LA MÈRE Sri Aurobindo Ashram Pondichéry Commentaires sur Le Dhammapada Commenta
LA MÈRE Sri Aurobindo Ashram Pondichéry Commentaires sur Le Dhammapada Commentaires sur le dhammapada LA MÈRE Commentaires sur Le Dhammapada Sri Aurobindo Ashram Pondichéry Première édition : 1960 Réimprimé : 1974 Deuxième édition (publiée dans Conversations) : 1970 Troisième édition : 1995 Quatrième édition : 2008 (version PDF) © Sri Aurobindo Ashram Trust 1960, 2008 Publié par l’Ashram de Sri Aurobindo Service des Publications, Pondichéry – 605002 Site Internet : http://www.sabda.in Note de l’éditeur Entre le mois d’août 1957 et le mois de septembre 1958, la Mère faisait chaque semaine une classe aux enfants de l’Ashram, au cours de laquelle elle lisait, puis commentait, quelques versets du Dhammapada, qui constitue en quelque sorte la somme de l’enseignement bouddhique. Nous avons rassemblé ici le texte de ces commentaires, tels qu’ils ont été enregistrés à l’époque. La traduction des stances du Dhammapada, en tête de chaque commentaire, est de Bhâratîdî. La Mère Versets conjugués Chaque vendredi, je vous lirai quelques versets du Dham mapada, puis nous méditerons sur ce texte. C’est pour vous apprendre le contrôle mental. Si je pense que c’est nécessaire, je vous donnerai une explication. Le Dhammapada commence par des versets conjugués ; voici le premier d’entre eux : En toutes choses, l’élément primordial est le mental. Le mental est prédominant. Tout provient du mental. Naturellement, il est question de la vie physique ici, il n’est pas question de l’univers. Si un homme parle ou agit avec un mauvais mental, la souffrance le suit d’aussi près que la roue suit le sabot du bœuf tirant le char. C’est-à-dire que la vie humaine ordinaire, telle qu’elle est dans le monde actuel, est gouvernée par le mental, et, par consé quent, la chose la plus importante est de contrôler son mental ; c’est pourquoi nous allons suivre une discipline graduée, ou « conjuguée » selon l’expression du Dhammapada, pour déve lopper et contrôler notre mental. Il y a quatre mouvements qui sont généralement consécu tifs, mais qui finalement peuvent être simultanés : observer ses pensées, c’est le premier ; surveiller ses pensées, c’est le second ; contrôler ses pensées, c’est le troisième ; et maîtriser ses pensées, c’est le quatrième. Observer, surveiller, contrôler, maîtriser. Tout cela pour se débarrasser d’un mauvais mental, parce qu’il nous est dit que l’homme qui agit et parle avec un 1 mauvais mental est suivi par la souffrance d’aussi près que la roue suit le sabot du bœuf quand il laboure ou tire le char. Telle test notre première méditation. 30 août 1957 En toutes choses, l’élément primordial est le mental. Le mental est prédominant. Tout se fait par le mental. Si un homme parle ou agit avec un mental purifié, le bonheur l’accompagne d’aussi près que son ombre inséparable. C’est la contrepartie de ce que nous avons lu la dernière fois. Le Dhammapada oppose à un mental mauvais un mental purifié. Nous savons déjà qu’il y a quatre stades successifs pour la purification du mental. Un mental purifié, c’est naturellement un mental qui n’accepte aucune pensée mauvaise, et nous avons vu que la maîtrise complète de la pensée, qui est nécessaire pour obtenir ce résultat, est le dernier accomplissement dans les quatre stades dont je vous ai parlé. Le premier, c’est : observer le mental. Ne croyez pas que ce soit chose si facile, parce que, pour observer ses pensées, il faut d’abord se détacher d’elles. Dans l’état ordinaire, l’homme ordinaire ne se distingue pas de ses pensées. Il ne sait même pas qu’il pense. Il pense par habitude. Et si on lui demande subitement : « À quoi penses-tu ? » il n’en sait rien. C’est-à-dire que quatre-vingt-quinze fois sur cent il vous répondra : « Je ne sais pas. » Il y a identification totale entre le mouvement de la pensée et la conscience de l’être. Pour observer la pensée, le premier mouvement est donc de se reculer et de la regarder, de se détacher de ses pensées, que le mouvement de la conscience et celui de la pensée ne soient pas confondus. Ainsi, quand nous disons qu’il faut observer ses pensées, ne croyez pas que ce soit si simple ; c’est un premier pas. Je propose que, ce soir, pendant notre méditation, nous Commentaires sur le Dhammapada 2 fassions ce premier exercice qui consiste à se tenir en arrière de sa pensée et à la regarder. 