A Paris Chez Pierre Rocolet, Imprimeur & Libraire Ordinaire du ROI. Au Palais,
A Paris Chez Pierre Rocolet, Imprimeur & Libraire Ordinaire du ROI. Au Palais, aux armes de la Ville. Deuxième édition 1646. Avec Privilège du Roi, & Approbation des Docteurs. H I S T O I R E DE B A R B A R I E ET DE SES CORSAIRES DES ROYAUMES, & DES VILLES D’ALGER, DE TUNIS, de Salé, & de Tripoli. DIVISÉE EN SIX LIVRES OÙ IL EST TRAITÉ DE LEUR GOUVERNEMENT, de leurs mœurs, de leurs cruautés, de leurs brigandages, de leurs sortilèges, & de plusieurs autres particularités remarquables. ENSEMBLE DES GRANDES MISÈRES & DES CRUELS tourments qu’endurent les Chrétiens captifs parmi les infidèles. Par le R. P . PIERRE DAN, Bachelier en Théologie de la Faculté de Paris, Ministre & Supérieur du Couvent de la Sainte Trinité & Rédemption des captifs, fondé au Château de Fontainebleau, SECONDE ÉDITION 1646 Revue & augmentée de plusieurs pièces, par le même Auteur. A PARIS Chez Pierre Rocolet, Imprimeur & Libraire ordinaire du Roi, au Palais, aux Armes du Roi & de la Ville. Approbation des Docteurs. N ous soussignés Docteurs en Théologie de la Faculté de Paris : Certifions avoir lu & diligemment examiné le livre in titulé, Histoire de Barbarie, & de ses corsaires, &c. Composé par le Révérend Père Frère Pierre Dan, Bachelier en Théologie en ladite Faculté, Ministre & Supérieur du Couvent de la Sainte Trinité, & Rédemption de captifs, dit des Mathurins, fondé au château de Fontainebleau, Conseiller, Aumô nier & Chapelain ordinaire du Roi : Auquel nous n’avons rien trouvé de contraire à la Foi de l’Église Catholique, Apostolique & Romaine, ni aux bonnes mœurs. Fait à Paris le 2 septembre 1636. H. BACHELIER. F . I. BOUCHERAT. Épître. I AU R O I . S IRE, La même considération par qui la nature & les lois de la prudence nous obligent de recouvrir promptement aux remèdes des maux qui nous pressent, & d’implorer l’assistance de ceux qui en peuvent arrêter le cours, me donne la hardiesse de me prosterner aux pieds de votre Majesté, pour lui offrir cette Histoire de Barbarie & de ses corsaires. Car à tant de cruautés & de voleries que la tolérance & l’impunité leur font pratiquer journellement à la commune ruine des chrétiens, il n’y a point d’autre remède que la justice de cos armes, à qui sans doute le Ciel en a réservé la vengeance. Ce que je ne publierais point si hautement, pour ne me rendre suspect de flat terie, si la renommée ne m’avait déjà devancé, en le fai sant savoir à toute la terre. En effet, SIRE, les merveilles II Histoire de Barbarie. de votre piété, & ce zèle incomparable que votre Majesté témoigne avoir pour l’accroissement des autels, & de la gloire de celui qui fait les monarques, me font autant de preuves certaines que vous êtes le grand Roi de français, par qui l’empire des Turcs & des barbares est menacé de ruine. Déjà, SIRE, nous aurions vu ces effets de vo tre valeur contre ces infidèles, si les diverses factions des ennemis de votre Couronne nous enviant ce bonheur, n’en avaient jusqu’à présent détourné vos armes victo rieuses. Nous espérons néanmoins d’en voir un jour le succès conforme à notre désir ; & qu’en une si haute en treprise qui doit combler votre Majesté de bénédictions & de célestes faveurs ; vos fidèles sujets animés par votre exemple rempliront la Barbarie d’exploits merveilleux de leur courage. Car il est à croire qu’ayant l’honneur de vous suivre, ils ne seront pas moins portés à seconder vos glorieux desseins, que leurs pères le furent sous Louis VII des vertus duquel vous n’aurez pas moins hérité que du Sceptre. Assurément, SIRE, leur zèle & leur valeur ne cèderont point à ceux de ces anciens français, qui allè rent contre ces barbares ; & nous leur verrons renouveler ce fameux exemple de générosité, dont nos Histoires em pruntent un de leurs plus beaux ornements. SIRE, vo tre Majesté sait que ces invincibles guerriers envoyaient des quenouilles & des fuseaux à tous les jeunes gens, qui faute de cœur & de piété, ne voulaient pas accompagner leur Prince en une si sainte guerre. C’est le moins que nous en devons espérer, SIRE, Épître. III puisque votre Majesté même, suivant les traces de tant de grands Rois ses prédécesseurs, sera la première à leur ouvrir le chemin qui les doit conduire aux victoires. Ainsi combattant pour la cause de Dieu, à l’imitation de Rois vos devanciers, vous ferez paraître que vous portez juste ment le nom de Roi très chrétien, & que vous savez