LYCÉENS ET APPRENTIS AU CINÉMA par Joachim Lepastier De battre mon cœur s’est a
LYCÉENS ET APPRENTIS AU CINÉMA par Joachim Lepastier De battre mon cœur s’est arrêté JACQUES AUDIARD SOMMAIRE Synopsis et fiche technique 1 Réalisateur – Héritages et indépendance 2 Genèse – Un remake particulier 3 Personnages – Jimmy Fingers et Thomas Seyr, deux destins opposés 4 Découpage narratif 6 Récit – Apprentissages 7 Filiations – Un réalisme poétique 8 Séquence – Prise de conscience et hallucination 10 Mise en scène – Une instabilité réfléchie 12 Plans – Regarde le père tomber 14 Motifs – Langage corporel et langage musical 16 Technique – Clair-obscur et somnambulisme 18 Parallèles – Les dérivés du cinéma criminel 20 À consulter Directrice de la publication : Frédérique Bredin Propriété : Centre National du Cinéma et de l’image animée – 12 rue de Lübeck, 75784 Paris Cedex 16 – Tél. : 01 44 34 34 40 Rédacteur en chef : Thierry Méranger Rédacteur du livret : Joachim Lepastier Iconographie : Carolina Lucibello Révision : Cyril Béghin Conception graphique : Thierry Célestine Conception (printemps 2014) : Cahiers du cinéma – 18-20 rue Claude Tillier – 75012 Paris – Tél. : 01 53 44 75 75 – www.cahiersducinema.com Achevé d’imprimer par l’Imprimerie Moderne de l’Est : septembre 2014 MODE D’EMPLOI Ce livret se propose de partir des contextes de la création du film pour aboutir à la proposition d’exercices ou de pistes de travail que l’enseignant pourra éprouver avec ses classes. Il ne s’agit donc pas tant d’une étude que d’un parcours, qui doit permettre l’appropriation de l’œuvre par l’enseignant et son exploitation en cours. Des pictogrammes indiqueront le renvoi à des rubriques complémentaires présentes sur le site : www.transmettrelecinema.com 1 FICHE TECHNIQUE Thomas Seyr, que tout le monde appelle Tom, est un marchand de biens travaillant en association avec deux compères, Sami et Fabrice. Ses méthodes de travail n’ont rien de recommandable : magouilles financières, dégradations volontaires des immeubles pour les récupérer à meilleur prix et expulsions sans ménage- ment des squatteurs. Il est également très proche de son père, Robert, qui le force parfois à employer la manière forte pour récupérer l’argent des loyers impayés. Un soir, alors qu’il passe en voiture devant un théâtre, Tom reconnaît M. Fox, l’ancien imprésario de sa mère pianiste, aujourd’hui disparue. La pra- tique du piano, voire l’espoir de devenir concertiste, hantent de plus en plus Tom. Il prend des leçons avec une jeune pianiste vietnamienne qui ne parle pas français. Tous les deux ne com- muniquent que par la musique. À son contact, Tom prend ses distances avec son métier. Dans le même temps, il se rapproche d’Aline, la femme de Fabrice. Un jour, il retrouve son père hagard et ensanglanté après une transaction qui a mal tourné avec un affairiste russe, Minskov. Tom retrouve Minskov à la piscine d’un hôtel. Il le menace au téléphone et séduit sa petite amie. Tom passe enfin sa première audition devant M. Fox. Incapable de maîtriser sa nervosité, il échoue totalement. À la sortie, il passe chez son père et le découvre gisant, une balle dans la tête. Deux ans plus tard, Tom est devenu l’imprésario de Miao Lin, désormais concertiste. Alors que celle-ci s’apprête à entrer sur scène, Tom aperçoit Minskov sur le trottoir. Il le poursuit dans un hall d’immeuble et le frappe au visage avec son attaché-case. S’ensuit une bagarre dans l’escalier de secours. Incapable d’asséner le coup de grâce à un Minskov agonisant, Tom fond en larmes. Les mains ensanglantées, il rejoint sa place parmi les spectateurs et écoute, prostré, la fin du concert. SYNOPSIS De battre mon cœur s’est arrêté France, 2005 Réalisation : Jacques Audiard Scénario : Jacques Audiard, Tonino Benacquista, d’après le film Fingers (Mélodie pour un tueur) écrit et réalisé par James Toback (1977) Collaboration artistique : Thomas Bidegain Image : Stéphane Fontaine Son : Brigitte Taillandier, Pascal Villard, Cyril Holtz, Philippe Amouroux Montage : Juliette Welfling Décors : François Emmanuelli Musique originale : Alexandre Desplat Conseillère musicale : Caroline Duris Producteur : Pascal Caucheteux Production : Why Not Productions, Sédif Productions, France 3 Cinéma Distribution : UGC Durée : 1 h 42 Format : 1.85 Sortie : 16 mars 2005 Interprétation Thomas Seyr : Romain Duris Robert Seyr : Niels Arestrup Fabrice : Jonathan Zaccaï Sami : Gilles Cohen Linh Dan Pham : Miao Lin Aline : Aure Atika Chris : Emmanuelle Devos Minskov : Anton Yakovlev La petite amie de Minskov : Mélanie Laurent Jean-Claude Lother/Why Not Productions Jacques Audiard porte l’un des patronymes les plus signifiants du cinéma français. On ne présente plus son père, Michel Audiard, qui est sans doute le scénariste et le