Q U E S A I S - J E ? Les 100 mots du littéraire PAUL ARON ALAIN VIALA Deuxième

Q U E S A I S - J E ? Les 100 mots du littéraire PAUL ARON ALAIN VIALA Deuxième édition mise à jour 5 e mille ISBN 978-2-13-058215-1 Dépôt légal – 1re édition : 2008 2e édition mise à jour : 2011, février © Presses Universitaires de France, 2008 6, avenue Reille, 75014 Paris 3 AVIS AUX LECTEURS Parler de littérature exige un savoir partagé, c’est une évidence. Chacun croit posséder les informations, les notions et le vocabulaire appropriés, et cependant ce savoir évolue au fil du temps ; autre évidence. Enfin et surtout, les connaissances concernées sont plus complexes qu’il n’y paraît et sous les mots qui semblent communs se nichent foule de malentendus. Il est donc sage de faire le point et de répertorier le lexi- que en usage. C’est ce nécessaire « arrêt sur les mots » qui est ici proposé. Il s’agit d’une approche empirique du littéraire en tous ses états et dans toutes ses fonctions ; ajoutons encore : et sur la longue durée. On trouvera ainsi, dans la centaine de notices rassemblées dans les pages qui suivent – et les quelques renvois qui nous ont paru indispensables – les éléments fondamentaux de la lit- térature (la langue, le style, les genres), les principaux courants et écoles qui ont marqué l’histoire littéraire et les enjeux esthétiques et idéologiques qu’ils impliquent (les « registres » ainsi que les rapports avec les grands ordres de la pensée). En bref, une idée simple nous a guidés : le littéraire doit s’analyser dans ses formes et ses significations inscrites dans les contextes de leur création et de leur réception. C’est en revenant à cette idée simple qu’il est possible de maîtriser un savoir plu- riel et complexe ; ce à quoi ces « 100 mots » voudraient apporter leur contribution. 4 Ils proposent donc, non pas une histoire de la litté- rature en abrégé, mais bien un vade-mecum à usage de tous ceux qui, à un titre ou un autre, sont intéressés par la littérature et qui souhaitent savoir « ce que parler veut dire » quand il est question de celle-ci. Les notices sont construites à partir du matériau litté- raire lui-même, et non des concepts critiques qui servent à le décrire et l’analyser (qui voudra en savoir plus sur ces derniers en trouvera la matière dans le Dictionnaire du littéraire, Paris, PUF, coll. « Quadrige – Dico poche », 2010). Elles incluent au besoin des indications de biblio- graphie critique complémentaires ; elles incluent sur- tout des suggestions de lectures d’œuvres et d’auteurs significatifs. Car ce livre ne vise rien de plus et rien de moins que d’offrir les clefs indispensables pour entrer dans le littéraire. 5 LISTE DES 100 MOTS ACADÉMIES ..........................7 ART POUR L’ART ...................8 ARTS .....................................9 AUTEUR/ÉCRIVAIN ..............10 BAROQUE............................11 BIBLIOTHÈQUE ....................13 BIOGRAPHIE ET AUTOBIOGRAPHIE ...............14 BURLESQUE ........................15 CENSURE ............................16 CHAMP LITTÉRAIRE ET CULTUREL ......................17 CINÉMA ..............................18 CLASSIQUE .........................20 COMIQUE, COMÉDIE............21 CONTE ET NOUVELLE ........... 22 CRITIQUE ............................23 DIALOGUE ..........................24 DIDACTIQUE .......................26 DISCOURS ...........................27 DROITS DES AUTEURS .......... 28 ÉCOLE .................................29 ÉCOLES LITTÉRAIRES ........... 30 ENGAGEMENT .....................32 ÉPIDICTIQUE .......................33 ÉPIQUE ................................34 ÉPISTOLAIRE .......................36 ESSAI ..................................37 ESTHÉTIQUE........................38 ÉTAT ...................................39 FANTASTIQUE .....................40 FEMMES ..............................42 FICTION ..............................43 FIGURES ..............................44 FRANCOPHONIE ..................45 GALANTERIE .......................46 GÉNIE .................................47 GENRES...............................48 GOÛT ET PLAISIR LITTÉRAIRE .........................50 HISTOIRE ............................51 HISTOIRE LITTÉRAIRE .........52 HUMANISME ET RENAISSANCE ................53 IDÉES ET IDÉOLOGIE ...........54 IMAGES ...............................56 IMITATION ...........................57 INSPIRATION........................58 INTENTION ET ÉNONCIATION .................59 INTERNET ............................60 INTRIGUE ET ACTION ............ 62 LANGUE ..............................63 LECTURE .............................64 LIBERTINAGE ......................65 LIEUX COMMUNS ................66 6 LITTÉRATURE ......................68 LITTÉRATURE FÉMININE .....69 LITTÉRATURES QUALIFIÉES .........................70 LIVRE ..................................71 LUMIÈRES ...........................72 LYRIQUE .............................74 MÉCÉNAT ............................75 MÉDIAS ...............................76 MÉLANCOLIE ......................77 MODERNITÉ ........................78 MORALE, MORALISTES .......................79 MUSIQUE ET LITTÉRATURE .................81 MYSTIQUE ..........................82 MYTHE ...............................83 NOM D’AUTEUR ..................84 NOUVEAU ROMAN ..............86 ORAL ET ÉLOQUENCE ........... 