DERSON Didier LA THÉATR ALISATION D ANS LES ROMANS DU MARQUIS DE SADE tome 2 BI
DERSON Didier LA THÉATR ALISATION D ANS LES ROMANS DU MARQUIS DE SADE tome 2 BIBLIOTHEOUE UNIVERSITAIAE DE MEÏZ ilil tilil ilil ffi lill ilil ilil ffi illll ilil lil il 031 291943 0 uNIvERstrÉ de METZ U. F. R. LETTRES et SCIENCES HUMAINES 1998 AVERTISSEMENT Cette thèse est le fruit d'un long travail approuvé par le jury de soutenance et disponible à l'ensemble de la communauté universitaire élargie. Elle est soumise à la propriété intellectuelle de l'auteur au même titre que sa version papier. Ceci implique une obligation de citation, de référencement dans la rédaction de tous vos documents. D'autre part, toutes contrefaçons, plagiats, reproductions illicites entraînent une poursuite pénale. La Bibliothèque a pris soin d'adresser un courrier à l'auteur dans lequel elle l'informait de la mise en ligne de son travail. Celui-ci peut suspendre la diffusion en prenant contact avec notre service. ➢ Contact SCD Metz : daniel.michel@scd.univ-metz.fr Ecrire au doctorant : Code de la Proriété Intellectuelle. articles L 122. 4 Code de la Proriété Intellectuelle. articles L 335.2- L 335.10 http://www.cfcopies.com/V2/leg/leg_droi.php http://www.culture.gouv.fr/culture/infos-pratiques/droits/protection.htm BIBLIQTI-]EQUE TJNIVFRSITI\IRE I.ETTRFS - N,îi:TZ egg o+Lt L Troisième partie : L'Ecriture théâtrale dans le roman Llvaeslg Notre propos, dans cette troisième partie, n'a pas la vocation d'analyser la stylistique de la langue sadierure. Cet as sadiste mériterait une approche bien plus exhaustive et approfondie que le déve- loppement que nous nous proposons de faire dans ces pages. Notre but consistera essentiellement à centrer notre réflexion sur l'examen de l'écriture sadienne en tant qu'élément qui participe à Ia mise en théâtre' du monde romanesque conçu par le pensionnaire de la Bastille, au même titre que le sont à nos yeux la mise en scène, les décors, les personnages ou bien encore les principes d'unités, par exemple, sur lesquels nous nous sommes penché dans les deux premières parties de cette étude. Le monde romanesque sorti de l'imagination du divin marquis peut être comparé à une médaille dont l'avers et le revers, indissociablement liés, forment ceile-ci sans jamais pour autant avoir la possibilité de se rencontrer. Aussi, ce monde romanesque est-il la superposition d'un avers sur lequel le père de Justine a pris soin de graver une multitude, - jusqu'à l'excès -, de scènes por- nographiques et d'un revers où l'on découvre une parole libertine portée, elle aussi, vers l'excès, vers la monstruosité. Non plus une monstruosité charnelle, mais une monstruosité intellectuelle', car, aux dires de Philippe Sollers " le monstre sadien [...] est celui qui n'a pas d'habit et dont la nudité renvoie entière- ment à une parole "t. Mais dans notre étude quelles réalités la parole recouvre-t-elle ? Comment se manifeste-t-elle ? Nous verrons que cette parole se manifeste de deux manières différentes. Elle est d'abord un discours dialogique entre les per- sonnages qui présente trois variantes. l-. I1 n'est qu'un simple élément de f in- trigue qui permet à celle-ci d'avancer, de progresser et participe de la concaténa- 1. C'est nous qui soulignons. 2. L'idée de mbn t..ro.ité, quoique le terme nc soit pas emplové, est implicitc'ment contenu dans les propos de Hube'rt Damisch concernant le langage .aiien lorsqu'il écrit dani . L'éciiture sans mesures , que : ( Idée, prolet en effet sin6uliers, qui-éta- blissent sans déto-uri le langagc'au frryer du libertinagc', et comme l'age'nt t'fficace parquoi le plaisir s'inscrit au plus profond du " c<rur " de l'hommc 1i"t it.rrdr.'ir langage. "n i"t.rrr, dans son ccrrps même). Mais n'cs_t-ce p1s-_{.111 e't par lc langagc que le désir re'çoit son nom, qu'il se définit én-iant que dÂi', qu'il dé'couvrc ses f igures ? ", in H. DAN{ISCH, " L'écriture sans mesurcs ", in TclQ,tel, n' 28, Paris, hiver 1967, p. 59. 3. Ph. SOLLERS, " La PensÉ't'de Sade ",IeI(!tel, hiver.l967, n'2t{, p.'13. 196 tion des faits au sein du schéma narratif et de l'histoire racontée. 