Pièce (dé)montée Les dossiers pédagogiques « Théâtre » du CRDP de Paris en part
Pièce (dé)montée Les dossiers pédagogiques « Théâtre » du CRDP de Paris en partenariat avec la Comédie-Française Édito Restituer dans la traduction en mots, en corps et en scène la poésie heurtée et violente de Kleist. Dépasser par la représentation tragique cette Penthésilée irreprésentable, voilà la gageure que Jean Liermier propose aux comédiens du Français. Les élèves découvriront avec ce personnage troublant l’envers de l’idéal grec : une femme barbare et violente qui finit par dévorer son amant. Ils découvriront également dans cette mise en scène qui éprouve littéralement les acteurs par sa scénographie, la langue de Kleist, rendue à sa violence originelle par une nouvelle traduction. Ce dossier se propose avant la venue au spectacle d’explorer le mythe et sa réinterprétation par Kleist, en s’attachant particulièrement à la langue du texte. Des pistes sont ensuite proposées pour mettre en perspective la représentation en particulier en analysant la scénographie. Retrouvez sur4http://crdp.ac-paris.fr, rubrique arts et culture, l’ensemble des dossiers « Pièce (dé)montée » Avant de voir le spectacle : la représentation en appétit ! Heinrich von Kleist : « Portrait d’un sans portrait » [page 2] Portrait de Jean Liermier, metteur en scène [page 3] Résumé de Penthésilée de Kleist [page 3] Le contexte mythologique des Amazones [page 4] Le mythe de Penthésilée [page 5] Une réécriture libre du mythe de Penthésilée par Kleist [page 5] Un espace hostile : la nature [page 6] La langue [page 7] Penthésilée par Ruth Orthmann et Éloi Recoing, traducteurs [page 7] Après la représentation : pistes de travail Travail de remémoration [page 9] Analyse de la scénographie [page 9] Activités d’écriture [page 11] Rebonds et résonances [page 11] Annexes : [page 13] Penthésilée de Heinrich von Kleist mis en scène par Jean Liermier à La Comédie-Française du 26 janvier au 1er juin 2008 © Brigitte Enguerrand / Comédie-Française février 2008 n° 38 février 2008 n° 38 2 Avant de voir le spectacle La représentation en appétit ! Heinrich von Kleist : « Portrait d’un sans portrait » (Zweig, Le Combat avec le démon) B ernd Wilhelm Heinrich von Kleist est né le 18 octobre 1777 à Francfort-sur-l’Oder dans une famille de l’aristocratie prussienne militaire, modeste mais farouchement attachée aux valeurs de sa caste. Éduqué à la fois selon les principes de celle-ci et l’esprit de l’Aufklärung, il est inscrit, à la mort de son père en 1788, au Collège français de Berlin, qu’il quittera pour prendre part, dès 1795, aux campagnes de la Prusse contre les armées de la révolution. En 1799, dégoûté par l’autoritarisme et le ridicule de la vie militaire, il décide de s’inscrire à l’Université de sa ville natale, où le plan d’études qu’il se fixe, fondé sur la philo- sophie et les mathématiques, restera inachevé. Sa lecture assidue de Kant et de Rousseau va déterminer le cadre dans lequel s’inscrira toute sa démarche d’écrivain : la contradiction entre la recherche de l’absolu et l’irrémédiable limitation des représentations humaines. Au-delà de sa carrière d’écrivain, c’est toute son existence qui sera marquée par cette guerre paradoxale, menée à la fois en faveur et contre l’idéalisme, par l’exploration radicale des possibilités mêmes de la langue, génératrice de la pensée. Son œuvre créatrice s’étale sur une douzaine d’années à peine, de 1798 à 1811. Elle compte huit pièces : trois tragédies : La Famille Schroffentsein (1802), Robert Guiscard, duc des Normands (dont il brûlera le manuscrit en 1803) et Penthésilée (1805/1807) ; deux comédies : La Cruche cassée (1806) et Amphitryon (d’après Molière, 1805/1807) ; deux drames : La Bataille d’Arminius (1809) et Le Prince de Hombourg (1811) ; un grand drame historique médiéval : La Petite Catherine de Heilbronn (1808/1810). Durant cette période, Kleist écrit également huit nouvelles (Michael Kohlhaas, La Marquise d’O…, Le Tremblement de terre du Chili, Fiançailles à Saint-Domingue, La Mendiante de Locarno, L’Enfant trouvé, Sainte Cécile ou la Puissance de la musique, Le Duel), des poèmes (certains patriotiques), des écrits politiques (Le Catéchisme des Allemands), des essais (L’Élaboration progressive de la pensée par la parole ; Sur le théâtre de marionnettes, écrit peu avant sa mort) et quantités d’articles pour une revue nationaliste prussienne (Germania), une revue littéraire (Phebus) ou un journal (Die berliner Abendblätter), qu’il a lui-même fondés. À l’instar des romantiques allemands de sa génération, le mouvement d’adhésion de Kleist aux idées émancipatrices issues du siècle des lumières s’était mué en haine farouche du despotisme napoléonien. Tiraillée entre le désir d’action et la certitude que tout effort de la volonté est vain, toute expérience du réel illusoire et lacunaire, la vie de