POÉSIES BENSERADE TIRE A 517 EXEMPLAIRES 5oo sur papier de Hollande. i5 sur pap
POÉSIES BENSERADE TIRE A 517 EXEMPLAIRES 5oo sur papier de Hollande. i5 sur papier de Chine. 2 sur parchemin. POÉSIES DE BENSERADE PUBLIEES PAl OCTAVE UZANNE PARIS LIBRAIRIE DES BIBLIOPHILES RUE SAINT-HONORÉ, 3 38 M DCCC LXXV PQ -Ci 11 AVERTISSEMENT. Nul ne dupe entièrement son époque, et dans les réputations les moins fondées il y a quelque chose de vrai. Th. Gautier. ÉiMPRiMER Benserade.... Singulière idée! 'vont s'écrier quelques personnes à l'appari- tion de ce livre. Boileau, songeront-elles , a fait justice depuis long- temps de tous ces précieux poètes de cour, et nous croyions que Molière les avait à jamais écrasés sous le ridicule de Vadius et de Trissotin. Nous en avons jugé autrement. Les poésies de Ben- serade nous semblent dignes de paraître sous un nou- veau jour, et peut-être ne feront-elles que précéder les ceuvrcs poétiques des Sarrasin, Voiture, Scarron, Colk- u II AVERTISSEMENT. tel €t autres beaux esprits du XYW siècle qui, selon nous, sauront reconquérir l'estime des vrais bibliophiles, auxquels nous X>fJrons avec confiance cette première réimpression. Charles de Sercy a réuni dans l'édition de Paris 1607 (2 volumes in-12), les poésies diverses de Bense- rade reproduites, selon la copie , un an plus tard en Hollande. Cette unique édition est compacte et défectueuse. Le texte en est incorrect, les vers y clochent trop souvent, et la ponctuation est faite à l'aventure. Dans le premier volume, renfermant les pièces di- verses, les Œuvres de notre poète sont jetées sans suite, noyées pour ainsi dire dans un fatras emphatique : louanges au Koi, kyrielles de rimes sur commande, impromptus surannés, un choix de rondeaux tirés des malheureuses métamorphoses d'Ovide, vient ajouter à la fadeur de ces pâles platitudes dont l'ennuyeuse lec- ture semble faire ombre aux poésies fraîches et légères de Benserade. Nous ne parlerons pas du second volume : — les ballets, composés pour Sa Majesté et dansés par le Koi, font tous les frais de cette seconde partie. Ne pouvant pour cette réimpression nous appuyer que sur la lourde édition dont nous faisons mention. AVERTISSEMENT. IH nous nous trouvions placé dans cette alternative ou de sacrifier l'onéreux Benserade^ par respect pour le texte, ou de le rajeunir, de l'alléger de son fardeau de pané- gyriste, afin d'offrir aux lettrés une véritable première édition de ses poésies galantes. Rééditer un auteur après un si grand laps de temps, c'est l'améliorer; et quand il revient au jour dans la nouvelle parure d'une réimpression, on doit, à notre avis, abandonner sans regrets à sa vieille édition toutes ses erreurs jointes à celles de sqn éditeur. Dans Benserade, le courtisan abâtardissait le poète : nous avons autant que possible atténué celui-là, pour ne présenter que celui-ci. Le tome II de l'édition de Sercy a été sacrifié. Nous présentons nos excuses aux amateurs de ballets, mais nous avouons que ces ballets, aujourd'hui démodés, ne sauraient avoir qu'un médiocre intérêt. Dans le premier volume, nous avons dû couper et aérer. C'est ainsi que de pauvres petits madrigaux ou de charmants sonnets, qui se trouvaient englobés dans des stances d'une longueur désespérante, reviennent au jour dégagés, et se carrent en pleines marges. Les Caprices à la Gloire personnelle du Koy, les Stances Sur le portrait du Koy, Sur la Petite Vérole du Koy, Sur le Mariage, la Guérison, la Gloire du Koy, IV AVERTISSEMENT. ont été retirés y ainsi que toutes les pièces banales et d'un goût douteuXj où Vhomme de cour semble avoir pris plus de part que le poète. Nous nous sommes enfin appliqué à reproduire la physionomie générale du texte, et nous avons suivi l'or- thographe originale, sans toutefois pousser le scrupule jusqu'à conserver les fautes apparentes et grossières. Si l'orthographe, dans son ensemble, n'a pas toute l'homo- généité d'une édition du XVII^ siècle, nous en repor- tons le grief contre Charles de Sercy, l'éditeur respon- sable au premier chef. Ne tenant pas compte d'une ponctuation où les points figuraient au milieu des phrases^ nous avons du la re- constituer selon la logique et le bon sens. Nous avons fait également de notre mieux, en certains points, pour faire comprendre Vidée du poète, et redresser des vers que son éditeur avait faussés. Bref, nous croyons avoir mené à bien une entreprise qui présentait certaines difficultés dans son exécution. Le nom de Benserade s'écrivit de différentes façons : BENSSERADDE, BENSSERADE, et enfin BENSE- RADE; c'est à cette dernière transformation , la plus moderne et la plus simple, que