Formation REP+ Apprentissage de la lecture : appréhender les difficultés des él

Formation REP+ Apprentissage de la lecture : appréhender les difficultés des élèves pour mieux les anticiper et accompagner les progrès de chacun Meaux-Villenoy – 2015-16 Page 1 « Le Petit Chaperon Rouge » Dans Un conte peut en cacher un autre Roald Dah (auteur), Quentin Blake (illustrateur), Anne Krief (traductrice). Poche, Folio Cadet, 2003 Quand le loup sentit des tiraillements Et que de manger il était grand temps, Il alla trouver Mère-Grand. Dès qu’elle eut ouvert, elle reconnut 5 Le sourire narquois et les dents pointues. Le loup demanda : « Puis-je entrer ? » La grand-mère avait grand-peur. « Il va, se dit-elle, me dévorer sur l’heure ! » La pauvre femme avait raison : 10 Le loup affamé l’avala tout rond. Mais la grand-mère était coriace. « C’est peu, dit le loup faisant la grimace, C’est à peine s’il m’a semblé Avoir eu quelque chose à manger ! » 15 Il fit le tour de la cuisine en glapissant : « Il faut que j’en reprenne absolument ! » Puis il ajouta d’un air effrayant : « Je vais donc attendre ici un moment Que le Petit Chaperon Rouge revienne 20 Des bois où pour l’instant elle se promène. » (Un loup a beau avoir de mauvaises manières, Il n’avait pas mangé les habits de la grand-mère !) Il mit son manteau, coiffa son chapeau, Enfila sa paire de godillots, 25 Se frisa les cheveux au fer Et s’installa dans le fauteuil de grand-mère. Quand Chaperon Rouge arriva, essoufflée, Elle trouva grand-mère plutôt changée : « Que tu as de grandes oreilles, Mère-Grand ! 30 - C’est pour mieux t’écouter, mon enfant, - Que tu as de grands yeux, Mère-Grand ! - C’est pour mieux te voir, mon enfant ! » Derrière les lunettes de Mère-Grand, Le loup la regardait en souriant, 35 « Je vais, pensait-il, manger cette enfant. Ce sera une chair plus tendre que la Mère-Grand ; Après les merles, un peu secs, des ortolans ! » Mais le Petit Chaperon Rouge déclara : « Grand-mère, Tu as un manteau de fourrure du tonnerre ! 40 - Ce n’est pas dans le texte ! dit le loup. Attends… Tu devrais dire : « Comme tu as de grandes dents ! » Enfin… peu importe ce que tu me dis ou non, C’est moi qui vais te manger, de toute façon ! » La petite fille sourit, puis, battant des paupières, 45 De son pantalon, sortit un revolver. C’est à la tête qu’elle visa le loup, Et Bang ! L’étendit raide mort d’un coup. Quelque temps après, dans la forêt, Chaperon Rouge j’ai rencontré. 50 Quelle transformation ! Adieu rouge manteau ! Adieu ridicule petit chapeau ! « Salut ! me dit-elle, regarde donc, s’il te plait, Mon manteau en loup, comme il est croquignolet ! » Formation REP+ Apprentissage de la lecture : appréhender les difficultés des élèves pour mieux les anticiper et accompagner les progrès de chacun Meaux-Villenoy – 2015-16 Page 2 Le petit Chaperon rouge, est l'un des 6 contes écrits par Roald Dahl dans : « Un conte peut en cacher un autre » (illustré par Quentin Blake, Gallimard jeunesse, Folio Cadet) Spécificités de ce texte Le conte du Petit Chaperon rouge, issu de la culture orale populaire en a révélé la diversité à travers les nombreuses variantes dont il a fait l'objet1. Il est entré dans notre patrimoine littéraire européen, dans notre « culture commune », depuis que Charles Perrault (fin du XVIIe siècle) et les frères Grimm (début du XIXe siècle) en ont diffusé des versions écrites offrant pour l'une une fin tragique, pour l'autre une fin heureuse. Si l'on se situe dans la culture populaire, les contes de Roald Dahl pourront être considérés comme certaines des nombreuses variantes des histoires contées, si l'on se réfère aux textes véhiculés par la culture commune transmise à l'école, on parlera de « contes détournés » : un conte peut donc « en cacher un autre ». Le conte, en tant que genre, appartient à toutes les cultures, il se transmet de génération en génération, il voyage à travers le temps et l'espace et se transforme au contact des cultures qui se l'approprient. Roald Dahl choisit ici de modifier dans un humour noir et incisif, le caractère et le destin de Chaperon rouge. Les particularités de ce conte :  Il est court, écrit en vers et emprunte sa syntaxe au genre poétique.  L'auteur joue avec les registres de langue, le vocabulaire et les expressions sont tantôt recherchés tantôt familiers ou désuets. Certains mots ne font pas partie du vocabulaire habituel des élèves (narquois, tiraillements, godillots, croquignolet, « du tonnerre », ortolans, « battre des paupières »)  La dénomination des personnages et les formulettes sont empruntées aux contes de Perrault et des frères Grimm.  