pra tiquer cette excellent doctrine d’un des plus célèbres Pères de l’Église qui assure ; Que ni la grandeur du courage, ni les sujets soumis, ni les bons succès d’un long & pai sible règne, ne font pas le comble de la félicité des Rois ; vu que plusieurs Princes infidèles se peuvent vanter d’un bonheur semblable ; Mais qu’à bon droit ceux-là se peu vent dire heureux, qui s’emploient de tout leur pouvoir à augmenter le culte & la gloire de Dieu, qui le craignent comme enfants obéissants, & qui font tout leur possible afin de régner plutôt pour jamais dans le Ciel, que pour un temps sur la terre. Ces vérités, SIRE, m’obligent de vous regarder, com me l’infaillible libérateur de tous les peuples affligés, & particulièrement de ces pauvres captifs, qui chargés de fers & de chaînes par l’inhumanité des corsaires bar bares, attendent leur délivrance de votre valeur, & ne cessent de prier Dieu pour la conservation de votre Ma jesté. Le mauvais traitement qu’ils reçoivent de ces infi dèles ne peuvent être mis en doute, & je ne l’ai que trop appris par les choses que j’en ai vues. Ayant eu l’hon neur d’en rendre compte à votre Majesté au retour de mon voyage, j’ai jugé depuis qu’elle n’aurait possible pas IV Histoire de Barbarie. désagréable que je lui en offrisse l’Histoire particulière. Je l’ai donc mise en lumière, pour donner de plus amples mémoires à votre Majesté, & la remercier très humble ment des bienfaits dont il lui a plu m’honorer, surtout en agréant mon service dans sa Royale Maison de Fontai nebleau. C’est là, SIRE, qu’en notre Couvent, fondé par la piété des Rois vos prédécesseurs, & maintenu par vos libéralités, je ne cesse d’adresser mes vœux au ciel, & deb faire des sacrifices à Dieu, avec tous mes confrères, à ce qu’il lui plaise vous combler de prospérités continuelles, & me conserver à jamais le bonheur d’être, SIRE, De votre Majesté, Le très humble, très obéissant, & très fidèle sujet & serviteur, DAN. Préface. V PRÉFACE C eux qui décrivent les faits illustres du grand Alexandre, disent, que ce Prince se fiait si fort en l’espérance de ses conquêtes, que s’étant mis un jour à distribuer libéralement tout ce qu’il avait, à la réserve de quelques petits meubles, il survint un de ces favoris, qui le pria d’avoir agréable qu’il se ressentit des effets de sa générosité. Ce qu’Alexandre trouva de si bonne grâce, qu’à l’instant même il lui donna ce peu qui lui restait, & le mit si fort dans l’admiration par cette action héroïque, qu’il ne pût s’empêcher de lui dire ; & quoi, Sire, donnant tout comme vous faites qu’est-ce que vous vous ré server ? A quoi ce généreux Monarque ayant répondu, qu’il se réservait l’espérance seule ; l’espérance me suffit donc, répartit son favori ; & puisque je me contente d’y prendre part comme vous, elle me doit tenir lieu de tous les biens que vous me sau riez faire, dont je vous remercie infiniment. Donnant au public cette histoire, si l’on me demande quel est le motif, je répondrai avec Alexandre, que c’est l’espérance, non pas les conquêtes d’aucune chose du monde, puisqu’il y a déjà longtemps que mes vœux & ma profession m’en ont fait dépouiller, mais bien qu’il se trouvera des personnes qui lisant ici les cruautés & les barbaries que souffrent les esclaves chré tiens, sous la tyrannie des mahométans, ennemis mortels de notre foi, en seront touchés de pitié, & se porteront volontiers à secourir de leurs charités ces pauvres captifs, pour en moyenner VI Histoire de Barbarie. la délivrance. L’Ordre, dont j’ai l’honneur d’être, qui par son institution ne se propose pour but que le rachat des chrétiens, & qui pour la même fin, selon le temps & les occasions oblige les religieux à faire le voyage parmi ces barbares, m’a été un motif assez puissant pour écrire de cette matière. Aussi est-ce cette considération, & non pas la vanité de le pouvoir traiter assez dignement, qui m’a donné la hardiesse de me glisser dans la foule de tant d’écrivains dont notre siècle est fécond, & qui savent si bien s’acquitter des ouvrages qu’ils entreprennent. En celui-ci je me tiendrai assez bien récompensé de ma peine, si le public en profite, comme je le désire ; et si je suis des premiers qui ai uploads/Litterature/ r-p-pierre-dan-histoire-de-barbarie-et-de-ses-corsaires 1 .pdf
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- Publié le Sep 15, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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