W y d a w n i c t w o N a u k o w e A k a d e m i i P e d a g o g ic z n e j *

W y d a w n i c t w o N a u k o w e A k a d e m i i P e d a g o g ic z n e j * K r a k ó w L'Image de l'Autre dans la littérature coloniale française au Maghreb A k a d e m ia P edagogiczna im. Komisji Edukacji Narodowej w Krakowie Prace Monograficzne nr 331 Maria Gubińska L'Im age de I'A u tre dans la littérature coloniale française au M aghreb RECENZENCI prof, dr hab. A N N A DRZEWICKA prof. dr hab. REMIGIUSZ FORYCKI ® Copyright by Maria Gubińska 6t Wydawnictwo Naukowe Akademii Pedagogiczne!, Kraków 2002 projekt okładki J a d w ig a Bur ek ISSN 0239-6025 ISBN 83-7271-153-4 Redakc|a/Dział Promocji W ydaw nictw o N aukow e A P 3 1 - 1 1 6 Kraków , ul. Studencka 5 te l./fa x ( 0 1 2 ) 4 3 0 - 0 9 - 8 3 e-mail: wydaw nictw o@ ap.krakow .pl łam anie Jadwiga Czyżowska druk i oprawa W ydaw nictw o Naukow e A P , zam. 1 4 /0 2 A MES PARENTS In t r o d u c t io n e stéréotype de l'Autre, de «l'étranger», est surtout évident dans la littérature coloniale de la fin du XIXe et du début du XXe siècle, à l'époque de l'expansion coloniale et de l'importance des idées impéria­ listes en France. Le contexte historique et sociologique de cette probléma­ tique ne peut pas être négligé car la littérature coloniale par sa définition même n'est pas idéologiquement innocente. D'une part la rencontre inévitable du «colonisateur» et du «colonisé» a lieu dans des conditions géographiquement et idéologiquement fort prononcées, d'autre part, cette relation se réfère à un paradigme «maître- esclave» qui est un cas particulier de la rencontre de l'Autre, d'autrui, et c'est cette problématique qui nous intéresse le plus. Cette étude en aucun cas ne prétend déterminer le degré d'authenticité d'une image donnée par rapport à une «réalité» (en effet, comment définir cette réalité?), mais elle devra montrer comment ce monde «réel» fonctionne dans des ouvrages littéraires choisis, dans une période historique bien déterminée. La perspe­ ctive comparatiste, plus précisément «imagologique» nous semble perti­ nente car d'après Daniel-Henri Pageaux cette approche donne la possibi­ lité d'étudier la tension permanente entre «je» et «l'Autre», entre «ici» et «ailleurs». L'analyse de l'image littéraire, de l'espace tendu entre deux pô­ les, si éloignés, semble-t-il, est l'objet de notre travail. Dans notre premier chapitre nous présentons un aperçu de la littérature exotique et coloniale; nous y essayons de définir la littérature coloniale en tant que phénomène, son contexte politique et idéologique ainsi que ses critères de classification. Le corpus de notre travail porte sur des ouvrages choisis d'auteurs qui représentent quelques modèles du roman colonial : le roman colono- centriste de Louis Bertrand, le roman algérianiste de Robert Randau, le roman indigénophile d'Isabelle Eberhardt, des récits de voyage de Gide, une nouvelle de Colette et un roman anticolonialiste de Montherlant. Bien que des critiques qualifient ces ouvrages de «coloniaux», il nous semble que certains de leurs auteurs sont sortis des moules imposés, parfois trop orthodoxes, ce qui a produit des transgressions étonnantes mais intéres­ santes à étudier. L'analyse du discours littéraire amène à la découverte de l'image de l'Autre où l'absence ou bien la présence du dialogue révèle la négation du statu quo de l'Autre ou son acceptation. Ce discours n'est jamais trans­ parent; il n'est pas rare d'y trouver des échos voilés ou évidents des idées expansionnistes, des phobies ou des craintes personnelles. Qui est l'Autre dans la prose coloniale française et comment il y est présent? Voici les questions auxquelles nous voudrions répondre dans notre travail. Bien que la Pologne n'ait jamais eu de colonies outre-mer stricto sensu, des penchants coloniaux des seigneurs polonais des confins orien­ taux de l'ancienne Pologne sont faciles à saisir dans plusieurs mémoires ou même romans d'écrivains polonais qui ont vécu sur ce territoire mythique vers la fin du XIXe et dans les premiers quarante ans du XXe siècle. La réflexion portant sur cette image de l'Autre dans la littérature des confins et dans le roman d'aventures pour les jeunes de Henryk Sien­ kiewicz, nous semble digne d'intérêt d'autant plus qu'elle s'inscrit dans la même aire des études imagologiques qui nous occupe. Dans notre con­ clusion nous réfléchirons sur cette problématique qui pourrait être le point de départ d'une étude comparée à développer; plus détaillée et complète. Nous avons choisi six auteurs fiançais dont les textes nous semblent emblématiques de l'époque choisie; notre travail en aucun cas n'est une étude exhaustive et il n'y prétend pas. Choisissant ces écrivains