Dans la version de Roald Dahl, il n'y a ni mère, ni panier, ni galette ni pot de beurre, ni chasseur. L'épisode de la rencontre avec le loup dans la forêt est gommé.  L'auteur nous promène dans l'histoire en adoptant le point de vue du loup, décrivant ses pensées, ses émotions, ses ressentis physiques, ses actes, nous introduisant quasiment dans « la peau du personnage », tournant toute notre attention vers ce dernier. Aucun mot pour décrire explicitement les émotions de Chaperon, seules ses actions sont mentionnées. C'est dans ce décalage et la rupture avec une fin attendue, que réside en grande partie l'humour de ce texte.  Le conte débute et se déroule en un lieu principal : la maison de Mère-Grand (lieu qui n'est pas explicitement nommé)  Le lecteur entre de plain pied dans la tragédie : la grand-mère n'échappe pas à son destin, elle est avalée tout rond par un loup affamé qui n'est pas rassasié et attend Chaperon qui se promène dans les bois.  « La forêt » est évoquée à deux reprises : à cette occasion, mais aussi dans l'épilogue, théâtre d'une rencontre entre Chaperon et l'auteur-narrateur qui s'immisce dans l'histoire et en devient l'un des personnages.  C'est dans un fauteuil que le loup s'installe, non dans un lit.  La chute est brutale : les échanges entre le loup et la fillette s'enchaînent rituellement comme dans les contes traditionnels reconnus par la culture scolaire, jusqu'au moment où Chaperon change le cours de sa destinée : elle modifie une réplique, bat des paupières et abat le loup d'un coup de révolver. L'héroïne s'avère moins naïve que dans la version de Perrault, le lecteur découvrira même une tueuse en série s'il lit le conte suivant : Les trois petits cochons. La compréhension de ce texte nécessite la connaissance du/des conte(s) traditionnel(s) pour effectuer les inférences de liaison indispensables à une représentation mentale cohérente de l'histoire, pour en savourer l'écriture, la chute et l'humour noir. Ce Chaperon « déluré » et autonome s'inscrit dans les réécritures actuelles du conte et incite à une mise en réseau. Fabienne Dachet CPCAIEN Meaux-Villenoy 1 Certaines sont citées dans l'article d'Yvonne Verdier : « Grand- mères si vous saviez…Le petit Chaperon rouge dans la tradition orale » publié dans Les cahiers de la littérature orale, IV , 1978 Formation REP+ Apprentissage de la lecture : appréhender les difficultés des élèves pour mieux les anticiper et accompagner les progrès de chacun Meaux-Villenoy – 2015-16 Page 3 Texte de Roal DAHL : Le petit chaperon rouge Analyse du texte effectuée par les enseignants en formation 1) Quelles difficultés pour les élèves ? quelles particularités de ce texte? - Temps de conjugaison (passé simple) - Constructions syntaxiques - Forme (présentation du texte //poésie, fable ; procédés stylistiques) ; - Dialogues - Inférences - Aspect culturel (connaissances antérieures), figure du loup (archétype) patrimoine culturel (carence), - Ruptures intra texte ; écarts / éléments du conte originel - Situation d’énonciation (place du narrateur, entre dans l’histoire à la fin du texte) - Vocabulaire : mots inhabituels…. - Interprétations erronées : Ecueils possibles : : compréhension en îlots (rupture dans l’enchainement des représentations mentales) – Flexibilité nécessaire pour parvenir à une compréhension globale du texte. Métacognition. [Des obstacles qui n’en sont pas : (affirmation vérifiée à l’issue de plusieurs séances d’apprentissage de la compréhension consacrées à ce texte. Séances menées en REP+) Le vocabulaire : Il n’est pas nécessaire de connaître les mots rares de ce texte pour faire les inférences nécessaires à une compréhension générale. Le recours au contexte et certains indices peuvent mettre les élèves sur la voie (ex : paire de godillots au moment du travestissement du loup). La définition de mots comme ortolan, peut-être donnée aux élèves. La connaissance de ces mots favorise la création d’inférences d’élaboration ; ces inférences enrichissent les représentations mentales mais ne font pas obstacle à la compréhension du texte (cf annexe). Face à un texte ardu syntaxiquement et pour éviter un déchiffrage laborieux qui occulterait les objectifs d’apprentissage de la compréhension, on peut recourir à une lecture magistrale complète ou partielle, ou à une appropriation individuelle suivie d’une lecture expressive uploads/Litterature/ chaperon-rouge-analyse.pdf

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