Érudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé de l'Univ
Érudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé de l'Université de Montréal, l'Université Laval et l'Université du Québec à Montréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche. Érudit offre des services d'édition numérique de documents scientifiques depuis 1998. Pour communiquer avec les responsables d'Érudit : erudit@umontreal.ca Article « L’écotoxicologie aquatique - comparaison entre les micropolluants organiques et les métaux : constats actuels et défis pour l’avenir » Émilien Pelletier et Peter G.C. Campbell Revue des sciences de l'eau, vol. 21, n° 2, 2008, p. 173-197. Pour citer cet article, utiliser l'adresse suivante : http://id.erudit.org/iderudit/018465ar Ce document est protégé par la loi sur le droit d'auteur. L'utilisation des services d'Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politique d'utilisation que vous pouvez consulter à l'URI http://www.erudit.org/documentation/eruditPolitiqueUtilisation.pdf Document téléchargé le 8 octobre 2008 L’écotoxicologie aquatique - comparaison entre les micropolluants organiques et les métaux : constats actuels et défis pour l’avenir Aquatic ecotoxicology - comparison between organic micropollutants and metals: current situation and future perspectives Émilien Pelletiera et Peter G.C. Campbellb aInstitut des sciences de la mer de Rimouski (ISMER), Université du Québec à Rimouski, 310, allée des Ursulines Rimouski (Québec), Canada G5L 3A1 bINRS-ETE, Institut national de la recherche scientifique, 490 de la Couronne, Québec (Québec), Canada G1K 9A9 Reçu le 7 janvier 2008, accepté le 15 février 2008 Issu du colloque « 20e anniversaire de la Revue des Sciences de l’Eau » *Auteur pour correspondance : Courriel : emilien_pelletier@uqar.uquebec.ca Revue des Sciences de l’Eau, 21 (2) 2008, 173-197 ISSN : 1718-8598 RÉSUMÉ Nous explorons dans cette synthèse les forces et les faiblesses de l’écotoxicologie, en nous limitant aux milieux aquatiques. Notre approche consiste à comparer et contraster le comportement des contaminants organiques et inorganiques (métalliques) et à identifier quelques défis pour l’avenir. La prise en charge des contaminants organiques de synthèse se produit le plus souvent par simple diffusion passive au travers d’une membrane cellulaire. Vu la nature lipidique des membranes biologiques, le coefficient de partage octanol-eau (Kow) du contaminant s’avère souvent un bon prédicteur de sa tendance à se bioaccumuler. Par contre, les métaux présents dans le milieu aquatique se trouvent surtout sous des formes hydrophiles et hydratées qui ne peuvent traverser les membranes biologiques par simple diffusion. Leur prise en charge fait alors appel à un transport facilité qui implique des transporteurs protéiques ou canaux transmembranaires. Le coefficient de partage octanol-eau de ces espèces métalliques se révèle inutile comme prédicteur de leur bioaccumulation. Les approches et les modèles prédictifs diffèrent donc grandement entre contaminants métalliques et organiques. Pour les métaux, deux types de modèles sont couramment employés : des modèles d’équilibre (ex. : le « Modèle du Ligand Biotique » ou BLM) et des modèles cinétiques d’accumulation et d’élimination. Dans les deux cas, les paramètres biologiques des modèles sont considérés comme des « constantes » qui ne sont affectées, ni par la qualité de l’eau ambiante (ex. : pH, dureté), ni par une pré-exposition au métal. Or, il y a maintenant dans la littérature scientifique de plus en plus d’indices que les propriétés clés de la surface épithéliale des organismes aquatiques, qui contrôlent l’accumulation et la toxicité des métaux, ne sont pas constantes, ce qui compromet l’application des modèles dans des cas réels d’exposition chronique sur le terrain. Contrairement aux métaux, l’essentiel du comportement environnemental des composés organiques de synthèse est lié à leur capacité de résister à divers mécanismes de dégradation et à leur biodisponibilité pour les organismes aquatiques. Le modèle de la « fugacité » permet de prédire la distribution de composés organiques entre divers Écotoxicologie aquatique 174 compartiments pour un système considéré à l’équilibre mais de nombreuses contraintes chimiques et biologiques interfèrent avec l’utilisation de ce type de modèle. Les cas des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) et des organométaux sont utilisés pour illustrer ces contraintes. Parmi les tout nouveaux défis de l’écotoxicologie, nous abordons brièvement le développement de la génomique fonctionnelle et de l’approche écosystémique ainsi que la toute nouvelle problématique environnementale posée par les nanoparticules industrielles. L’avenir de l’écotoxicologie aquatique passe nécessairement par : (1) l’obtention de données de terrain et de laboratoire d’excellente qualité; (2) une compréhension approfondie des mécanismes de toxicité aux niveaux moléculaire et cellulaire; (3) le développement de modèles théoriques et empiriques qui intègrent mieux la réalité physiologique et écologique; (4) le développement d’indicateurs écosystémiques capables de fournir une image globale de la qualité d’un environnement aquatique, quelle que soit sa complexité inhérente. Mots clés : écotoxicologie, écosystèmes aquatiques, mé- taux traces, composés organiques et organométalliques, modèle de l’ion libre, approche PBT (persistance-bioac- cumulation-toxicité), modèle