Abb£ L.-A. GROULX Professeur au College de Valleyfield PETITE HISTOIRE DE SALAB

Abb£ L.-A. GROULX Professeur au College de Valleyfield PETITE HISTOIRE DE SALABERRY de VALLEYFIELD A MONTREAL LIBRAIRIE BEAUCHEMIN Limitee 79, rue Saint-Jacques, 79 1913 The EDITH and LORNE PIERCE COLLECTION of CANADIANA Queen s University at Kingston SALABERRY DE VALLEYFIELD Abbe L.-A. GROULX Professeur au College de Valleyfield PETITE HISTOIRE DE SALABERRY de VALLEYFIELD MONTREAL LIBRAIRIE BEAUCHEMIN Limitee 79, rue Saint-Jacques, 79 1913 EN GUISE DE PREFACE J'ai reuni en cette brochure quelques articles que j'ai ecrits le printemps dernier pour YEcho du "bazar. Ce ne sont que des notes assez mal enfilees. II eut fallu un peu plus de cohesion dans les developpements, moins de disproportion entre les divers chapitres. Le temps nra manque pour revoir ces pages et pour les retoucher. Telles quelles, je les offre avec confiance aux citoyens de Valley- field. Elles contiennent un peu de leur passe et surtout celui de leurs peres. Les premiers pionniers de la ville furent de pauvres manoeu- vres, constructeurs du canal de Beauharnois. Leur ascension rapide vers la prosperity, la conquete du sol, laborieuse entre toutes, empor- tent avec elles une legon d'energie frangaise. Les Campivallensiens reconnaitront en Thistoire de Salaberry de Valleyfield la caracteristique de toutes les villes du Quebec frangais. L'Eglise a ete Tame et presque toujours Finspiratrice des meilleurs progres. C'est* l'Eglise qui occupe Pune des plus larges places dans la vie et sur le territoire de la jeune cite. Cette place, l'Eglise l'a conquise par son action morale, par l'importance et la beaute de ses monuments, par les oeuvres diverses de charite et de progres que son genie a suscitees. Et cela, c'est presque une legon d'apologetique chretienne. L'Auteur. PETITE HISTOIRE DE VALLEYFIELD AVANT L'HISTOIRE Voulez-vous embrasser dans son ensemble la region de Valleyneld et en caracteriser l'aspect geographique ? Eefaites l'ascension de Jacques Cartier aux sommets du Mont-Royal. Le decouvreur, en regardant du cote ou passait le soleil, dut apercevoir, en contraste parfait avec le pays accidente qui se deroulait au versant nord de la montagne, une plaine immense, unie, couverte d'une foret epaisse, fermee vers le sud par une chaine de montagnes bleuatres (les Adi- rondacks), et se prolongeant vers l'ouest et vers le nord jusqu'aux sou- levements geologiques des' lointaines laurentides. Cette vaste region diit apparaitre a Cartier comme le lit desseche d'une grande mer in- terieure; et le neuve avec ses tributaires et-ses deux lacs lui parutsans doute comme les dernieres flaques de la mer en voie de dessechement. Le pays s'est bien transforme depuis 1534. Jacques Cartier re- montant au faite du Mont-Royal eprouverait d'autres etonnements. Et pourtant, il y a cent ans a peine, toute la plaine de la rive sud du Saint-Laurent avait garde ou peu s'en faut, son aspect sauvage de 1534. La region de Valleyfield appartient a peine a Thistoire pendant la periode de la domination frangaise. Fut-elle meme, avant l'arrivee des Blancs, un territoire habite ? Nous n'oserions Faffirmer avec cer- titude. Une foret tres dense couvrait tout le pays qui devait etre gi- boyeux. La peche, encore abondante aujourd'hui dans les rapides du fleuve, eut du attirer les pirogues indiennes. Mais les sauvages .ont toujours prefere les regions ou la chasse se combinait avec la peche; et la peche, sans doute, devenait en ete trop perilleuse dans les pro- fondes savanes qui nous avoisinent. Quoi qu'il en soit, nous ne voyons point que les peuples indiens du temps de Cartier ou de Champlain aient jamais sejourne dans nos parages. Bien au contraire, de nom- breux indices nous paraissent demontrer que la premiere occupation de cette partie du pays remonte a une epoque des plus reculees. L'on a decouvert a Tile des Sceurs, pres de Chateauguay, de nom- breuses eminences de pierre et terre qui recouvrent de vastes ossuaires tout remplis de squelettes humains. . Ces vestiges d'un passe lointain ont fait se lancer les amateurs d'archeologie dans toutes les hypo- theses. Les Americanistes en ont conuclu au sejour de peuples pri- 8 PETITE HISTOIRE DE VALLEYFIELD mitifs appeles " Constructeurs de monticules " (Mount Builders), et qui donnaient cette forme a leurs cimetieres. D'autres decouvertes sont venues confirmer cette opinion. L'on a trouve sur le bord du Saint-Laurent, , de la riviere Chateauguay et en plusieurs autres en- droits, des tetes de Heches faites de pierre, des tomahawks et des us- tensiles de terre. Mais Ton n'a pu retracer aucun