1 Première épreuve de composition – Proposition de corrigé Sujet : Exposé d’une
1 Première épreuve de composition – Proposition de corrigé Sujet : Exposé d’une réflexion sur « la crue d’information et le rapport au savoir » appuyée sur un texte de Pierre Lévy extrait de « Cyberculture, rapport au Conseil de l’Europe » (1998) Premiers éléments d’observation. Le Texte est ancien mais a connu un écho important lors de sa publication. Il faut donc prendre de la distance par rapport au texte pour en faire un bilan et notamment un bilan de ce qu’est devenu le web. La forte présence du préfixe cyber est un élément notable de cette période dont Pierre Lévy fut un des premiers analystes et n’en déplaise à certains, un des plus clairvoyants et certainement parmi les plus stimulants intellectuellement. D’ailleurs la plupart des thèmes abordés sont encore plus nettement en débat actuellement. Notamment, l’idée d’un web en flux. Cyber renvoie à la science du contrôle, à la cybernétique, à la question du gouvernail. Le cyberespace est un terme créé par l’auteur de SF, William Gibson dans « Neuromancien ». Le vocable de cyberculture, terme moins en vogue actuellement, mérite aussi un arrêt. Il est difficile de lui donner une définition précise tant il y a sans doute de cybercultures. Il faut néanmoins rappeler qu’elle est aussi une des préfigurations de la culture de l’information actuelle si on se rapporte au texte de Claude Baltz1. On retrouve beaucoup de métaphores propres à l’imaginaire de l’Internet et du web ainsi qu’aux mythes qui peuvent l’être associés. Ici, c’est surtout l’idée du déluge, et de la nécessaire sélection et évaluation des informations qui circulent. Sur cet aspect, les futurs professeurs-documentalistes ne peuvent qu’être avertis. Plus de 10 ans après, cette nécessité s’est accentuée du fait des infopollutions. De même, cette inaccessibilité du tout n’est autre que la terrible révélation de l’impossible projet de Paul Otlet. On retrouve aussi des thématiques bien actuelles notamment autour de la question des savoirs et de l’encyclopédie, mais également en ce qui concerne l’utilité des réseaux sociaux et la critique faite par Pierre Lévy de l’opposition simpliste entre réel et virtuel. De même, il effectue une critique des addictions que l’on prête de plus en plus à ces dispositifs. On y trouve l’idée de permanence de la lecture dont les potentialités s’élargissent. Ce point qui apparaît à la fin du texte était un élément clef à souligner pour des candidats à l’enseignement. Enfin, l’intérêt de Pierre Lévy est de montrer qu’au travers de cette articulation entre individus et techniques, réseaux, se nouent des éléments de développement des individus, des groupes 1 Claude BALTZ « Une culture pour la société de l'information ? Position théorique, définition, enjeux » Documentaliste. Vol.35 n°2, 1998, p. 75-82. p.78 2 d’individus et de création de savoirs. Sur ces aspects, il évoque d’ailleurs bien plus qu’un anonymat du web, un système de mise en relation basé sur des identifications. Méthodologie : Le commentaire de texte ici se situe clairement dans le champ des sciences de l’information et de la communication. Par conséquent, des connaissances dans ces domaines sont requises et doivent être démontrées. Toutefois, la discipline étant par essence un carrefour, il ne s’agit pas de demeurer dans des références estampillées « SIC ». Le commentaire ne doit pas évidement trop coller au texte. Il faut donc être capable de s’en détacher sans pour autant transformer l’exercice en pure dissertation. Il ne s’agit pas non plus d’un commentaire de texte tel qu’il peut s’effectuer en histoire. Toutefois, des éléments de similitude existent d’autant plus dans le cas présent qu’un travail important de situation historique du document est nécessaire. Il est donc opportun pour les candidats de développer leurs connaissances historiques en ce qui concerne l’histoire des techniques de l’information et de la documentation et de se pencher également sur l’épistémologie de la science de l’information. Le travail nécessite principalement la capacité à dégager les idées forces du texte pour en proposer une lecture argumentée, construite et personnelle. Il s’agit d’un exercice critique qui doit démontrer une capacité à se situer, à comprendre les problématiques soulevées. Le candidat doit