nous avons voulu montrer la variété des regards et des acceptions de l'Autre dans des années bien déterminées idéologiquement. Notre travail portant sur la littérature coloniale française relative aux pays du Maghreb concerne une période marquée par deux dates impor­ tantes dans l'histoire maghrébine, française et mondiale : l'instauration du Protectorat français en Tunisie en 1881 et le début de la Seconde Guerre Mondiale. Ces deux événements jalonnent l'époque de l'empire colonial français qui correspond à cet espace de temps où le discours idéologique semble résonner le plus fort. De prime abord, nous tombons dans l’ engre­ nage historico-idéologique qui déterminera la littérature de l'époque coloniale. Il semble difficile de parler de cette littérature sans prendre en considération tout un dense réseau de liaisons et d'interactions de. la lit­ térature et de la société, de la littérature.et de l'idéologie. A l'époque qui nous intéresse, la conquête de l'Algérie. ( 1830) est déjà bien achevée, le Protectorat de la Tunisie (1881) établi, en 1912. le maréchal Lyautey instaure le.protectorat français au Maroc; dans un tel contexte historique, la littérature coloniale.risque d'être instrumentalisée. * * * Nous voudrions exprimer notre reconnaissance et nos remerciements à M . J an Prokop, professeur de littérature à l'Académie de Pédagogie de Cracovie, qui a inspiré et dirigé la rédaction de cette étude, dont les remarques, conseils,, suggestions et encouragements nous ont été précieux dans la rédaction de notre travail. Nous tenons aussi à remercier Mme Martine Mathieu, professeur de littérature à l'Université Michel de Mon­ taigne de Bordeaux III, qui a bien voulu nous procurer certains documents et renseignements particulièrement utiles pendant nos séjours à Bordeaux. Notre reconnaissance va aussi à M. Dominique Rougé, notre consultant linguistique qui s'est donné la grande peine de réviser l'ensemble et d'y apporter d'importantes précisions et suggestions. Pa n o r a m a d e l a l it t é r a t u r e EXOTIQUE ET COLONIALE I l est toujours problématique de classifier tendances, courants, écoles, événements littéraires. La littérature coloniale ou exotique ne fait pas ici exception et il n'est pas étonnant de tomber sur la constatation suivante : «La réflexion sur la littérature exotique met les chercheurs dans une situation désagréable»1 ou bien sur celle de Martine Astier Loufti qui parle «d'un problème obsédant de terminologie»2 concernant la littérature portant sur les colonies car le texte colonial ou colonialiste n'est pas toujours un texte exotique (nous reviendrons sur ce problème plus tard). Pour les représentants du mouvement «algérianiste» le non-exotisme du texte littéraire est un critère capital qui décide de la véracité du discours; remarquons cependant que la littérature de voyage ou viatique, comme le veut Pierre Halen, repose sur une distance du même par rapport à l'autre ou bien sur une dialectique même/autre, pour citer Jean-Marc Moura. Le discours dialogique fondé sur la relation le même-autrui, ou sur un autre couple je-l'Autre, pour reprendre Lévinas, semble être la dominante de chaque texte exotique et surtout de sa variété qu'est le texte colonial. Pour éviter les définitions simplistes, Moura précise que l'exotism e ne veut pas dire un sim ple changement de décor, [...] l'inspiration exotique suppose une certaine attitude mentale envers l'étranger, une sensibilité particulière, développée dans le contexte d'un voyage.3 1 D. Brahimi, Enjeux et risques du roman exotique français, textes réunis par A. Buisine et N. Dodille, Didier, 1988, p. 11. 2 M. Astier Loufti, Préface de Littérature et colonialisme, l'expansion coloniale vue dans la littérature romanesque française 1871-1914, Mouton, 1971, p. V III. 3 J.-M. Moura, Lire l'exotisme, Dunod, 1992, p. 3. Le périple littéraire est d'abord pour lui une quête. L'histoire du mot «exotisme» commence par l'adjectif «exotique» qui apparaît pour la première fois dans le Quart Livre de Rabelais en 1548 : diverses tapisseries, divers animaux, poissons, oiseaux et autres marchan­ dises exotiques et pérégrines qui étaient en l'allée du môle et par les halles du port. Car c'était le tiers jour des grandes et solennelles foires du lieu, auxquelles annuellement convenaient tous les plus riches et fam eux m ar­ chands d'Afrique et Asie.4 Comme le souligne Maigne, le terme «exotique» associé au substantif «marchandises» et «pérégrines» implique un déplacement dans l'espace et concerne des productions qu'on «[...] extrait de leur monde d'origine pour les amener dans un uploads/Litterature/ pm331-l-image-de-l-autre-pdf.pdf

  • 45
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager