LES ECRITS ALCHIMIQUES D'EDWARD KELLY Publié en 1995 aux Editions Ramuel, Ville
LES ECRITS ALCHIMIQUES D'EDWARD KELLY Publié en 1995 aux Editions Ramuel, Villeselve, France (ISBN 2-910401-21-9). Traduit de l’anglais par Philippe Pissier. © Philippe Pissier. Le portrait d’Edward Kelly provient de l’ouvrage de Meric Casaubon : A True and Faithful Relation of What Passed for many Years Between Dr. John Dee and Some Spirits (Londres, 1659). 1 DEUX EXCELLENTS TRAITES SUR LA PIERRE DES PHILOSOPHES ainsi que LE THEATRE DE L'ASTRONOMIE TERRESTRE * avec des figures emblématiques * Publié présentement pour la première fois au profit des Fils d'Hermès par J.L.M.C. (à savoir John Lilly et Meric Casaubon) * Cette édition est la traduction française des "Alchemical Writings of Edward Kelly", publiés en 1893 à Londres par James Elliott & Co. Le texte était traduit d'une édition parue à Hambourg en 1676, et avait été augmenté d'une préface due à A.E. Waite. 2 I PREFACE BIOGRAPHIQUE "J'ose espérer," affirme l'objet de cette préface, dans son traité intitulé De Lapide Philosophorum, "que ma vie et ma personne deviendront suffisamment connues de la postérité pour que je sois compté parmi ceux qui souffrirent beaucoup par amour de la vérité." La justification modestement désirée par Edward Kelly ne lui fut pas accordée par la cour de cassation auprès de laquelle il fit appel. La postérité continue à le percevoir ainsi que le percevaient ses contemporains, comme un notaire frauduleux qui fut à bon droit amputé de ses oreilles ; comme un sordide imposteur qui abusa de l'immense crédulité de l'érudit Docteur Dee, et impliqua plus tard sa victime dans des transactions qui déshonorèrent en permanence un grand nom sous d'autres rapports ; et enfin comme un prétendu transmuteur de métaux qui ne fut traité qu'avec trop de clémence par l'empereur qu'il dupa. Par exemple, l'astrologue dépeint par Hudibras a lu "les préfaces de Dee avant Le Diable, et Euclide dans tous les sens, Et toutes ces intrigues entre lui et Kelly, Que Lexas et l'Empereur vous pourraient conter." C'est au moins faux en ce qui concerne le Docteur Dee, et cette fausseté peut être prouvée. C'est le verdict de la postérité dans la mesure où elle s'intéressa à ce sujet ; c'est le verdict des dictionnaires biographiques se copiant fidèlement les uns les autres, suivant le procédé facile employé par ces dictionnaires biographiques dès qu'ils traitent de mages et de prophètes, d'alchimistes et autres professeurs de médecines secrètes, et en règle générale de tous les oracles de contrées limitrophes ; et dès que l'ignorante opinion publique s'intéresse au sujet elle se trouve guidée par la sottise érudite des dictionnaires. Aujourd'hui, en présentant pour la première fois au lecteur anglais les trois très curieux traités constituant les principaux restes littéraires d'Edward Kelly, il n'est pas nécessaire, car ce serait alors sans aucun motif, de souscrire à une défense aveugle de l'alchimiste qui les rédigea. Pour l'amateur de curiosités scientifiques et de choses inouïes* en littérature, l'intérêt qui s'y rattache ne sera pas altéré par les mascarades ou les crimes de l'auteur. Pour qui étudie les antiquités Hermétiques, il deviendra évident, et peut-être le sait-il déjà, que la valeur des duo tractacus et leur complément ne réside pas dans le fait qu'ils soient l'œuvre d'un adepte mais dans le suivant : ils contiennent un soigneux abrégé ou digeste des philosophes alchimiques, cependant que l'intérêt présenté par l'homme lui-même tient à sa possession temporaire des deux teintures de la philosophie alchimique, et non dans sa capacité à les composer. En même temps, les aventures et emprisonnements de Kelly, avec ses passages de la pire des pauvretés à une soudaine richesse, fugitif proscrit et recherché devenant baron ou maréchal de Bohême, puis sombrant de nouveau dans la disgrâce et l'emprisonnement, tout cela s'achevant par une mort violente, sans parler des visions et transmutations, constituent la trame d'un récit surprenant, dessinent les vastes contours d'une vie seulement possible aux dix-septième et dix-huitième siècles. De plus, dans ce cas comme dans bien d'autres, l'étudiant de l'histoire transcendantale n'aura guère besoin d'être averti que le "voyant" du Docteur Dee et découvreur du prétendu 3 "Livre de Saint Dunstan" fut crédité de nombreuses iniquités qu'il ne semble pas avoir commises. S'il est possible de mettre provisoirement entre parenthèses le seul intérêt que présentent ces restes d'Edward Kelly aux yeux de l'antiquaire, et de faire preuve d'une attention préférentielle envers ce point de vue depuis lequel l'étudiant en Hermétisme se proposera de les considérer, il nous semble raisonnable d'affirmer que l'importance de cette vie d'alchimiste est toute entière