MICHEL FOUCAULT LEÇONS SUR -"""' LA VOLONTE DE SAVOIR Cours au Collège de Franc
MICHEL FOUCAULT LEÇONS SUR -"""' LA VOLONTE DE SAVOIR Cours au Collège de France. 1970-1971 suivi de LE SAVOIR D'ŒDIPE HAUTES ÉTUDES GALLIMARD SEUIL Voici la transcription de la première année des cours de Michel Foucault au Collège de France. Sa publication marquera une date dans la «réception, de Foucault. On ne pourra plus le lire comme avant. On y découvrira la profonde unité du projet qui va de Surveiller et Punir (1975), dominé par les thèmes du pouvoir et de la norme, à L'Usage des plaisirs et Le Souci de soi (1984), consacrés à l'éthique de la subjectivité. Ces Leçons sur la volonté de savoir rappellent que le travail de Michel Foucault n'a jamais eu qu'un objet: la vérité. Surveiller et Punir achève une enquête sur le rôle des formes juridiques dans la constitution du dire vrai, dont on découvre ici les premiers jalons. La vérité naît dans des conflits, la concurrence des prétentions qui trouvent dans les rituels du jugement judiciaire la possibilité de départager qui a raison et qui a tort. Au sein même de la Grèce antique se succèdent et s'affrontent différentes formes juridiques, différentes manières de partager le vrai et le faux, où viendront bientôt s'inscrire les querelles des sophistes et des philosophes. Sophocle, dans Œdipe roi, met en scène la puissance propre des formes du dire vrai : elles instituent le pouvoir comme elles le destituent. Contre Freud, qui fera d'Œdipe le drame d'un inavouable désir sexuel, Michel Foucault montre que la tragédie articule les rapports de la vérité, du pouvoir et du droit. L'histoire de la vérité est celle de la tragédie. Au-delà de l'irénisme d'Aristote qui plaçait la volonté de vérité dans le désir de connaissance, Michel Foucault approfondit la vision tragique de la vérité inaugurée par Nietzsche, qu'il arrache dans un dialogue souterrain avec Deleuze à la lecture heideggerienne. Qui osera parler, après ce cours, d'un Foucault sceptique? « Hautes Études, est une collection des Éditions de l'École des hautes études en sciences sociales, des Éditions Gallimard et des Éditions du Seuil. 1 1 1 www .seuil.com 9 782020 860246 ISBN 978.2.02.086024.6/ Imprimé en France 02.11 23€ Cours de Michel Foucault au Collège de France Leçons sur la volonté de savoir (1970-1971) paru Théories et Institutions pénales (197 1-1972) La Société punitive (1972-1973) Le Pouvoir psychiatrique (1973-1974) paru Les Anormaux (1974-1975) paru « Il faut défendre la société » (1975- 1976) paru Sécurité, Territoire, Population (1977-1978) paru Naissance de la biopolitique (1978- 1979) paru Du gouvernement des vivants ( 1979-1980) Subjectivité et Vérité (1980-1981) L'Herméneutique du sujet (1981-1982) paru Le Gouvernement de soi et des autres (1982-1983) paru Le Courage de la vérité. Le Gouvernement de soi et des autres II (1983-1984) paru Michel Foucault Leçons sur la volonté de savoir Cours au Collège de France (1970-1971) suivi de Le savoir d'Œdipe Édition établie sous la direction de François Ewald et Alessandro Fontana, par Daniel Defert HAUTES ÉTUDES GALLIMARD SEUIL «Hautes Études» est une collection des Éditions de l'École des hautes études en sciences sociales, , qui en assurent le suivi !ditorial, des Editions Gallimard et des Editions du Seuil. Édition établie sous la direction de François Ewald et Alessandro Fontana, par Daniel Defert ISBN 978-02-086024-6 © SEUIL/GALLIMARD, FÉVRIER 201 1 Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou .Plll"! ielle faite par quelque procédé que c_e soit, sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants cause, est llhctte et constttue une contrefaçon sanctwnnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle. www.seuil.com AVERTISSEMENT Michel Foucault a enseigné au Collège de France de décembre 1970 à sa mort en juin 1984 - à l'exception de l'année 1977 où il a pu béné ficier d'une année sabbatique. Le titre de sa chaire était : Histoire des systèmes de pensée. Elle fut créée le 30 novembre 1969, sur proposition de Jules Vuille min, par 1 'assemblée générale des professeurs du Collège de France en remplacement de la chaire d'Histoire de la pensée philosophique, tenue jusqu'à sa mort par Jean Hyppolite. La même assemblée élut Michel Foucault, le 12 avril 1970, comme titulaire de la nouvelle chaire 1.11 avait quarante-trois ans. Michel Foucault en prononça la leçon inaugurale le 2 décembre 19702• L'enseignement au Collège de France obéit à des règles particulières. Les professeurs ont l'obligation de délivrer vingt-six heures d'ensei gnement par an (la moitié au maximum pouvant être dispensée sous forme de séminaires 3). Ils doivent exposer chaque année une recherche originale, les