HANDBOUND AT THE UNIVERSITY OF TORONTO PRESS ROMAN lA ROMANIA RECUEIL rUIMESTRI

HANDBOUND AT THE UNIVERSITY OF TORONTO PRESS ROMAN lA ROMANIA RECUEIL rUIMESTRIEL CONSACRÉ A l'étude DES LANGUES ET DES LITTÉRATURES ROMANES PUBLIÉ PAR Paul MEYER et Gaston PARIS Pur remenbrer des ancessurs Les diz et les faiz et les murs. S" ANNÉE - 1886 PARIS F. VIEWEG, LIBRAIRE-ÉDITEUR 67, RUE DE RICHELIEU 0-. 4- o F.TUDES SUR LES ROMANS DE LA TABLE RONDE GUI NGLAIN LE BEL INCONNU Ce roman, un des plus agréables à lire de tout le cycle breton, en est aussi, à divers points de vue, un des plus intéressants. Laissant de côté pour le moment la rédaction en prose du xvi'' siècle, la version anglaise, le poème italien de Carduino et le poème allemand de Wigalois, sur les- quels nous reviendrons, ; ous allons nous occuper du poème français de Renaud de Beaujeu. Il nous a été conservé dans un seul manuscrit, le recueil bien connu qui fait partie de la bibliothèque de M. le duc d'Au- male à Chantilly, et il a été imprimé, d'une façon déplorable-, en 1860, par C. Hippeau. Le récit est très simple et, sauf en un point, ne s'écarte guère du cadre banal des compositions de ce genre; mais la banalité du thème est rachetée par le charme des détails. A la cour d'Arthur, à Carlion-sur- Mer, se présente un jour, accompagnée du nain Tidogolain, une « pu- cele « nommée Hélie, demandant pour sa dame, fille du roi Gringas de Galles, le secours d'un chevalier, qui doit venir seul, être preux entre les preux et capable d'accomplir l'aventure du « fier baiser ». Un jeune che- valier, qui ne connaissait ni son père ni même son nom 3, et qu'on avait 1. Le tome XXX deVHistoire littéraire de la France s'ouvre par un grand article collectif sur les romans en vers du cycle de la Table Ronde. J'extrais de cet article, dont la première partie est déjà imprimée, la notice du roman de Guinglain. en demandant aux lecteurs de la Romania les additions et rectifica- tions qu'ils pourront me lournir. 2. Voyez les observations de M. Fœrster, Zdtschrift jùr. rom. Philologie, t. II, p. 78. 5. Aux questions qu'on lui fait à son arrivée, il répond : « Certes ne sai, Mais que tant dire vos en sai Que hiel fil m'apeloit ma mère, Ne je ne sai se je Romania, XIV. i appelé le Bel Inconnu, venait d'arriver à la cour et avait obtenu du roi la promesse qu'il lui accorderait sa première requête. Il demande à être chargé de cette aventure, et Arthur le désigne, malgré les plaintes dHélie, qui aurait voulu obtenir un des chevaliers renommés de la Table Ronde^ au lieu de ce jouvenceau qui n'a donné •encore aucune preuve de sa prouesse. Elle s'éloigne sans même faire attention au Bel Inconnu, qui la rejoint et l'accompagne, mais qu'elle engage à renoncer à une aventure au-dessus de ses forces. Cependant, arrivé au <( gué périlleux «, le Bel Inconnu renverse d'abord Bliobliéris, qui en défendait le passage, puis ses trois amis qui essaient de le venger • ; il tue ensuite deux géants qui voulaient faire violence à une demoiselle dans la forêt. Hélie reconnaît alors le mérite du champion qu'elle a dédaigné, et lui demande pardon de son injustice. Sa confiance toute fraîche dans la valeur de son compagnon lui inspire une présomption fort peu louable : elle s'empare d'un « bra- chet )) ou petit chien de chasse qu'elle rencontre, et refuse, malgré les prières du Bel Inconnu, de le rendre à son maître, l'Orgueilleux de la Lande ^ ; ce caprice a pour suite un combat terrible, où l'Orgueilleux est vaincu. Vient ensuite un épisode qui se rencontre souvent dans nos ro- mans, celui de l'épervier donné en prix de la beauté : Margerie, fille du roi d'Ecosse, y a prétendu, et a vu son ami tué en voulant soutenir ses droits ; le Bel Inconnu la venge, et triomphe en effet de Giflet, le fils de Do 3, qui revendiquait l'épervier pour sa belle. Toutes ces aventures ne servent guère qu'à allonger le récit. Celle qui suit est plus intéressante. Nos voyageurs arrivent devant un château admirablement construit, qui appartient à « la demoiselle aux blanches mains ». Cette demoiselle Les set ars sot et encanter, Et sot bien estoiles garder, Et bien et mal, tôt ço savoit : Merveilious sens en li avoit. (V. 1917) Elle avait établi une singulière coutume pour se trpuver le mari le plus vaillant possible. Tout prétendant à sa main devait garder un pont qui, oi père ». Perceval non plus ne sait pas son nom, et sa mère ne l'appelle aussi que Beûus fias. De même Chev. ju Cygne, éd. Hippeau, v. 881. 