F ANTASMAGIE 2 F ANTASMAGIE BULLETIN TRIMESTRIEL DU CENTRE INTERNATIONAL DE L'A
F ANTASMAGIE 2 F ANTASMAGIE BULLETIN TRIMESTRIEL DU CENTRE INTERNATIONAL DE L'ACTUALITE FANTASTIQUE ET MAGIQUE NUMERO 2. MARS 1960 SECRETARIAT Mue P. MEVISSE, 161, A VENUE JUPITER, BRUXELLES BELGIQUE 15 FB le numero Abonnement 50 FB les 4 numeros Abonnement 500 FF les 4 numeros FRANCE 150 FF le numero Tons les versements se font au C. C. P. 8357.69 du C.I.A.F.M.A., Bruxelles, c/o L. llan Rompaey, 94, Avenue Broustin, Bruxelles. Les versements originaires de Ia France peuvent se faire au C. C. P. 5220.05 Paris, de Max Bucaille, 8, rue Grandjean, Creteil (Seine). Les textes signes n'engagent que Ia respoosabilite d e leurs auteurs. Le bulletin n'est pas r esponsable des manuscrits qui lui sonl adresses. IN MEMORIAM Le 3 mars dernier le po8te et peintre fantasmagique Armand Permantier s ' en est aile rejoindre le sejour des ombres bienheureuses . Seuls sept amis fid 91e.~ ant tenu a l'accompagner jusqu 'i.t sa derniere demeure : Paul Bour- goigni e, Will em de Pauw, Theodore Koenig , Mi les Legran d et Paule M9visse , Aubin Pasque et Gabriel Piqueray . M. E. ARMAND PERMANTIER le poete et le peintre des silex Permantier est Ia jubilation du moi dans l'e lement de I'Eau. C'est Ia con- templation de ce qui est liquide, de son mouvement, c'est le reve extasie restitue au monde dans le prisme colore et assourdi du reve. C'est le solitaire qui nous donne son grand songe familial ou l'espoir est Ia vague des mon- tagnes que Ia volition de Ia Lune aimee empeche d'atteindre. Venus l'a en- chaine dans un disque d'argent que son sang fait bruler d'un ton raux semblable a un reflet solaire. L'iime s'evade et donne cent visages a son corps immobile et torture de vie. Elle revient apres Ia revolte lu i porter le chant de l'indicible qui apaise et guerit. Aubin PASQUE 2 ,. POUR UNE ESTHETIQUE DES PROFONDEURS P LU que toute autre, Ia peinture dite « urrealiste », meme et urtout si eJie e t d'orientation metaphy ique O ll magique, est revelatrice de !'essence profonde de son createur. Elle est comme une confe sion publique et une mi e a nu totale de l'ame du peintre qui l'a con<;ue. Les alterations de l'etre, les desirs inas ouvis et les sublimations de Ia vie psy- chique de leur auteur s'y etale n~ a chaque phantasme devoile, et cela avec une acuite souvent ignoree de !'artiste lui-rneme. Meme les elucubrations gratuites d'epigones attardes qui e suffisent du cl iche par trop ecule de Ia Jameu e machine a coudre a couplee a un quel- conque parapluie nous sont etrangement revelatrices du vide congenital et des complexes de robot en delire de ceux qui le con<;urent. Bien que sans la moindre authenticite, elles n'en sont pas rnoins pieces cliniques et objets d't ~ tud e psychologique. Quant aUJ( reuvres de resonance reelle, leur message profond devrait pou- voir 'etudier tan t selon la, di ipline de Ia p ychologie des profondeurs que de l'entendement magique qui nous vient du plus lointain des ages, et qui fait de l'homme ce « mystere sacre » devant lequel nous ne cesson de no us interroger et de nous emerveiller. On est en droit, des lors, de s'eton ner de la carence de Ia critique d'art devant Ia pcin ture dite « surrcalistc », de sa scandalcuse supcrficialitc dans l'analyse des re uvres etudiees. Ri'en, par exemple, dans telle monographie sur ]'art de Salvador Dali qui s'applique a expliquer les permanentes pitreries du maitre de Port-Liigat, tout comme rien n'y es aye de penetrer Ia ignification obsessionnelle de tel ou tel theme sans resse ressasse en Ia monomanie du peintre du pro- digieux «Spectre de Ia libido », ou du non mains beau « Chevali'er de Ia Mort ». Et ce ne sont certainement pas les proclama tions provocatrices de Salvador Dali lui-meme quant a Ia preeminence d" sa methode paran i'aque· critique qui nous permettront d'approcher ce qu' il y a d'authentique dans son art. ans doute nou donne-t-il dans sa litterature delirante plu d'un indice susceptible d'orienler Je critique .quant aux origines et a u sens de sa thematique. A ussi, connai son -nous de court commentaires de sa main , en marge de certaines de es toiles, qui sont singulierement eclairantes. Cela n'empeche que le mystere Dali demeure, tout comme demeure le mystere du P icas o qui s'acharne depu is quelque cinquante an au viol sadique de Ia forme et a Ia negation de Ia tendresse et de Ia piete de ses reuvre de jeunesse. Ce sadisme