1 Médiathèque l’Apostrophe - septembre-octobre 2016 Jean de La Fontaine, ses fa

1 Médiathèque l’Apostrophe - septembre-octobre 2016 Jean de La Fontaine, ses fables et ses illustrateurs 2 Médiathèque l’Apostrophe - septembre-octobre 2016 Jean de La Fontaine naît en juillet 1621 à Château-Thierry en Champagne, dans l’hôtel particulier de ses parents. Il va au collège de sa ville natale ; sa jeunesse est insouciante. En 1641 il suit des études théologiques à l’Oratoire qu’il quitte rapidement pour se tourner vers le droit. Lors de ses loisirs, il fréquente les Chevaliers de la Table ronde, cercle littéraire où adhérent François Charpentier (1620-1702) membre pendant plus de cinquante ans de l’Académie Française, Paul Pellisson (1624-1693) futur secrétaire de Nicolas Fouquet, François de Maucroix (1619-1708) poète, François Cassandre (16..-1695) écrivain, Antoine Furetière (1619-1688) auteur du célèbre Dictionnaire et Gédéon Tallemant des Réaux (1619-1692) connu pour ses Historiettes. Ses parents le marient à Marie Héricart en 1647, Jean à 26 ans, Marie 14 ans ; il aura un fils Charles (1653-1723) mais La Fontaine oubliera vite son mariage. Deux ans après, il obtient son diplôme d’avocat au Parlement de Paris. Pour disposer de quelques revenus financiers, La Fontaine acquiert la charge administrative de maître des eaux et forêts du duché de Château-Thierry. Cet emploi ne le passionne guère, mais lui permet d’aller rêver sur les bords de Marne et dans la forêt champenoise. Déjà il écrit des vers, compose ses premières fables et adapte une comédie de Térence L’Eunuque. La Fontaine est introduit en 1658 auprès de Nicolas Fouquet (1615-1680) par Paul Pellisson. Il s’attache vite à ce maître puissant et cultivé qui lui accorde bientôt une pension. Il s’acquitte de cette protection, par des poésies de circonstance comme Adonis, Climène, et travaille surtout, selon le vœu de Fouquet, à un éloge du château des Vaux, alors en construction. La Fontaine a recours à une fiction : le songe, poème mêlé de prose et de vers, qui donne au poète accès aux idées qui ont inspiré Fouquet dans l’invention du domaine enchanté de Vaux-le-Vicomte, Le Songe des Vaux : « Il me fit voir en songe un palais magnifique, Des grottes, des canaux, un superbe portique, Des lieux que pour leurs beautés J’aurais pu croire enchantés… » Mais accusé de corruption, Nicolas Fouquet est arrêté en septembre 1661, jugé et condamné à être enfermé à vie dans la forteresse de Pignerol dans les Alpes ; Le Songe des Vaux reste inachevé, il ne reste que des fragments de cette œuvre publiés en 1671. A Vaux, dans les années 1660-1661, Jean de La Fontaine rencontre Molière (1622- 1673) dont il apprécie le style - à la mort du comédien et dramaturge, il composera une épitaphe, résumant son admiration pour celui qui a réussi là où lui-même aurait voulu le faire- puis un autre futur grand du théâtre, Jean Racine (1639-1699) avec qui il restera en relation amicale et épistolaire. En 1664, La Fontaine entre au service de la duchesse douairière d’Orléans ; il n’a ainsi plus de souci financier, mais conserve une grande liberté. A quarante ans passés, il découvre l’un des deux genres qui lui assurent le succès auprès de ses contemporains et de la postérité, Les Contes en vers. Il reprend là, un héritage venu du Moyen Age français et surtout italien. La trame de ces histoires est donc plus ou moins familière, imitée pour la plupart de l’Arioste et de Boccace, mais l’art de La Fontaine consiste à présenter ces situations scabreuses en des récits galants et savoureux qui charment le public mondain. C’est donc en 1665 que parait avec un grand retentissement, le premier recueil des Contes 3 Médiathèque l’Apostrophe - septembre-octobre 2016 et nouvelles en vers chez le libraire Claude Barbin (1628-1698), qui a obtenu le privilège auprès de la chancellerie du roi, éditeur en vogue de tous les grands auteurs du XVIIe siècle. En même temps, sortent des presses provinciales, hollandaises, des éditions clandestines et des contrefaçons d’éditions des Contes, en général sous des adresses tronquées ou fantaisistes ; ces copies clandestines sont une preuve du succès de l’ouvrage puisque ces libraires imprimeurs, qui se passent du privilège et ne payent rien à l’auteur, se procurent ainsi, un bénéfice rapide et facile. La Deuxième partie des Contes et Nouvelles en vers parait en 1666, La Troisième partie en 1668. Ces ouvrages paraissent sans illustration ; la première édition illustrée est éditée en 1685, dix ans après que la censure frappe la quatrième partie du recueil et deux ans après l’élection de La Fontaine à L’Académie. Le premier recueil de Fables choisies, sort des presses le 31 