nous nous sommes arrêté. Devons-nous encourir le blâme pour les licences for- AVERTISSEMENT. V cées que nous avons prises ? Nous ne le pensons pas^ et nous sommes convaincu que les bibliophiles nous sau- ront gré de notre travail sur un poète dont l'abandon devenait plus complet en raison des défauts multiples de son unique édition. Puisse Benserade retrouver parmi les érudits d'au- jourd'hui un regain de sa gloire d'autrefois. O. U. PREFACE îrLR LA VIE ET LES ŒUVRES DE BENSERADE. Que de son nom chanté par la bouche des belles, Benserade en tous lieux amuse les ruelles. BOILEAU. SAAC de Benserade, un des poètes les plus connus du commencement du XYII*^ siècle, est à coup sûr un des moins édités. Son nom revient si souvent dans les anecdotes et historiettes du temps, sa personnalité acquiert un si haut relief et semble si fêtée à l'aurore du grand siècle, ses poésies enfin portent une empreinte si net- tement marquée du caractère particulier à son époque, que nous nous sommes attaché à Tidée de publier les œuvres légères de ce bel esprit. VIII PREFACE. La postérité tut peut-être un peu froide, sinon in- juste pour Benserade, et s'il n'avait eu la vaniteuse sagesse d'escompter la gloire de son vivant, il courrait grand risque de rester à jamais dans l'ombre, en dépit des maigres silhouettes de sa personne, tracées çà et là de nos jours, parmi des portraits d'oubliés et d'ex- travagants, ou des études poétiques sur le XVII* siècle. Notre poëte mérite cependant plus de considéra- tion qu'on ne paraît lui en accorder, car si le nom de Molière ne s'était pas dressé, superbe et accaparant dans son despotisme de gloire, Benserade serait certes regardé encore aujourd'hui comme une des plus cu- rieuses originalités littéraires de la cour du grand Roi. L'auteur du Misanthrope , h ses débuts, ne dédaigna pas de glaner ses succès dans la manière et le style de Benserade ; il rivalisa même avec lui pour les ballets du Roi, et ne prit pied à la cour qu'en longeant, en quelque sorte, la voie audacieuse que ce dernier s'y était tracée. Avant la redoutable apparition de Molière, trois poètes étaient jugés grands et originaux : Voiture, Benserade et... Corneille. La cour professait son es- time pour les deux premiers, mais le public préférait l'autre. Le temps s'est fait grand justicier d'une appré- ciation qui nous étonne et nous fait sourire, aussi n'aurons-nous pas l'outrecuidance d'en appeler en faveur de notre protégé. Nous ne dirons pas avec le prince de Conti, que ce Monsieur de Benserade est PREFACE. IX un grand génie, nous penserons qu'une telle louange revient à Corneille, et que Benserade, par son talent, n'est pas indigne de la réimpression que nous lui ac- cordons aujourd'hui. « Jamais on ne vit personne s'élever à si peu de frais que le poète Benserade, dit Paul de Musset*, et c'est presque le seul homme de mince origine qui ait mar- ché de front avec les grands à la cour de Louis XIV. » En effet, Isaac de Benserade naquit en 1612 à Lyons-la-Forêt, petite ville de Normandie, où son père était modeste employé des domaines. De famille huguenote^, il fut baptisé au temple des gens de sa religion et eut nom Isaac. Bien que jeune, Benserade, qui prévoyait peut-être sa destinée et le tort que lui ferait une religion con- traire aux croyances delà cour, abjura, et fut confirmé à huit ans par l'évêque de Dardanie. Ce prélat, désirant lui voir changer son nom juif contre un autre plus conforme au catholicisme, pressait fort le jeune Isaac à ce sujet. 1 . Extravagants et originaux du XVII^ siècle, par Paul de Musset. 2. Certains auteurs prêtent à Benserade une généalogie su- perbe, et le font descendre des anciens seigneurs de Malines. Mo- rérij dans son Dictionnaire, dit que Benserade était issu de Paul de Benserade, seigneur de Chépi, chambellan du roi Louis XII; et M. Pavillon, dans son Éloge de Benserade, à l'Académie française, parle également de sa haute naissance. Nous ne nous arrêterons pas à ce sujet. X PREFACE. « Je changerai volontiers, dit-il, pourvu qu'on me donne du retour. » L'évêque fut surpris de ce mot chez un enfant de cet âge, et répondit qu'on devait lui laisser un nom qu'il semblait si bien faire valoir. A douze ans, Benserade perdait son père et se trou- vait, du même coup, seul au monde et sans fortune. Il vint faire ses études à Paris, mais ses classes étaient à peine achevées que le précoce poëte, négligeant la uploads/Litterature/ isaac-de-benserade-poesie.pdf
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- Publié le Dec 19, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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