PR É FACE Notre ami et ancien collègue, le DR. CHARLES CADOUX mérite bien toute

PR É FACE Notre ami et ancien collègue, le DR. CHARLES CADOUX mérite bien toute notre gratitude et toutes nos félicitations. Il est le premier à avoir conçu, à l’intention de nos élèves, un manuel d’histoire littéraire de France. C’est, à ma connaissance, le premier manuel de ce genre, rédigé en français et publié en Inde. Il existe en France d’excellentes histories de la littérature française. Mais elles s’adressent aux lycéens ou aux étudiants universitaires dont le français est la langue maternelle et pour qui, par conséquent, la civilisation française n’est pas inconnue. Il y en a d’autres qui, rédigées tantôt en anglais, tantôt en français, sont destinées aux jeunes Anglais ou Américains dont la civilisation n’est pas trop éloignée de celle de la France. Elles sont utiles, dans une certaine mesure, aux étudiants indiens qui sont encore d’expression anglaise; mais elles ne le seront jamais complètement tant qu’on n’aura pas tenu compte des difficultés de nos élèves, dues à leur ignorance de la civilisation occidentale. D’où le mérite et la raison d’être du présent manuel. L’auteur l’a composé uniquement à l’intention des étudiants indiens abordant l’étude de la littérature française. Il l’a écrit dans un style simple et clair. Au besoin il n’a pas hésité à fournir des explications en anglais, langue avec laquelle nos étudiants sont plus familiers qu’ils ne sont avec le français. D’ailleurs l’auteur n’a pas travaillé dans l’abstrait; le manuel est le résultat des classes faites par lui, lorsqu’il était affecté à l’Université de Poona, de 1955 à 1957, comme Boursier Français du Gouvernement de l’Inde. C’est, ainsi, un livre d’expérience, conçu à la fois dans esprit pédagogique et milieu de la pratique pédagogique. On peut donc prédire pour ce manuel un très vif succès auprès de tous nos jeunes gens qui désirent s’initier à cette belle littérature française. Y.K.SOHINI, Lecteur du Français Poona, le 29 mai 1961 à L’Université de Poona. (Inde) Pg No. 1 MOYEN AGE La langue française vient du Latin. Elle s’est formée surtout au cours du Moyen Age (1000-1500A. D.environ). Mais son origine est très ancienne : le français que nous parlons aujourd’hui appartient au même groupe de langues que le sanscrit. C’est le groupe des langues dites indo- européennes. Du 10ème au 16ème siècle, la littérature française est très abondante et très variée. On y trouve surtout : ---des poèmes épiques, ou épopées, dont le plus célèbre et aussi le plus long est ‘‘La Chanson de Roland’’ (11ème siècle). ---des poèmes lyriques, encore appelés ‘‘chansons’’ parce que ces poèmes sont généralement chantés. Le poète (troubadour ou trouvère) y raconte le plus souvent l’amour d’un Chevalier pour une Belle Dame vivant dans un château-fort (Castle). Le plus grand des poètes de cette époque fut sans doute Villon, qui vécut au 15ème siècle. Aventurier, mauvais garçon, il conserva cependant toujours au fond du cœur l’amour du bien et l’amour de Dieu. Pg No.2 ---des poèmes dramatiques. Le théâtre est en effet très apprécié au Moyen Age. Les drames sont essentiellement des drames religieux que décrivent la création du monde par Dieu, la vie et la mort du Christ, la vie de la Vierge Marie. Leur titre est d’ailleurs significatif : les pièces (plays) s’intitulent ‘‘Miracles’’ ou ‘‘Mystères’’, et les représentations ont lieu dans les églises ou juste devant. ---une littérature populaire, qui comprend surtout des romans et des comédies dont les nombreux personnages sont soit des animaux, soit des gens du peuple simples mais rusés. Le ‘‘Roman de la Rose’’, le ‘‘’Roman de Renard’’, ‘‘La Farce de Maître Pathelin’’ sont parmi les chefs- d’œuvre le plus connus. ---les ‘‘chroniques’’ historiques constituent également un genre littéraire particulier. Au Moyen Age les croisades donnèrent lieu à de nombreux récits que l’on peut considérer comme la première ébauche de la science historique française. A certains égards, les ‘‘grands chroniqueurs’’ Villehardouin et Joinville sont déjà de véritables historiens. Le Moyen Age a été une époque de foi où la religion chrétienne a joué un rôle dominant. La construction des magnifiques cathédrales ‘‘romanes’’ et ‘‘gothiques’’ (Notre-Dame de paris, chartres,...) en est la meilleure preuve. Ce fut aussi une époque où les guerres étaient fréquentes parce que l’unité de la France n’était pas encore réalisée. Quant à la littérature du Moyen Age, elle a été négligée Pg No.3 pendant longtemps. Ce sont les poètes romantiques du 19ème siècle qui ont attiré l’attention sur sa variété et sur sa richesse. Aujourd’hui, l’étude de cette littérature est toujours à l’honneur dans les programmes universitaires. Pg No.4 Seizième Siècle (1500-1600) Le seizième siècle