Dans son livre, il est parfois lumineux, clair et expli- cite, à telle enseigne

Dans son livre, il est parfois lumineux, clair et expli- cite, à telle enseigne que le plus sot comprend facilement et trouve de quoi élever son âme. La brièveté et le poids de l'expression sont incomparables, Diogène Laëtce LA RAISON DU DISCOURS Le sujet et les sujets. Dans plusieurs phrases d'Héraclite, la troisième personne, anonyme et dure comme l'objet au dehors, entre avec le seul signe qui la caractérise en grec, le pluriel des verbes. Ils se puri- fient et ils prient (5), ils font la procession (15), ils ne savent pas parler (J9), ils veulent vivre (20), ils ne comprennent pas (51), ils savent (57), ils ont commerce (72), ils se laissent charmer (104). L'agent se confond avec l'action, vivant comme il vit, commerçant avec les autres, célébrant le rite. Dans d'au- tres fragments, ce ils disparaît dans le nombre, dans la masse {hoi polloi, 2,29,104, voir 57), dans tout un chacun (cf. polloi, 17), dans l'homme (anthrôpoi, 1, cf. 26, 87, 119). Et pourtant, la phrase impersonnelle n'est pas enlevée à un contexte manquant. Elle n'a d'abrupt et de fragmentaire que Ja prétérition du sujet, qui aide à montrer les conduites inévi- tables. Cette distance n'a pas été reconnue. Dès l'antiquité, Théo- doret (Traitement des maladies helléniques, I, 88) remplacer dans une des citations (18), un il précis et général par une exhortation : si vous n'espérez pas l'inespéré, vous ne trouve- rez pas... Vague et frustrée de toute identité, elle s'adresse dans les traductions modernes à la conscience de chacun (cf. if you do not expect..., Marcovich, p. 40). L'attente cons- titutive est effacée; la recherche éperdue se procure un objet au lieu qu'elle soit elle-même définie. La Chose Sage est inacces- sible, écrit Clémence Ramnoux (p. 415), qui se passe, quant à elle, d'un expectant et .fait de l'espoir le sujet d'attendre (si elle η 'est pas espérée, la chose non espérée ne sera pas décou- verte..., p. 414). 16 ici Diehl cf. Hippolyte, Réfutation, 1, 4, 1, Ρ· y wenawi >> n u'il avait adopté J g a g e ambigu d e l'anecdo.e biograpKl ^ * ^ „ , ,e point à ia criti- une personne, livrait tout le reste ' à H é r a_ qUe. ^histoire n-esyen a = e u „ s y s t è m e , elite la prétention d avorr intégre^ to u t l r d e s . mais il est vrai qu'il oceupe tout,* les pos, on Ρ ^ que„es o n analyse ^ ^ ^ ^ T » p r o u v é a cherché à conslrmre im l h é ü l„ E 1e puérile d a n s l'embarras, ou réduit a ' « > ,.„„,·,,, de tou,e (H en revient tou/ours a cette idee umque L e es, pour lui l'alpha ^ ' " ^ / S h o r s d u monde est un, cf. infra, p. 29). M™„pnte en fait un enfant Une autre relation, non moms e l o q u n u en ^ ^ génial : ieune. il proférai· ^ ' « " ^ „ J ^ t e chose atteint la ntaturité « ~ £ l e j e u „ e (Diogène Laerce, IX, 5). Le P» ¡s à ne p a s homme est plein d e confian«. I J ^ m é t h o . croire aux apparences) η a rien ν l e xt€ de d i q u e d e Socrate que l'on r a ^ - ^ f a n c e f i g u r e l a Diogène (Kirk, p. 6) Le e us a^ c o n s e n t e m e n t de l'âge rupture avec la tradition c u l t u r e l l e et le co e f f i c a c e mûr 07 n'avait pas äe maître, de la critique et l'assurance ^ ^ c o u l e ^ m Ρ ^ E n rabsence de signes p^s su*, m a g i s . saxonne« (cf. Ramnoux, p. 3080, pour d e s repré- trale et des paroles pleine, d a suran- rapp ^ ^ ^ sentations nouvelles, à une P h f ^ ^ ^ ^ ^ . e d e l'œuvre les actes que le proème présente comme la ma 17 , 4Λ · the men are like people of no experience, even (supra, p. J r d s a n d deeds as I explain... T I Î Ι Γ ^ Ζ ^ d e e d s or events are tHe w«e* (traduit Kirk, p. 3S), ^ ^ g e s t e s i Expression Τ mÎ Ît 1 'agi humains, ce seraient tout simplement les ip les hommes ne comprennent pas, le message mcom- m r i s T , T f o Z Z «»ords and deeds,., is not to betaken pns ...the formu l'interprétationqui n'arrive t 0°Ä - t i v e d e s h o m r f a c I m à choisir en ^ h e n s i o n du v e r b e d'Héraclite, m à à leurs actes et n n c o n s c i e n t et la théorie qui distinguer ^ ^ Τ Ζ l'on demande a u lecteur d e n e la r ter ^our c^ qui est du sens des mots (o„ se gardera SÄT - — ^ à 1 3 sont dits. Tous ces d ,a c i t é et du verbes, les parabole ^ ^ e r e l l g i e u s e e t p u b, i que, monde, mais aussi les seen* d e ^ ^ ^ ,M rites de sacnlice h p c . es ^ ρχ „ en analyse les termes. Tels cw>.que_ sens comparatif qu'on lu, donne. Ce m c h , n u r Cite après celle des physiciens ( W Λ . J J ^ ^ n i c h , ,on f ™ lm lsmoiogiscken S,nn sick SMT'r„isc"e Arch Spekulation an, Hölscher, p. 170 s.). an die Ion,sehe Ar-M<e*p ^^ montre En fait, le relatif eis « c e Ues des hommes, ndentité des pratiques ceUes d He chte ^e mais il insiste en meme ^ > q ^ ^ précisent tous ^ Ζ ,a na,ure chaque chose séparé- 'z z r - * dÍPasse ^ 18 rence en conduisant la chose jusqu'au bout pour indiquer le mouvement contraire qui fait que la chose n'est pas ce que l'on croit. L'antiphrase. Sans doute est-ce la limite et la loi de tout dire que de redire, de se constituer en utilisant un matériel usé et des formes qui auront toujours déjà été façonnées. Mais Héraclite ne coule pas d'autres contenus dans les moules anciens. Il fait de la différence inhérente au dire le sujet qu'il traite. La modifica- tion sémantique, restreinte à un terme ou à une construction grammaticale, ne suffit pas à cette ambition. Plus distinctive et plus lié? à une redite qui n'efface pas l'expression corrigée, mais la laisse agir pour faire apparaître ce qu'elle abandonne et ce par quoi elle est dépassée, est la figure du comparatif qui a pour vertu de faire surgir la négation qu'il écartc. Les cada- vres, à jeter, plus que les excréments (96). S'il faut dire que les cadavres sont plus immondes que les immondices, c'est que l'usage prétend nier la mort par les rites de survie. L'im- mondice est moins morte, et le levier qu'est la comparaison pose, par prétérition, le terme antithétique, la vie. Du corps étendu, orné comme s'il était vivant, se distingue la mort reconnue comme telle qui, à l'extrême, projette la vie. Parfois, la phrase répond à une phrase absente dont elle se démarque par le comparatif, et ce dit implicite, lui-même contredit, en contredit un autre. Que les hommes voient se produire tout ce qu'ils souhaitent, n'est pas mieux (110). Dans ce cas, la négation accompagne le comparatif et fait que l'on trouve l'antiphrase (voir infra, p. 52 s.). Ailleurs, les an- técédents doivent être tirés de l'impasse où conduit la lecture linéaire. Le lieu commun incite à lire, et même à surlire. Mais il serait hasardeux de se laisser entraîner si d'autres signes ne s'ajoutaient parmi lesquels, en premier lieu, l'insistance que 16 marque le comparatif (ou encore la dislocation, introduite par la conjonction et, ou un même, voir 24 ou 97). Héraclite n'a pas tenté de dire : c'est la violence qu'il faut bien éteindre plus que l'incendie (43), sans qu'il n'ait su en même temps que l'humide était plus dangereux. Quand on se tient à la surface du sens, on ne ramène que l'adage vulgaire et il ne reste d'autre issue quç de l'interpréter par des considé- rations extérieures à l'œuvre, comme un slogan utilisé à des fins politiques (His uploads/Litterature/ jean-bollack-heraclite.pdf

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