AlainFournier Le Grand Meaulnes A2 CLE International AlainFournier, de son vr
AlainFournier Le Grand Meaulnes A2 CLE International AlainFournier, de son vrai nom HenriAlban Fournier, naît le 3 octobre 1886, à La Chapelled’Angillon, dans le centre de la France. Ses parents sont instituteurs. Il fait des études de lettres, à Paris. En 1910, il décide de vivre du journalisme et travaille pour ParisJournal. C’est cette même année qu’il commence à écrire Le Grand Meaulnes. Son roman paraît d’abord dans La Nouvelle Revue Française (de juillet à octobre 1913) puis en roman. En août 1914, il part à la guerre et meurt au combat le 22 septembre 1914. *** Le Grand Meaulnes est un roman autobiographique et d’adolescence. Autobiographique car, pour créer l’intrigue de son roman, AlainFournier s’inspire d’épisodes de sa vie. Par exemple, le narrateur, François Seurel, est fils d’instituteurs, tout comme l’auteur. D’autre part, en 1905, AlainFournier rencontre à Paris une jeune femme, Yvonne de Quièvrecourt, et il tombe éperdument amoureux d’elle. Elle deviendra l’Yvonne du Grand Meaulnes. Il a aussi une aventure avec une couturière, qui deviendra Valentine, dans son roman. Autre point autobiographique : l’endroit où se déroule l’histoire, c’estàdire la Sologne, lieu où AlainFournier passe ses vacances et qu’il aime particulièrement. Le roman est aussi un roman d’adolescence : les épreuves que vivent le héros, Augustin Meaulnes, et ses compagnons, François et Frantz, leur permettent de « grandir » et de passer de l’adolescence à l’âge adulte. Ce roman, à la fois réaliste et magique, qui a manqué de peu le prix Concourt, continue à attirer un grand nombre de lecteurs, adolescents ou adultes. PREMIÈRE PARTIE Il est arrivé chez nous un dimanche de novembre... Nous habitions à l’école de SaintAgathe. Mon père, que j’appelais M. Seurel, comme les autres élèves, s’occupait du Cours Supérieur, qui préparait au brevet1 d’instituteur, et le Cours Moyen. Ma mère, que nous appelions tous Millie, faisait la classe aux petits. J’avais quinze ans. Le jour de l’arrivée de Meaulnes, il faisait froid. Je revenais du village quand j’ai vu une femme qui frappait à la porte de la maison. Je lui ai dit d’entrer et j’ai appelé Millie. Ma mère est aussitôt apparue dans la salle à manger avec un nouveau chapeau sur la tête. Elle m’a souri et a dit : — Regarde, François, le nouveau chapeau... Mais elle a vu la dame et s’est arrêtée. Elle a retiré son chapeau et l’a saluée. — Bonjour madame Seurel, a dit cette dernière, je suis madame Meaulnes. Je suis venue avec Augustin, mon fils, qui va être pensionnaire2 chez vous pour suivre le Cours Supérieur. — En effet, madame, a dit Millie, mais je vous attendais cet aprèsmidi. — J’ai préféré faire la route ce matin, à cause du froid. Mais, où est Augustin ? Il était avec moi tout à l’heure. Ce garçon est vraiment imprévisible. On a alors entendu un bruit de pas au grenier. Puis quelqu’un a descendu l’escalier. — C’est toi, Augustin ? a demandé la dame. 1 Brevet d'instituteur : diplôme qui permet de devenir instituteur. 2 Pensionnaire : élève qui vit dans l'école où il fait ses études. Un grand garçon de dixsept ans est arrivé dans la pièce. Il souriait. Il m’a vu et a dit : — Tu viens dans la cour ? J’ai hésité une seconde puis je l’ai suivi. — Regarde, atil dit, j’ai trouvé ça dans le grenier. Il avait à la main une petite roue avec des fusées3 autour. Un reste d’un feu d’artifice. 3 Fusée : ici, tube plein de poudre qui explose et fait des étoiles de toutes les couleurs. — On peut en allumer deux, atil ajouté. Il a planté la roue dans la terre et a allumé les deux fusées. Des étoiles rouges et blanches sont apparues. C’était superbe ! Meaulnes a été très vite accepté par les camarades de classe qui, bientôt, comme il était le plus âgé de tous, l’ont appelé le grand Meaulnes. Après l’école, Meaulnes allait souvent au village avec d’autres garçons et on entendait leurs cris jusqu’au soir. Parfois, je les accompagnais et, à vrai dire, c’était un grand plaisir... L’arrivée d’Augustin Meaulnes a été pour moi le commencement d’une nouvelle vie... Moi, le jeune garçon solitaire, je commençais à avoir des amis et à m’amuser. *** Huit jours avant Noël, à la fin de la classe, M. Seurel a demandé le silence et a dit : — Qui ira demain à la gare avec François chercher M. et Mme Charpentier ? C’étaient mes grandsparents. Une dizaine de voix a aussitôt répondu en criant : — Le grand Meaulnes ! Le grand Meaulnes ! M. Seurel a fait semblant de ne pas entendre et a dit : — Ce sera Mouchebœuf. Cet aprèsmidilà, après la classe, Meaulnes et moi, nous sommes restés un moment seuls dans la cour. Sans rien nous dire, nous regardions en direction du village. Puis nous avons décidé d’aller chez Desnoues, le charron4, où nous allions parfois avec les autres écoliers. 