Elí Rodríguez Letras modernas (francesas) rocío ugalde Introduction aux littéra
Elí Rodríguez Letras modernas (francesas) rocío ugalde Introduction aux littératures « francophones » Texaco de Patrick Chamoiseau ou de la critique francophone Parler de francophonie, il est compliqué d’en parler, puisque les expériences de chaque peuple et de chaque région avec l’impérialisme français sont tout à fait différentes, avec leurs nuances et leurs degrés d’interaction. Dans ce cadre, le cas des martiniquais est exceptionnellement intéressant. C’est une région du monde « francophone » dont la liaison avec le reste de l’ensemble est difficile à saisir, mais pas impossible. Un des éléments fort utilisés pour établir cette liaison, « l’influence » du français sur certaine culture, est la littérature, et l’un des romans les plus attirants de cette région antillaise est Texaco de Patrick Chamoiseau, racontant l’histoire d’un quartier martiniquais et toutes les souffrances et périls subies par le peuple pour y arriver. Les questions qu’on se pose dans cet essai sont particulières : quelle relation garde cette ouvre avec le concept de francophonie ? Est-ce qu’elle garde une relation ? Avec quel type de francophonie ? Comment le récit expose, critique ou rend visible quels aspects de l’expérience francophone ? Pour répondre à ces questions, on prendra la première partie du roman intitulé « Temps de paille » en abordant deux axes d’analyse principales : situer l’œuvre à partir de son contexte et trouver sa place dans ce qu’on appelle « francophonie ». Après, discuter certains aspects présents dans cette première partie du roman qui reflètent l’influence française dans cette région, ou comment ces aspects s’opposent à certaines idées sur la francophonie et sa manière d’agir sur les expériences d’autres peuples. Elí Rodríguez Letras modernas (francesas) rocío ugalde Introduction aux littératures « francophones » Premièrement, il faut placer ce roman par rapport à la francophonie. Pour le cas de la Martinique, il est difficile à cause de sa situation par rapport à la France. Elle n’est pas un pays conquis avec une longue histoire propre comme les pays de l’Afrique sub-saharienne ou du Maghreb. Elle n’est non plus une région peuplée par des français métropolitains et séparée de la métropole comme les québécois ou les acadiens, ou un pays qui a développé la langue française à sa propre manière et indépendante comme la Belgique ou la Suisse. La Martinique reste toujours une région sur l’administration directe de la France métropolitaine, avec quatre cents ans d’histoire la liant avec cette petite île du Caraïbe. Cependant, contrastant fortement avec la Louisiane ou le Québec, la Martinique comme d’autres iles sous le control du Royaume de France, n’a pas été peuplé par français, mais par des esclaves, venus de l’Afrique pour nourrir les industries du coton, du sucre, et du café. Les français qui sont venus à cette île sont des administrateurs, des bourgeois, des militaires, pour exploiter et protéger leurs intérêts, lesquels restent intouchables, même avec l’émancipation des esclaves. On ne fait qu’en changer le nom, le colonialisme y est arrivé. Vu que sa relation avec la métropole n’était pas la même que les autres territoires typiquement liés à la francophonie, il est évident que sa relation avec ce concept ne serait non plus égale. La Martinique n’a pas été soumise au discours qui pose le français comme langue civilisatrice et universelle, car on n’avait pas besoin de justifier : la Martinique était française, et la France avait plein droit de faire d’elle ce qu’elle voulait. D’une manière étrange, cette île n’est pas la France, mais elle n’est pas extérieure à elle. Par conséquent, le roman de Chamoiseau ne saurait pas se placer au milieu d’une « francodoxie ». C’est quoi cela ? Selon François Provenzano dans son livre Vies et mort Elí Rodríguez Letras modernas (francesas) rocío ugalde Introduction aux littératures « francophones » de la francophonie, la « francodoxie » est l’ensemble des topoï et autres procédés rhétoriques auxquels puise le discours métalittéraire qui construit un lien entre la Francophonie comme institution et les littératures dites « francophones » (55). La Francophonie comme institution politique n’agit pas dans la littérature antillaise car la métropole exerce son influence et son pouvoir à travers d’autres chaînes de domination, d’une manière plus directe à cause du statut de la Martinique comme département d’outre- mer, tandis que les productions culturelles antillaises, y compris la littérature, sont prises comme « francophones ». Ce paradoxe présente une opportunité unique aux écrivains antillais. Du fait que les antillais ne sont pas enchaînes aux outils rhétoriques de la francodoxie et au même temps ils sont reconnus comme une littérature qui diffère du français métropolitain, permet de réaliser une critique qui dégénère