objet de l'epoque de fer. II semble done bien acquis que les premiers occupants de notre teritoire»furent des peuples primitifs, anterieurs aux Hurons et aux Iroquois. Nous ne savons rien, ou a peu pres, du passage des Blancs dans notre plaine, aux premiers temps de la colonic Champlain toute- fois, dans une de ses courses vers l'ouest, navigua sur le lac Saint- Frangois et foula meme notre sol. L'explorateur fut un jour sur- pris par la nuit au moment ou il passait a Tembouchure de la petite riviere appelee aujourd'hui La Guerre, dans la paroisse de Saint- Anicet. Champlain fit tirer ses canots a cet endroit et y alluma un feu de camp. II est sur que les rives du Saint-Laurent, depuis Beauharnois jus- qu'a Valleyfield, furent un sentier de guerre bien connu des sauvages. Et les corps expeditionnaires frangais ont du, ici comme ailleurs, eveiller la foret vierge aux refrains des vieilles chansons de France. II fallait bien se plier a la necessite des portages pour eviter les ra- pides. Et, par exemple, le parti qui alia en 1748 construire avec M. de la Galissonniere le fort de la Presentation, dut passer sur nos bords. Mais Ton sait que la rive nord etait la route naturelle vers les grands lacs. Et puis les voyageurs n'avaient de raison de passer chez nous que pour se rendre au pays des Iroquois. Mais la route alors preferee e'etait plutot la riviere Eichelieu, dite elle-meme riviere des Iroquois. Ce ne sera qu'en 1673 que la region ou s'eleve Valleyfield entrera dans le domaine de la civilisation. Le 29 septembre de cette annee-la, sous Tadministration de M. de Frontenac, le roi concede la seigneurie de Chateauguay au sieur Charles Lemoyne de Longueuil dont Fun des fils porte le nom de Chateauguay. iSituee sur le lac Saint-Louis, a vingt milles environ de Ville-Marie, la nouvelle sei- gneurie a deux lieues de largeur sur le fleuve, et trois lieues de pro- fondeur dans les terres. Vendue en 1706 a la famille Rabutel de Lanoue, elle devint, le 8 juin 1765, la propriete de Madame d'Youville, fondatrice des Sceurs Grises dites de Montreal. Ces der- nieres sont demeurees jusqu'a ce jour les proprietaires de la seigneurie de Chateauguay. Cette seigneurie, il est bon de le noter, n'a passe par les mains que d'un petit nombre de proprietaires et elle prend presque un demi- siecle d'avance sur sa voisine, la seigneurie de Beauharnois. II COLONISATION TARDIVE II faut reculer jusqu'a 1729 le jour ou notre region devait sortir des domaines anonymes de la couronne de France. Et encore, cette date est-elle bien definitive ? Que penser, en effet, de ces deux titres de propriety accordes par le roi aux memes proprietaires et pour la meme seigneurie ? Une premiere fois, le 12 avril 1729, la seigneurie de Beauiiarnois ou Ville-Chauve, est concedee par le roi au sieur Charles, marquis de Beauiiarnois, gouverneur de la Nouvelle-France de 1726 a 1747, et au sieur Claude de Beauiiarnois de Beaumont, son frere. La nouvelle concession a six lieues de front sur le fleuve Saint- Laurent et six lieues de profondeur. Elle comprend les iles et les ilets adjacents, et elle est situee au-dessus de'la seigneurie de Chateau- guay dont elle devient limitrophe. Mais void que le 14 juin 1750, la meme concession, et a peu ^res dans les* memes termes, est faite a nouveau par le roi et aux memes proprietaires. Le roi y donne pour raison qu'il entend " favoriser le dessein du marquis de faire un grand etablissement sur icelle." Nous devons nous contenter de cette expli- cation. Le dessein du marquis, pour sincere qu'il tut, nallait pas justifier Sa Majeste d'une telle depense de parchemins. Bien des annees se passeront encore avant' que les forets de Beauharnois enten- dent les premiers coups de hache des clefricheurs. Ce n'est qu'a la fin du 18eme siecle que les colons viennent prendre possession du sol. Les seigneurs de Beauharnois ressemblaient, en verite, a beaucoup de nobles de ce temps-la : ils jouissaient des droits de haute et basse jus- tice, mais ne possedaient que des fiefs habites par des ours et des orignaux. II y a bien des causes a cette colonisation tardive. Et d'abord, remarquons la date peu favorable de la concession. En 1750, nous sommes a la veille de la Guerre de Sept-Ans. La Nouvelle-France succombe a l'epuisement. II lui en coute deja trop de couvrir et de garder les positions de son vaste territoire ; ses rares habitants ne son- gent plus a essaimer et a s'eparpiller. De plus. Beauharnois n'a pas la bonne fortune de se trouver sur la grande ligne uploads/Litterature/ petite-histoire-de-salaberry-de-valleyfield.pdf

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