1. L'histoire de ce second combat est préparée seulement ici et n'est racontée qu'après la dé.'aite des géants; mais le poème anglais place les faits dans rordf que nous avons suivi. 2. Ce nom provient du Perceval. \ 5. Encore un personnage de Chrétien de Troies, par exemple dans £r«. L'éd^ teur imprime à lort « le fils d'O » pour « le fils Do. » GUINGLAIN OU LE BEL INCONNU î devant le château, fermait la route, et combattre avec tout chevalier qui se présentait : s'il était vainqueur pendant sept années consécutive?, il devait être l'époux de la demoiselle ; s'il trouvait un vainqueur, celui-ci prenait sa place aux mêmes conditions. Ce poste périlleux est occupé en ce moment par Mauger le Cris, qui a triomphé déjà pendant cinq ans de tous ceux qu'il a combattus : cent quarante-trois têtes de chevaliers garnissent les pieux qui entourent sa tente ; mais s'il est vaillant, il est discourtois et félon ; la demoiselle le hait et souhaite sa défaite ; autant en font tous ses vassaux. Aussi, quand, après un combat terrible, le Bel Inconnu le tue, on lui fait un accueil enthousiaste, et la demoiselle, charmée de sa beauté autant que de son courage, déclare qu'elle abolit l'ancienne coutume et qu'elle épousera dans huit jours le vainqueur de Mauger. .Mais cela ne fait pas l'affaire d'Hélie, qui rappelle à son compa- gnon l'aventure qu'il a entreprise, et tous deux concertent le moyen de s'enfuir le lendemain matin du château. Le Bel Inconnu a quelque mé- rite à tenir sa parole, car la demoiselle aux blanches mains avait employé de grandes séducnons auprès de lui. Au milieu de la nuit, quand tout se taisait et qu'il ne dormait pas. il vit la maîtresse du château franchir la porte de sa chambre : Sans guimple estoit, eschevelee. Et d'un mantel lu afublee D'un vert samit o riche hermine. Meut estoit bêle la mescine. As {éd. Les) ataces de son mantel De fin or furent li tasse! : Desus sa teste le tenoit, L'orle lés sa face portoit : Li sibelins, qui noirs {éd. voirs) estoit, Lés le blanc vis meut avenoit. N'avoit vestu fors sa cemise, Qui plus estoit biance a devise Que n'est la nois qui siet sor branche; Meut estoit la cemise blanche, Mais encore ert la cars moût plus Que la cemise de dessus. Les ganbes moût blanches estoient. Qui un petit aparissoient : La cemise brunete estoit Envers les ganbes (éJ. la dame) qu'il veoit. A l'uis la dame s'apuia. Et vers le lit adiès garda, * Puis demanda se il dormoit... 1 Dort il, fait ele, qui ne dit.? » (V. 237^) 4 G. PARIS Sur sa réponse, elle s'approche de lui et le serre tendrement dans ses bras ; mais quand il veut lui donner un baiser, Se il a dit : « Ce ne me plaist : Tôt torneroit a lecerie. Saciés je ne! feroie mie De si que m'aies esposee : Lors vos serrai abandonee. >• De lui se parti (éd. parai maintenant. Se li dist : « A Diu vos commant, » . . . Celi a laissé esbahi, Qui meut se tient a escarni. (V. 2428) Il n'en quitte pas moins furtivement, le lendemain matin, ce séjour de délices, et il reprend sa marche avec Hélie. Avant d'arriver au terme, il soutient encore un combat contre Lampart, le seigneur du « chastel Ga- ligan », qui n'héberge que ceux qui l'ont vaincu. Renversé par notre héros, il l'accompagne jusqu'à la ville de Senaudon (v. 3561, 3822^ ou Sinaudon v. 6078I, qui est le but de son voyage, et dans laquelle il faut sans doute reconnaître le nom des montagnes du Snovvdon ' ; mais Lampart ne peut y entrer avec lui ; il lui explique ce qui l'attend dans cette ville qui, depuis la dévastation à laquelle elle est en proie, ne s'ap- pelle plus que la Gaste Cité. Au milieu des rues désertes et des édifices en ruines, il verra un palais de marbre magnifique, qui n'a pas moins de mille fenêtres : à chacune se tient un jongleur avec un instrument et un cierge ardent devant lui ; ils salueront courtoisement l'arrivant, mais qu'il ait bien soin de leur uploads/Litterature/ morel-fatio-romania-15-1886-resena-a-canete-1870.pdf

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