L Le e M Ma an nu us sc cr ri it t d de e L Lo on nd dr re es s d dé év vo oi i
L Le e M Ma an nu us sc cr ri it t d de e L Lo on nd dr re es s d dé év vo oi il lé é – – 5 5. . o or rn ne em me en nt ta at ti io on n 1 Principes d’ornementation et exemples, ou « Comment j’orne une Angloise de Weiss » par Michel Cardin ©1994 et 2005 L’ornementation L’autre question essentielle concernant le luth baroque est celle de l’ornementation. Comme il était dit dans l’Annexe précédente, les partitions pour luth étant volontairement succinctes, celles-ci ne donnent aucune idée de la richesse des oeuvres que l’on ne découvre que dans la réalité sonore de l’instrument. Il en est de même pour l’ornementation : un codage simple et quelques signes réduits au minimum accompagnent la partition, donnant l’impression de peu d’imagination créative, peu de variété possible dans les lignes et dans les reprises. Voilà donc les deux raisons pour lesquelles les oeuvres de Weiss et de ses contemporains ont paru banales aux musicologues et aux musiciens pendant si longtemps. En sachant maintenant très bien que ces partitions simplifiées étaient voulues comme telles par leurs auteurs, qui avaient en tête l’énorme quantité de combinaisons expressives existantes, ainsi que la liberté d’utilisation de ces manoeuvres ornementales par l’exécutant qui devait affirmer sa musicalité par son inventivité personnelle, nous voyons ces feuilles de musique comme des feuilles de jazz : les éléments de base y sont , mais tout reste à faire chez l’interprète qui doit les habiller, les décorer, bref faire vivre cette musique dans toute sa plénitude, ce qui lui permet du reste une grande part de créativité et ce qui rend chaque exécution unique car jamais tout à fait semblable aux autres. Il vaut la peine de faire un tour d’horizon et de citer les agréments baroques, en donnant pour chacun une brève définition « moderne ». Cette liste nous est donnée par Michel Pignolet de Montéclair dans sa publication de 1736, Principes de musique. Il est plus qu’utile pour l’amateur de musique baroque de consulter les ouvrages de ce genre, ne serait-ce que pour constater les incroyables précisions de leurs auteurs. De nombreux musiciens de ce temps ont laissé de tels traités, et particulièrement Quantz, flûtiste ayant joué souvent avec Weiss (1), chez qui aucun détail n’est oublié et dont chaque explication est lumineuse. Montéclair a établi quant à lui ces 22 agréments, dont certains portent le nom plus spécifique d’ornement, en faisant référence d’abord à la voix, mais ils s’appliquent également dans leur quasi totalité à tous les instruments. Tous sont utilisables dans toute section d’une pièce, sauf les quatre derniers, plutôt réservés aux reprises de sections. Résumé des agréments baroques 1. Son filé……………………………………………………...note longue sans aucun vibrato 2. Son enflé…………………………………………………….crescendo sans vibrato 3. Son diminué……………………………………………decrescendo sans vibrato 4. Flatté ou flattement……………………………………….vibrato léger et rapide L Le e M Ma an nu us sc cr ri it t d de e L Lo on nd dr re es s d dé év vo oi il lé é – – 5 5. . o or rn ne em me en nt ta at ti io on n 2 5. Balancement ou tremolo (verre cassé)………………….vibrato lourd et marqué * 6. Port de voix…………………………………………………appogiature inférieure 7. Coulé…………………………………………………………appogiature supérieure 8. Pincé…………………………………………………………mordant inférieur 9. Martellement (battement, schneller, pincé renversé )…mordant supérieur 10. Tremblement appuyé ou perlé……………………………trille complet 11. Tremblement subit………………………………………….trille très court et rapide 12. Tremblement feint………………………….trille commencé lent, puis battu très court et rapide 13. Tremblement doublé……………………………………….trille très long avec 2 grupettos 14. Tour de gosier…………………………………………grupetto * 15. Son glissé…………………………………………….anticipation non battue, en son filé, puis liée 16. Accent…………………………………………..coupure subite (sous forme d’élévation plaintive) d’une note longue avant sa répétition 17. Chûte…………………………………………douce tombée d’une note à l’autre (glissando léger) 18. Sanglot………………………………………………..soupir marqué sur AH! HO! HÉLAS! * 19. Trait……….....................................................entre 2 notes principales, jouer conjointement et rapidement toutes les notes de façon marquée 20. Coulade……………………………………...comme le trait, mais léger, en liant les notes 21. Passage………………………………………….comme le trait ou la coulade, mais en notes libres (conjointes et disjointes mêlées) 22. Diminutions……………variations rythmiques de toutes sortes en notes rapides, mais en suivant les structures harmoniques et les accents rythmiques de base * Ajoutons à tout cela le rubato (aux fonctions bien identifiées à l’époque) et les notes inégales (voir la gavotte de la suite n°5), dont l’emploi ira du systématique (“style français”) à l’occasionnel (“style italien”), et les arpègements (roulements diversifiés d’accords). * * * Tout en constatant une grande liberté d’ornementation - les agréments 19 à 22 permettent pour ainsi dire de faire presque tout ce que l’on veut - n’oublions surtout pas l’élément clé si souvent mentionné par les musiciens baroques, et qui nous empêchera tout de même de faire n’importe quoi, c’est à dire le bon goût, qui doit être présent à chacun de nos choix (2). &&& L Le e M Ma an nu us sc cr ri it t d de e L Lo on nd dr re es s d dé év vo oi il lé é – – 5 5. . o or rn ne em me en nt ta at ti io on n 3 Comment j’orne une Angloise de Weiss Cette Angloise est un petit bijou enfoui dans le Manuscrit de Londres. En effet, comment peut-on croire que cette courte pièce d’allure banale va se révéler avec les répétitions une petite perle ? Les notes inégales (essentiellement le motif au lieu de ) vont ici s’imposer d’elles mêmes dans une majorité de mesures, en laissant d’autres aux notes égales, plus jolies ainsi sinon trop lourdes. C’est tout naturellement que le partage se fait. Je me dois de vous référer à l’excellent article de Gérard Rebours sur les notes inégales, paru dans le numéro 26 des Cahiers de la Guitare (3). Au surplus, les enchaînements en arpèges i m a et a m i provoquent ce rythme automatiquement, à moins de prendre un tempo très rapide, ce qui risquerait de paraître étriqué au luth. Mais pour donner un exemple précis de ce partage, il m’a semblé nécessaire de présenter la pièce en distinguant précisément les inégales des égales, tout en ajoutant que d’autres mélanges sont possibles, et mêmes souhaitables d’une prestation à l’autre. Voilà bien une preuve de la similitude avec le jazz déjà évoquée ! L Le e M Ma an nu us sc cr ri it t d de e L Lo on nd dr re es s d dé év vo oi il lé é – – 5 5. . o or rn ne em me en nt ta at ti io on n 4 Notons aussi, avant de comparer la version ornée (reprise) avec la pièce telle qu’écrite, que celle-ci porte le nom de Paisana dans le Manuscrit de Varsovie, et de Paisane dans une des deux copies de Vienne, l’autre ayant, comme pour Londres et Buenos Aires, le titre d’Angloise . Les cinq versions se ressemblent, avec de petites différences, comme c’est le cas pour la plupart des oeuvres de Weiss ayant plus d’une source (4). Enfin, un principe reste pour moi fondamental : toute ornementation doit aider à faire chanter les voix autant sinon davantage que dans leur simple présentation. PREMIÈRE PARTIE Mesure 2 : Petite diminution, par répétition. Mesure 4 : L’ornement de la tablature permet le coulé (appoggiature supérieure), le martellement (mordant supérieur ), ou le tremblement (trille). Si un coulé long semble le plus pertinent et le plus naturel la première fois, pourquoi la deuxième fois ne pas contourner le cliché de ce genre de demi-cadence par un tremblement appuyé (trille long ou complet) terminé par un tour de gosier (grupetto) et point d’orgue, ce qui donne à ce thème charmant une grâce supplémentaire. Il est intéressant de constater que cet ornement est apposé, dans l’un des deux exemplaires de Vienne, non pas à la ligne supérieure, mais à la voix intermédiaire, ce qui est tout aussi joli. Mesure 5 : Juste sur le deuxième temps, un martellement fait varier la cellule principale, qui en tout et pour tout sera jouée, avec reprises, ne l’oublions pas, soixante-deux fois ! (en deux minutes trente secondes environ). Ou soixante-dix fois avec mes deux suggestions de petites reprises supplémentaires (cela fait alors à peu près trois minutes cinq secondes). Mesure 6 : En refaisant un martellement comme à la mes 5 mais sur la note précédente, et en l’insérant dans l’arpège ici contracté, on fait oublier la cellule répétitive. Mesure 8 : Par l’anticipation du mi 2e temps, jouée en double croche, on fait chanter la ligne différemment mais agréablement. Très peu suffit à donner une tout autre ligne. Mesure 10 : Ornons-la, logiquement, comme la mes 8 dont elle fait la répétition séquentielle, mais avec un triolet pour rafraîchir cette répétition, et ce grâce à une petite coulade qui tombe d’elle même sous nos doigts. Mes 12 à 18 : et remplacent les croches, en décalant les notes à partir de la voix supérieure (sauf mes 18, à uploads/Litterature/ orne-mentation.pdf
Documents similaires










-
35
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Aoû 24, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
- Taille du fichier 2.9183MB