Avant de donner naissance à Papyrus le 24 janvier 1974 dans les pages du journa
Avant de donner naissance à Papyrus le 24 janvier 1974 dans les pages du journal Spirou no1867, Lucien de Gieter était « designer industriel » mais « le plaisir et l’envie de concevoir et de fabriquer quelque chose » lui-même ainsi que sa passion pour l’Egypte l’ont poussé vers les éditions de Marcinelle. Quelques années vont néan- moins s’écouler entre l’arrivée de Lucien de Gieter chez Dupuis et la naissance de son personnage. Dans ses premières aventures, Papyrus n’est qu’un simple paysan mais il devient rapidement fils de jardinier de pharaon : on passe donc du conte de fée où la princesse épouse le paysan à un récit un peu plus crédible où le destin va conduire ce bambin à devenir le protec- teur de Théti-Chéri, fille de pharaon. Ce n’est qu’après avoir dessiné La vengeance des Ramsès, le sep- tième album de la série, que De Gieter part pour la première fois en Egypte, sur les traces de son héros. Depuis il y est retourné sept fois pour parfaire sa connaissance du monde antique. Au-delà de l’aspect romanesque de l’oeuvre, la série Papyrus est historiquement remarquable ! Lucien De Gieter offre en effet une véritable leçon d’histoire toute en douceur à ses lecteurs car même si les ressorts scénaristiques qu’utilise l’auteur sont souvent empreints au fantastique, la «Grande Histoire» n’est jamais loin. C’est ce que nous allons vous démontrer au travers des pages de ce dossier divisé en 7 thèmes : 1 Pharaon 2 La religion, les temples, les prêtres : l’exemple de Karnak 3 La mort ou la seconde vie des égyptiens 4 Un peuple de bâtisseurs 5 L’art officiel 6 L’écriture 7 Contes et légendes dans Papyrus Bonne lecture ! P apyrus, le trent ième ! P haraon est le souverain de la Haute et de la Basse-Égypte. C’est un dieu vivant. Il est chargé de protéger son peuple. Son pouvoir est immense puisqu’il couvre, à la fois, le politique, le religieux et le militaire. Sa tenue d’apparat symbolise toute sa puissance. Ainsi, lors de cérémonies officielles, il est souvent coiffé d’une double couronne, le pschent, symbolisant les deux Egypte et dans ses mains il tient alors le sceptre et le fouet, symboles de son pouvoir. Tous les 30 ans, Pharaon devait se soumettre à un jubilé, aussi appelé fête de l’heb-sed. Dans La métamorphose d’Imhotep, Chepseska, le grand prêtre de Memphis rappelle à Papyrus et Théti que « la date du jubilé est sacrée et le roi doit à cette occasion montrer qu’il est toujours capable de tenir fermement le pouvoir ». Devant le clergé, l’armée et le peuple rassemblés, il devait, « en courant, suivre trois fois le périmètre tracé par les prêtres autour des bornes de la grande esplanade, au pied de la pyramide » puis tirer quatre flèches en direction des quatre points cardinaux. S’il échouait, il devait alors désigner un corégent. Les pouvoirs de pharaon Quand De Gieter débute les aventures de Papyrus il ne se soucie que très peu du contexte historique. Son premier cycle est en effet basé sur des aventures fantastiques, il n’a donc aucun besoin de cadrer historiquement son récit. Il faut donc attendre le quatrième album, Le tombeau de Pharaon, pour que le père de Théti-Chéri soit enfin nommé. On le découvre alors sous le nom de Merenré. Ce pharaon très peu connu a réellement existé puisqu’il appartient à la VIe dynastie et aurait régné de -2283 à -2278. Le choix de ce personnage limite néanmoins les possibilités scénaristiques : Papyrus ne peut en effet découvrir les monuments édifiés après le règne de ce pharaon. À partir du septième album De Gieter décide donc de placer le cadre de son histoire sous le règne de Merenptha. En choisissant ce pharaon de la XIXe dynastie, l’auteur n’a plus les mêmes contraintes qu’avec Merenré. L’Egypte Antique a en effet déjà vécu une grande partie de son histoire. Par ailleurs, ce personnage, en plus d’être le géniteur d’un illustre pharaon qu’est Ramsès II, est lui même connu du grand public, permettant ainsi à l’auteur de jouer davantage entre l’histoire et l’Histoire. Treizième fils du grand Ramsès et d’Isetnéfret, il régna de -1213 à -1204, soit seulement huit ans. De plus, lorsqu’il monte sur le trône il a déjà une soixantaine d’année, il est très âgé pour l’époque. L’âge de pharaon n’est cependant pas évoqué dans les aventures de Papyrus mais lorsqu’il s’agit de lui trouver un sosie afin de sauver sa couronne dans La méta- morphose d’Imhotep Théti et Papyrus font appel à un «vieil homme». Enfin, concernant le règne du vrai Merenptha, il n’y a que très peu d’éléments à relater, si ce n’est la régression militaire de L’Egypte