Philosophia Scientiæ Travaux d'histoire et de philosophie des sciences 22-1 | 2
Philosophia Scientiæ Travaux d'histoire et de philosophie des sciences 22-1 | 2018 Science(s) et édition(s) des années 1780 à l'entre- deux-guerres Franck Jovanovic, Viera Rebolledo-Dhuin et Norbert Verdier (dir.) Édition électronique URL : http://journals.openedition.org/philosophiascientiae/1314 DOI : 10.4000/philosophiascientiae.1314 ISSN : 1775-4283 Éditeur Éditions Kimé Édition imprimée Date de publication : 16 février 2018 ISBN : 978-2-84174-881-5 ISSN : 1281-2463 Référence électronique Franck Jovanovic, Viera Rebolledo-Dhuin et Norbert Verdier (dir.), Philosophia Scientiæ, 22-1 | 2018, « Science(s) et édition(s) des années 1780 à l'entre-deux-guerres » [En ligne], mis en ligne le 16 février 2020, consulté le 30 mars 2021. URL : http://journals.openedition.org/philosophiascientiae/1314 ; DOI : https://doi.org/10.4000/philosophiascientiae.1314 Ce document a été généré automatiquement le 30 mars 2021. Tous droits réservés SOMMAIRE Histoire des sciences et histoire de l’édition : de quelle manière peuvent-elles se compléter ? Franck Jovanovic, Viera Rebolledo-Dhuin et Norbert Verdier Baudelocque et son maître. Écriture et genèse d’une pensée scientifique Jérôme van Wijland Le renouveau du marché des livres de commerce à Paris en 1802 Luc Marco L’édition française à l’heure de la science anglaise dans la deuxième moitié du XIXe siècle : Thomas Henry Huxley Jean-Charles Geslot La propriété intellectuelle des calculs astronomiques en question Une affaire de contrefaçon d’éphémérides nautiques et astronomiques à Saint-Brieuc et son influence sur la Connaissance des temps, publication phare du Bureau des longitudes (1870-1887) Guy Boistel La création de la Revue du mois : fabrique d’un projet éditorial à la Belle Époque Caroline Ehrhardt et Hélène Gispert Socialisation dans la presse américaine de questions mathématiques (1820-1832) Thomas Preveraud Aspects d’une trajectoire mathématique dans la France d’entre-deux-guerres : l’édition et le tournant pédagogique d’Albert Châtelet Catherine Radtka Le rôle des manuels dans la disciplinarisation de la toxicologie en France au XIXe siècle Sacha Tomic Construire et diffuser le savoir des ingénieurs civils des mines : le Bulletin de la Société de l’industrie minérale (1855-1914) Luc Rojas Philosophia Scientiæ, 22-1 | 2018 1 Histoire des sciences et histoire de l’édition : de quelle manière peuvent-elles se compléter ? The History of Science and the History of Publishing – How can they complement each other? Franck Jovanovic, Viera Rebolledo-Dhuin et Norbert Verdier 1 Ce numéro spécial s’intéresse à la production des idées scientifiques. Si l’histoire des sciences s’est très souvent concentrée principalement sur la manière dont les idées et les pensées se sont constituées, mettant ainsi l’accent sur les hommes, elle laisse trop souvent de côté les contraintes matérielles. Or ces dernières ne sont pas indépendantes de la manière dont les idées émergent puis se diffusent. La production et la diffusion des connaissances scientifiques sont des activités à part entière qui exigent des moyens, non seulement humains, mais aussi financiers, techniques, etc. 2 Ce numéro met en tension sciences et éditions et interroge le rapport entre textualité et matérialité. Roger Chartier a coutume d’expliquer que ce ne sont pas seulement les auteurs qui font les livres mais aussi les livres qui font les auteurs [Chartier 1987, 1992]. Il soutient ces propos en s’appuyant sur des exemples issus des belles-lettres, notamment le théâtre. Cette affirmation vaut également pour les sciences. Un livre est une composition faite par des gens du livre. Les dispositions et les choix qu’ils opèrent (organisation du texte, choix des caractères, insertions éventuelles de figures explicatives, mises en page, etc.), participent à l’élaboration matérielle du discours. L’un de ceux qui ont le mieux exprimé cette relation entre le livre et l’auteur est sans doute un employé de l’éditeur Gauthier-Villars : Jean-Claude Motteroz (1830-1909). Après avoir exercé différents métiers manuels (maçon, serrurier, estampeur, lithographe, compositeur) à Saint-Étienne et à Lyon, il fonde à Paris dans le dernier tiers du XIXe siècle un atelier de typographie ayant pour devise : « Tu penses, j’œuvre. » Par-là, J.-C. Motteroz se met sur un plan d’égalité avec l’auteur, comme pour nous dire que si la pensée résulte d’une création de l’auteur, la mise en œuvre est la réalisation des acteurs de la « chaîne du livre » [Mellot 1996, 70]. Ainsi, c’est le livre qui, fruit d’une Philosophia Scientiæ, 22-1 | 2018 2 subtile combinaison des diverses possibilités typographiques, participe à la mise en place du style de l’auteur et donc à la circulation des idées. 1 État de l’art : histoire de l’édition et histoire des sciences, deux histoires encore trop disjointes 3 Certains historiens des sciences se sont intéressés aux conditions matérielles de la production écrite des savoirs qu’ils étudient mais, le plus souvent, leurs études se sont développées isolément de celles des historiens du livre. 