Revue des Études Grecques Observations sur les Galates ou Celtes d'Orient Franc
Revue des Études Grecques Observations sur les Galates ou Celtes d'Orient Francesco P. Garofalo Citer ce document / Cite this document : Garofalo Francesco P. Observations sur les Galates ou Celtes d'Orient. In: Revue des Études Grecques, tome 13, fascicule 55,1900. pp. 450-463; doi : https://doi.org/10.3406/reg.1900.6022 https://www.persee.fr/doc/reg_0035-2039_1900_num_13_55_6022 Fichier pdf généré le 08/01/2019 OBSERVATIONS SUR LES GALATES OU CELTES DORIENT Les Galates, qui apparaissent dans le monde hellénistique à partir des premiers lustres du me siècle, appartiennent à la grande race celtique (1); ils portent un nom dont la signification ne diffère pas en substance de celle de « Celtes », nom plus ancien et peut-être plus générique (2). Une semblable relation entre Galates et Celtes — ces derniers connus du monde grec, comme on sait, à partir du ive siècle — fut reconnue dès l'origine par les contemporains de la migration galatique dont nous allons nous occuper. Il suffit, en effet, de comparer les expressions Κελτών αρηα de Callimaque [Hymn, ad Del., v. 173), Γαλα- τάν et Κελτών άρης dans YAnthol. Palat., VII, 492, v. 4-3 (vol. I, p. 368 Dubner, de l'année 278), Γαλατααν άρης dans les fragments d'hymnes découverts, il y a quelques années, à Delphes (3). Les nations galatiques émigrèrent vers le Sud-Est de l'Europe, venant des régions de l'Europe centrale ; là prit nais- (1) Les témoignages les plus anciens sont réunis par H. Nissen, liai. Landes- kunde, 1883, p. 476, n° 1. (2) Comme il est désormais indiscutable depuis les études spéciales de M. d'Ar- bois de Jubainville {Rev. archéol., 1875, p. 4 suiv. principalement). Cf. aussi Mûllenhoff, Deutsche Alt., II, 282, note ; et Holder, Altcelt. Sprachschatz, I, 1522. 1638 et suiv. (3) Pour ceux-ci voyez le Bull, de corr. hellén., 1894, p. 569 ; la Revue celtique, XV (1894), p. 408 suiv.; et 0. Crusius, Die delph. Hymnen, Philologue, LUI (1894), p. 33 suiv. OBSERVATIONS SUR EES " ÔALATJÈS Ou CELTES D'ORIENT 451 sance aussi l'invasion celtique qui se dirigea vers les régions alpines et, de là, par le Nord-Est, vers la péninsule italique. : Chez les anciens, faute de connaissances précises, on1 faisait venir les Galates vaguement du Nord ou de l'extrême Ouest (voir 'le contemporain Callimaque, 1. c.) ; on eh disait autant* des Gaulois d'Italie (1). On ne sait rien de précis ni sur l'époque, ni sur la tribu spéciale, ni sur les circonstances particu-* lières où commença ce déplacement (2). 1 Ce qui est certain, c'est que les Galates arrivèrent et 's'établir-: rent près du moyen Danube, dans le voisinage des peuplades illyriques (comme les Autariates) (3) et autres avec lesquelles ils furent constamment en lutte, non loin de l'Adriatique. Ainsi, ils avaient dès ce moment élu domicile vers le confluent de la Save; et du Danube, bien que la tradition, par erreur et pour des. motifs faciles à concevoir, les y établisse seulement après leur» retour de leur expédition manquée à Delphes (4). C'est dans ces contrées qu'ils se trouvèrent en relations, dans la seconde partie du ive siècle, avec Alexandre le Grand, lorsque celui-ci dirigea (l);On sait que les anciens faisaient dériver d'une même source les invasions galatique et gauloise. — il est inutile d'insister sur l'inadmissibilité de l'opinion qui assignait, à la France actuelle l'origine'de toutes ces migrations. On ne sau- rait attribuer aucune valeur aux récits des écrivains grecs qui établissent un rapport entre les Tectôsages de l'Orient et les (Volcae) Tectôsages de la Gaule méridionale, et font dériver le fameux trésor de Toulouse du butin de Delphes (selon l'opinion rapportée par Strabon, IV·,· 1, 13, p. 187, et réfutée déjà par Posidonius) ΐ ou en général du butin recueilli au cours des expéditions en Orient (Justin., XXXII, 3. La source de cet auteur pourrait être Timagène; cf. Niese, Zur Gesch. d, Kelt. W anderungen, dans la Zeitschrift f. deutsche Alt. u. d. Litteratur, 1898, s p. 140, note. Cependant, d'après Strabon, il semble que Timagène, bien que plus récent que Posidonius, crût encore à l'origine delphique du trésor toulousain. Il est à supposer que Justin attribuait au butin une origine générique, pour se conformera son récit, dans lequel toutes les expéditions gauloises sont présentées ensemble.) -. ■ ■ . ■ • (2) C'est une simple hypothèse que celle qui admet que le mouvement vers le « Sud-Est coïncida avec l'invasion d'Italie (cp. Mûllenhoff, op. cit., II, 261 suiy . , o,ù ■ sont aussi notées les différentes races celtiques des régions danubiennes). (3) Cf. H. van Gelder. Galatarum xes in .Graecia, et Asia gestae, Dissert. Amstel., 4 1888, p. 6 suiv. ; et aussi Droysen, Gesch. d, Hellenisjnus, trad.,fr., II, p. 623. , (4)Timag. dans Justin, XXXII, 3, 7. ·.