Cet article est un publication en ligne avancée. Il faut le citer comme : Halaw
Cet article est un publication en ligne avancée. Il faut le citer comme : Halawi, A., Messarra, N. & HArdane, J. (2022). La fréquence de l’alternance codique dans les groupes WhatsApp des étudiants libanais. Revue canadienne de linguistique appliquée. Publication en ligne avancée. CJAL * RCLA Halawi, Messarra et Hardane Revue Canadienne de linguistique appliquée La fréquence de l’alternance codique dans les groupes WhatsApp des étudiants libanais Ayman Halawi Université Saint-Joseph de Beyrouth Nasri Messarra Université Saint-Joseph de Beyrouth Jarjoura Hardane Université Saint-Joseph de Beyrouth Résumé Les moyens de communication médiée par ordinateur (CMO) et spécifiquement l’application WhatsApp, ont mené à des pratiques langagières innovantes au niveau de la communication écrite. Parmi ces pratiques, le recours à l’alternance codique (AC), qui est définie dans cette étude, comme un passage d’un code écrit à un autre au sein du même message. Cette étude quantitative visait à identifier automatiquement les occurrences de l’alternance codique dans les discussions de groupes WhatsApp durant 14 mois. Nous avons collecté 168 219 messages dans 30 groupes WhatsApp. L’échantillon de l’étude comprend 1 482 étudiants bilingues issus de 7 établissements universitaires libanais. Un outil informatique ‘DACA’ (détection automatique de l’alternance codique et l’arabizi) a été développé pour détecter la fréquence de ce phénomène résultant du contact des langues. Les résultats montrent que dans le corpus il y a 15 342 occurrences de l’AC soit 9,1% du total des messages. 70,5% de ces ACs sont détectés dans les messages en arabizi et 17,9% dans les messages en anglais, 10,6% dans les messages en arabe et 1% dans les messages en français. Les résultats ont montré aussi que les ACs dans les messages composés en arabizi sont assez souvent vers l’anglais (91,3% du total de ces ACs) et vers l’arabizi dans les messages composés en anglais avec le même pourcentage. Abstract The means of computer-mediated communication (CMC) and specifically the WhatsApp application, have led to innovative language practices in written communication. Among these practices is the high frequency of Code-Switching (CS), which is defined in this study as a switch from one written code to another within the same message. This quantitative study aims to automatically identify occurrences of Code-Switching in WhatsApp group chats. All through 14 months, we collected 168 219 messages from 30 WhatsApp groups. The study sample encompasses 1 482 bilingual students from 7 Lebanese universities. A computer tool "DACA" (automatic detection of Code-Switching and arabizi) has been developed to detect the frequency of this phenomenon resulting from languages contact. The results show that in the corpus, there are 15 342 occurrences of CS or 9,1% of the total number of messages. 70,5% of these CS occurrences are detected in messages in Arabizi, 17,9% in messages in English, 10,6% in messages in Arabic and 1% in messages in French. CJAL * RCLA Halawi, Messarra et Hardane Revue Canadienne de linguistique appliquée The results also reveal that CS in messages composed in Arabizi are quite often towards English (91,3% of the total number of these CS occurrences) and towards Arabizi in messages composed in English with the same percentage. La fréquence de l’alternance codique dans les groupes WhatsApp des étudiants libanais Le comportement langagier sur le plan individuel ou collectif a été un sujet abordé par de différentes disciplines et selon plusieurs perspectives. Lüdi et Py (2003) cités dans Ali-bencherif (2009) considèrent que « dans le monde d’aujourd’hui, le plurilinguisme est le plus souvent la règle que l’exception.[…] ». (Ali-bencherif, 2009, p. 43) Beaucoup de chercheurs ont essayé d’étudier les motifs qui poussent un locuteur à utiliser deux langues ou alterner leurs usages à un moment donné de la conversation (Auer, 1998; Bassam, 2017; Heller et Pfaff, 1996; Ndlovu, 2015; Rodrigues, 2012, et Woolard, 2004). Le phénomène de l’alternance codique, qui signifie le passage d’une langue à une autre au cours de la même conversation (voir Poplack, 1980), a été perçu comme un résultat du bilinguisme voire du plurilinguisme selon Mati (2013). Elle parle d’une compétence plurilingue qui permet « de passer d’une langue à l’autre dans de nombreuses situations si cela est possible ou nécessaire, même avec une compétence considérablement asymétrique ». (p. 19) Avec l’usage accru des moyens de CMO à partir des années 1990s, l’AC au sein d’une conversation est devenue une source de créativité qui aboutit à de nouvelles formes du langage. Selon Melouah et Maiche (2017), cette pratique multilingue contribue à la création d’un nouveau langage : « Les conversations multilingues procurent de la liberté productive où l’interaction n’est pas réduite à une réponse, mais à un acte de création fructueux qui s’ouvre sur un néo-langage multilingue et