dialoguiste le plus fameux du cinéma français d’après-guerre. Adulé par beaucoup, critiqué par d’autres – qui lui reprochent un fond de pensée souvent un peu misogyne et rance – il ne laisse personne indifférent et peut même se vanter d’avoir fait rentrer son verbe gouailleur et ses mots d’auteur au parler cru dans l’inconscient collectif de la société française. Pour faire entendre une voix personnelle, Jacques Audiard a pris le temps de construire sa place et n’est parvenu à la réalisation qu’après un long parcours professionnel. Il entre dans le monde du cinéma par la voie du montage. En 1976, alors âgé de 24 ans, il est assistant monteur sur Le Locataire de Roman Polanski. Il se tourne ensuite progressivement vers l’écriture scénaristique. Il coécrit avec son père en 1981 le viril et oubliable Professionnel, interprété par Jean-Paul Belmondo, mais surtout Mortelle Randonnée, réalisé par Claude Miller en 1983, polar atmosphérique et sentimental aux confins du fantastique. Les scénarios sur lesquels il travaille durant les années 1980, Poussière d’ange d’Edouard Niermans en 1987 ou Baxter de Jérôme Boivin en 1989, explorent un certain renouveau des codes du polar ; l’intrigue compte moins que la création d’une ambiance désabusée, voire cynique, non dépourvue de pointes d’humour noir. Des débuts raisonnés Ce n’est qu’en 1994, à l’âge de 42 ans, qu’il signe sa première réali- sation. Regarde les hommes tomber se fait vite remarquer par l’origi- nalité de son ton, pessimiste mais sauvé de la noirceur absolue par l’empathie de son regard sur trois hommes au bout du rouleau, un représentant de commerce et deux truands minables. Le film convainc aussi par l’assurance de sa direction d’acteurs – Jean Yanne, Jean-Louis Trintignant et Mathieu Kassovitz – et pose les marques de l’univers de son auteur. Empreint d’une certaine abstraction beckettienne, le film recueille néanmoins un beau succès public et le César du meilleur premier film en 1995. À l’exception de son deuxième long métrage, Un héros très discret (1996), histoire d’un faux héros de la Résistance dans l’immédiat après-guerre, tous les films d’Audiard se situent dans le monde contemporain et mettent en scène des hommes blessés qui doivent effectuer des parcours initiatiques dans des mondes poisseux. Sans être véritablement des films « de genre », ils perpétuent l’esprit de la Série noire en mêlant intrigue policière et observation sociale cinglante. Ils sont souvent coscénarisés par des écrivains de polar, comme Tonino Benacquista pour Sur mes lèvres (2001) et De battre mon cœur s’est arrêté (2005). Combinant succès publics, prix et sélec- tions dans les grands festivals – dont Cannes pour les deux derniers, Un prophète (Grand prix en 2009) et De rouille et d’os (2012) – tous ses films font événement. Jacques Audiard est ainsi l’un des cinéastes français les mieux connus à l’étranger. Un révélateur d’acteurs Si le cinéaste a acquis un tel statut, c’est aussi grâce à la relation particulière qu’il a su établir avec ses acteurs, les révélant à chaque fois sous un nouveau jour. Dans les carrières de Vincent Cassel et d’Emmanuelle Devos, il y a un avant et un après Sur mes lèvres, tant ce polar sentimental a magnifié leur capacité à œuvrer dans un cer- tain transformisme physique et mental. Le succès du Prophète tient aussi à l’émergence d’une nouvelle génération de comédiens, Tahar Rahim, Reda Kateb et Simane Dazi, au départ inconnus et qui ont, depuis, poursuivi de belles carrières jusqu’à l’international. On a ainsi retrouvé Tahar Rahim chez Lou Ye (Love and Bruises, 2011) et Asghar Farhadi (Le Passé, 2013), Reda Kateb chez Kathryn Bigelow (Zero Dark Thirty, 2012) et Slimane Dazi chez Jim Jarmusch (Only Lovers Left Alive, 2013). Dans De battre mon cœur s’est arrêté, c’est la métamorphose de Romain Duris qui retient l’attention. Comédien que le public a vu évoluer, il jouit d’une certaine popularité depuis son premier film, Le Péril jeune de Cédric Klapisch (1994). Entre 1995 et 2005, il a longtemps incarné l’archétype parisien de l’ado- lescent prolongé, naviguant dans une certaine insouciance. Mais De battre… est le film qui le fait accéder à un registre plus mûr. Comme le dit lui-même Jacques Audiard, il fallait « raconter l’histoire de quel- qu’un qui va passer à l’âge adulte en quittant ses derniers oripeaux d’adolescent, et je trouvais que Romain, professionnellement, repré- sentait bien cela »1. En cela, le personnage, l’acteur et – à un autre degré – le réalisateur se retrouvent avec un défi similaire : uploads/Litterature/ de-battre-mon-coeur-s-est-arrete 1 .pdf
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- Publié le Dec 20, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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