La Passion de « Juhayman » L’art de lier les Ulémas au Terrorisme 2 En novembre

La Passion de « Juhayman » L’art de lier les Ulémas au Terrorisme 2 En novembre 1979, Juhayman al-‘Utaybi s’empare de la Grande Mosquée de la Mecque avec 400 rebelles. L’opération fait 250 morts et près de 600 blessés. dddqddddddqdq La Passion de « Juhayman » L’art de lier les Ulémas au Terrorisme e 20 novembre 1979, quelques semaines seulement après la fin du Hajj, le khariji saoudien Juhayman Ibn Saif al-’Utaybi s’empare de la Grande Mosquée de la Mecque avec un groupe de plus de 400 rebelles. Durant deux semaines, ils prennent en otage plus de 50 000 musulmans à l’intérieur de l’enceinte du Haram al- Sharîf. L’opération finit en bain de sang faisant 250 morts et près de 600 blessés, la plupart des victimes sont des pèlerins et des membres des forces de sécurité saoudiennes. L’acte terroriste d’al-‘Utaybi et ses adeptes fut justifié par leur conviction que Mohammed al- Qahtani, le beau-frère de Juhayman, fut le Mahdi auquel les musulmans devaient prêter allégeance au pied de la Ka’ba1. Pour résoudre la crise, les dirigeants saoudiens mobilisent les savants du pays. Sheikh Abdul-Aziz Ibn Bâz émet une fatwa autorisant une intervention militaire dans la Mosquée Sacrée. Le 3 décembre, l’assaut est lancé et les pèlerins assiégés finissent par être libérés. Juhayman et son commando se font capturer et plus tard décapiter2. Son beau-frère, le Mahdi présumé, mourut déjà lors des premiers jours du siège. À Manhattan, deux décennies après la rébellion mecquoise de Juhayman al-’Utaybi, les trois tours3 du milliardaire juif Larry Silverstein s’effondrent dans leur assise. Le ‘inside job’ du 11 septembre 2001 entraine un véritable boom dans l’industrie de l’islamophobie dont vont largement profiter les « islamologues » et les spécialistes du monde arabe. 1 Plus précisément entre la pierre noire et « Maqâm Ibrahîm » 2 À l’exception des rebelles qui n’avaient pas utilisé d’armes lors du siège, ceux-ci ont été emprisonnés. 3 Il s’agit des tours WTC 1, 2 et 7. Des fonds démesurés sont débloqués pour financer la « guerre contre le terrorisme » et ouvrir officiellement la chasse aux barbus. Du jour au lendemain, un nombre impressionnant d’historiens, anthropologues et sociologues sont promus « spécialistes de l’Islam » et commencent à rédiger des analyses « scientifiques » pour alerter le monde sur le danger rampant du « fondamentalisme islamiste » et de l’« intégrisme salafiste ». Le chercheur qui se veut objectif ne peut maintenir une crédibilité intellectuelle en s’attaquant directement à l’Islam. Pour éluder ce problème, les islamologues recourent à deux astuces tactiques. L’une se déploie dans la guerre terminologique avec une manipulation lexicale pour dissimuler, voir justifier, le discours islamophobe des élites françaises. La deuxième astuce — moins subtile — consiste à cracher sur les ulémas avec une salive envenimée qui, en réalité, est destinée à la religion musulmane. C’est par le biais de cette propagande éhontée qui se répand sous couvert de recherches sociologiques qu’ils ont fini par suspecter tous les musulmans orthodoxes d’être de potentiels terroristes imprégnés d’une croyance kharijite. Ce n’est donc pas en 1979, mais à partir de septembre 2001 qu’un nombre non négligeable de chercheurs opportunistes issus de la mafia islamologiste ont pu exploiter les fonds de recherche scientifique pour réécrire l’histoire de Juhayman al- ’Utaybi4. L’objectif de leurs analyses consiste à démontrer que « l’idéologie » des grands savants de 4 Les islamologues ont coopéré, dans plusieurs dizaines de livres et d’articles sur Juhayman, avec les militants libéraux du monde arabe, qui avaient déjà tenté, en vain, d’exploiter l’affaire de Juhayman pour s’attaquer à l’Islam. L La Passion de « Juhayman » L’art de lier les Ulémas au Terrorisme 3 Les islamologues ont réécrit l’histoire de Juhayman dans une propagande insidieuse pour démontrer la « culpabilité idéologique » des savants de son époque. cette époque a nourri les idées qui ont produit Juhayman et les membres de la « rébellion mecquoise », un phénomène qui, selon eux, allait plus tard faire naître al-Qaïda. AL-ALBANI «LE MUHADDITH DISSIDENT» Un des chercheurs dont les écrits à ce sujet sont caractérisés par une absence totale de scrupules est l’« expert » du salafisme Stéphane Lacroix qui s’est spécialisé dans la présentation d’analogies trompeuses entre le terrorisme et les grands savants contemporains de l’Islam. Dans son livre « La rébellion mecquoise »5, Lacroix compile une série de témoignages recueillis chez des libéraux saoudiens et des témoins présumés anonymes6. L’ouvrage a pour but de mettre en corrélation directe les savants majeurs du XXe siècle à l’attaque terroriste contre la Grande Mosquée de la Mecque en 1979, attentat que Lacroix décrit comme « une des opérations les plus spectaculaires de l’histoire du militantisme islamiste »7. En 2003, le professeur Lacroix s’est rendu pendant plusieurs mois en Arabie Saoudite après avoir recouru à la ruse pour s’y faire inviter8. Ce qui devait initialement être une étude historique de l’attentat de Juhayman s’est très vite transformé en prétendu « fouilles idéologiques » pour ensuite finir en campagne diffamatoire contre trois savants 5 Le livre, initialement écrit en anglais, a été traduit en arabe par un militant libéral en Arabie et est à sa 2e édition. 