Chemins perdus, chemins trouvés Boréal C O L L E C T I O N PA P I E R S C O L L

Chemins perdus, chemins trouvés Boréal C O L L E C T I O N PA P I E R S C O L L É S Jacques Brault Les Éditions du Boréal 4447, rue Saint-Denis Montréal (Québec) h2j 2l2 www.edi­ tions­ bo­ real.qc.ca Chemins perdus, chemins trouvés du même auteur Poésie Poèmes des quatre côtés, Éditions du Noroît, 1975. Trois fois passera, Éditions du Noroît, 1981. Au petit matin (en collaboration avec Robert Melançon), L’Hexagone, 1993. Poèmes choisis, Éditions du Noroît, 1996. Au bras des ombres, Éditions du Noroît / Arfuyen, 1997. Transfiguration (en collaboration avec E.D. Blodgett), Éditions du Noroît / BuschekBooks, 1998. Poèmes (Mémoire, 1968; La Poésie ce matin, 1970; L’En dessous l’admirable, 1975; Moments fragiles, 1984; Il n’y a plus de chemin, 1990), Éditions du Noroît, 2000. L’Artisan, Éditions du Noroît, 2006. Prose Trois partitions, Leméac, 1972. Chemin faisant, La Presse, 1975; Boréal, coll. «Papiers collés», 1994. Agonie, Éditions du sentier, 1984; Boréal, 1985; Boréal, coll. «Boréal com- pact», 1993. La Poussière du chemin, Boréal, coll. «Papiers collés», 1989. Ô saisons, ô châteaux, Boréal, coll. «Papiers collés», 1991. Au fond du jardin, Éditions du Noroît, 1996. Dans la nuit du poème, Éditions du Noroît, 2011. Critique Alain Grandbois, Seghers, 1968. Saint-Denys Garneau, Œuvres (en collaboration avec Benoît Lacroix), Presses de l’Université de Montréal, 1970. Jules Laforgue, Que la vie est quotidienne (anthologie), La Différence, 1993. Bernard de Clairvaux (anthologie), Fides, 1999. Traduction L’Apocalypse (en collaboration avec Jean-Pierre Prévost), dans La Bible, Paris, Bayard; Montréal, Médiaspaul, 2001. Cassette audio Poèmes choisis, lus par l’auteur, Éditions du Noroît, 1994. Jacques Brault Chemins perdus, chemins trouvés Essais Boréal collection papiers collés © Les Éditions du Boréal 2012 Dépôt légal: 2e trimestre 2012 Bibliothèque et Archives nationales du Québec Diffusion au Canada: Dimedia Diffusion et distribution en Europe: Volumen Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada Brault, Jacques, 1933- Chemins perdus, chemins trouvés (Collection Papiers collés) Comprend des réf. bibliogr. isbn 978-2-7646-2178-3 1. Littérature québécoise – 20e siècle – Histoire et critique. 2. Poétique. I. Titre. II. Collection: Collection Papiers collés. ps8073.4.b73 2012 c840.9’9714 c2012-940562-0 ps9073.4.b73 2012 isbn papier 978-2-7646-2178-3 isbn pdf 978-2-7646-3178-2 isbn epub 978-2-7646-4178-1 J’ai encore l’espoir de découvrir un jour le sentier qui se révélera être une pure œuvre d’art, un sentier sans but, un sentier créé uniquement afin d’être là. Henning Mankell avant-propos 9 Avant-propos Après Chemin faisant (1975) et La Poussière du chemin (1989), voici le dernier volume de ce qu’on peut considérer comme une trilogie où j’aurai regroupé des essais concernant surtout la littérature, celle que j’ai aimée au point d’apprendre à la prati- quer puis à l’enseigner. Cette littérature, si on me demandait ce qu’à mes yeux elle est devenue, ce qu’elle va devenir, je me contenterais de laisser la réponse à Pierre Michon: «La littérature n’est plus un art majeur.» Oui, mais encore? Je reviendrais alors, pourquoi pas, à Voltaire: «Littérature, ce mot est un de ces termes vagues si fréquents dans toutes les langues.» Je ne trouve pas là une ombre de facilité puisque l’on sait bien que la littérature, si elle finit par se survivre, restera toujours ambiguë dans son exercice et dans ses définitions. Malgré les spéculations philosophiques et certaine jargonnerie universitaire qui tendent à s’assujettir la littérature dans son objet et son intention, il reste que l’usage esthétique du langage s’affirme libre, inutile à toute autre fin que la sienne et même, tout compte fait, injustifiable. Ce qui pour les esprits simplificateurs n’arrange pas les choses. D’au- tant moins qu’au cœur secret de l’écriture littéraire loge, sou- vent à l’insu de l’écrivain, un phénomène presque indiscer- nable: la virtualité de la poésie. Un propos de Roland Giguère me revient en mémoire: «Pour moi, le poète est plus un artiste qu’un écrivain. Le poète façonne un objet, le poème, qui est une image comme peuvent en faire les peintres, les graveurs, les sculpteurs.» On pourrait longuement débattre de cette opinion, et c’est là un signe de sa 10 chemins perdus, chemins trouvés fécondité. Mais le jugement social, de plus en plus, dissocie le «poète» et l’écrivain, ce qui complique la réflexion critique et par contre simplifie le commerce avec les œuvres littéraires; on le constate dans la domination du roman, lequel constitue presque à lui seul la littérature actuellement en vogue. Quant à la «poésie», celle qu’on a constituée en genre littéraire, la pauvre, c’est Cendrillon assignée à l’heure de minuit; elle ne s’amène plus en carrosse