concentrée dans sa possession des poudres transmutatoires et dans la façon dont il est supposé les avoir acquises. Les autres épisodes de son existence peuvent être traités avec une relative brièveté. Edward Kelly semble être né à Worcester, et d'après Anthony à Wood (1), l'événement se serait produit à quatre heures de l'après-midi le premier jour d'août 1555. C'était la troisième année de règne de la reine Mary. Il fut éduqué dans sa ville natale jusqu'à l'âge de dix-sept ans, âge auquel il se serait rendu à Oxford. Les registres de cette Université ne mentionnent aucun Edward Kelly y faisant son apparition à la période en question, et l'on pense que son véritable nom était Talbot. Trois personnes portant ce nom furent admises à Gloucester Hall à l'époque qui nous intéresse. Peut-être les archives de l'Université n'ont-elles pas été correctement fouillées, et, dans le cas contraire, la preuve de son séjour à Oxford est d'une nature très mince (2). Si, outre la difficulté déjà mentionnée, il n'y a pas d'autres raisons pour supposer qu'il ait changé de nom, et aucune autre ne semble s'offrir à nous, peut-être est- il plus sage de réfuter sa carrière universitaire que d'admettre la théorie de l'alias. S'il fut à Oxford, ce ne fut que brièvement, et il est censé l'avoir quitté brutalement. D'autres récits affirment qu'il fut élevé en apothicaire et que de la sorte il acquit quelques compétences en chimie. Ce fut plus probablement la profession de son père, lequel dut lui fournir quelques connaissances durant son enfance. Au terme de ses études scolaires, que ce soit à Oxford ou ailleurs, il semble avoir embrassé le droit, et s'être fixé à Londres ou, d'après une autre source, à Lancaster, mais peut-être bien aux deux endroits. C'est certainement dans la dernière que ses ennuis commencèrent. C'était un habile homme de plume, qui s'était donné la peine de se familiariser avec l'anglais archaïque et, provenant de Worcester, sans doute avec le gallois. De fait, on l'accusa d'employer ces talents pour créer de faux documents dans l'intérêt d'un client. L'accusation est très vague et ne repose sur rien que l'on puisse qualifier de preuve. L'on affirme toutefois, de manière tout aussi incertaine, qu'il fut mis au pilori à Lancaster, et également privé de ses oreilles. Il est sûr qu'il eut de graves ennuis car jusqu'à la fin de sa vie il eut toujours plus ou moins peur de la justice anglaise, et semble avoir quelquefois préféré une prison étrangère à l'accueil incertain qu'il pouvait envisager de retour dans sa patrie. Car cette peine que lui assignent tous ses biographes, qu'elle fut ou non justifiée par ses méfaits, il semble raisonnable de penser que d'une manière ou d'une autre elle fut éludée. La position éminente qu'il occupa postérieurement à la Cour de l'Empereur Rodolphe n'aurait guère été accessible à un homme ayant perdu ses oreilles. La crédulité des personnes royales à la fin du dix-septième siècle a certainement facilité bien des impostures de la part des alchimistes qu'elles protégeaient, mais pas au point d'agréer l'illumination philosophique d'un adepte flétri par la loi. L'autre version semble donc préférable, et d'après celle-ci Kelly trouva refuge au pays de Galles. Là, il est excessivement probable qu'il prit un nom d'emprunt, mais que Talbot devint Kelly ou que Kelly fusionna pour un temps avec Talbot, ou quelque autre nom, c'est un mystère alchimique que le passé gardera en son sein. Au pays de Galles, il semble avoir embrassé une vie nomade, séjournant dans d'obscures tavernes, et après quelque temps, il dut gagner petit à petit les alentours de l'abbaye historique de Glastonbury (3). Ce qui lui advint là-bas était de fait destiné à devenir le point critique de la vie de ce fugitif, et fut abondamment raconté par ses biographes : si dans le présent texte nous nous basons sur le 4 récit du littérateur* scientifique français Louis Figuier, ce n'est pas que son exposé soit spécialement préférable mais parce qu'il est le plus disponible actuellement (4). Il séjournera, entre autres endroits, dans une auberge isolée en montagne, et là il advint qu'on lui montra un vieux manuscrit que nul dans le village ne pouvait déchiffrer. Kelly avait une bonne, si ce n'est triste raison d'être familier des mystères de l'écriture ancienne (5), et il vit de suite que non seulement le texte était rédigé en vieux gallois (6), mais également qu'il traitait de la transmutation des métaux. Il fit des recherches relatives à l'histoire de cette rareté bibliographique et apprit que sa découverte était liée uploads/Litterature/ kelly-edward-les-ecrits-alchimiques.pdf
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- Publié le Apv 22, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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