contraignant à renouveler chaque fois le contenu de leur enseignement. L'assistance aux cours et aux séminaires est entièrement libre ; elle ne requiert ni inscription ni diplôme. Et le professeur n'en dispense aucun4• Dans le vocabulaire du Collège de France, on dit que les professeurs n'ont pas d'étudiants mais des auditeurs. Les cours de Michel Foucault se tenaient chaque mercredi de début janvier à fin mars. L'assistance, très nombreuse, composée d'étudiants, 1 . Michel Foucault avait conclu une plaquette rédigée pour sa candidature par cette formule : « Il faudrait entreprendre 1 'histoire des systèmes de pensée » ( « Titres et travaux», in Dits et Écrits, 1954-1988, éd. par D. Defert & F. Ewald, collab. J. Lagrange, Paris, Gallimard, 1994, 4 vol. : cf. t. 1, p. 846). 2. Elle sera publiée par les éditions Gallimard en mai 1971 sous le titre : L'Ordre du discours. 3. Ce que fit Michel Foucault jusqu'au début des années 1980. 4. Dans le cadre du Collège de France. VIII La volonté de savoir d'enseignants, de chercheurs, de curieux, dont beaucoup d'étrangers, mobilisait deux amphithéâtres du Collège de France. Michel Foucault s'est souvent plaint de la distance qu'il pouvait y avoir entre lui et son « public », et du peu d'échange que rendait possible la forme du cours 5• Il rêvait d'un séminaire qui fût le lieu d'un vrai travail collectif. Il en fit différentes tentatives. Les dernières années, à l'issue du cours, il consa crait un long moment à répondre aux questions des auditeurs. Voici comment, en 1975, un journaliste du Nouvel Observateur, Gérard Petitjean, pouvait en retranscrire 1 'atmosphère : « Quand Foucault entre dans l'arène, rapide, fonceur, comme quelqu'un qui se jette à l'eau, il enjambe des corps pour atteindre a chaise, repousse les magnétophones pour poser ses papiers, retire sa veste, allume une lampe et démarre, à cent à l'heure. Voix forte, efficace, relayée par des haut parleurs, seule concession au modernisme d'une salle à peine éclairée par une lumière qui s'élève de vasques en stuc. Il y a trois cents places et cinq cents personnes agglutinées, bouchant le moindre espace libre [ . . . ]. Aucun effet oratoire. C'est limpide et terriblement efficace. Pas la moindre concession à l'improvisation. Foucault a douze heures par an pour expliquer, en cours public, le sens de sa recherche pendant l'année qui vient de s'écouler. Alors, il serre au maximum et remplit les marges comme ces correspondants qui ont encore trop à dire lorsqu'ils sont arrivés au bout de leur feuille. 19h 15. Foucault s'arrête. Les étudiants se précipitent vers son bureau. Pas pour lui parler, mais pour stopper les magnétophones. Pas de questions. Dans la cohue, Foucault est seul. » Et Foucault de commenter : « Il faudrait pouvoir discuter ce que j'ai proposé. Quelquefois, lorsque le cours n'a pas été bon, il faudrait peu de choses, une question, pour tout remettre en place. Mais cette question ne vient jamais. En France, l'effet de groupe rend toute discussion réelle impossible. Et comme il n'y a pas de canal de retour, le cours se théâtra lise. J'ai un rapport d'acteur ou d'acrobate avec les gens qui sont là. Et lorsque j'ai fini de parler, une sensation de solitude totale6 • • . » 5. En 1976, dans l'espoir- vain- de raréfier l'assistance, Michel Foucault chan gea l'heure du cours qui passa de 17 h45, en fin d'après-midi, à 9 heures du matin. Cf. le début de la première leçon (7 janvier 1976) de «Il f aut dé fendre la société ». Cours au Collège de France, 1976, éd. s.dir. F. Ewald & A. Fontana, par M. Bertani & A. Fontana, Paris, Gallimard - Seuil (coll. « Hautes Études » ), 1997. 6. Gérard Petitjean, «Les Grands Prêtres de l'université française», Le Nouvel Observateur, 7 avril1975. Avertissement IX Michel Foucault abordait son enseignement comme un chercheur : explorations pour un livre à venir, défrichement aussi de champs de problématisation, qui se formuleraient plutôt comme une invitation lancée à d'éventuels chercheurs. C'est ainsi que les cours au Collège de France ne redoublent pas les livres publiés. Ils n'en sont pas 1 'ébauche, même si des thèmes peuvent être communs entre livres et cours. Ils ont leur propre statut. Ils relèvent d'un régime discursif spécifique dans l'ensemble des « actes philosophiques » effectués par Michel Foucault. Il y déploie tout particulièrement le programme d'une généalogie des rapports savoir/pou voir en fonction duquel, à uploads/Litterature/ lecons-sur-la-volonte-de-savoir-cours-au-college-de-france-19701971-suivi-de-le-savoir-ddipe.pdf
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- Publié le Jul 10, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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