mars 1668, pour lequel le libraire Claude Barbin a pris un privilège avec Denys Thierry. Il s’agit d’un volume luxueux, de grand format, soigneusement imprimé et orné d’une vignette en taille-douce en tête de chaque fable gravée par François Chauveau (1613-1676), premier illustrateur des fables. Elles sont précédées d’une préface explicative et théorique. Pour donner à son ouvrage encore plus d’éclat, La Fontaine le dédie à un grand personnage comme tous les grands écrivains ont coutume de le faire : il s’agit ici d’un enfant de sept ans, l’héritier du royaume, le Dauphin (1661-1711). Devant l’accueil enthousiaste fait aux Fables, Barbin et Thierry mettent en vente une édition plus courante à l’automne, de format plus maniable, en deux volumes in-douze mais avec les mêmes vignettes et la même dédicace. Après la chute du surintendant Nicolas Fouquet, comme bien d’autres artistes et écrivains, La Fontaine met beaucoup d’espoir en Louis XIV. En 1669, sans que le roi ou Colbert ne lui demandent, s’inspirant alors de l’Ane d’or d’Apulée, il publie Les Amours de Psyché et de Cupidon, roman en prose et en vers, écrit en l’honneur de Versailles, sur le même principe que Le Songe des Vaux. La Fontaine achève pour Versailles ce qu’il n’a pas eu le temps de mener à bien pour Vaux-le-Vicomte. La mort de la duchesse d’Orléans, laisse La Fontaine dépourvu. Mais quelques mois après, en 1673, il trouve asile chez Mme de La Sablière (1636-1693) à qui l’unira, pendant vingt ans une tendre amitié. Mondaine et cultivée, aimant la poésie et les sciences, elle tient l’un des salons les plus prestigieux de Paris où se rencontre une société brillante et assez libre. Dédié à Mme de Montespan (1640-1707), maitresse de Louis XIV, le second recueil des Fables parait en 1678 et 1679. La Fontaine y renouvelle le genre de la fable, s’affranchit quelque peu de la tradition enfantine et pédagogique, étoffe les thèmes qu’il aborde. Il s’inspire de sources orientales encore inexploitées, comme la publication du Livre des lumières ou la Conduite des rois composé par le sage Pilpay, traduit en 1644 par Gilbert Gaulmin (1585-1665). Sa réflexion se fait plus grave, plus intime. Le graveur Chauveau étant décédé en 1676, c’est son atelier qui prend la relève. Le 20 juillet 1679, Mme de Sévigné (1626-1696) qui qualifiait naguère de « jolies » les Fables du premier recueil, déclare « divines » celles du second. En 1674, La Fontaine se lance dans la composition d’un livret d’opéra, une pastorale Daphné, que Jean-Baptiste Lulli (1632-1687) refuse ; La Fontaine qui n’est plus un inconnu, en est gravement blessé. Puis, il s’essaie à deux reprises mais sans succès dans le tragique : 4 Médiathèque l’Apostrophe - septembre-octobre 2016 Achille, inachevé, il ne donne pas suite au second acte, vers 1680-1685, et Astrée en 1691, c’est un échec. En 1683, Le nom de La Fontaine apparait dans les propositions pour la succession de Colbert mort en septembre, à l’Académie française. Louis XIV montre des réticences mais finalement Jean de La Fontaine est élu en avril 1684. Peu de temps après, il se fâche avec son vieil ami Antoine Furetière considéré coupable d’avoir publié un dictionnaire concurrent qui devance celui des académiciens. Un autre événement agite l’Académie Française : la querelle des Anciens et des Modernes. Les Anciens menés par Boileau (1636-1711) soutiennent une conception de la création littéraire qui repose sur l'imitation des auteurs de l’Antiquité grecque et romaine, les Modernes représentés par Charles Perrault (1628-1703), soutiennent le mérite des auteurs du siècle de Louis XIV, et affirment au contraire que les auteurs de l’Antiquité ne sont pas indépassables, et que la création littéraire consiste à innover. La Fontaine affiche sa position en faveur des Anciens dans son Epitre à Huet, en 1687 mais en même temps, il prend soin de déclarer « mon imitation n’est point un esclavage ». Il proclame avant tout son indépendance d’esprit : il n’en participe pas moins aux mouvements des idées nouvelles. Au début de 1693, cédant aux instances de ses amis et de sa nouvelle hôtesse Mme Anne d’Hervat (1600-1699), Jean de La Fontaine, malade (vraisemblablement la tuberculose) et dûment prêché et confessé, fait acte de repentir et renie ses Contes sur son lit de malade devant une délégation d’Académiciens. Revenant de l’Académie, La Fontaine est pris de malaise. Il meurt le 13 avril 1695. En 1817, son corps est transporté au cimetière du Père-Lachaise. 5 Médiathèque l’Apostrophe - septembre-octobre 2016 LES FABLES Jean de La Fontaine uploads/Litterature/ jean-de-la-fontaine-ses-fables-et-ses-illustrateurs.pdf

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