresponsable du bureau romand de l’Institut suisse Jeunesse et Médias ISJM Corinne Rochat, directrice du Centre de ressources en éducation de l’enfance CREDE AVANT - PROPOS t o u r n e l i v r e s 4 5 Introduction ............................................7 tournelivres: un kit d’éveil au livre? Pour les tout-petits? ..............................8 Le tapis ................................................................9 forme, couleurs, matière, poches Des livres, ou plutôt, des albums ....................10 des albums, oui, mais pas n’importe lesquels, du récit avant tout, un choix diversifié et des fils rouges, une progression possible et même nécessaire, des albums en double exemplaire La corbeille .........................................................14 Le présentoir ......................................................14 Des livres et des tout-petits: un enjeu de société .................................15 «Abracadabra, livre, ouvre-toi!» tournelivres: comment ça marche? .....17 Les quatre piliers de l’éveil au livre en institution petite enfance ...........................18 matériel, espace, temps, un adulte lui-même éveillé La fin de l’histoire? ............................................24 Bibliographie ......................................................26 Associations et organisations qui oeuvrent dans le domaine de l’éveil au livre ..................27 TABLE DES MATIÈRES t o u r n e l i v r e s 8 9 TOURNELIVRES: UN KIT D’ÉVEIL AU LIVRE? POUR LES TOUT-PETITS? Pour les tout-petits? Oui, dès le plus jeune âge. Et longtemps après. Mais pas seulement: pour les professionnel-le-s de l’enfance aussi. Parce qu’avec tournelivres, enfants et adultes vont voyager et grandir ensemble. Alors pour commencer, passons en revue votre équipement d’explorateur! Un tapis, des livres en double exemplaire, une corbeille, un présentoir… et ce document, votre guide fidèle, secourable, qui ne parle que si vous l’ouvrez! A première vue, c’est plus simple qu’un meuble suédois à monter, n’est-ce pas? C’est joli et, comme disait le petit Prince, «c’est forcément utile, puisque c’est joli». C’est un outil pédagogique et d’auto-formation, pourrait-on dire. L’objectif est en effet de vous permettre de développer votre capacité à mettre sur pied des moments de rencontres avec les tout-petits autour des albums, de vous entraîner à animer ces rencontres et à partager des lectures avec les tout-petits et leur famille. Le moyen est de vous inviter à essayer, tester, explorer, questionner, observer, avec un matériel simple élaboré à l’intention des tout-petits. Enfin, et surtout, le but est de susciter en chacun, quel que soit son âge, le plaisir, pour ne pas dire la joie, de la lecture partagée. Bon voyage! U n kit, oui, osons le mot, c’est-à-dire un assortiment d’ustensiles visant, non pas votre survie dans des conditions extrêmes, mais votre épanouissement et celui des enfants au pays du récit partagé. Un kit, parce qu’on pense souvent qu’il est ardu de commencer une démarche sans le matériel adéquat. Le tapis Avec les tout-petits, comme d’ailleurs avec les plus grands, toute activité qui n’est pas délimitée dans l’espace perd de sa substance. Le tapis, c’est une base solide, repérable aisément, une piste d’envol aussi bien qu’un nid où revenir. Les bébés explorent leur environnement en se frottant à lui. Dès lors, quoi de plus approprié qu’un tapis? Les jeunes marcheurs quant à eux ont toute marge de manœuvre pour circuler autour, aller, venir, s’asseoir, repartir… comme il sied à cet âge. Un tapis avec des portes secrètes. A découvrir. A redécouvrir autant de fois que désiré. A manipuler, soulever, gratter, caresser… Une forme: le rond nous appelle dès que l’on pense aux bébés. Une forme très précise, nette, sans fioriture susceptible de surstimuler ou de générer de la confusion. La répétition de la forme des pétales, stimulante et rassurante à la fois. Des couleurs: oui, mais pas trop. Deux, fortement contras- tées, car il semble que les tout-petits apprécient moins l’abondance de couleurs que leur contraste. Du brun au centre pour se poser, du jaune soleil autour pour s’activer. Des matières: là encore, jouer la carte du contraste, sans multiplier les sensations. Une matière épaisse et poilue au centre, souple et lisse autour. Et pour les poches, un tissu translucide presque transparent, qui invite au grattouillis sonore. Parlons des poches justement! elles ont pour fonction de receler les livres cachés par nos soins. Elles sont amovibles, pour ajuster le nombre d’ouvrages proposés au nombre d’enfants, à leur intérêt, à leur capacité d’attention du moment, indépendamment de l’âge. Et encore une fois, pour ne pas surstimuler. Leur transparence vise à ce que le tout- petit, qui n’a pas encore acquis «la permanence de l’objet»1, repère que quelque chose est caché. Ce quelque chose fait une bosse, c’est dur et plat, des signes apparaissent… Pour un 1 Pour mémoire, ce qu’on appelle «permanence de l’objet», c’est la capacité qu’acquiert progressivement le petit enfant de se dire qu’un objet caché existe encore, ou que l’objet qui dépasse, en l’occurrence d’une poche, d’une corbeille… a une partie cachée à son regard et que ces parties visibles et invisibles constituent l’objet dans son ensemble. Par extension, et surtout grâce au jeu, notamment celui du «coucou», ou celui qui consiste à mettre un objet dans un sac et à le faire réapparaître, le petit enfant va devenir capable peu à peu de se représenter que «ce qui n’est pas là», sa mère, son père, ses personnes de référence, existent encore, ailleurs. bébé de quelques mois, voilà qui est très intéressant, c’est une énigme passionnante! Et ce qui est extraordinaire, c’est que, quand on soulève le rabat de tissu translucide, cette chose qu’on a vue auparavant, c’est la même qu’on a maintenant sous la main! Il est d’ailleurs plus que probable que le tout-petit passe beaucoup de temps à soulever et rabattre les pétales, les couvertures de livres…, lors des premières séances d’éveil tournelivres, notamment pour répéter à satiété l’expérience de cette révélation. Pas d’inquiétude, n’en déduisez pas immédiatement que le livre ne l’intéresse pas, et donc que définitivement, «les livres, c’est pas pour les bébés!». Il s’intéresse au contraire, mais à la mesure de ses moyens, en fonction de ses capacités à intégrer une nouvelle expérience. L’éveil au livre, comme tout éveil, commence par la découverte ou plutôt l’imprégnation de ce qui entoure l’objet proposé. D’ailleurs, les dimensions et le système d’ouverture des poches sont pensés pour encourager cette manipulation, ce mouvement physique grâce auquel l’enveloppe psychique se consolide. Donc des poches de différents formats pour jouer avec les dimensions des albums à cacher. Avec des ouvertures qui permettent au tout-petit peu à peu d’acquérir le mouvement de la «tourne-de-page». Ce mouvement, essentiel, l’accompagnera toute sa vie. Tourner une page, c’est quitter une chose, un monde de sensations, pour aller vers quelque chose qu’on ne connaît pas encore uploads/Litterature/ tournelivres.pdf