Rav Elie LELLOUCHE L’ULTIME EPREUVE D’AVRAHAM Article et contenu réalisés par T

Rav Elie LELLOUCHE L’ULTIME EPREUVE D’AVRAHAM Article et contenu réalisés par TORAT HAIM VECHALOM - 35, rue Emile Lepeu 75011 PARIS - 01.44.93.51.50 Association reconnue d’utilité générale habilitée à recevoir les DONS et les LEGS. Directeur : Rav Elie LELLOUCHE d"cb «Ôte le Satan de devant nous et de derrière nous». Cette demande nous la formulons quotidiennement dans nos Téphilot : «VéHasser Satan MiLéfanénou OuMéA’harénou». Lorsque un homme entreprend d’accomplir une Mitsva le Satan procède de deux manières pour le pousser à la faute. Avant l’accomplissement du commandement divin, l’ange accusateur cherchera à entraver l’individu en élaborant de multiples stratagèmes, afin de le décourager. Si malgré tout il échoue, le Satan tentera, alors, une fois la Mitsva accomplie, d’en altérer la pureté et, par voie de conséquence, la portée spirituelle. C’est à ce double défi que fut confronté Avraham Avinou lors de la ‘Akédat Yts’hak. Comme le rapporte le Midrach, le Satan usa de toutes les ruses afin d’introduire le doute dans l’esprit du premier des Avot et ce, dans le but d’obtenir son renoncement quant à la demande d’Hachem. Ayant échoué dans ses tentatives, se heurtant sans cesse à la détermination d’Avraham, l’ange accusateur, va tenter de porter atteinte à la pureté de l’acte accompli, acte dont, pourtant, le très haut niveau spirituel signait la piété exceptionnelle de son auteur. C’est ainsi que l’on peut comprendre la juxtaposition opérée par la Torah entre la mort de Sarah Iménou et le sacrifice d’Yts’hak. Rachi explique le rapprochement de ces deux événements en se fondant sur le Midrach Tan’houma. Le maître de Troyes rapporte, au nom du Midrach, que c’est en apprenant le sacrifice programmé de son fils que l’âme de Sarah la quitta. Cette explication pourrait nous amener à croire, que la mort de Sarah Iménou serait due à la peur éprouvée par l’épouse d’Avraham à l’idée de la mort de son propre fils. Cependant, cette idée est difficile à admettre, et ce pour deux raisons. Premièrement, le livre de Kohélet(8,5) affirme que l’observance d’une Mitsva protège de toute mauvaise nouvelle. Par ailleurs, comment imaginer que Sarah n’ait pu surmonter l’épreuve du sacrifice de son fils, elle, dont le niveau de prophétie surpassait celui de son mari? Mais à y regarder de plus près, ce commentaire, Rachi ne le mentionne pas au début de la Paracha relatant la mort de Sarah et le nombre d’années que vécut la première des matriarches. Comme le fait remarquer le Nétivot Chalom, ce lien, qu’établit Rachi, entre le sacrifice d’Yts’hak et la mort de Sarah, est présenté au sujet du verset relatant l’arrivée d’Avraham, venu pleurer son épouse. Or ce verset présente une particularité. Le terme pleurer, VéLivkotah, est écrit dans le texte avec un petit Kaf. Le Ba’al HaTourim en donne l’interprétation suivante : Étant donné l’âge avancé de Sarah Iménou, Avraham pleura son épouse avec retenue. Étonnant commentaire! Pourquoi la Torah éprouve-t-elle le besoin de nous livrer une information semblant minimiser la peine d’Avraham ? C’est pourquoi, explique le Nétivot Chalom, contrairement à ce qui semble ressortir du commentaire de Rachi, la mort de Sarah n’est pas due à l’annonce du sacrifice de son fils. La preuve en est, justement, la retenue avec laquelle Avraham l’a pleurée, non comme un homme pleurerait un malheur soudain, mais comme l’on pleure le départ d’un proche déjà âgé, comme le commente le Ba’al HaTourim. Et ce, parce que la vie de Sarah Iménou, sur cette terre, fut menée à son terme. C’est, d’ailleurs, la raison pour laquelle la Torah, à la différence des autres Imahot, nous donne le nombre d’années de sa vie. Cependant, voulant troubler la conscience d’Avraham et faire naître en lui des remords, le Satan s’est empressé d’annoncer à Sarah, avant la survenue naturelle de sa mort, le sacrifice imminent de son fils, afin qu’Avraham y voit, à tort, une relation de cause à effet. Ainsi, l’ange accusateur a tenté de porter atteinte au niveau spirituel auquel était parvenu Avraham lors de la ‘Akéda, en semant en lui le doute sur le bien-fondé de son acte. Car, comme le souligne le Ran (Drachot HaRan, Darouch Chichi) la ‘Akédat Yts’hak ne relevait pas, à proprement parler, d’un ordre divin. En exprimant sa demande à Avraham, Hachem lui dit: Ka’h Na «Prend s’il te plaît» (Béréchit 22,2). Le Créateur laisse Avraham libre de ses choix quant au sacrifice de son fils. Porté par