Compréhension de texte. Joachim Du Bellay. Défense et illustration de la langue
Compréhension de texte. Joachim Du Bellay. Défense et illustration de la langue française (1549).I, VIII et IX. « Car il n’y a point de doute que la plus grande part de l’artificence soit contenue en l’imitation, et tout ainsi que ce fut le plus louable aux anciens de bien inventer, aussi est-ce le plus utile de bien imiter, même à ceux dont la langue n’est encore bien copieuse et riche. » 1 Les anciens ont beaucoup appris grâce à l’imitation. 2 Il ne faut pas sous-estimer l’imitation, qui est un procédé admirable qui sert beaucoup. 3 L’imitation est plus importante que l’invention. 4 Il faut copier des langues riches et sophistiquées. Mais entende celui qui voudra imiter, que ce n’est chose facile de bien suivre les vertus d’un bon auteur, et quasi comme se transformer en lui, vu que la nature même aux choses qui paraissent très semblables n’a su tant faire que par quelque note et différence elles ne puissent être discernées. » 1 Il existe toujours une différence, sauf dans le cas des imitations parfaites. 2 Celui qui imite peut bien copier un auteur, il ne parviendra jamais à totalement reproduire son œuvre. 3 Copier un bon auteur est le meilleur moyen de créer. 4 Imiter un auteur, c’est finir par lui devenir identique. « Je dis ceci, parce qu’il y en a beaucoup en toutes langues qui, sans pénétrer aux plus cachées et intérieures parties de l’auteur qu’ils se sont proposé, s’adaptent seulement au premier regard, et, s’amusant à la beauté des mots, perdent la force des choses. » 1 L’imitation est impossible et, par conséquent, inutile. 2 Si l’imitation est un noble exercice il faut cependant éviter la copie superficielle, qui ne fait que se rapprocher d’une œuvre sans la saisir dans son essence. 3 Le plus important, chez un auteur, c’est la beauté des mots dont il se sert. 4 Copier un auteur conduit à le comprendre intégralement. « Et certes, comme ce n’est point chose vicieuse, mais grandement louable, emprunter d’une langue étrangère les sentences et les mots, et les approprier à la sienne, aussi est-ce chose grandement à reprendre, voire odieuse à tout lecteur de libérale nature, voir en une même langue une telle imitation, comme celle d’aucuns savants mêmes, qui s’estiment être des meilleurs, quand plus ils ressemblent à un Heroët ou un Marot. » 1 Copier c’est trahir. 2 L’imitation est une bonne manière d’enrichir une langue. Le problème c’est qu’elle peut rendre l’imitateur faussement savant, arrogant. 3 Les savants n’ont pas besoin de s’inspirer d’autres langu 4 Il ne faut jamais imiter une autre langue. « Je voudrais bien que notre langue fût si riche d’exemples domestiques que n’eussions besoin d’avoir recours aux étrangers. Mais si Virgile et Cicéron se fussent contentés d’imiter ceux de leur langue, qu’auront les Latins outre Ennius ou Lucrèce, outre Crassus ou Antoine ? » 1 Virgile et Cicéron sont les premiers à refuser l’héritage grec. 2 Un bon usage de la langue rend les gens prétentieux. 3 Toute langue contient suffisamment de vocabulaire pour éviter de s’inspirer de langues étrangères. 4 Une langue doit constamment étendre son vocabulaire. Ainsi le recours à d’autres langues est nécessaire pour la formation et le développement d’une langue en particulier. « Quoi donc (dira quelqu’un), veux-tu à l’exemple de ce Marsyas, qui osa comparer sa flûte rustique à la douce lyre d’Apollon, égaler ta langue à la grecque et latine ? Je confesse que les auteurs d’icelles nous ont surmontés en savoir et faconde : ès quelles choses leur a été bien facile de vaincre ceux qui ne répugnaient point. » 1 Le grec et le latin sont des langues prestigieuses. Il est difficile de comparer à toute autre langue. 2 Les auteurs anciens étaient plus cultivés et jouaient de la flûte. 3 La langue grecque et latine sont très difficiles à copier. 4 C’est le Dieu Apollon qui a créé le français. « Mais que par longue et diligente imitation de ceux qui ont occupé les premiers ce que nature n’a pourtant dénié aux autres, nous ne puissions leur succéder aussi bien en cela que nous avions déjà fait en la plus grande part de leurs arts mécaniques, et quelquefois en leur monarchie, je ne le dirai pas ; (...) » 1 2 Il ne faut pas se sentir inférieur à la civilisation grecque ou latine. Au contraire, il est possible de les surpasser dans certains domaines. 3 4 « (...) ; car telle injure ne s’étendrait pas seulement contre les esprits des hommes, mais contre Dieu, qui a donné pour loi inviolable à toute chose créée de ne durer perpétuellement, mais passer sans fin d’un état en l’autre, étant la fin et corruption de l’un, le commencement et génération de l’autre. » 1 2 Les civilisations et les langues, aussi géniales soient-elles, sont faites pour se succéder les unes aux autres. 3 4 Quelle est l’idée générale de ce texte ? 1 2 Admirer et copier les oeuvres gréco-latine est bénéfique, à condition de ne pas en faire un objectif en soi. L’important est d’élaborer et de diffuser sa propre langue. La culture gréco-latine doit être un moyen ; et la fin : parvenir à de nouvelles découvertes et inventions. 3 4 uploads/Litterature/ comprehension-de-texte.pdf
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- Publié le Oct 22, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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