universel ». (p. 260) Au Liban, le terrain de la présente étude, le biplurilinguisme1 dans l’enseignement, rend le parler libanais riche en emprunts et en AC. Le français et l’anglais, en tant que langues de l’enseignement scolaire et universitaire, s’intègrent de plus en plus dans le dialecte parlé par les Libanais. Des mots tels que : bonjour, bonsoir, hi, salut, sorry, pardon, thank you, take care, entre autres sont présents dans la communication quotidienne même entre des monolingues. De plus, les jeunes étudiants biplurilingues libanais alternent les codes (arabe, français et/ou anglais) dans leurs conversations d’une façon perçue comme curieuse : « L’observation d’alternances codiques dans leurs discours est curieuse car ils partagent, parlent et comprennent une même langue maternelle » (Kanaan 2011, p. 43). Également, les emprunts et les ACs sont fréquents au niveau de l’écrit dans le contexte de la CMO : «Concrètement, écrire un message par exemple reviendrait pour nos compatriotes à choisir dans trois lexiques et dans trois syntaxes, les mots et les constructions selon des combinaisons répondant aux visées communicationnelles » (Kanaan 2011, p. 44). Le parler plurilingue est perçu par un grand pourcentage de la 1 D’après le dictionnaire de linguistique, le bilinguisme est défini comme une situation linguistique dans laquelle les sujets parlants sont conduits à utiliser alternativement, selon les milieux où les situations, deux langues différentes. Cependant, un sujet parlant est plurilingue quand il utilise à l’intérieur d’une même communauté plusieurs langues selon le type de communication. CJAL * RCLA Halawi, Messarra et Hardane Revue Canadienne de linguistique appliquée population libanaise comme un signe de culture, d’éducation, de modernisation et de l’appartenance à une classe sociale aisée. Pourtant, un autre point de vue considère les mots empruntés et les ACs comme une menace à l’identité culturelle arabe (Hoteit, 2011). Selon Yaghan (2017), les tenants de l’arabisation considèrent que les mots étrangers sont devenus un substitut linguistique national de leurs synonymes existants en arabe. Recension des écrits Dans cette section, il est question de la définition de la notion de l’alternance codique, l’application WhatsApp qui a été l’outil de collection du corpus et l’arabizi qui se présente comme une pratique d’écriture en ligne bien présente dans le contexte libanais. L’alternance codique Depuis des décennies, l’AC a été le sujet de nombreuses études spécialement dans les recherches sur le bilinguisme, l’apprentissage et le contact des langues. Ce terme est utilisé pour décrire le passage d’une langue à une autre au cours de la même conversation (Auer, 1988; Causa, 2007; Green et Wei, 2016; Grosjean, 2010; Myers-Scotton, 2003; Poplack, 1980). Cougnon et Thomas (2010), de leur côté, considèrent que dans l’AC, il s’agit de séquences de mots de longueur variable provenant de deux langues distinctes, juxtaposées au sein du même échange verbal tout en montrant tous les signes d’un échange monolingue et en respectant les règles grammaticales des deux langues. D’autres chercheurs lient entre ce phénomène et le contact des langues et considèrent que l’AC apparaît tout naturellement lors de la rencontre de plusieurs langues. Dans ce contexte, Grosjean (2010) avance que l’AC résulte d’une interaction entre des bilingues qui partagent les mêmes langues. Sa définition se base sur une approche linguistique syntaxique comme celle de Poplack (1980) : « L’alternance codique est l’usage alternatif de deux langues, c’est-à-dire que le locuteur passe complètement à une autre langue pour un mot, une expression ou une phrase, puis revient à la langue de base » (Grosjean, 2010, p. 51). Bien que la majorité des recherches se soit concentrée sur l’aspect oral de l’AC, il semble que les pratiques d’écriture en ligne dans le contexte de la CMO rapprochent l’écrit de l’oral (Lanchantin et coll., 2014). Les nouveaux moyens de la CMO sont à l’origine de nouvelles pratiques avec lesquelles « la frontière existante entre l’oral et l’écrit s’estompe progressivement et, de ce fait, parler et écrire deviennent deux catégories continues» (Fiore, 2016, cité dans Montesino, 2017). De même, Grebeshkova (2017) constate que le développement des moyens de communication est à la base d’un intérêt croissant à étudier ce phénomene au niveau de l’écrit: « L’alternance codique n’est pas qu’un phénomène oral. Elle existe bel et bien dans des formes écrites. Avec le progrès technologique, beaucoup de données multilingues écrites sont devenues accessibles pour les chercheurs sur Internet, ce qui a donné lieu à des études sur l'alternance codique dans la correspondance par courriel, les blogues, les journaux en ligne, etc. uploads/Litterature/ halawi-et-al-oth.pdf
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Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Nov 01, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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