ALGÉRIE, ANNÉE 0 ou quand commence la mémoire Dalila Dalléas Bouzar ALGÉRIE, AN

ALGÉRIE, ANNÉE 0 ou quand commence la mémoire Dalila Dalléas Bouzar ALGÉRIE, ANNÉE 0 ou quand commence la mémoire [barzakh] RemeRciements Je tiens à remercier toutes les personnes qui ont permis la réalisation de cet ouvrage. en premier lieu les auteurs, qui ont fait preuve d'une grande générosité ; les éditions barzakh, pour leur engagement ; François Belorgey, grâce à qui l'ex- position de mes dessins a pu se tenir en Algérie, et thierry Perret pour avoir sou- tenu le projet de ce livre en particulier ; l’ambassade de France en Algérie, qui a financé une grande partie de ce projet ; le photographe Jean-Louis Wolff ; et enfin Faika medjahed, Olivier, Aziz et Yamin ainsi que tous les autres… Un remer- ciement spécial à Daho Djerbal, le premier historien algérien à m’avoir parlé de mon histoire et encouragée dans mon entreprise. Je tiens également à rendre hommage à Patrice Barrat, malek Bensmaïl et thierry Leclerc pour leur documentaire « Algérie (s) » (2004), qui est à l'origine de mon travail, présenté ici. DDB Les éditions [barzakh], remercient Kays Djilali et Ahmed saïdi. Ouvrage réalisé avec le soutien de l'institut français d'Alger. traduction du français vers l’anglais : meriem Aoudia. traduction de l’anglais vers le français (textes de Bonaventure soh Bejeng ndikung) : Frédéric Dalléas. © Éditions barzakh, Alger, avril 2012. isbn : 978-9931-325-29-1. Dépôt légal : 1239-2012. sOmmAiRe Préface 9 Preface 10 Histoire BOnAventURe sOh BeJeng nDiKUng De l'imagination des images 13 On the imagination of (non-existent) images 15 hAssAn RemAOUn Dalila Dalléas Bouzar, une artiste dans la cité 20 Dalila Dalléas Bouzar, an artist in the city 22 BOnAventURe sOh BeJeng nDiKUng conflit 26 contemplating mnemonics – an inquiry on the eselsbrücke 28 Résistance AnissA BOUAYeD Apprendre, c’est se souvenir 33 to learn is to remember 38 KAmeL DAOUD L’hôtel « Au-delà & cie » 44 “Beyond & co.” hotel 46 Transcendance FRÉDÉRic DALLÉAs Le retour du réel 55 Return of Reality 59 cLOÉ KORmAn cœur de cible 63 core target 66 Légendes – captions 77 Biographies des auteurs – Authors’ biographies 88 Derrière cette porte cachée, il y a un secret terrible et évident qui te concerne. Ce n’est pas la mort, c’est autre chose que la mort, car la mort tu la connais déjà. Beaucoup de gens m’ont interrogée sur l’intitulé « Algérie, Année 0 ». Pourquoi ce « 0 » ? « 0 » comme commencement ou comme valeur ? Je dirais que c’est un « 0 » qui signifie un commencement à venir ou en train de se faire. est venu le temps de se souvenir. se souvenir pour se reconstruire. Pour être ensemble aussi. La série de dessins qui est montrée dans ce livre est une manière de prendre conscience de mon histoire propre, de notre histoire. ce qui m’a poussée à rechercher des images dans les archives de la guerre d’indépendance algérienne et de la « décennie noire », c’est mon sentiment, très intime, qu’il y avait une absence d’images sur ces deux moments. il me semble que ces deux périodes sont fondatrices de l’Algérie contemporaine. elles sont surtout contemporaines de mon histoire personnelle, que je fais commencer par l’expérience de mon père qui avait vingt ans pen- dant la guerre de Libération. Quant à la « décennie noire », elle a été l’électrochoc m’obligeant à faire cet effort de mémoire. Le fil conducteur est la violence. il s’imposait. en retraitant ces images par le dessin, ce n’est ni un constat, ni un jugement dont je veux rendre compte. Je cherche plutôt à me détacher de cette violence, à la transformer. Je conçois la mémoire comme un fluide en circulation. Une circulation qui pour des raisons diverses peut être empêchée, voire interrompue, engendrant des troubles, des maux qui pertur- bent le développement d’une société. Retrouver la mémoire, la mettre en lumière, c’est permettre à ce fluide de circuler, c’est libérer une énergie. et cet ouvrage participe de ce mouvement. Pour lui donner vie, nous avons demandé à différentes personnes de partager avec nous leur point de vue, leur réflexion, sur les thèmes abordés dans mes dessins. Anissa Bouayed, Fré- déric Dalléas, cloé Korman, Kamel Daoud, hassan Remaoun et Bonaventure soh Bejeng ndikung, nous livrent des textes inédits, puissants, qui donnent une nouvelle ampleur à ce travail très per- sonnel. L’enjeu est que le lecteur, lui aussi, s’engage avec nous dans cette entreprise longue et complexe, à la recherche de notre mémoire, qu’il participe à cette aventure, qu’il chemine