son amour absolu pour Hachem, le premier des Avot décide, malgré tout, d’affronter cette épreuve. Apprenant la mort de son épouse, survenue après l’annonce du sacrifice de Yts’hak, Avraham aurait pu être en proie à des remords. Surmontant cette ultime épreuve, le père du peuple juif comprend que Sarah Iménou, restée fidèlement à ses côtés, tout au long de leur cheminement spirituel, n’a pu céder au désespoir et trahir sa confiance indéfectible en Hachem. Infligeant une dernière défaite au Satan, Avraham retient ses larmes conscient des bontés infinies du Créateur. ‘HAYE SARAH Samedi 23 NOVEMBRE 2019 25 ‘HECHVAN 5780 entrée chabbat : 16h45 sortie chabbat : 17h55 01 L’ultime épreuve d’Avraham Elie LELLOUCHE 02 En(chant)ement des mots HAIM SAMAMA 03 Makhpéla : le titre de propriété d’Israël Yo’hanan NATANSON 04 L’argent du mariage… De l’argent plein pour « faire histoire »… Joel GOZLAN MA Y AN HAIM edition Dans la parachat Hayé Sarah, une fois qu’Eliezer demande à la famille de Rivka s’il peut retourner chez son maître, il est précisé dans le texte « Le frère et la mère de Rivka répondirent que la jeune fi lle reste avec nous quelque temps, au moins une dizaine de jours, Ensuite elle partira » (Berechit 24, 55) Dans le traité Nedarim (37 b) Rabbi Yitshak nous enseigne que la ponctuation des mots de la Thora que nous connaissons (les voyelles nous permettant la lecture du texte), ainsi que certains mots peuvent sembler de trop dans les versets et que les diff érences entre l’écriture et la lecture de certains mots (appelé Keri - Ketiv) sont transmis depuis Moché Rabbenou jusqu’à notre génération. Autrement dit, aucun changement ou oubli du texte de la Thora serait lié au temps, ainsi, nous avons l’exacte lecture, ponctuation des versets et corps du texte depuis le don de la Thora par le biais de Moché Rabbenou. Il y a donc d’après cet enseignement un lien étroit dans la transmission de Matane Thora entre le fond (texte) et la forme (ponctuation par les voyelles) que nous avons aujourd’hui du texte thoraique. Reprenons le second point que relève Rabbi Yitshak dans la Guemara Nedarim : Certains mots dans la thora sont à priori en plus dans le texte, ils sont écrits comme il l’explique pour le « Itour Sofrim » c’est à dire «le couronnement de l’écriture », autrement dit, le sens du verset serait parfaitement compréhensible sans ces mots mais ils sont inscrits de cette manière pour embellir le propos du verset. Pour confi rmer les propos de Rabbi Yitshak, la Guémara nous ramène quatre versets : « Je vais apporter une tranche de pain, vous réparerez vos forces, Ensuite vous poursuivrez votre chemin puisque aussi bien vous êtes passé près de votre serviteur. Ils répondirent : Fais ainsi que tu as dit » (Berechit 18, 5) « Hachem dit à Moché Et si son père, avait craché à sa face pendant sept jours ? Qu’elle soit enfermée sept jours hors du camp, Ensuite elle sera recueillie » (Bamidbar 12,14) « Sont venus en tête les chanteurs, Ensuite les joueurs de musique, au milieu de jeunes fi lles qui battent du tambourin » (Tehilim 68,26) De tous ces versets ainsi que celui de notre paracha, le talmud confi rme que le mot Ensuite est à priori en plus. La Thora aurait pu indiquer simplement par exemple chez nous «et elle partira», elle a opté pour un style d’écriture plus sophistiqué et littéraire pour embellir le texte et le rendre plus attrayant et poétique. La Guémara va plus loin dans cette approche puisqu’elle ramène dans un second temps un verset de Tehilim pour confi rmer cet enseignement non plus sur un mot mais sur une seule lettre à priori en plus dans le texte des psaumes, comme il est dit : « Ta justice est comme les montagnes élevées, tes jugements un grand abime. Tu sauveras l’homme et la bête » (Tehilim 36,7) Ainsi, « comme » en Hébreu est désigné par la lettre Kaf et nous aurions compris du verset le même enseignement sans cet élément de comparaison. En eff et, sur la seconde partie du passouk (verset) « tes jugements un grand abime » ce comparatif n’est pas employé. Ainsi, le roi David a voulu exprimer à travers ce terme une gloire supplémentaire, un style et une forme plus littéraire et plus aboutie à l’écrit. Cependant, Le Meiiri (Rabbi Menahem Hameiiri 1249-1306 ou 1315) explique quant à lui diff éremment le sens défi ni par Rabbi Yitshak du « Itour Sofrim » vu dans le traité Nedarim 37b. Pour lui, on parle ici d’embellissement lié à la uploads/Litterature/ mh-x27-haye-sarah-5780.pdf

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