Cours à l’intention d’élèves de 4eme Collège Saint François – Annecy Thème du p
Cours à l’intention d’élèves de 4eme Collège Saint François – Annecy Thème du programme de Français : Informer, s’informer déformer © Tous droits réservés – 2021 La représentation du journal « La vie française » dans Bel ami de Guy de Maupassant Bel ami est une œuvre réaliste considérée comme ouvrage de référence pour qui voudrait comprendre le monde du journalisme, tant celui du XIXe siècle que celui du XXIe. Nous souhaitons savoir, à travers ce sujet, quelle représentation du journal « La vie française » donne Maupassant dans l’œuvre ? Dans les prochaines lignes, nous allons expliquer que l’auteur nous livre un portrait peu flatteur du journal. Tout d’abord, il semble important pour répondre à la problématique d’expliquer que ce journal a été fondé par et pour un homme corrompu et avide d’argent et de pouvoir. En effet, le patron, M. Walter, est décrit dans de nombreux passages de l’œuvre de manière péjorative, et surtout, sa fonction de directeur du journal est directement liée à ses ambitions. « La vie française était avant tout un journal d’argent, le patron étant un homme d’argent à qui la presse et la députation avaient servi de levier. »1 Ce fait est d’autant plus vrai qu’il est illustré par l’exemple, avec la fameuse affaire du Maroc, où M. Walter a appris avant tout le monde une nouvelle politique qui avait le pouvoir de faire exploser les taux de la dette souveraine marocaine. Il a donc acheté de cette dette et s’est servi de son journal pour dévoiler quelques jours plus tard l’information. Au sens de la loi, cela s’appelle un délit d’initié. « L’expédition de Tanger était décidée dès le jour où Laroche a repris le ministère des affaires étrangères, et peu à peu, ils ont racheté tout l’emprunt du Maroc, qui était tombé à soixante-quatre ou cinq francs (…) Et puis maintenant, on va faire l’expédition, l’Etat français garantira la dette, et nos amis auront gagné cinquante ou soixante millions. »2 Pour conclure sur ce personnage, son rapport à l’art est intéressant à analyser, il achète des œuvres d’art non pas pour l’intérêt artistique ou esthétique, mais bien pour la potentielle plus-value qu’elles pourraient lui rapporter, ce qui signifie qu’il n’a aucun attrait pour la 1 Bel ami, édition hatier, texte abrégé p.125, l. 121 2 Bel ami, édition hatier, texte abrégé p.239/240, l.184/198 culture. Les chroniqueurs et critiques littéraires du journal ne sont donc probablement pas au service de la culture générale des lecteurs, mais bien de l’argent, eux aussi. « J’achète des jeunes en ce moment, des tout jeunes, et 180 je les mets en réserve dans les appartements intimes, en attendant le moment où les auteurs seront célèbres. »3 « C’est l’instant d’acheter des tableaux. Les peintres crèvent de faim. Ils n’ont pas le sou, pas le sou… »4 Ensuite, au-delà du portrait de M. Walter, Maupassant nous livre les secrets pour être un bon chef des échos à la vie française dans la partie I, chapitre 6 de l’œuvre, au moment où Georges Duroy vient d’être nommé à ce poste.5 Le narrateur décrit le personnage de Boisrenard, ancien chef des échos, comme étant un homme « loyal », « correct », « méticuleux », « d’une grande loyauté professionnelle », « précieux ». Cependant, au regard des attentes de M. Walter, cela ne correspond pas à ce que devrait être un bon chef des échos. « M. Walter, qui l’appréciait cependant, avait souvent désiré un autre homme pour lui confier les échos »(l.147). Plutôt que les qualités humaines décrites plus haut, il faudrait surtout « lancer des nouvelles », « glisser, l’air de rien, la chose importante », être « toujours en éveil, en garde, méfiant, rusé ». Le champ lexical de la chasse est clairement apparent. (l.165) Ces qualités ne sont pas attribuées à Boisrenard « il manquait surtout de la rouerie native pour pressentir les idées du patron » (l.172) Elles le sont en revanche à Georges Duroy. « Duroy devait faire l’affaire en perfection, et il complétait admirablement la rédaction de cette feuille ». A travers ce portrait des deux personnages, Maupassant oppose les attentes du narrateur aux attentes de M. Walter, et nous permet de comprendre que les qualités morales habituellement attendues dans le monde de l’entreprise, ne le sont pas à la vie française pour convenir au directeur. Enfin, après avoir vu que la vie française est un journal administré par un homme aux valeurs morales peu recommandables, qui attend de ses employés d’être semblables à lui, nous allons voir que la vie française privilégie avant tout le paraître, plutôt que la qualité. Premièrement, la description du journal lors de la première visite de Georges Duroy donne l’impression d’un journal qui cherche à impressionner la population : comparaison « au- dessus de la porte s’étalait, comme un appel, en grandes lettres de feu dessinées par des flammes de gaz : la vie française. » 6 3 Bel ami, Edition Conard, 1910, p. 179 4 Bel ami, Edition Conard, 1910, p. 180 5 Bel ami, édition hatier, étude du passage de « la vie française était… » p.125 à « toutes ces mains différentes » p. 128 6 Bel ami, édition hatier, p.28 l.260 « Duroy monta un escalier luxueux que toute la rue voyait »7 En revanche, jamais le journal n’est décrit comme cherchant à impressionner la population par la qualité intellectuelle de ses écrits. Le paraître est donc confronté à la réalité. Par ailleurs, le passage où Georges Duroy doit se battre en duel est également révélateur. M. Walter, déclara à Georges : « C’est fort ennuyeux pour le journal, pour moi et pour vous. Pas plus que la femme de César, un journaliste ne doit être soupçonné. »8 Ainsi, la vie de Georges Duroy n’est en aucun cas ce qui importe. Le plus important est de défendre l’honneur et l’intérêt du journal, ce qui devrait être, normalement, secondaire comparé à la vie d’un homme. Nous avons donc vu, au cours de ces quelques lignes de développement, que l’image de la vie française donnée par Maupassant est celle d’un journal au service des intérêts privés, omnubiler par la paraître, et que quiconque voudrait servir le journal doit intégrer ses codes afin de convenir aux attentes. L’honnêteté et la loyauté de Boisrenard n’étant absolument pas récompensée. 7 Bel ami, édition hatier, p.29, l.267 8 Bel ami, édition conard, page 203 uploads/Litterature/ cours-la-vie-francaise.pdf
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- Publié le Mar 30, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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