est le siècle de la Renaissance mouvement, né d’abord en Italie, et qui gagna ensuite l’Europe, eut une influence décisive sur la littérature française. La Renaissance est une sorte de révolution dans les poquées philosophiques, religieuses, politiques, sociales et littéraires. Elle marque dans tous les domaines une rupture avec le monde médiéval, et suscite une passion pour les découvertes et pour les théories scientifiques. Cette révolution intellectuelle et technique entraînera une transformation complète des mœurs et, en définitive, du monde. Au point de vue littéraire, la Renaissance se caractérise par deux traits principaux : retour aux Anciens et crise de la pensée chrétienne. D’une part, en effet, les écrivains du 16ème siècle veulent oublier le Moyen Age ; ils vont désormais puiser leur inspiration chez les Anciens, c’est- à-dire les écrivains grecs et latins de l’Antiquité. A l’idéal profondément religieux du Moyen Age, ils opposent des idées nouvelles où se manifestent l’indépendance d’esprit et le désir de connaître le monde : Pg. No 5 Il faut juger les choses par soi- même, sans considérer. Ce que dit la religion chrétienne ; Il faut jouir de la vie parce qu’elle est brève ; Il faut s’instruire et apprendre les sciences nouvelles (physique, astronomie, etc.) ; Il faut surtout imiter les Anciens parce qu’ils on atteint la perfection de l’Art. La pensée chrétienne, d’autre part, déjà attaquée par ces idées nouvelles, subit une crise appelée la Réforme. Certains dogmes fondamentaux de la religion catholique sont rejetés par une partie des théologiens à la suite de Luther et Calvin. La Réforme divise ainsi l’Eglise chrétienne et introduit en France, ainsi qu’en Europe, le Protestantisme. Ces deux mouvements, Renaissance et Réforme donnent à la littérature de cette époque un caractère original, à la fois vigoureux et désordonné. Parmi les nombreux écrivains de ce siècle, trois auteurs sont à mettre au premier rang : Ronsard, Rabelais et Montaigne. Pg No.6 La Poésie Française Au 16ème Siècle Durant tout le Moyen Age la poésie avait été très populaire. Les sujets et les genres étaient nombreux : épopées célébrant les exploits de ‘‘preux’’ (courageux) chevaliers ; chansons naïves, poèmes lyriques consacrés aux joies et aux douleurs de la vie, à la mort. Dans cette poésie l’idée de Dieu et d’un monde supraterrestre était toujours présente. Les poètes de la Renaissance, épris de nouveauté vont réagir contre cette conception poétique et poser des règles qui donneront à la poésie une orientation nouvelle. LA PLÉIADE Un groupe de jeunes poètes, appelé ‘‘La Pléiade’’ (ils étaient une dizaine), décident de renouveler complètement la poésie ; à cet effet, ils formulent un code poétique dont les principes bouleversent la poésie traditionnelle : Il faut en premier lieu renouveler l’inspiration. Comment ? En empruntant les thèmes et les idées aux poètes grecs et latins. Il faut aussi renouveler l’expression (la forme) ; on laisse donc de côté la prosodie et les genres en honneur au Moyen Age pour rétablir les genres anciens, par Pg No.7 exemple l’ode et le sonnet, et pour puiser dans la mythologie antique les images et les métaphores indispensables à toute poésie. Il faut enfin ‘‘écrire en français’’, mais comme la langue française est encore pauvre, on fabrique des mots nouveaux (néologismes) qui, peu à peu, entreront dans le vocabulaire. Cette révolution poétique porte ses fruits. La poésie s’enrichit parce que l’inspiration et la langue sont plus variées, et la versification plus savante et plus souple. Cependant l’imitation abusive des poètes grecs et latins rend fréquemment la poésie artificielle et difficile. Tandis qu’au Moyen Age tout le monde pouvait apprécier les poètes, au 16ème siècle seuls les gens instruits, qui connaissent bien l’Antiquité, peuvent goûter pleinement la poésie. A cette époque, les poètes et versificateurs sont très nombreux. Quelques-uns se distinguent par un talent original. Ainsi Clément Marot, qui rappelle Villon par son ironie touchante et son badinage (light talk), Agrippa d’Aubigné, et Mathurin Régnier dont la violence verbale atteste la forte personnalité Joachim Du Bellay (1522-1560), poète simple et délicat qui fut aussi le théoricien de La Pléiade dans son manifeste ‘‘Défense et Illustration de la Langue française’’. Dans le recueil intitulé ‘‘Les Regrets’’, Du Bellay exprime avec beaucoup d’émotion la nostalgie du pays natal de Rome, où il est en exil, il se souvient de son village, de sa maison, de sa partie et il appelle la France : Pg no.8 ‘‘France, France, réponds à ma triste querelle !’’ Cependant il est un poète qui domine tous les autres : Ronsard. RONSARD (1524-1585) uploads/Litterature/ les-grandes-etapes.pdf

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