cet être d’une intelligence et d’une sensibilité extrêmes, est un apprivoisement progressif de la mort. Par deux fois, il est pris pour un espion anti- français et emprisonné ; parallèlement, il avait consenti à un poste modeste de surnuméraire de l’administration des domaines de Königsberg (l’actuelle Kaliningrad). Il fréquente sans s’y faire remarquer les milieux littéraires berlinois, reçoit de Wieland, de Schiller et de Goethe un soutien enthousiaste – bien que parfois ambigu de la part de ce dernier. C’est que, contrairement à la démarche du vieux maître – dont les éloges le pétrifiaient – l’écriture de Kleist ne tend jamais vers la clarté ou l’équilibre transcendé ; elle est inapaisée, rugueuse et sombre, mais ô combien dynamique. Elle témoigne de ce désespoir de la conscience qui poussera son auteur à préparer si méticuleusement son suicide, le 21 novembre 1811, en compagnie de Henriette Vogel – la seule parmi nombre de ses proches qui accepta de partager cette fin – sur les bords du Wannsee. Par Laurent Muhleisen, conseiller littéraire de la Comédie-Française © Wikipedia février 2008 n° 38 3 Portrait de Jean Liermier, metteur en scène J ean Liermier est diplômé de l’École supérieure d’art dramatique de Genève. Depuis 1992, il a travaillé comme comédien en Suisse Romande et en France sous la direction entre autres de Claude Stratz, Hervé Loichemol, Michel Voïta, Richard Vachoux, Philippe Morand, Dominique Catton (pour qui en 2001, il crée pour la première fois au théâtre le personnage de Tintin) et d’André Engel (Woyzeck de Georg Büchner, CDN de Savoie) avec qui il collabore depuis comme assistant à la mise en scène (Le Réformateur de Thomas Bernhard, Papa doit manger de Marie Ndiaye à la Comédie-Française, le Jugement dernier de Horváth ainsi que Le Roi Lear de Shakespeare au théâtre national de l’Odéon). Il signe sa première collaboration artistique à la mise en scène avec Claude Stratz au Théâtre du Vieux-Colombier pour Les Grelots du fou de Pirandello. Il a participé à diffé- rents stages avec Ariane Mnouchkine, Matthias Langhoff, André Engel, Yannis Kokkos et a lui-même donné plusieurs stages d’interpréta- tion depuis 1997 à l’ESAD de Genève dirigée à l’époque par Claude Stratz. À l’opéra, il a mis en scène The Bear du compositeur contemporain anglais Walton pour l’Opéra décentralisé de Neuchâtel, La Flûte enchantée de Mozart pour l’Opéra de Marseille, Cantates profanes, une petite chronique, montage autour de cantates de Jean-Sébastien Bach pour l’Opéra national du Rhin, Les Noces de Figaro de Mozart pour l’Opéra national de Lorraine et celui de Caen. Depuis 1999, il a mis en scène au théâtre, La Double Inconstance de Marivaux (Théâtre de Carouge), Zoo story de Edward Albee (Site Artamis), Peter Pan de James Matthew Barrie (Théâtre AmStramGram), Loin d’Hagondange de Jean-Paul Wenzel (Nouveau Théâtre de Poche, Théâtre Vidy-Lausanne), On ne badine pas avec l’amour d’Alfred de Musset (Théâtre de Carouge), Le Médecin malgré lui de Molière (Nanterre-Amandiers, Vidy-Lausanne, Théâtre de Carouge). Depuis le début de la saison 2006/2007, Jean Liermier fait partie du Comité des artistes que l’administrateur général Muriel Mayette a constitué à son arrivée à la Comédie-Française. Il a monté en septembre 2007 Les Sincères de Marivaux au Studio-Théâtre. En août 2007, il a dirigé Michel Piccoli dans une lecture/spectacle autour d’Une mort héroïque, petit poème en prose de Baudelaire. Jean Liermier mettra en scène Les Caprices de Marianne de Musset au Théâtre Vidy- Lausanne dans le cadre du projet TransHelvétia. Le 1er juillet 2008, il sera le nouveau directeur du Théâtre de Carouge/Atelier de Genève. Résumé de Penthésilée de Kleist Penthésilée est le combat de deux Dieux, Arès, dieu de la guerre, et Éros, dieu de l’amour. Kleist s’inspire principalement de la compi- lation à la mode à son époque le Gründliches mythologisches Lexicon de Benjamin Hederich. Il s’est appuyé sur deux articles essentiellement qui sont Amazonen et Penthesilea. Venues au secours de Priam, les Amazones, illustres guerrières au sein coupé, affrontent les Grecs pour rompre le siège de Troie. Les Troyens sont en mauvaise posture ; Achille a tué Hector, le fils aîné de Priam. La fin de la guerre approche, les deux camps sont fatigués, les victimes nom- breuses. Penthésilée, poursuivie par les Érinyes de sa sœur qu’elle a tuée accidentellement, trouve son salut en allant combattre, auprès de Priam, les Grecs − bien que par le passé le roi troyen ait attaqué les Amazones auprès des Phrygiens. Les motifs qui poussent la reine au combat sont par nature complexes. Les Amazones arrivent donc sur uploads/Litterature/ dossier-penthesilee 1 .pdf
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- Publié le Jui 29, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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