DIPARTIMENTO DI FILOLOGIA, LETTERATURA E LINGUISTICA CORSO DI LAUREA IN LINGUE

DIPARTIMENTO DI FILOLOGIA, LETTERATURA E LINGUISTICA CORSO DI LAUREA IN LINGUE E LETTERATURE STRANIERE ELABORATO FINALE Rimbaud entre géométrie du désir et énigme de la trajectoire humaine. Une lecture de Mystique. CANDIDATO RELATORE Santa Vanessa Cavallari Chiar.ma Prof.ssa Hélène de Jacquelot CONTRORELATORE Chiar.mo Prof. Stefano Brugnolo ANNO ACCADEMICO 2017/2018 1 Table des matières Table des illustrations .............................................................................................................. 2 INTRODUCTION L'homme animal vertical ............................................................................................................ 3 CHAPITRE 1 Quelques preliminaires théoriques 1.1 – Désir de l'autre ................................................................................................................... 7 1.2 – Désir de Dieu ..................................................................................................................... 9 1.3 – Girard et Giussani : ressemblances et différences ........................................................... 12 CHAPITRE 2 Rimbaud chrétien ? Odi et amo 2.1 – Influences du milieu familial ........................................................................................... 15 2.2 – Christianisme entre rejet et source d’inspiration ............................................................. 16 CHAPITRE 3 Mystique : poème énigmatique 3.1 – En plein milieu des Illuminations .................................................................................... 21 3.2 – Le poème de prime abord ................................................................................................ 23 3.3 – Lectures disparates, images hétéroclites .......................................................................... 26 CHAPITRE 4 Quelques éléments pour une lecture chrétienne 4.1 – La géométrie linéaire du poème ...................................................................................... 29 4.2 – Soif et faim de possession : cyclicité tournante ............................................................... 32 4.3 – Possibles allusions bibliques .......................................................................................... 36 4.4 – Une élévation à travers la descente : d’Une saison en enfer aux Illuminations .............. 39 CONCLUSION Entre le triangle, le cercle et la croix ........................................................................................ 44 Bibliographie ........................................................................................................................... 48 2 Table des illustrations Figure 1 – L’espressivité de la vie humaine (L. Giussani, Il senso religioso, Milano, Jaca Book, 1987) ........................................................................................................................................... 5 Figure 2 – Dynamiques médiateur-sujet sujet-médiateur ........................................................... 8 Figure 3 – Dynamiques médiateur-objet .................................................................................... 8 Figure 4 – La haine vers le médiateur ........................................................................................ 9 Figure 5 – La réalité (L. Giussani, Il senso religioso, Milano, Jaca Book, 1987) .................... 11 Figure 6 – La réalité habitée par l’homme (L. Giussani, Il senso religioso, Milano, Jaca Book, 1987) ......................................................................................................................................... 11 Figure 7 – L’énigme dans la trajectoire humaine (L. Giussani, All’origine della pretesa cristiana, Milano, BUR Rizzoli, 2013) .................................................................................... 13 Figure 8 – Adoration de l’Agneau mystique (https://www.frammentiarte.it/2016/02-polittico- di-gand-o-dellagnello-mistico/) ............................................................................................... 26 Figure 9 – Transposition graphique de Mystique ..................................................................... 30 Figure 10 – Les dynamiques de Mystique ................................................................................ 45 3 INTRODUCTION L’homme animal vertical L’élaboration de mon mémoire a comme point de départ la volonté de décrire la trajectoire que tout homme accomplit pendant sa vie, lorsqu’il prétend avoir quelques indices de ce qu’il y a au-delà des bornes de l’existence. Les indications spatiales contenues dans le poème en prose Mystique d’Arthur Rimbaud, m’ont permis de tracer mentalement un schéma précis qui m’a conduit à l’élaboration d’une hypothèse d’interprétation parfaitement en ligne, à mon avis, avec la trajectoire tracée par les mots. D’où le choix de baser ma réflexion sur une transposition graphique commentée du parcours que tout homme qui désire l’infini accomplit, tout en me focalisant sur la puissance de la poésie de Rimbaud. Par conséquent, en premier lieu j’analyserai rapidement les dynamiques du désir d’infini de l’homme. Pour faire cela, en particulier je me servirai des théories de René Girard et de Luigi Giussani dont je remarquerai les points de différence et de ressemblance. J’aborderai en suite la relation contradictoire de Rimbaud avec la religion qui l’a marqué pendant toute sa vie, à cause du milieu culturel, social et surtout familial auquel il était lié. Je ferai particulièrement attention au rapport que notre poète avait avec sa mère et aux témoignages de sa sœur Isabelle sur les derniers jours de sa vie. La troisième