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Digitized by the Internet Archive in 2010 with funding from University of Ottawa littp://www.archive.org/details/bibliothqueclio21guil BIBLIOTHÈQUE CHOISIE PÈRES DE L'ÉGLISE GRECQUE ET LATINE. TOME VINGT-UNIÈME. IMPRIMEniR DHIPPOLVTE T I L f. î A R 1) . RTB DE M HAKPe , ï" "jS . BIBLIOTHEQUE CHOISIE DES PÈRES DE L'ÉGLISE GRECQUE ET LATINE, ou COURS D'ELOQUENCE SACRÉE; PAR MARIE-NICOLAS-SILVESTRE GUILLON , PHOFESSEim D'il.OQ0BXCE SiClÉE D1K8 LA FACrtTÉ DB THÉOLOGIB DB PAKIS , IXSPECTEOn I>R I.'*C»nÉ«IE DE PABfS, «BETALIEH BE LA LÉCIOX d'hOXKEC» , AVUÛSIER DB SOST ALTESSE EOTAI.E SADAUB L» IlOCBFSS! n'oHI.ÉJUS , PntniCATECR ORDINAIRE DTJ ROI. Oa/uraae' decic& aie uiûot. TROISIÈME PARTIE, SUITE DES PERES DOGMATIQUES. TOME VINGT-UNIEME. Meinentote operiim Patrum qua? fecerunt iu goncraiionilii ^iiis ; et accipietis gioriam magnam , et iiomen teleriiuin I. il achat. II. 5i. PARIS, MÉQUIGNON-HAVARD, LIBRAIRE, RUE DES SAINTS-PERiîS , IS° lO. M. DCCC. xxvir. 3i{ BIBLIOTHEQUE CHOISIE ^ DES PÈRES DE L'EGLISE GRECQUE ET LATINE, on COURS D'ÉLOQUENCE SACRÉE. LIVRE SIXIÈME. SAINT AUGUSTIN , évêque d'Hyppone , docteur de l'Eglise. CONFÉRENCES SUR SAINT AUGUSTIN. (Prononcées dans le Cours d'éloquence sacrée de l'anne'e 1812. ) PREMIÈRE CONFÉRENCE. (( Si les Pères de l'Eglise revenoient au monde , » et qu'ils prêctiassent dans cet auditoire ces élo- » quents discours qu'ils faisoiant aux peuples, et que » nous avons encore dans les mains, je ne sais s'ils » seroient écoutés; et Dieu veuille qu'ils ne fussent " pasabandonnés (i)l » Ainsi parloit l'un des prédi- cateurs les plus éloquents du grand siècle. Cepen- (i) Bourdaloue , sur la parole de Dieu , Carême, tom. m , pag. t6, 21. 1 2 SAINT AUGUSTIN. iliuil , à colle même époque , les écrits de notre vc~ ncrable antiquité jouissoient encore de toute leur renommée ; leur gloire se conservoit au moins dans les souvenirs d'une postérité reconnoissante ; leurs noms se méloient à ceux des monuments de la litté- rature et de l'éloquence modernes , pour partager cnsemLle le tribut d'une commune admiration. En- core éloit-ce à des laïques que Bourdaloue adressoit les énergiques plaintes qu'il ne craignoit pas défaire retentir à la cour de Versailles et dans les chaires principales de la capitale. Il savoit bien que les tri- bus diverses du sacerdoce chrétien conservoient aux Pères de noire Eglise des sanctuaires où leurs ora- cles étoient écoutés. Mais si Bourdaloue lui-même revenoit au monde , changcroit-il de langage? ou plutôt, Messieurs, n'emprunteroit-il pasde plus sé- vères expressions , eu voyant l'étrange solitude qui nous entoure, cette raretéd'auditeurs ecclésiastiques, et les Pères de l'Eglise abandonnés? Sans les pro- iirammes de notre Faculté annonçant un enseiirne- ment public de théologie , on diroit que nous gémis- sons encore sous le joug des lois tyranniques qui naguères pesoient sur notre patrie , pour y proscrire sans pitié toute doctrine marquée du sceau reli- gieux. Chacun des nos cours rcssend^le à la salle du Luc.xiv. iS. léslin des noces, d'où les conviés s'éloieut exclus sous divers prétextes. * Ces jours derniers , la matière de nos leçons , c^é- SAIINT AUGUSTIN. 3 toit saint Jean Chrysostôrae. IN'imporle l'organe : toujours e'toit-ce saint Jean Clirysoslôme (i). Nous exposions sous les yeux de nos auditeurs ses chefs- d'œuvre choisis dans la foule des plus admira- Lies productions de son génie. La céléhrité de l'éloquent patriarche de Constantinople n'a pas été plus engageante que ne l'avoit été la renommée des Tertullien ^ des Cj^prien, des Athanase , des Basile, des Grégoire de Nazianze. Où éloient ces cent mille auditeurs qui se pressoient autour de sa chaire (2)? Oii étoient du moins ces lévites à qui tous les oracles de la loi commandent d'aller^ rmv. u. 4. s'il le falloit , jusqu'aux extrémités de la terre , chercher les trésors de la sagesse et de la science ? Aujourd'hui qu'ils se présentent d'eux-mêmes , on les dédaigne , on les repousse. Pour qui donc l'Esprit Saint a-t-il pris tant de soin de conserver ces admirables productions, si ce n'est pour ceux qui doivent les répandre parmi les peuples ? La voix du professeur chargé de les transmettre crie dans le Mmh. m. 3, désert, se consumant en efforts superflus pour rani- mer dans les âmes le seul instinct de la curiosité. (i) Girarùon lisoit Homère daus une mauvaise traduction. Ou lui en temoignoit de la surprise. Fl répondit : N est-ce pas toujours Ho- mère? Partout