Merenptha Si De Gieter a choisi de prendre pour roi un pharaon peu connu afin de faciliter son travail scénaristique, il met tout de même en scène dans ses histoires un certain nombre d’illustres personnages, notam- ment Toutankhamon dans le dix-septième opus ou encore Akhenaton dans Le pharaon maudit pour ne citer que quelques-uns. Cet album se déroule entièrement à Akhet-Aton, ancienne capitale d’Akhenaton. Cette ville fut complètement abandonnée par les égyptiens à la mort de ce pharaon maudit qui régna de -1372 à -1354 comme on peut le découvrir au fil des pages. Il fut jugé comme «hérétique et rayé des annales royales» pour avoir rejeté le traditionnel polythéisme et instauré le culte d’un dieu unique : Aton. Quant à Toutankhamon, fils d’Akhenaton, on le découvre dans Le pharaon assassiné essentiellement au travers des souvenirs de sa compagne, la grande épouse Ankhsenamon. Si ce pharaon qui mourut très jeune et ne régna qu’une dizaine d’années, de -1354 à -1346, est si connu du grand pu- blic, c’est grâce à son célèbre tombeau découvert en 1922 par l’égyptologue Howard Carter. C’est d’ailleurs autour de cet inestimable trésor que tourne l’intri- gue de cet album. Les autres pharaons 1. PHARAON L a religion égyptienne est une religion polythéiste. Il existe autant de cultes que de dieux mais tous n’ont pas la même importance. Les principales divinités sont solaires, Amon et Rê étant les plus connues. Et même lorsque Akhenaton met en place sa religion monothéiste, comme le rap- pelle De Gieter dans Le pharaon maudit, ce dernier choisit comme dieu unique Aton, autre divinité solaire. A l’époque de Papyrus, sous le règne de Merenptha, plus d’un siècle s’est écoulé depuis la mort d’Akhenaton. Le culte d’Aton ne lui a pas survécu. Amon est de nouveau la principale divinité solaire. C’est à Kar- nak, non loin de Thèbes, la capitale, que s’exerce essentiellement son culte. Ce sanctuaire est d’ailleurs le théâtre de nombreuses aventures de Papyrus : L’enfant hiéroglyphe, Le seigneur des crocodiles, L’il de Ré, La prisonnière de Sekhmet, La vengeance des Ramsès ainsi que La fureur des dieux. La religion Les temples sont les maisons des dieux. Situés dans des sanc- tuaires ils sont séparés du monde par de grands murs derrière lesquels se cachent aussi des ateliers, des habitations et un lac sacré. Certaines zones du sanctuaire sont interdites aux profa- nes. Dans L’enfant hiéroglyphe, Papyrus se voit ainsi refusé par le grand prêtre Amon l’accès au temple, réservé au clergé. Le clergé d’Amon était riche et puissant. Outre les trésors ornant les temples, ce clergé possédait de nombreux biens et à l’épo- que de Ramsès III, avait plus de 80000 personnes à son service. L’accès au temple d’Amon était interdit à la population, hormis à l’occasion du nouvel an égyptien, lors de la fête de l’Opet pendant laquelle le peuple pouvait voir défiler les barques sa- crées portant les tabernacles voilés cachant les statues des divi- nités. Cette procession qui voyait «Amon-Ré quitter son temple de Karnak pour se rendre en grande procession à Louxor, pour rencontrer la déesse Mout et son fils Konsou» est le prétexte de L’oeil de Ré, dix-huitième aventure de Papyrus. Cette pro- cession est une véritable fête populaire au cours de laquelle le peuple s’amuse, joue de la musique, danse et chante. Ces sanctuaires pouvaient être immenses : à Karnak, celui d’Amon s’étendait sur une superficie de plus de 30 hectares. Sur le même site, deux autres sanctuaires, plus petits, furent érigés : celui de Montou (2,5 hectares) et de Mout (9,5 hectares) dans lequel Théti-Chéri va se trouver retenue prisonnière par le grand prêtre devenu fou dans La prisonnière de Sekhmet. Les temples Les prêtres sont les gardiens des temples. Ce sont les serviteurs de pharaon, chef spirituel de l’Egypte. Ils proviennent de différentes catégories sociales et selon leur rang d’origine, leur carrière sera différente. Mais une constante existe, on est sou- vent prêtre de père en fils. C’est notamment le cas d’Hapou, personnage secondaire récurrent de la série (voir L’enfant hiéroglyphe). Les femmes aussi participent au culte divin, ce n’est pas un privilège masculin, citons pour exemple les chanteu- ses d’Amon. Dès leur plus jeune âge les prêtres suivent une éducation basée sur la connaissance des dieux avant de recevoir le costume sacerdotale : un pagne long alors que le torse uploads/Litterature/ papyrus-dossier-02-08.pdf
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- Publié le Mar 02, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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