4 Charron : artisan qui fait des charrettes, voitures tirées par les chevaux. — Alors, ça va les jeunes ? a demandé Desnoues. Au fait, François, tes grandsparents vont venir cette année pour Noël ? — Oui, j’irai demain les chercher en voiture à la gare. — Avec la voiture de Fromentin, peutêtre ? — Non, avec celle du père Martin. — Oh, alors vous n’êtes pas revenus. La jument5 de Fromentin est une bête rapide; ce n’est pas le cas de celle du père Martin. La conversation s’est arrêtée là. Nous avons regardé le charron travailler puis nous sommes rentrés. Meaulnes ne disait rien, il avait l’air pensif. Le lendemain, à une heure de l’aprèsmidi, nous étions tous en classe car nous avions une composition6. M. Seurel écrivait les énoncés des problèmes au tableau et se retournait de temps en temps pour demander le silence. La classe était en effet un peu agitée. Moi, je me taisais. J’étais assis près de la fenêtre et je regardais souvent dehors. Je n’arrêtais pas de me dire : «Meaulnes est parti... en fait, il s’est échappé. Après le déjeuner, il a dû sauter le mur, courir dans les champs, traverser le ruisseau7 et aller demander la jument de Fromentin pour aller chercher mes grandsparents ». M. Seurel a fini d’écrire l’énoncé du deuxième problème... Normalement, il en donne trois. Il n’a pas encore remarqué l’absence de Meaulnes... Soudain, j’ai vu une charrette8 passer à toute vitesse devant l’école et disparaître... Aucun doute, le conducteur, c’était Augustin Meaulnes ! C’est alors que trois voix se sont mises à crier : — Monsieur ! Le grand Meaulnes est parti ! 5 Jument : femelle du cheval. 6 Composition : ancien mot pour examen, contrôle. 7 Ruisseau : petite rivière. 8 Charrette : voiture à deux roues tirée par un cheval. À ce moment, un homme est apparu à la porte de la classe : — Excusezmoi, monsieur, atil dit à M. Seurel, vous avez autorisé un de vos élèves à demander ma voiture pour aller à la gare ? J’ai un doute... — Mais pas du tout, a répondu M. Seurel. Aussitôt, dans la classe, il y a eu un désordre épouvantable. Les élèves parlaient, criaient, certains s’approchaient des fenêtres, d’autres montaient sur les tables pour mieux voir ce qui se passait dehors. Mais il était trop tard. Le grand Meaulnes n’était plus là. — Tu iras à la gare avec Mouchebœuf, m’a dit mon père. Meaulnes ne connaît pas le chemin. Il va se perdre aux carrefours et ne sera pas à l’heure au train. Millie est alors apparue à la porte de la classe : — Qu’estce qui se passe ? — Je t’expliquerai plus tard, a répondu M. Seurel. Puis il a dit discrètement un mot à l’homme, qui est reparti. Je suis donc allé chercher mes grandsparents. Le soir, au dîner, j’écoutais d’une oreille distraite la conversation entre ma mère et ses parents... la porte allait s’ouvrir et Meaulnes allait entrer, c’est sûr... mais rien ! Il était l’heure d’aller se coucher. Nous nous disions bonsoir quand on a entendu un bruit de voiture. Mon père a pris une lampe et est sorti. Je l’ai suivi. Il y avait deux voitures. Un homme a sauté à terre et a demandé : — Pouvezvous me dire où habite monsieur Fromentin ? J’ai trouvé sa voiture et sa jument qui s’en allaient sans conducteur. J’ai arrêté la jument et j’ai vu sur la voiture le nom du propriétaire. Comme je venais par ici, j’ai préféré amener la voiture pour éviter des accidents. — Et vous avez bien fait, monsieur, a dit mon père. Laissezla ici, je vais la ramener chez Fromentin. Une fois l’homme parti, il nous a dit, à Millie et moi : — Nous dirons à tous que Meaulnes est chez sa mère. Nous allons attendre avant de la prévenir. Je pense qu’il va revenir. *** Nous avons attendu trois longs jours. Le quatrième jour, il faisait très froid. Nous étions en classe et faisions uploads/Litterature/ le-grand-meaulnes-a2-alain-fournier.pdf
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- Publié le Nov 30, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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