partie du mémoire sera consacrée à une analyse du poème Mystique faisant partie des Illuminations, accompagnée d’un aperçu critique des interprétations qui ont été faites au fil des ans. Dans le quatrième chapitre, noyau du mémoire, je proposerai une lecture chrétienne et tout à fait personnelle du poème, en essayant de remarquer les références bibliques qu’on y trouve et de tracer la dynamique montée-descente dans Une saison en enfer. Enfin je vais appliquer les théories de Girard et de Giussani exposées dans la première partie. Cette interprétation, tout en étant accompagnée d’une recherche bibliographique soignée, ne prétend pas être une imposition. Ce que je veux dire est que Rimbaud est un auteur à la poétique ouverte, aucun de ses poèmes ne peut être renfermé dans la prison d’une interprétation sûre et immobile ; voilà la raison pour laquelle mon analyse ne veut que s’ajouter aux nombreuses déjà existantes. Je vais proposer une clé de lecture, mais il faut tenir compte que personne ne peut savoir quel était le sens que Rimbaud voulait donner au poème. Dans la vision chrétienne, lorsqu’un être naît il descend sur la terre, tandis qu’à sa mort il monte au ciel. Ce sont les dynamiques de la logique existentielle, mais très différents sont les préceptes 4 de la logique éthique, selon laquelle l’action de descendre est généralement liée à l’idée de perdition morale, de débauche, de chute à l’enfer vers Satan. Au contraire, l’idée d’ascension implique dans l’imaginaire commun le concept de noblesse d’âme et d’élévation vers le ciel et vers une entité supérieure. « Toutes les forces morales […] ont une différentielle verticale »1, donc la vie humaine est un problème de descente et de montée : comme le dit Gaston Bachelard « les métaphores de la hauteur, de l'élévation, de la profondeur, de l'abaissement, de la chute sont par excellence des métaphores axiomatiques ; rien ne les explique et elles expliquent tout »2. En réalité l’existence humaine se répand aussi en accomplissant un mouvement horizontal. En effet pour parler de l’histoire de l’homme d’habitude on se sert d’une ligne du temps qui se dirige toujours à droite. Cette ligne a une extension infinie, car jusqu’au moment où quelques traces humaines existeront, la ligne continuera à s’allonger. Malgré cela l’homme a la tendance à vivre avec le regard vers le ciel, ne peut se contenter d’une vie vécue horizontalement. Monter implique l’action de descendre, étant donné que « qui ne monte pas tombe. L'homme en tant qu'homme ne peut vivre horizontalement. Son repos, son sommeil est le plus souvent une chute »3. Regarder vers le haut n’est pas suffisant, en réalité on veut toujours plus, l’homme passe toute sa vie avec une pensée qui le tourmente : découvrir ce qu’il y a au-delà du visible, au-dessus des nués, lorsqu’on passe les limites de la vie et qu’il faut se rapporter à la mort. Cette volonté de découverte est dictée par une crainte qui harcèle l’homme, c’est la crainte de la mort considérée comme chute définitive et destruction de l’idéal d’infini. « La peur de tomber est une peur primitive. On la retrouve comme une composante dans des peurs très variées »4, mais cette prétention de plongement dans le gouffre du ciel n’est pas du tout primitive. Au contraire, au début la vie humaine est analysable comme n’importe quelle autre vie animale, puis il y a un certain type de différenciation : comme le dit Luigi Giussani « emerge nell’uomo un livello espressivo che si stacca dall’espressività della vita animale. […] Ogni espressione che […] si stacchi da quella linea orizzontale, che indica il livello di vita materiale, […] è quindi una manifestazione semplicemente più scaltrita del dato materiale »5. Luigi Giussani, théologien italien, a décrit cette différenciation en utilisant un schéma6 (v. Fig. 1). 1 G. BACHELARD, L’air et les songes. Essai sur l’imagination du mouvement, Paris, José Corti, 1994, p. 18. 2 Ibidem. 3 Id., p. 21. 4 Id., p. 107. 5 L.GIUSSANI, Il senso religioso, Milano, Jaca Book, 1987, p. 61. 6 Ibidem. 5 Ce mouvement vers le haut en réalité traduit aussi la logique du désir et cela est démontré par le mot grec ‘ευθυς’ (euthus) qui signifie ‘droit’, ‘rectiligne’ mais qui dérive peut-être du sanscrit ‘sadhati’, ‘arriver au but’ 7; donc se dresser en haut signifie chercher à se rapprocher de son but. De l’autre côté le mot grec ‘oρθoς’ (orthos) implique la même idée de linéarité, mais avec une nuance plus spécifique de verticalité8. Ce n’est pas tout, car « la verticalité implique l’action d’une force »9. Déjà le mot ‘ευθυς’ « servait aussi, en particulier chez Platon, à désigner la trajectoire circulaire des astres »10, c’est cette connexion avec les étoiles qui fait devenir le mouvement de verticalité directement lié à l’action de désirer. En d’autres termes, le substantif ‘désir’ a parmi ses étymons possibles le mot latin ‘desiderium’, qui signifie aussi bien ‘désir’ que ‘regret’ et qui contient à son intérieur le syntagme ‘de sidera’, c’est-à-dire quelque chose qui a comme argument les étoiles. Bref, désirer signifie se dresser en haut, vouloir quelque chose qui est rapporté aux étoiles, se lancer avec force vers le ciel et adresser vers le haut ses propres ambitions. « Ce sentiment de verticalité […] pousse l'homme à gagner sans cesse en verticalité, à s'étendre en hauteur. L'homme est animé du besoin de paraître grand, d'élever le front »11. Cependant l’être humain est un être limité et cette dimension finie qui est intrinsèque à sa propre nature contraste avec l’ambition d’infini qui le domine. Mais qu’est-ce que l’infini ? Comment l’atteindre ou au moins comment uploads/Litterature/ rimbaud-entre-geometrie-du-desir-et-enig-pdf.pdf

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