esthetique serait-il• L e .fait d'un « mal aime >>, com me I' a suggere un des anciens intimes du peintre, qui e vengerait ainsi - peut- etre inconsciemment - du drame de ses debo ires sentimentaux ? ll y a aussi le mystere Chirico. Jama is, en effet, un critique ne s'est essaye a expliquer le miraculeux jailli sement metaphysiq ue de ses pre- mieres reuvres, tout rommc personne n'a pu deceler le mobile secret de se<; reniements ulterieurs, et ce ne ·ont certe. pas les memoire du peintr qui nous perrneltront ue penetrer les arcanes de son reuvre si lout·de de signi- fication. Quant au mystere Max Ernst, on en cherchera va inernent l'explication dan le volumineux OU \'rage que Patrick Waldberg a consacre a e peintre. Les amateurs de Ia petite histoire y trouveron t ample moisson d'anecdotes, mais ceux qui ai meraient connaltre le pourquoi et Je comment de telle ou telle toile toute voilee d'enigmes resteront cruellement sur leur Jaim. Meme le grand et combien lucide Andre Breton demeure a la surface clu sujet, aussi bien dans « Le surrealisme et Ia peinture », que dan son 3 recent « Art magi que». Que de deceptions, en efiet, ne reserve pa la lec- ture de ces livres si promettem·s d'un approfondi'ssement des sources, des neces ites et des arcane de cette peinture qui e, t !'objet de a dilection et de la notre ! Est-ce a dire que cette peinture est dis ur ivement impenetrable et ne peut etre approchee que par du vague et des formules hermetiques faites a Ia mesure de son esoterisme plu ou mains reel ? Jl nous est dHJicile de le croire, d'autant plus que Freud et noml)l'e de ses disciples se sont appliques a £ aire la p ychanalyse de l'art en general, ou de tel ou tel ecrivain, poete ou artiste en particulier. Le livre de Freud « Un ouvenir d'eniance de Leonard de Vinci », ain. i que on « Gradiva », ont devenus des clas iques du genre. Mais Ia 1 sychanalyse a ete trop aveu- glee par son prejuge pansexualiste que pour penetrer tou les mysteres que !lOllS proposent le problemes de Ia creation artistique et de ses necessi- tes interieures. Autrement riche de possibilites nous para1t etre La psychologic des pro- fondeurs de C. G. J ung, r·omme nou le montre, par exemple, l'essai de ce gr!!nd savant sur les « Problemes de l'ame moderne », qui nou presente une psychologic de l'art, pleine d'ouvertures reelles sur les my tere de a genese. La methode comparative employee par l'historien d'art allemand Gu tav Rene Hacke a permis, d'a utre 1 art, de mener une vaste enquete a travers le temps ur les multiples a pects et les constantes du manierisme euro1Jeen dont )'art surrealiste, selon cet auteur, ne serait qu' une de plus recentes metamorphoses. Sans doute. dans «Die Welt als Labyrinth » (Ed. Rowohlt- Hambourg), n trouvons-nous nulle part une analyse erree d'un cas parti- culier, mais le livre ne nous en paralt pas moins capital pour une meilleure comprehension de l'art fanta tique et magique depuis Ia Renaissance jus- qu'a nos jours. Et d'ailleurs, quelle ampleur dans le plan general de l'ou- vrage, quelle erudition. A c ote de lui, « L'Art Magi que» d' Andre Breton n'est plus qu'ceuvre de dilettante ... Une a utre ouverture, tout au mains parti'elle, sur le mysti:re de la crea- tion arti tique, nous para:Jt etre le livre de G. F. Hartlaub et F. Weissen· feld, « Gestalt und Gestaltung », dans lequel le grand historien de l'e ote- risme dans !'art et un psychiiitre ont a socie leurs disciplines respectives pour demontrer, it l'aide de quelque 210 illustrations, que l'artiste projette ouvent, si pas toujours, dans ses ceuvres, sa propre image corporelle, a moins qu'il ne l'y corrige d'une maniere compensatoire. En tant que psy· chiiitre, Wei senfeld s'appuie plu particulierement ur Ia typologie de Kretschmer, pour etudier le probleme particulier de Ia creati.on artistique a uquel s'attache ce livre. Plus proche de Ia psychologie des profondeurs nous paralt etre le liVJ:e, en tou points remarquable, de Heinz Demisch, intitule « Vi'sion 'und Mytho in der Modernen Kunst » (Verlag Freie Geitesleben. Stuttgart). L'etude de Heinz Demisch 'applique a tout !'ensemble de Ia peinture moderne de cette premiere moitie du XX• siecle, depuis le fauvisme jusqu'a l'art non-figuratif, uploads/Litterature/ fantasmagie-no-2.pdf
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- Publié le Sep 23, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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