doré, plutôt en citrouille évidée. Jean Paulhan n’avait pas tort d’intituler un de ses essais d’une désin- volte clairvoyance: «À demain, la poésie» (1947; déjà…). Mais je ne désire pas ajouter aux nombreux cahiers de doléances contre l’abaissement, sinon le mépris, des valeurs littéraires, ni contre les braderies «poétiques». L’essentiel de l’affaire tient en ce peu de mots: «Si un roman de gare est beau- coup lu, il l’est dans un modèle vaste […] et il est détruit par la lecture» (Alain Rey. C’est moi qui souligne). Il ne faudrait pas fournir un gros effort pour montrer à l’évidence que «faire de la littérature» est une expression péjorative et que l’expression jumelle «faire de la poésie» renvoie subrepticement à une acti- vité navrante et ridicule. Certes, de pareils jugements nous n’ignorons pas la dureté, la pertinence, et nous ne manquons pas de nous gausser des textes inécrits qui prétendent au poème, sans pour autant nous retenir d’accorder nos faveurs au bon marché du tout-venant qualifié de littéraire. Il nous arrive malgré tout d’entrevoir que la poésie n’est pas que langagière, artistique, qu’elle est susceptible de se mani- fester dans notre rapport aux choses concrètes ou abstraites et de transcender l’ordinaire des jours dans la mesure où notre conscience créatrice consent à soigner ainsi les blessures de notre monde. Cette poésie existentielle, accessible à toute bonne volonté imaginative, apparaît comme la référence et la garantie dernières du fait que ce que l’on tient pour «mauvaise poésie» n’est simplement pas poésie mais relève de la mauvaise littérature. Pour me frayer un chemin à travers les décombres d’une littérature en voie de décomposition forcée, j’aimerais posséder avant-propos 11 l’assurance enjouée de Montaigne, l’aïeul des essayistes de tout poil: «Je ne serais pas aussi hardi à parler si je m’attendais à être cru.» Paresse ou timidité, je n’ai pas poussé aussi loin que je l’aurais voulu mes réflexions sur divers sujets qui prêtent encore à confusion. Je pense par exemple au lyrisme (qui n’a rien à voir avec les «sentiments personnels»), à l’aura (subtil au-delà du style), à l’intimisme proprement littéraire. Celui-ci continue à me sembler incompris. Pourquoi les critiques, journalistes et universitaires, les lecteurs de toutes sortes, les commentateurs, professionnels ou d’occasion, fina- lement une notable majorité d’écrivains, réduisent-ils l’in- timisme aux manifestations de la subjectivité la plus élémen- taire et de l’introspection la plus narcissique? L’intimisme littéraire (l’adjectif ici demeure primordial) ne concorde pas avec l’expression d’un soi hypertrophié, présumé transpa- rent à une conscience omnisciente, non, c’est plutôt — et problématiquement — l’interrogation de cela qui est là, l’éton- nement infini devant le théâtre du monde dont on est par- tie prenante. À quel titre et à quelle fin (s’il y a une fin)? Et ça passe, ce quoi/pourquoi, par de petits chemins, sentiers pierreux ou herbeux, ça va sans prévoir «là où l’on retourne écouter le vent comme en son enfance» et là «où l’on a une sépulture à soigner.» Enfance et sépulture réelles ou phantas- mées, ou les deux à la fois, peu importe. Qu’ajouter aux justes paroles de Gabrielle Roy? Rien, sinon que l’intimisme littéraire n’est pas une doctrine, encore moins une mode. C’est le pro- duit d’une écriture tonale, une sélection affective parmi les modulations du langage tout entière tournée vers l’énigme de l’autre, laquelle inclut la complémentarité du je et du monde extérieur. Hélas ou tant mieux, je ne saurais trancher, je reste sur ma faim à l’égard de mes propres propos. L’art de l’essai n’atteint ultimement qu’à la suggestion. Non pas qu’il se défile, s’esquive, fuit la difficulté; il a choisi de toucher en passant et sans appuyer, de ne pas s’arrêter ni surtout de s’établir. En somme, il chemine, à la fois écolier et vagabond, naïf et rusé, moqueur, 12 chemins perdus, chemins trouvés mélancolique, perdu de finitude, éperdu d’infini, espérant tou- jours que plus tard, peut-être… Pareillement à des aspects importants de la littérature qui devraient être examinés plus à fond, l’œuvre des écrivains dont je me suis occupé mériterait d’être relue et commentée de façon moins succinte. Ainsi en va-t-il pour deux amis chers, décédés en 2011: Robert Marteau (le 16 mai) et Jean-Pierre Issenhuth (le 7 juin). Sans préjuger d’éventuelles publications posthumes, je crois que ces écrivains ont, chacun à sa manière, réalisé une œuvre exemplaire qui me laisse espérer que notre littérature nous survivra malgré tout. Admirable traducteur de Gerard Manley Hopkins, maître prosateur, Jean-Pierre Issenhuth a aussi écrit de beaux poèmes sobres et mystérieux en plus de se livrer à la critique où uploads/Litterature/ chemins-perdus-chemins-trouves-jacques-brault.pdf

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