BLM, modèle de la fugacité, nanoparticules ABSTRACT In this review we consider the current state of the field of ecotoxicology, with an emphasis on aquatic environments, and explore its strengths and weaknesses. We compare and contrast the environmental behaviour of organic and inorganic contaminants, and identify a number of challenges for the future development of the field. The uptake of synthetic organic contaminants normally occurs by simple passive diffusion across a cell membrane. Given the lipidic and thus hydrophobic nature of biological membranes, the octanol-water partitioning coefficient of an organic contaminant (Kow) is often a good predictor of its tendency to bioaccumulate. In contrast, metals present in the aquatic environment are generally present in hydrated and hydrophilic forms, which cannot cross biological membranes by simple diffusion. Thus their uptake normally occurs by facilitated transport involving membrane carriers or channels. The octanol-water partitioning coefficients of these metallic species thus have no bearing on the relative facility with which they can cross biological membranes. It follows that the modeling approaches will differ greatly between organic and inorganic (metallic) contaminants. For metals, two types of models are currently popular: equilibrium models (e.g., the “Biotic Ligand Model” or BLM) and kinetic models of metal uptake and elimination. In both cases, the biological parameters of the models are considered as “constants”, which are unaffected by the ambient water quality (e.g., pH; hardness) or by prior exposure to the metal. However, recent research suggests that the key epithelial properties of aquatic organisms that govern metal accumulation and toxicity are not constant, thus compromising the application of the models to real-world cases of chronic exposure to metals. In the case of organic contaminants, ecotoxicological concerns tend to focus on their capacity to resist various degradation mechanisms and on their bioavailability. Fugacity models can be used to predict the distribution of organic molecules among various environmental compartments for systems at equilibrium, but many chemical and biological constraints limit the application of such models. Case studies with polycyclic aromatic hydrocarbons (PAH) and organometallic species are presented to illustrate these constraints. Finally, among new frontiers and opportunities for ecotoxicology, we briefly consider the development of toxicogenomics, the need to consider the effects of contaminants on trophic interactions in a truly ecosystemic approach, and the challenge posed by nanoparticles of industrial origin. The future of ecotoxicology will necessarily involve: (1) the collection of high quality data in the laboratory and in the field; (2) an improved understanding of the mechanisms of toxicity at the molecular and cellular levels; (3) the development of theoretical and empirical models that better integrate physiological and ecological reality; and (4) the development of ecosystem indicators that can be used to evaluate the quality of aquatic environments, despite their inherent complexity. Keywords: ecotoxicology, aquatic ecosystems, trace metals, organic and organometallic compounds, free ion model, PBT (persistence-bioaccumulation-toxicity) approach, BLM model, fugacity model, nanoparticles 1. Introduction L’émergence de l’écotoxicologie comme domaine scientifique remonte aux années 1970. On peut retracer son origine à partir de la découverte, pendant la décennie précédente, de la persistance dans l’environnement des pesticides organochlorés et la mise en évidence de leurs effets insidieux sur des espèces non ciblées (CARSON, 1962). Trente années plus tard, plusieurs définitions coexistent pour l’« écotoxicologie » (BOUDOU et RIBEYRE, 1989; BUTLER, 1978; RAMADE, 1979; SHEEHAN et al., 1984; WRIGHT et WELBOURN, 2002). Nous avons retenu la suivante : la science qui cherche à prédire les impacts sur l’écosystème des apports en substances potentiellement toxiques. En adoptant une telle définition, relativement étroite, nous avons consciemment mis l’accent E. Pelletier et P.G.C. Campbell / Revue des Sciences de l’Eau / 21(2) 2008, 173-197 175 sur la notion des contaminants et leurs effets sur l’écosystème. En effet, certains chercheurs ont élargi la définition de l’écotoxicologie pour y inclure des stresseurs autres que les contaminants (STEINBERG et ADE, 2005), mais pour les fins de cette synthèse, nous nous limiterons à ces derniers. Selon BUTLER (1978), l’application de l’approche écotoxicologique implique les quatre étapes suivantes : (i) la caractérisation des apports de la substance concernée (quantités, formes physiques et chimiques, et mode d’apport); (ii) l’étude du comportement de la substance dans le milieu récepteur (transport; transformations); (iii) l’évaluation de l’exposition des organismes indigènes à la substance ou à des produits de transformation (espèces cibles; exposition et prise en charge via l’eau ou la nourriture); (iv) l’évaluation de la réponse des organismes individuels, des populations et des communautés à cette exposition. Les étapes (i), uploads/Litterature/ pelletier-campbell-rse2008-ecotoxicologie.pdf
Documents similaires










-
42
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Mai 24, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
- Taille du fichier 0.6581MB