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e e Ulnzalne La IF littéraire ~uméro 87 J)u 16 au 31 jant'ier 1970 enchainé , ~, ec 1 e SOMMAIRE 8 LE LIVRE DE LA QUINZAINE 4 CORRESPONDANCBS 8 8 DOSSIER 10 11 18 11 18 ARTS 18 19 LINGUISTIQUE 10 Il CIVILISATIONS 24 URBANISME 15 POLITIQUE 28 LETTRE D'ALLEMAGNE 28 BANDE DESSIN~E FEUILLETON 80 CINEMA Gilles Lapouge Guillaume Apollinaire Antonin Artaud Robert Descharnes et Clovis Prévost Pierre Dufour André Fermigier André Jacob Janine et Dominique Sourdel André Miquel Raymond Ledrut Pierre Broué Christa WoH Winsor McCay Les Pirates Lettres à Lou Lettres à Géniea Athanasiou Qu'est-ce que la littérature érotique ? Entretien avec Lise Deharme Recettes de fabrication Deux questions à Robbe-Grillet Deux éditeurs s'expliquent: Eric Losfeld et Résrine Deforees La vision artistique et rel~gieuse de Gaudi Picasso 1950·1968 Picasso La pensée de Francastel Bonjour, Semiotica Points de vue sur le langage La civilisation de l'Islam classique L'Islam et sa civilisation L'espace social de la ville Le printemps des peuples commence à Prague Nachdenken über Christa T. Little Nemo in Slumberland W Fellini chez Trimalcion par Georges Balandier par Pascal Pia par Roger Dadoun par Claude Bonnefoy Propos recueillis par Gilles Lapouge par Serge Fauchereau Propos recueillis par G.P. Propos recueillis par C.B. et G.P. par Jean Selz par Marcel Billot Dar Jean DuvÏJrnaud par Julia Kristeva par Angèle K. Marietti par Régis Blachère par Gérard Yvon par Jean.Jacques Marie par Nina Bakman par Nicole Tisserand par Georges Perec par Jacques-Pierre Amette Crédits photographiques La Quinzaine m.....lre François' Erval, Maurice Nadeau. Conseiller : Joseph Breitbach. Comité de rédaction : Georges Balandier, Bernard Cazes, François Châtelet, Françoise Choay, Dominique Fernandez, Marc Ferro, Gilles Lapouge, Bernard Pingaud, Gilbert Walusinski. Secrétariat de la rédaction : Anne Sarraute. Courrier littéraire : Adelàïde Blasquez. ~édf;&ction, administration : 43, rue duTempl~, Parls-4·. Téléphone : 887.48.58~ Publicité littéraire : 22, rue de Grenelle, Paris-7·. Téléphon~ : 222·94-03. Publicité générale : au journal. Prix du n· au Canada: 75 cent'!. Abonnements : Un an: 58 F, vingt-trois numéros. Six mois : 34 F, douze numéros Etranger: Un an : 70 F. Six mois : 40 F. Pour tout changement d'adresse : envoyer 3 timbres à 0,30 F. Règlement par mandat, chèquE bancaire, chèque postal : C.C.P. Paris 15.551.53. Directeur de la plLblication . François Emanuel. Imprimerie: Graphique. GaœlMœ Printed in France p. 3 p. 5 p. 6 p. 7 p. 8 p. 9 p. 10 p.ll p. 12 p. 15 p. 18 p.22 p. 27 p. 29 p. 30 Roger Viollet Roger Viollet Coll. Paule Thevenin Coll. Paule Thevenin Losfeld Losfeld Pauvert D.R. Livre du bibliophile . Pauvert Hachètte Arthaud Lüfti Ozk.ok Pierre Horay D.R. LE LIVRE DB Le grand refus LA QUINZAINE 1~'l'lliul .Iii ;';'llt·U.K (7'1,(i..u;t•• l!1L1 :lCi 'Jo;.'" ('4';"'lIt"I./."1I 1.- HnnIH,:n.nc.:' ni.A.al,,,t, ~i.UJ.... 1.~l1i,·"'i'J1'f"~ ;1., ,',·"t/·.II-11 1~.·"/t7""/.J;n-~~.'I •. In _":""pi;":. , L'histoire de la piraterie, c'est l'envers de l'histoire vue par les gens convenabJes. Si leurs cheminements se croi- sent - et imposent, par exem· pie, 1a rencontre de la pre- mière reine Elisabeth et du capitaine Prake - l'inversion n'en est pas moins apparente. Les pirates ont la mobilité, la violence, le grand refus pour règles. 1 Gilles Lapouge Les Pirates A. Balland, éd. 198 p, Leur espace est la mer sans frontières, leur nation, la bande liée par le serment et la frater- nité virile. La puissance et la gloire ne déterminent pas leurs projets, mais la prise, la fête et la volonté d'employer à la p:aro· die l'attirail de la grandeur. Ils traversent l'histoire sans guère laisser de traces, les gibets sont leurs monuments et les tribunaux leurs archives. Les chroniques de la contre·histoire qu'ils ont faite n'ont pas été tenues, leur horizon n'est pas à portée du 'lavoir. Leurs exploits comme leurs for. fàits relèvent d'abord de la tra- dition orale, et leurs figures sont de celles qui peuplent l'imaginaire des sociétés riches et apeurées. La patiente érudition les a par· fois débusqués. Mais le sens de leur aventure - la plus longue des révoltes que l'humanité ait connu'es - ne saurait surgir que d'une lecture au second degré. Gilles Lapouge a eu l'audace de l'entreprendre, et son talent lui a donné la réussite. Il propose une histoire trans· posée et une sociologie imperti- nente de la piraterie. Il ne s'en- combre pas de la chronologie des événements. Il tente d'investir le phénomène cc pirate» en coalisant divers modes de connaissance, en pratiquant des abordages mul. tiples. Pour lui, le doute n'est pas permis: le