où je le lis, la nature s'agrandit à mes yeux. (2) Chrysostom. : « A^m per Dei gratiam puto eos qui hîc congrc- ganlur ad cenlum millia pertingere. (Hom. lx.xxv in Matth. , lom. V!i Bened. , pag. 810. ) 1. l\ SAINT AUGUSTIN. L'unique récompense que nous puissions ambition- ner, pour prix de tant de veilles et de tribidations, nous est refusée. A peine quelques étrangers appa- roissent ça et là^ tels que des voyageurs que le ha- sard a jetés sur des plages inconnues ; ils admirent en passant les beautés du site venu s'offrir inopiné- ment à leurs regards, et se remettent en mer comme effrayés de leur solitude. Vous, du moins, audi- teurs laïques, qui nous dédommagez de si doulou- reuses désertions, vous surtout, studieux élèves de l'Ecole normale , qui vous rendez ici moins par be- soin que par plaisir, et qui ne quittez ces lieux qu'en vous témoignant l'un à l'autre l'étonnement de les voir si peu fréquentés par la tribu sainte , vous à qui il nous est si souvent arrivé à nous-même d'entendre dire : « Il y a là plus que notre Démoslbène et que » notre Cicéron,)) n'allez pas porterailleursla triste ré- vélation de ce que vous voyez ici. Réservez pour nous seuls les gémissements et les regrets amers qu'exci- tent dans tous les creurs le silence de l'autorité , le sommeil «les chefs de la maison d'Israël sur l'aban- don de nos écoles, sur les maux que nous préparent l'ignorance, ou la demi-science, plus funeste en- core qtJC l'ignorance elle-même , le mépris de nos traditions et de la disci})line antique, l'invasion do doctrines étrangères et de dangereux modèles, les malheureux triomphes que l'irréligion saura bien en rc<tueillir. SAINT AUGUSTIN. 5 Celui dont nous allons vous entretenir ohtiendra- t-il plus de faveur? Son nom seul le recommande à tous les hommes , et fit dans tous les temps son plus magnifique éloge. On ne le prononce pas sans rap- peler à l'admiration l'un des plus beaux génies et des hommes les plus extraordinaires qui jamais aient été donnés au monde; le plus éclairé et le plus pro- fond de tous les Pères (i) ; celui de tous les philoso- phes chrétiens qui ait le mieux entendu les maladies de notre naturel , et porté dans la dialectique le plus d'imagination et même de sensibilité (2). (i) Bossuet, tom. vu de la Collect. gêner., pag. 60 1. Les écrivains de la réforme en ont parlé dans les mêmes termes : a L'Eglise , dit Luther , n'a point eu depuis les Apôtres de docteur plus estimable que saint Augustin; après l'Ecriture, il n'y a point de docteur dans l'E- glise que l'on puisse mettre de pair avec ce grand homme. » (Tom. vu Oper., cd. Wittcmb. , fol. ^o5 ; Butler, P'ies des Saints , tom. vni , pag. laS. ) Cave a recueilli avec complaisance les jugements portés sur le génie et les talents de l'évêque d'Hyppoue, et les confirme de sou SiifivaQe. [Script, eccles , pag. 187.) M. de La Harpe regardoit saint Augustin comme le plus beau génie qu'ait eu l'Eglise latine : « On convient, dit-il, qu'il estimpossible d'a- voir plus d'imagination et d'esprit, m {Cours de littérature, \.. m, p. 3io.) Mais un aveu qui surprendra davantage est celui de Voltaire, attesté par un écrivain , qui affirme l'avoir recueilli de sa propre bouche. « Je puis assurer , dit l'auteur du Spicilége de la littérature ancienne et moderne , M. Coupé , que Voltaire en faisoit souvent sa lecture. En effet , il me montra lui-même , en 1772, dans sa bibliothèque de Fer- ney , la Saint Augustin des Bénédictins, en 14 vol. in-fol. , dont les grandes marges éloient chargées de notes de sa main. » ( Ihid.^ Recher- ches sur les Panégyr. , pag. 65, 66 , Paris, 1801 . ) (2) Bossuet, Serm pour la Conception de la sainte Vierge, t. 1 1 , p. 1 j3 . 6 SAINT AUGUSTIN. Ladoclrinede saint Augustin est devenue celle de touterEglisc,aujngementdesconcilesetdese'vêques du monde chrétien. « Elle lui avoit été donnée , » a dit l'un d'entre eux, par une si haute etsiabon- » dante effusion de la grâce du Ciel , qu'elle ne » peut plus être arrachée du sein de l'Eglise par » les efforts de quelque personne que ce soit , puis- » que la sublimité du siège apostolique, et l'unité » de l'Eglise catholique l'ont approuvée et établie » d'un commun consentement , par leur autorité et >» leur puissance, en sorte qu'on ne doit point s'ap- » puyer sur elle comme sur une uploads/Litterature/ guillon-bibliotheque-choisie-des-peres-de-l-x27-eglise-grecque-et-latine-ou-cours-d-x27-eloquence-sacree-1822-1829-volume-21.pdf

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