4 Bien que le livre et la librairie intéressent les philosophes des Lumières, comme Emmanuel Kant (1768) ou Denis Diderot (1763) [Kant & Fichte 1995], [Diderot 1851]1, l’histoire de l’édition est, comme le rappelle souvent Jean-Yves Mollier, relativement récente [Mollier 2016]. Si elle émerge avec les recensements, bibliographies et récits des acteurs et/ou des amoureux du livre – i.e., bibliophiles – au XIXe siècle, elle éclot cependant en tant que discipline à part entière avec L’Apparition du livre en 1958 [Febvre & Martin 1958]. Et les études historiques – et non plus seulement littéraires – se multiplient véritablement à partir de la seconde moitié du XXe siècle. 5 En histoire du livre et de l’édition, l’aspect technique fait très tôt, et de manière durable, l’objet de plusieurs études et ouvrages, depuis ceux rédigés par les hommes du livre du XIXe siècle, jusqu’à ceux de Robert Estivals et de ses successeurs, sans compter les auteurs du récent Dictionnaire des lithographes [Bouquin 2013]2. Par ailleurs, l’étude du livre et des maisons d’édition connaît, du point de vue économique, un tournant primordial à la fin des années 1980 avec les travaux de Frédéric Barbier et J.-Y. Mollier, qui s’intéressent non seulement aux conditions de production mais aussi à la fortune des imprimeurs et éditeurs [Barbier 1987], [Mollier 1988]. Pourtant cette impulsion n’est que peu suivie et les études – à tendance littéraire – continuent de dominer, tant et si bien que les approches techniques et/ou économiques n’ont que peu de place dans l’histoire de l’édition [Mollier 2016]. 6 Dominée enfin par les études monographiques, l’histoire de l’édition se concentre sur les figures de proue et les grandes maisons. Ainsi, les éditeurs de sciences – entendues au sens large – ne constituent pas les objets d’étude privilégiés. De fait, on connaît mieux les grands éditeurs de romans ou de classiques scolaires, comme Hachette, que les éditeurs de sciences. Pour autant, plusieurs monographies s’intéressent aux éditeurs de sciences ainsi qu’aux contraintes matérielles qu’ils rencontrent [Dhenin 1990], [Béguet 1990], [Bensaude-Vincent & Ramussen 1997], [Bensaude-Vincent 2000], [Tesnière 2001], [Gourevitch & Vincent 2006], [Rebolledo-Dhuin 2017]. Les études sont cependant rares. 7 En histoire des sciences et des techniques, d’aucuns ont souligné le rôle des laboratoires dans la production et le développement des idées scientifiques [Shapin & Schaffer 1993], celui des manuels [Augello & Guidi 2012], [Anonyme 1996], ou encore ou encore celui des acteurs du livre, particulièrement impliqués dans l’édition scientifique, qu’il s’agisse des graveurs [Hentschel 2012]3 ou des traductrices et traducteurs [Bret 2012]. 8 Si l’histoire des sciences permet d’étudier l’émergence de nouvelles idées, techniques et/ou analyses, elle fait encore trop peu cas des contraintes matérielles et éditoriales auxquelles la production et la diffusion des connaissances doivent faire face, en amont comme en aval. On pense par exemple à la difficulté d’éditer au XIXe siècle des Philosophia Scientiæ, 22-1 | 2018 3 équations mathématiques, faute de caractères en fonte adaptés. Encore en 1845, un mathématicien de renommée internationale, comme Augustin Cauchy (1789-1857), se plaignait du refus formulé par l’un de ses éditeurs de publier un de ses articles parce que la revue ne disposait pas du matériel d’imprimerie adéquat : « le Directeur du Journal, l’Institut, l’a refusé parce que son Imprimerie est mal montée en caractères4 ». 9 En revanche, tout un secteur de l’édition des sciences a été bien étudié ; il s’agit de la production de l’édition des œuvres complètes dans le dernier tiers du XIXe siècle [Cahn 2005], [Rheinberger 2005]. En cette période, nous assistons à une explosion du nombre d’œuvres complètes en Europe, coïncidant avec la construction des États-Nation. C’est le temps où l’on érige des panthéons scientifiques, littéraires et artistiques, c’est aussi le temps des Expositions, de la mise en valeur des collections muséales, etc. La production d’œuvres complètes par les éditeurs n’est que l’une des faces d’un phénomène général en plein essor [Thoizet, Wanlin et al. 2012]. Du point de vue des mathématiques, signalons deux études, l’une sur le cas français [Verdier 2011] et l’autre sur le cas allemand [Haffner à paraître]. Emmylou Haffner, à partir de nombreux matériaux archivistiques (le fonds ou « Nachlass » de Riemann à l’université de Göttingen) partiellement publiés en Allemagne mais encore mal étudiés, propose des pistes très intéressantes pour mieux comprendre ces livres si particuliers, car destinés à durer5, que sont les Œuvres complètes d’un savant à la fin du XIXe siècle. En se concentrant sur l’édition des œuvres du mathématicien allemand Bernard Riemann (1826-1866) par Richard Dedekind (1831-1916) et Heinrich Weber (1842-1913), uploads/Litterature/ philosophiascientiae-1314.pdf
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- Publié le Jui 29, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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