avec nous vers la liberté. Dalila Dalléas Bouzar PRÉFAce Behind this hidden door , there is a dreadful but evident secret concerning you. It is not death, but something else, for death you already know. many people asked me why i chose the title “Algérie, Année 0 – Algeria, Year 0”. Why “0”. Does the “0” mean a beginning or is it a value? i say the “0” means the birth of a beginning or one coming into being. the time has come to remember. Remember in order to build ourselves anew. And to be together. the series of drawings reproduced in this book is a way of becoming aware of my own history, of our history. i felt compelled to search for images in the archives of the Algerian inde- pendence War and the “Dark Decade” by the deeply intimate feeling that there was a lack of images of these two moments. it seems to me that these two periods lie at the basis of contem- porary Algeria. in particular they are contemporary with my own history, starting with my father’s experience; he was twenty during the Liberation War. As for the “Dark Decade”, it was the shock treatment forcing me into the effort of memory. the main theme is violence. it was overwhelming. By turning the images into drawings, i am not trying to give a report or a judgement. Rather, i am attempting to withdraw from and transform this violence. i see memory as a circulating fluid. A circulation that, for various reasons, can be inter- rupted, even suspended, giving rise to troubles, evils that perturb the development of a society. Recovering memory, putting it into the limelight, enables the fluid to circulate, it liberates energy. And this book plays its part in the movement. to give it life, we have asked various people to share with us their views and their thoughts on the subjects of my drawings. Anissa Bouayed, Frédéric Dalléas, cloé Korman, Kamel Daoud, hassan Remaoun and Bonaventure soh Bejeng ndikung have provided powerful, formerly unpu- blished texts, which give more ample width to this very personal work. Our bet is that the reader, too, will join us in this drawn-out, complex task of searching our memory, participate in this adventure, and accompany us on our path to freedom. Dalila Dalléas Bouzar HIsToIRE PReFAce Qui ne connaît pas le dicton populaire selon lequel une image en dit plus long à elle seule qu’un millier de mots ? Évidemment, comme il s’agit d’un dicton, qui plus est populaire, on a tendance à ne plus guère prêter attention à ce qu’il nous enseigne. Pourtant, il suffit de médi- ter le sens de ces paroles pour réaliser qu’en effet, quelques images suffisent à raconter cer- taines des histoires qui peuplent nos livres, et plus particulièrement celles qui figurent dans nos livres d’histoire. ce dicton présuppose toutefois deux choses : tout d’abord l’existence d’images, des images qui ont le pouvoir de refléter l’histoire, voire de la contenir, ensuite l’existence de l’histoire, d’une histoire transmise sans tabou et de manière impartiale. mais que se passe-t-il quand aucune de ces deux conditions ne sont réunies ? Quand cer- tains épisodes historiques sont systématiquement évacués de la mémoire d’une société et ne sont par conséquent portés à la connaissance de tous ni par les mots ni par les images ? telle est la situation extrêmement complexe dans laquelle évolue l’artiste Dalila Dalléas Bouzar. née en Algérie (à Oran), elle a grandi en France (à Paris), et partage avec les 713.334 autres Algériens vivant en France et Français d’origine algérienne le singulier destin de se trouver à la croisée des chemins de l’histoire, à ce carrefour où l’agresseur fait face à celui qu’il a agressé, où le colonisateur se tient devant celui qu’il a colonisé. Dans un tel contexte, on a le choix entre deux attitudes : soit on se plie aux circonstances de l’histoire, on oublie le passé et on se projette vers le futur ; soit on regarde derrière soi, pour tenter de comprendre ce qui s’est réellement tramé, afin de se tracer un chemin plus clair vers l’avenir. Dalila Dalléas Bouzar a choisi le second volet de cette alternative. cependant, plus elle s’est efforcée de scruter son passé, plus son histoire lui a semblé som- bre et morose. Plus elle s’est documentée sur l’histoire de ses deux pays, et notamment sur celle de son pays d’origine, plus elle y a repéré de lacunes la rendant incompréhensible. c’est pourquoi, comme on pouvait s’y attendre uploads/Litterature/ dalila-dalleas-bouzar-algerie-annee-0-ou-quand-commence-la-memoire2-pdf.pdf

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