pirate exprime une révolte originelle et originale, une révolte qui c( se confond avec Ion être» et « parle davantage» de héros insolites que de l'histoire qu'ils cOBtestent. C'est la préfi- guration de la communauté des pessimistes annoncée par Malraux. Portrait du fameux capitaine Paul Jones, com.mandant le Bonhomme Richard, dans le moment où ü a combattu et enlet,é la Frégate la Sérapis. . Les figures de la piraterie sout en apparence parentes de celles que rassemble Eric Hobsbawm dans sa galerie des Il primitifs de la révolte» : handits sociaux, mafiosi, insoumis, annonciateurs des temps nouveaux, etc. Mais le rapprochement peut être trom· peur. Le pirate ne prétend pas être un redresseur d~ torts ou un révolté qui entreprend de chan- ger la face du monde. Son choix, c'est le sacrilège, la transgression, la dérision, la fête - et, au-delà, la recherche d':Jne innocence sau· vage dont la mer devient à la fois le symbole et le lieu. Sa société, c'est celle que le navire pirate enclot dans ses flancs, ou celle qu'il constitue avec ses compa· gnons. Comme la république pirate de Salé. La transformation radicale de la société cc des autres Il n'est jamais son projet. Il marque le zéro absolu de la révolte. Gilles Lapouge en présente la démonstration. S'il est le philo- sophe-poète de 'la piraterie, il en est aussi le naturaliste en consta- tant que ce l'espèce pirate 'est composée de races nombreuses et , disparates». Des Barbaresques aux flibustiers, des Chinois aux bou· caniers la diversité fait loi, à dire vrai, la seule loi extérieure qui reste tolérée. Gilles Lapouge déter- mine des types de pirates avec, aux deux points extrêmes, le verbe devenu pirate et le pirate frappé du signe de Satan. Le premier, c'est Misson qui impose sa « pré- sence angélique», bien que for- ban incontestable. Il' pratique la pris~, tue si les circonstances l'y contraignent, et prêche aussitôt sur la non-violence. Il capture des Noirs, puis les relâche en discou- rant sur l'égalité des races. Son pavillon est blanc, sa devise : fi. Dieu et Liberté». Misson, par la piraterie, entend réaliser l'uto- pie. Il fonde la république de Libertalia, à Madagascar, dans le fond de la baié de San Diego ; une société pure et dure qui est la contre-société contestant le siè· cle impur de Louis XIV. Mais Misson et son Savonarole - un ancien dominicain nomnié Carra· cioli - échouent ; leur entreprise ne peut être de ce monde. A, l'autre pôle, une contre· société ce vouée à Satan» : celle du capitaine Lewis. Il se dit lui· même créature du diable, instaure le règne de l'inhumain. ce Ses manières portent la révolte pirate à un très haut degré d'incandes- cence». Il rôde ce comme l'hor· reur dons le monde». Maître redoutable d'un royaume fantôme, il tient du mal tous ses pouvoirs, y compris celui d'annoncer sa propre mort à ses marins et de se conformer à cette prédiction. Entre Misson et Lewis, gardiens des avant-postes de la piraterie, La Quinzaine 'littéraire, du 16 au 31 janvier 1970 3 se placent les autres forbans, « faits d'une pâte plus lourde et plus molle ». Cette galerie des portraits n'est pas simplement celle du pitto- resque et des horreurs. Elle ren- voie, plus qu'à une chronologie des aventures, à une civilisation impossible recherchée au-delà de la civilisation refusée. Et comme l'échec est la règle, c'est la dé-civi- lisation qui reste la pratique com- mune des pirates. Ils prennent toute chose à l'envers. Ils affir· ment leur horreur du travail, de la compétence domestiquée, de la gestion raisonnable des vies et des biens. Parce que la mort est leur horizon et qu'ils n'en éprouvent nulle frayeur, ils exaltent la jeu- nesse, le gaspillage, la rupture scandaleuse. Et, du même mouvement, leurs rituels d'inversion prennent une signification sacrée. Gilles La- pouge a su restituer le système de leurs symboles, de leurs signes, de leurs impératifs. Par une démarche qui évoque celle des anthropologues, il rassemble les bribes des « mythologiques» de la piraterie. La terre est associée aux symboles négatifs, comme la femme l'est au désordre. La mer connote le positif, les valeurs acceptées, l'espace de la révolte. Elle est même davantage, le moyen de « l'initiation par les abysses», la dispensatrice de la seule connaiss,ance qui soit recher- chée. Et l'or - en quoi se résol- vent toutes les richesses capturées - devient bien plus qu'un fabu- leux métal ; caché dans les trésors les plus secrets, escamoté et sou- vent inutile, il uploads/Litterature/ quinainze-litteraire-87.pdf
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- Publié le Dec 08, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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