·— ■ Comme on les fait retourner en Illyrie- en général (voyez Appiari., J%r.5,'du récit duquel on petit.tirer avec certitude cette donnée, quelque confus qu'il soit d'ailleurs). , \i . .·'·, \ , ;i ; ) 452 FRANCESCO P. GABOFALO une expédition coatrè les Gètes et les Triballes et réussit à assurer la frontière du Danube (1). A la dissolution générale de l'empire macédonien, il fut facile aux Gaulois de franchir les frontières et de pénétrer en Macédoine ; ceci eut lieu pour la première fois — car la mention de leur prétendu conflit avec Gassandre vers l'an 300 (2) est isolée et ne mérite guère qu'on s'y arrête — sous le règne de Pto- lémée Céraunus. Le moment était grave pour la péninsule hellénique, agitée par les discordes des Diadoques ; la mort de Lysimaque (281), l'assassinat de Séleucus, l'occupation de la Thrace et de la Macédoine par Céraunus, les aspirations rivales d'Antigone Gonatas et d'Antiochus Ier, tous ces événements avaient leur contre-coup dans l'Hellade proprement dite, en même temps que s'y déchaînait la lutte entre Sparte et ses alliés, d'une part, et de l'autre Antiochus, soutenu par les Étoliens. A la faveur de ces troubles, les barbares renversèrent le grand rempart du Nord et arrivèrent au cœur même de la Grèce. A la vérité, nous ne connaissons pas de rapport direct entre l'invasion galate et les discordes des Diadoques : les Celtes, par exemple, furent-ils appelés par les ennemis du nouveau roi de Macédoine (3)? On en pourrait tirer argument de ce fait, que quelque temps auparavant Ptolémée, fils de Lysimaque, rival de Céraunus, s'était réfugié auprès des Dardaniens (4), que les Dardaniens étaient tributaires des Celtes, et que beaucoup des leurs prirent part à l'expédition en Macédoine, en Thrace et en Grèce. (1) Suivant un récit digne de foi (Arrien, Anabase, I, 4, 6 suiv. ; Strabon, VII, 3, 8, p. 301); mais il n'en est pas de même de cette autre ambassade, envoyée, plus de dix ans plus tard, par de présumés Celtes au même monarque à Babylone (Arrien, VII, 15, 4; Diodor.,XVII, 113, 2, etc.). Sur la date de l'expédition du roi de Macédoine vers le Danube, cf. un nouveau fragment de la chronique de Paros dans les Mittheil. archaeol. Instit. A then., 1897, p. 190 suiv. (2) Theophrast. ap. Senec, Nat. quaest., III, 11, 2 ; Plin., JV. H., XXXI, 4 (30). — Peut-être les Gaulois furent-ils confondus avec d'autres peuples. (3)B. Niese, Gesch. d. grieck. u. makedon. Slaaten, II (1899), p. 14. (4) Trog., Prolog. Histor., XXIV (Gutschmid). , , OBSERVATIONS SUR LES GALATES OU CELTES d' ORIENT 453 Mais c'est moins dans ja connaissance présumée de la condition des pays voisins qu'il faut chercher les raisons de l'invasion que dans les conditions ordinaires, économiques et sociales, dans les tendances et dans le caractère de races avides de butin et d'aventure, et aussi — du moins indirectement, comme résultat final et inévitable — dans le désir et la recherche de nouveaux séjours, désir suscité non point par le caprice, mais par une nécessité supérieure, notamment par l'effet du mouvement des peuples germaniques. Enfin, on ne saurait nier une certaine connexité entre l'émigration galatique et les défaites contemporaines que les Gaulois (Senons et Boïens) subirent en Italie par les Romains. Même si l'on n'admet pas qu'une partie des envahisseurs gaulois des contrées danubienne et illyrique soit sortie d'Italie (1), tout au moins le fait que les Celtes des pays alpins ne pouvaient plus s'engager en Italie, les détourna vers lesdites régions. Abordons maintenant le sujet des grandes expéditions gala- tiques dans la péninsule des Balkans, entreprises par les races celtiques auxquelles se sont unis et associés, de gré ou de force, d'autres éléments (2) ; nous examinerons d'abord les sources, puis la chronologie; ensuite les récits particuliers. Les auteurs (Pausan., X, 19, 5 suiv. ; Trog. apd. Justin., XXIV, 4 suiv. ; XXV, 1 suiv.; XXXII, 1 suiv., Diodore, XXII, 3-5 et 9) nous ont conservé des renseignements défectueux, en grande partie douteux, qui, chez tous, — sauf chez Pausanias, lequel, en revanche, abonde en embellissements et additions (1) Cf. H. v. Gelder, up. cit., p. 10 suiv.; Droysen, op. cit. et vol. cité, p. 623 suiv. (2) Ainsi, des peuples illyriques (Appien, Illyr., 4; cf. Athen., VI, 25, p. 234). Pareil mélange est du reste fréquent dans les uploads/Litterature/ garofalo-observations-sur-les-galates.pdf
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- Publié le Fev 03, 2021
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