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LA VOCATION DE L’ARBRE D’OR est de partager ses intérêts avec les lecteurs, son admiration pour les grands textes nourrissants du passé et celle aussi pour l’œuvre de contemporains majeurs qui seront probablement davantage appréciés demain qu’aujourd’hui. La belle littérature, les outils de développement personnel, d’identité et de progrès, on les trouvera donc au catalogue de l’Arbre d’Or à des prix résolument bas pour la qualité offerte. LES DROITS DES AUTEURS Cet e-book est sous la protection de la loi fédérale suisse sur le droit d’auteur et les droits voisins (art. 2, al. 2 tit. a, lda). Il est également protégé par les traités internationaux sur la propriété industrielle. Comme un livre papier, le présent fichier et son image de couverture sont sous copyright, vous ne devez en aucune façon les modifier, les utiliser ou les diffuser sans l’accord des ayant-droits. Obtenir ce fichier autrement que suite à un téléchargement après paiement sur le site est un délit. 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Ne diffusez pas votre copie mais, au contraire, quand un titre vous a plu, encouragez-en l’achat : vous contribuerez à ce que les auteurs vous réservent à l’avenir le meilleur de leur production, parce qu’ils auront confiance en vous. © Arbre d’Or, Cortaillod, (ne), Suisse, avril 2009 http://www.arbredor.com Tous droits réservés pour tous pays Jean-Alexandre Vaillant Fondateur du collège Interne de Bucarest et de l’école gratuite des filles professeur de littérature à l’école nationale de Saint-Sava Les Rômes HISTOIRE VRAIE DES VRAIS BOHÉMIENS paris — 1857 Vous qui, au récit d’une femme sublime par le cœur et par la pensée, versez encore des pleurs de compassion sur les Nègres d’Afrique, dont l’Amérique républicaine fait ses esclaves, jetez un regard charitable sur cette courte histoire des Rômes de l’Inde, dont l’Europe monarchique fait ses Nègres, et ces hommes, pèlerins d’Asie, ne seront plus routiers, et ces esclaves blancs seront libres. Pour nous, nous nous estimons d’autant plus heureux d’avoir enregistré dans les annales de l’Histoire les actes de leur affranchissement en Roumanie, que cette contrée, qui nous est chère, s’est ainsi mérité les justes sympathies de l’Europe ; et nous félicitons les princes A.-D. Ghyka, de Valaquie, et G.-A. Ghyka, de Moldavie, d’avoir entrepris et achevé cette œuvre humanitaire qui doit porter leurs noms à la postérité et les couvrir d’une gloire immortelle. A. V. LES RÔMES HISTOIRE VRAIE DES VRAIS BOHÉMIENS 5 AVANT-PROPOS Sorciers, bateleurs et filous, Reste immonde D’un ancien monde, Sorciers, bateleurs et filous, Gais Bohémiens, d’où venez-vous ? Tout le monde a entendu parler des Rômes sous les différents noms de Gypsi, Bohémiens, Gitanos ; beaucoup en ont vu ; bien peu les connaissent. Ceux là même qui croient en savoir le plus sur leur compte sont encore à se demander leur nom, leur origine, leur croyance ; leur nom parce que chaque peuple les ayant qualifiés à sa guise, ils semblent en avoir trop pour en avoir un ; leur origine, parce qu’il n’est résulté des recherches des savants qu’hypothèses plus ou moins fausses, conclusions trop exclusives et souvent absurdes, en un mot, rien de certain ; leur croyance, parce qu’elle est au fond de leurs cœurs, que leurs cœurs, fermés à notre indifférence et à notre tyrannie, ne peuvent se trahir que par leur langage, que leur langage, seul critérium de leur origine, est inconnu, et que dès lors toute comparaison est impossible. Si comme les particuliers, comme les Espagnols surtout, les peuples pouvaient faire de la multiplicité de leurs noms autant de titres de noblesse, les Rômes seraient assurément la race la plus noble, comme elle est aussi la plus ancienne de la terre ; car on peut compter jusqu’à soixante et plus les différents noms qu’on leur donne, et dont la plupart ne leur appartiennent point. Ainsi, selon les temps et les lieux, on les a appelés : Bohémiens, Égyptiens, Gitanos, Gypsi, Philistins, Pharaoniens, Tatars, Taterpak, Skœier-pak, Splinter-pak, Spukaring, Kieldering, Nads-mœnd-sfolk, Heidenen, Ceard ou Caird, Sarrazins, Agariens, Pagani, Sani, Tsani, Kieni, Cieni, Sicani, Secani, Siguni, Sinti, Sindi, Siah-Indous, Zind-Cali, Cali, Siculi, Cal-Indi, Luri, Caras’mar, Cinquanes, Cingesi, Ciagisi, Cingari, Gingari, Zinguri, Zingari, LES RÔMES HISTOIRE VRAIE DES VRAIS BOHÉMIENS 6 Zogori, Zechi, Zendji, Zidzuri, Gindani, Dandari, Dardani, Zigenner, Ziegeuner, Zeygeunen, Djaï, Daïas, Biadjaks, Vangari, Gadjar, Korbut, Madjub, Harami, Astingi, Asdingi, Athingani, Tsigani, Zâth, Zoth, Tshigani, Rom-cali, Romnic’aï. On