6 Les écrits de Lacroix sont bondés de sources inconnues comme « un ancien islamiste », « un ancien membre des Néo Ahl al- Hadith », « un ancien disciple de Sheikh al-Albani », etc. 7 Stéphane Lacroix et Thomas Hegghammer, « The Meccan Rebellion », p.18 8 Le parrain de Stéphane Lacroix est Gilles Kepel qui lui fournit tous les moyens (financiers et autres) pour effectuer ses recherches. À Sciences Po, c’est Gilles Kepel qui décide qui écrit quoi pour les recherches liées à l’Islam. Il est impossible pour un chercheur d’entreprendre un voyage de « recherche » ou de sortir un livre sans l’accord et l’agrément de Kepel qui contrôle le monde des recherches sur l’Islam et de ses sectes comme un dictateur paranoïaque. (Source : entretien avec un employé de l’institution de Sciences Po qui souhaite rester anonyme) contemporains: Sheikh Ibn Bâz, Sheikh al-Albani et Sheikh Moqbil al-Wâdi’i. Le message principal véhiculé par Lacroix est celui d’une idéologie attribuée aux trois savants qui aurait nourri la croyance déviante de Juhayman qui, à son tour, allait être une source d’inspiration pour le terrorisme contemporain. Le témoin principal dans l’étude du professeur Lacroix se nomme Nâsir al-Huzaymi, un ancien adepte de Juhayman qu’il a fréquenté entre 1976 et 1978 et qui, après être passé d’une extrémité à l’autre, s’est converti au libéralisme9. Les articles d’al-Huzaymi dans les journaux arabes révèlent clairement son inculture générale, sa mythomanie et son ignorance de la religion musulmane10. À partir de 2003, ce libéral décomplexé exploite son passée avec Juhayman pour discréditer les savants sunnites et, last but not least, empocher un joli pactole. Bien qu’al- Huzaymi soit réputé pour être un personnage non crédible, Stéphane Lacroix s’est entretenu avec lui à plusieurs reprises pour étoffer sa recherche avec un complot terroriste dont seraient complices les ulémas. Le professeur Lacroix commence sa thèse en clamant que le groupe JSM11 — duquel étaient issus les membres du groupe terroriste de Juhayman — avait été fondé dans les années 1960 par des disciples de Sheikh al-Albani12 (1914 – 1999). Dans un autre article, il mentionne de manière explicite que les enseignements d’al-Albani formaient la base 9 Nâsir al-Huzaymi a passé huit ans de prison où il aurait entrepris une ‘recherche spirituelle’. Selon Lacroix, ceci lui aurait permis de délaisser ses « convictions islamistes » et de devenir un « intellectuel libéral ». 10 Nâsir al-Huzaymi mentionne, pour ne citer qu’un exemple, que la raison pour laquelle les Salafis portent leurs ‘qamis’ jusqu’au mi- tibia est pour se distinguer des gens du mouvement de la Sahwa. Al-Huzaymi semble ignorer qu’il s’agit d’une sunna prophétique. 11 Abréviation de « al-Jamâ’a al-Salafiya al-Muhtasiba » 12 Stéphane Lacroix et Thomas Hegghammer, « The Meccan Rebellion », p.10 La Passion de « Juhayman » L’art de lier les Ulémas au Terrorisme 4 Après s’être converti au libéralisme, Nâsir al-Huzaymi a exploité son passé avec Juhayman pour discréditer les ulémas et lancer sa carrière journalistique. idéologique du groupe JSM duquel surgiront les rebelles de Juhayman13. D’autre part, Lacroix tente de consolider les liens supposés entre Sheikh al-Albani et les rebelles mecquois avec une citation de Nâsir al-Huzaymi qui prétend que le JSM organisait des cours avec Sheikh al-Albani dans les tentes de Mina pour les adeptes de Juhayman14. Très ambitieux, le professeur ne se contente pas des allégations d’al-Huzaymi et décide de broder lui- même sa nouvelle affabulation mystifiante, question de brouiller les pistes pour révéler par la suite — à l'instar d’un « Sherlock Holmes de l'islamologie » — l’intrigue de la connexion « salafo-terroriste ». Sans citer de témoin ni même mentionner une source quelconque, Lacroix accuse Sheikh al-Albani d’avoir « visité régulièrement » ‘Bayt al- Ikhwan’, le quartier général du JSM dans les banlieues de Médine, pour y donner des conférences15. Dans plusieurs passages de son livre sur l’attentat de 1979, Lacroix va jusqu’à prétendre que Juhayman uploads/Litterature/ la-passion-de-juhayman-l-x27-art-de-lier-les-savants-au-terrorisme.pdf

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