87 PASSIONS ............................88 PÉRITEXTE ..........................89 PERSONNAGE ......................90 PHILOSOPHIE ET LITTÉRATURE .................92 POÈTE ET POÉSIE ................93 POÉTIQUE ...........................94 POLÉMIQUE .........................95 PROSE .................................97 PUBLICATION ET ÉDITION ..........................98 QUERELLES .........................99 RÉALISME ET NATURALISME ..............100 RÉCIT ................................102 REGISTRES ........................103 RÈGLES/UNITÉS ................104 RELIGION ..........................105 RHÉTORIQUE .....................107 ROMAN .............................108 ROMANTISME ...................109 SATIRIQUE .........................110 SCIENCES ..........................112 SENS ET SIGNIFICATION ....113 SPECTACLE .......................114 STYLE ...............................115 SURRÉALISME ...................116 SYMBOLISME ....................118 TEXTE ...............................119 THÉÂTRE ..........................120 THÈMES ET MOTIFS ...........121 THÉORIES LITTÉRAIRES .....................122 TRAGIQUE .........................124 UTOPIE ..............................125 VERS, VERSIFICATION .......126 Nota Bene : Quand certains termes nécessitent des renvois d’un arti- cle à l’autre, ils sont signalés par un *. 7 ACADÉMIES Platon fonda à Athènes une école de philosophie qui fut appelée l’Académie : ce nom a été ensuite employé en Europe moderne pour désigner des sociétés d’intellec- tuels assemblés pour discuter de leurs sciences ou leurs arts. Les académies ont fleuri d’abord dans les cités italiennes renaissantes et de là le modèle en est passé en France et dans le reste de l’Europe. À l’origine, il s’agit avant tout de réunions privées à l’initiative d’es- prits éclairés et curieux. Richelieu fonda l’Académie française (1635) en prenant appui sur l’une de celles-ci. Ensuite, l’État a eu une politique volontariste, créant dès le XVIIe siècle les académies de peinture (1647), des inscriptions et belles-lettres (1664, appelée d’abord Petite Académie), des sciences (1666) et de musique et de danse (1672). L’Académie française devait régenter le vocabulaire, la grammaire, la rhétorique et la poé- tique et elle a pu un moment envisager d’intervenir dans le jugement sur les créations littéraires, en don- nant ses Sentiments sur Le Cid controversé de Corneille (1637). Mais ensuite, elle s’est en pratique bornée au Dictionnaire et à attribuer des prix. En décernant des prix, et plus encore par le processus de sélection diffi- cile qui en filtre l’accès, les académies constituent un lieu de consécration et elles exercent une influence sen- sible sur le champ culturel. En théorie, elles constituent des lieux de réflexions libres. Les académies privées n’ont que les contraintes qu’elles se donnent par leurs statuts ; aussi elles culti- vent et diffusent un certain état d’esprit : au temps des 8 Lumières*, les académies de province ont été des foyers de diffusion de l’idée de progrès, et l’académie Goncourt fut créée en 1902 pour donner un prix annuel destiné à soutenir la création romanesque. Mais l’étatisation a imposé des contraintes aux académies officielles et, en règle générale, l’académisme est considéré comme un penchant au conservatisme. ART POUR L’ART L’art pour l’art, ou « art pur », est un slogan qui naît au milieu du XIXe siècle, au moment où l’autonomie du champ littéraire* se renforce. Il marque la volonté des artistes de s’affranchir des messages de politique, de religion ou de morale et de produire des œuvres dont la finalité serait seulement la qualité esthétique. Pris en son sens positif, il caractérise la liberté de l’écrivain moderne. Ses détracteurs en ont souvent fait un syno- nyme de « formalisme » et ont dénoncé son refus de s’intéresser au monde social. L’idée selon laquelle l’art littéraire se définit par une fonction d’édification, morale ou religieuse, par le « plaire et instruire », est dominante de longue date. Face à cela, l’art pour l’art est une prise de position dans la querelle* de l’art utile, liée aux polémiques de Théophile Gautier contre les critiques qui demandent aux écrivains de rendre compte du contenu social de leurs œuvres : « À quoi cela sert-il ? Cela sert à être beau » (Gautier, préface des Poèmes, 1832). Si les premiers promoteurs en ont été Baudelaire et Flaubert, l’art pour l’art carac- térise ensuite pendant un siècle et demi, sous des for- mes diverses, une partie des pratiques littéraires et une idée qui, dans la sphère restreinte du champ, s’oppose 9 aux usages de tout engagement*. Il dissocie la triade du Vrai, du Beau et du Bien au nom de la liberté créatrice. La capacité de ses tenants à s’imposer au reste de la société comme spécialistes seuls qualifiés à énoncer des jugements littéraires les a conduits à insister particuliè- rement sur les œuvres et les auteurs de rupture, ceux qui, parce qu’ils pouvaient heurter la doxa, illustraient leur pouvoir symbolique : d’où les débats à propos de Sade, de Flaubert, de Mallarmé ou de Céline, et l’insis- tance avec laquelle reviennent les interrogations sur la littérature et le mal et la défense de la littérature contre la morale*. ARTS La littérature est un art et tous les arts sont liés entre eux, soit parce qu’ils relèvent de la « représentation » du réel (mimésis), soit parce qu’ils suscitent des émotions comparables. Musique*, danse, mime et poésie sont mis en relation depuis l’Antiquité. Traditionnellement, on a insisté sur le parallèle entre peinture et littérature, condensé dans la formule célèbre d’Horace (Ier siècle) : « Ut pictura poesis », un poème est comme un tableau (Épître aux Pisons). En retour, l’idée que le tableau est comme un poème se diffuse de la Renaissance* jusqu’au XVIIIe siècle : il faut le « lire » selon les catégories rhéto- riques de l’inventio et de la dispositio pour comprendre l’histoire qu’il raconte. Un genre* comme l’emblème donne ainsi une « image » des choses fusionnant texte uploads/Litterature/ les-100-mots-du-litteraire-2011.pdf

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