en crise de l’idée de « francophonie », en la comparant avec les pratiques impérialistes et esclavagistes de la France dans ses domaines antillais, qui ont beaucoup des choses en commun avec les pratiques de la doxa francophone. En plus, ce rapprochement de la structure principale du pouvoir bénéficie la littérature antillaise en prenant un aspect important de la francodoxie pour en faire quelque chose de propre et unique. Provenzano indique que « la légitimation d’une tradition littéraire et linguistique passe notamment par l’élaboration d’un grand récit qui dote cette tradition d’une origine et qui se fonde sur différents principes de structuration interne » (Vies et…, 58) Cet outil est propre de la francodoxie, mais dans la littérature antillaise on l’utilise pour créer une identité hors Elí Rodríguez Letras modernas (francesas) rocío ugalde Introduction aux littératures « francophones » de la francophonie, hors des frontières du canon français ; une littérature créole, vraiment antillaise. Ensuite, on va aborder un fragment du roman et en faire l’analyse. En effet, un fragment attire l’attention parce qu’on montre une structure de pouvoir qui sera essentielle pour la construction de l’idée de francophonie et sa vraie nature. Cet extrait est présenté comme outil de domination, non comme outil pour diffuser les bontés de la langue françaises, et les personnages s’en méfient comme telles. Dans le premier fragment, la narratrice/ personnage nous construit une image des plantations antillaises au début du XIXe siècle : La Grand-case s’élevait au centre des dépendances, des bâtiments et des paillotes. À partir d’elle, rayonnaient les champs, les jardins, les emblavures de café escaladant la pente des arbres au bois précieux. Elle dominait le tout, semblait tout aspirer. Le harassement des bœufs, le désarroi des nègres, les belletés de la canne, le chuintement des moulins, cette boue, ces odeurs, ce pourri de bagasse existaient afin de nourrir ses beaux-airs de puissance. Les nègres l’apercevant des partout du travail, en gardaient l’œil furtif que nous aurions plus tard sur la face des En-villes ou de leur cathédrale Le géreur et les chefs ennoblissent leurs pas à l’approche de ses marches, leur gorge canaille se trouvait une douce huile, et dessous la galerie ils ôtaient leur chapeau. La personne du Béké n’obtenait point semblable respect. Dans les champs, découpée sur la lointaine façade, sa silhouette a cheval semblait frêle ou débile – mais de près, sur le pas de sa demeure, elle était invincible. (Chamoiseau, Texaco, 61) Cet extrait montre dans une autre lumi ère un des piliers de l’idée de francophonie : l’opposition entre centre et périphérie. Cette opposition sert à établir les normes avec lesquelles les différentes périphéries vont se guider, et où ira-t-on pour valider les productions intellectuelles. Une centralisation qui trouve ses racines dans les politiques du Roi Soleil et qui se perpétuent par le sens de la République une et indivisible (Little, 26) et qui marque le rythme impérialiste que la Elí Rodríguez Letras modernas (francesas) rocío ugalde Introduction aux littératures « francophones » France donnera aux relations qu’elle établira avec les autres régions du monde. En général, cette opposition est conçue comme une manière amicale d’établir une hiérarchie dans laquelle les identités des périphéries se rejoint dans le centre pour y être considérés et appréciés. Cela n’est pas le cas dans l’extrait de Texaco. Des le début, il y a une méfiance contre les choses qui viennent du centre, ici appelé « l’En-ville », puisque les habitants du dehors savent ce qui arrive avec l’En-ville : la police, la répression, le déplacement des peuples et la destruction du patrimoine. Cette attitude est expliquée par l’origine de cette opposition centre -périphérie avec le Grand-case et les plantations, représentant le pouvoir et la répression exercé par les français sur l’île. Ils savaient que toutes les choses négatives qui arrivent à leurs vies provenait de ce centre, et à la fois, c’était un centre auquel ils aspiraient, qu’ils désiraient. Cette définition de l’opposition centre- périphérie démontre la nature impérialiste de cette relation, où le centre cherche les périphéries seulement pour en soustraire les ressources et en profiter, trouvant la manière de toujours se montrer attirant même aux espaces réprimés et éliminant l’aspect positif d’une des idées bases de la francophonie. Ici, dans l’extrait de Texaco, la domination du centre sur la périphérie n’est pas seulement symbolique ou culturelle, telle que la francophonie veut se présenter, mais elle est physique, violente et extrêmement agressive. Ce mécanisme prouve uploads/Litterature/ texaco.pdf
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- Publié le Fev 19, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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