6 septembre 1957 « Il m’a insulté, il m’a frappé, il m’a humilié, il m’a volé. » Ceux qui nourrissent de telles pensées n’apaisent point leur haine. Le Dhammapada nous a dit tout d’abord que les mauvaises pensées amènent la souffrance et que les bonnes pensées amènent le bonheur. Maintenant, il nous donne des exemples de ce que sont les mauvaises pensées et il nous dit comment éviter la souffrance. Voici le premier exemple, je répète : « Il m’a insulté, il m’a frappé, il m’a humilié, il m’a volé. » Et il ajoute : « Ceux qui nourrissent de telles pensées n’apaisent point leur haine. » Nous avons commencé notre discipline mentale en nous ba sant sur les étapes successives du développement mental et nous avons vu que cette discipline comportait quatre mouvements consécutifs que nous avons ainsi décrits, si vous vous souvenez bien : observer, surveiller, contrôler et maîtriser ; et, lors de la dernière leçon, nous avons appris — je l’espère — à nous détacher de nos pensées afin de pouvoir les observer comme un spectateur attentif. Aujourd’hui, il nous faut apprendre à surveiller ces pensées. D’abord, on les regarde, puis on les surveille. Apprendre à les regarder comme un juge éclairé afin de discerner entre les bonnes et les mauvaises, entre les pensées utiles et celles qui sont nuisibles, entre les pensées constructrices qui mènent à la Victoire et les pensées défaitistes qui nous en éloignent. C’est ce pouvoir de discernement que nous devons acquérir maintenant et qui fera l’objet de notre méditation de ce soir. Comme je vous l’ai dit, le Dhammapada nous donnera des exemples, mais les exemples ne sont que des exemples. Il faut que Versets conjugués 3 nous-mêmes apprenions à discerner les pensées qui sont bonnes de celles qui ne le sont pas, et, pour cela, il faut regarder, j’ai dit comme un juge éclairé, c’est-à-dire avec autant d’impartialité que possible ; c’est l’une des conditions les plus indispensables. 13 septembre 1957 « Il m’a insulté, il m’a frappé, il m’a humilié, il m’a volé. » Ceux qui ne nourrissent pas de telles pensées n’entretiennent pas la haine. Ceci est la contrepartie de ce que nous avons lu l’autre jour, mais notez qu’il n’est question ici que des pensées qui pro duisent le ressentiment. C’est parce que la rancune, avec la jalousie, est l’une des causes les plus répandues de la misère humaine. Mais comment ne pas avoir de rancune ? Un cœur vaste et généreux est certainement le meilleur moyen ; mais ce n’est pas à la portée de tous. Le contrôle de sa pensée peut être d’un emploi plus général. Le contrôle de la pensée est la troisième étape de notre disci pline mentale. Une fois que le juge éclairé de notre conscience aura discerné entre les pensées utiles et les pensées nuisibles, viendra la police intérieure qui ne laissera passer que les pen sées agréées et refusera strictement l’admission à tout élément indésirable. D’un geste magistral, cette police fermera l’entrée à toute pensée mauvaise et la repoussera aussi loin que possible. C’est ce mouvement d’admission et de refus que nous appelons le contrôle de la pensée, et ce sera l’objet de notre méditation ce soir. 20 septembre 1957 Commentaires sur le Dhammapada 4 Car, en vérité, dans ce monde, la haine ne s’apaise pas par la haine ; mais seul l’amour apaise la haine. C’est là une loi éternelle. C’est l’un des versets les plus célèbres du Dhammapada, un de ceux qui sont les plus cités — j’aimerais pouvoir dire les plus obéis dans le monde, malheureusement ce ne serait pas vrai. Car on parle beaucoup de cet enseignement, mais on ne le suit pas. Cependant, il y a un aspect du problème dont on parle moins et qui peut-être semble encore plus urgent si l’on veut que les choses changent dans le monde, quelque chose à quoi l’on pense très peu ; je vais vous surprendre. C’est que, si l’amour doit répondre à la haine pour que le monde puisse changer, ne serait-il pas encore plus naturel que l’amour réponde à l’Amour ? Si l’on regarde comment est la vie, l’action et le cœur des hommes, on pourrait s’étonner à bon droit de toute la haine, le mépris et, au mieux, l’indifférence, qui répondent à cette immensité d’Amour que la Grâce divine répand sur le monde, à cette immensité d’Amour qui agit à chaque seconde sur le monde pour le conduire vers la joie divine, et qui trouve une si pauvre réponse dans le cœur humain. Mais on n’a de compas sion que pour ceux qui sont méchants, incomplets, mal venus, les fruits secs uploads/Litterature/ commentaires-sur-le-dhammapada.pdf
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- Publié le Fev 15, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
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