2. I1 devient un instrument pédagogique, c'est-à-dire d'enseignement des principes libertins, entre les mains de nos héros, à f instar de ce qui se passe dans La Philosttphie dans le botrcloir, par exemple.3. Il permet, en-fin, à nos roués de présenter et d'échanger leurs points de vue sur des questions philosophiques, politiques, religieuses, so- ciales et morales. En ce sens, le discours dialogique, grâce aux multiples person- nages qui y prennent part, devient la tribune d'une pensée, celle de l'auteur, et ac- quiert le statut de dialogue didactique, voire philosophique. Mais il n'en demeure pas moins que la parole, dans le monde romanesque sadien, ne se manifeste pas uniquement sous la forme diatogique. Elle prend également, et voilà sa seconde manifestation, l'aspect de longs monologues, proches parfois des tirades ou des récits que l'on rencontre dans certaines æuvres dramatiques de l'époque classique ou pré-classique. En outre, nous montrerons également que la langue que l'on ren- les dialogues et les monologues repose sur le principe du plaisir du contre dans les dialogues et les monologues repose sur le prmclpe ou pralslr ctu verbe qui tend à se confondre, - justement à cause de ce plaisir -, avec la profu- sion, pour ne pas dire le délire verbal et la réitération, donnant le sentiment d'une écriture circulaire, close sur elle-même, et ne pouvant pas Proposer autre chose que l'apologie du lvlal et du libertinage le plus outré. Enfin, nous mettrons un terme à cette partie en soulignant les liens qui unissent les didascalies avec certains éléments purement narratifs contenus dans les romans. Chapitre I : Les Différents types de dialogues dans le roman sadien. Le dialogue occupe une place prépondérante dans l'économie gé- nérale des æuvres romanesques du marquis de Sade. D'abord Parce que celui-ci présente la particularité de précéder et de suivre les ébats érotiques selon un double critère établi par Henri Blanc dans son article << sur le statut du dialogue dans |'æuvre de Sade ,'. Il y affirme, en effet, que le dialogue, sous forme de lon- ansl,c'uvredcSade'",inl.|LtJtuitiètncsùcIe.Paris,ÉditionsGarnierFrères,n.1,1972, pp. 301-314. 197 gues dissertatiorus, comme aime à le préciser Donatien dans ses écrits, permet, d'une part de ,. suspend[re] durablement I'action érotique ott sadique > Par des ré- flexions d'ordre philosophique et d'autre part d'établir des Pauses ., avant la re- prise d'ébats mieux justifiés dans leurs principes "'. Et c'est ce que nous consta- tons dans I'ensemble des romans pornographiques du pensionnaire de la Bastille. D'autre part, et d'un point de vue purement formel, le dialogue sadien demeure important grâce à sa mise en page, pour ne pas dire à sa mise en scène. Donatien utilise, pour ce faire, les conventions t1'pographiques de l'art dra- rnatique. En effet, il n'est pas rare de rencontrer dans plusieurs romans des pas- sages dialogiques qui se présentent de la même manière qu'un dialogue théâtral. Dans ce cas précis, le divin marquis prend soiry devant chaque réplique, chaque prise de parole d'un des protagonistes de l'action, de mentionner son nom ou ses qualités ; de sorte que [e lecteur a le sentiment d'être, non plus en face d'une forme tout à fait traditionnelle de dialogues insérés dans une narration, à f instar de ce que nous pourrions rencontrer dans tel ou tel romary mais bien davantage devant une sorte de saynète, purement théâtrale, que l'on pourrait extraire du contexte dans lequel elle se trouve, afin de la représenter sur un théâtre. Ainsi nous rencontrons ce procédé de mise en page dans Aline et \ralcottr, entre autres dans la lettre XVI, au moment otr Sophie en vient à narrer son histoire à la petite société de Vertfeuille : ISABEAU. - Que le ciel au ntoins la préserve de [a faire aux dépensdeson honneur. N'IIRVILLE. - Que de sagesse dans la bonne nourrice ! ISABEAU à lvl. Delcour. - N{ais vous m'aviez d|t, ce me semble, monsieur, à votre dernière visite, que vous la laisse- riez au moins jusqu'à ce qu'elle eût rempli ses premiers devoirs de religion. DELCOUR. - De religion ? TSABEAU. - Oui, monsieur. DELCOUR. - Eh bien ! est-ce que cela n'est pas fait ? ISABEAU. -Non, monsieur, elle n'est pas encore instruite; Ivl' le curé l'a remise à l'année prochaine...' mais aussi dans bien d'autres passages du Rornan philosophique'. Nous Pouvons sav0nStirtice.ttecitation:"Mêmedanssesexhortatiorrslcsplusprt'ssantes,etélo- qremmentlussivcs, lâ dissàrtation - ct c'est le B. A. BA d'une ltcturt de Sade - suspc'nd d_urablement l'action érotique o,u sa- diqr.', et met en leu des facultés spéculatives qui excluent l'cxercicc des autres et leur offre un répit réparateur avant la re- p.Ëo d'ébutt *ieux iustifés dans leurs principes. -, in H. BLANC, clp. cif ', p. 309' 2. Aline et \"alctwr', tomr' 4. P. 77. 3. Ibirt., tome ,1, Lettrcs XXI. XXIII, XXIV ; tomc 5, Lettre XXXVIII, pp. 1{)o-1itl. 198 étendre également notre constat à un passage de 1'Histoire de Iuliette... dans le- quel notre lubrique narratric€, - Juliette -, prévient les devisants qui écoutent son histoire, et par surcroît le lecteur, que ., la conversation " qu'elle a à relater est si " intéressante > qu'il est nécessaire de " la rendre en dialogue ". Cependant, dans la mise en page de ce passage dialogique, les noms des protagonistes ne sont plus uploads/Litterature/ derson-dider-lmz9809-2.pdf
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- Publié le Apv 12, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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