conçoit donc, leur nom n’étant point connu, que leur origine ne pouvait l’être davantage. En effet, les uns la croient toute récente et les autres fort ancienne ; ceux-ci les font venir d’Asie en Europe, ceux-là d’Afrique ; les premiers par l’Orient, les seconds par l’Occident ; tel les fait descendre du Zendji-Bar ou côte des Zendji par l’Égypte, tel les fait passer de la Tangi-Tan, montueuse contrée d’Afrique, en Espagne ; quelques-uns les font descendre du Caucase ou sortir des Palus Méotides. À en croire ceux-ci, ils sont Kalmouks, venus de la Dsongarie ; à en croire ceux-là ils sont Scythes, et probablement le reste des Daces vaincus par Trajan ; qui ne voient en eux que les débris des Avars et des Pétchenègues, qui les tiennent pour les ilotes de Sparte ou les bacchantes de Thrace ; qui les croient les Aborigènes de la vallée du Danube, les Siguni d’Hérodote ; qui, enfin, les confondent, au contraire, avec les colons romains de ces contrées dont ils ne sont que les esclaves. Que dire encore de l’opinion des savants sur leur croyance ? Ils divaguèrent au point qu’après les avoir traités en Pauliciens, en Manichéens, parce que, selon les idéologues, les Déistes sont pires que les Athées. Dès qu’ils les surent danseurs, nomades, maraudeurs, ils les firent Tourlaks, Fakirs, Calenders ; puis, à l’aspect de leur peau tannée, à la vue de leur misère, à l’examen de leurs penchants et de leurs aptitudes, il fut décidé qu’ils étaient ou Éthiopiens, d’Égypte ou de Colchos, ou Troglodytes, ou Phrygiens, peut-être même Canaanites, enfants de Chus ; mais, à coup sûr, fils de Caïn et condamnés à errer comme lui jusqu’à la fin des temps. Certes, à la vue de conclusions si diverses, il faudrait s’étonner, si l’on ne savait que l’histoire n’est que trop souvent à côté de la fable, que l’examen est moins un levier qu’une sonde et que la vérité jaillit parfois de l’erreur comme l’étincelle du caillou, et n’en brille qu’avec plus d’éclat, comme le diamant au sortir de la mine. Cependant, il faut le dire, si chacune de ces conclusions est LES RÔMES HISTOIRE VRAIE DES VRAIS BOHÉMIENS 7 trop absolue, elles sont généralement justes dans leur ensemble, car si les Rômes ne sont pas exclusivement ce que chacun isolément les croit, ils sont à peu près tout ce que, tous ensemble, ils les disent. L’Égyptien, s’est-on dit, est noir et mange la chair de porc, donc ils sont Égyptiens ; le Troglodyte était orpailleur, donc ils sont Troglodytes ; ils dansent, s’enivrent et s’abandonnent à la lasciveté des sens, donc ce sont les satyres et les bacchantes de Thrace ; ils disent la bonne aventure, donc ce sont les prêtres ou les prêtresses d’Isis. Étranges conclusions qui montrent à quel point peuvent divaguer et la science étymologique, lorsque, violentant la raison pour n’avoir pas tort, elle se renferme dans le cercle étroit d’un fait, d’une idée, d’un mot, et la science d’examen, quand elle s’appuie sur des faits particuliers, communs à des races diverses, au lieu de s’appuyer sur des faits généraux, propres à chaque race. On en conviendra volontiers quand par leur langue, tout mot ayant sa raison, disent Cicéron et Saint-Paul, je pourrai découvrir le sens vrai d’une multitude de faits dont la sagesse antique a forgé des fables, dont la science a composé des dogmes, dogmes et fables qu’elles ne sont plus en état d’expliquer ; on en conviendra quand on se sera convaincu que, si peu nombreux qu’ils soient restés en Europe, les Rômes sont un peuple ; que, bien que vagabonds depuis les siècles, ils ont cependant une patrie ; que, quoique loin d’elle, ils en ont conservé la langue autant qu’ils l’ont pu ; on en conviendra quand on aura reconnu comment leur histoire est liée à celle de tous les peuples ; comment la plupart des émigrations de la haute Asie n’étaient pas encore en Europe qu’ils étaient déjà aux colonnes d’Hercule ; comment ils étaient en Afrique en même temps qu’en Espagne ; en Thrace et en Dacie avant de se répandre en Germanie et jusqu’aux confins du pays des Celtes ; au Caucase et sur les bords de la mer Noire, avant de pénétrer en Sarmatie et jusqu’en Scandinavie ; dans toute la Mœsie, avant de coloniser la Grèce ; en Macédoine, avant de monter en Illyrie et de là en Italie ; aux Indes, avant de se répandre, d’un côté en Tartarie, en Perse, en Syrie, de l’autre en Arabie, au Caucase, en Égypte, et uploads/Litterature/ les-romes.pdf
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- Publié le Jan 13, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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