conserver à l’esprit qu’il se place en tant que professeur-documentaliste potentiel. Par conséquent, son regard doit l’amener à placer sa démonstration sous un angle qui exprime un point de vue de formateur et plus particulièrement d’enseignant dans les domaines de l’information et de la documentation. Cela signifie qu’il n’est nullement question ici de présenter une stricte opinion personnelle mais bien plus une construction étayée, expurgée de poncifs ou de réflexions simplistes qui ne sauraient être celles d’un futur professionnel. Le texte proposé ici n’est qu’un exemple. Il n’y a jamais de modèle à suivre. Le texte de Pierre Lévy est suffisamment riche pour que divers points de vue puissent être exploités. Plan possible : 1. Quels savoirs face aux infopollutions ? 1.1 Flux et infopollutions 1.2 La fin du rêve du Paul Otlet. De l’accès à l’évaluation de l’information Transition sur l’encyclopédisme 2. Quelles formes de savoirs ? 2.1 Encyclopédisme numérique 2.2 Autorité versus popularité Transition : culture technique et cyberculture 3. Formation, transformation et permanence 3 3.1 Cultures en réseaux 3.2 Formation et permanence du texte. Afin de proposer une lecture agréable, nous avons marqué plus nettement que vous ne devez le faire, les différentes parties. Commentaire proposé. Introduction L’intelligence collective est devenue actuellement une expression tout au plus banale et parfois difficile à cerner clairement. Pierre Lévy2 est le créateur de ce terme qu’il a développé dans un ouvrage éponyme où il montrait les potentialités de nouvelles applications pour parvenir à développer de nouvelles collaborations et créations collectives. Pierre Lévy est professeur de philosophie, docteur en sociologie et habilité en information communication, et travaille actuellement sur les développements de l’intelligence collective autour d’un nouveau langage IEML. Dans ce texte, extrait d’un rapport écrit en 1998 à la demande du conseil de l’Europe sur les possibilités offertes par le multimédia, Pierre Lévy fait état de nouveaux modes de circulations de savoirs. Le rapport mentionne l’existence d’une cyberculture pour qualifier les évolutions à l’œuvre ainsi que leur influence sur la construction des savoirs et la formation des identités culturelles. Le préfixe cyber, fortement en vogue à la fin des années 1990, renvoie étymologiquement au gouvernail, et à la question du contrôle dont la science fut évidemment la cybernétique dont Norbert Wiener fut un des principaux représentants. L’examen de ce texte nous permet d’effectuer un bilan de qu’est devenu le web, qualifié par Lévy ici de cyberespace, terme créé par l’auteur de Science fiction, William Gibson dans son fameux « Neuromancien » dans les années 80. Les propos de Lévy ne sont donc pas exempts d’imaginaires qui ont longtemps accompagné la somme des discours sur le web, ce qu’à notamment bien montré Patrice Flichy3. Il convient cependant de noter que les constats de Pierre Lévy en 1998 sont toujours valables actuellement et que les questions qu’il soulève ont pris une importance bien plus conséquente du fait de l’augmentation sans précédent du nombre d’internautes. La masse des données qui circulent accroît cette impression de déluge et l’internaute se voit contraint de séparer le bon grain de l’ivraie. Ce passage de l’accès de l’information à son évaluation interroge sur la construction des savoirs et sa transmission à l’heure des technologies du numérique. Il convient de rappeler que l’information, la connaissance et le savoir ne sont pas des concepts équivalents même si l’information par sa nature polysémique peut parfois regrouper divers aspects. L’information pouvant être de type « données » (data), de type journalistique (news) ou comme permettant d’accéder au savoir (Knowledge). La connaissance étant un élément personnel peut être mobilisée tandis que le savoir se rapporte davantage à une construction collective et légitimée scientifiquement et institutionnellement. 2 Sur Pierre Lévy. Biographie de Pierre Lévy. IEML<http://www.ieml.org/spip.php?article28&lang=fr> 3 FLICHY, Patrice.. L'imaginaire d'Internet (p. 272). La Découverte, 2001 4 Nous procéderons en décrivant d’emblée l’évolution des savoirs face aux diverses infopollutions puis en montrant les nouvelles formes du savoir qui s’esquissent via le numérique. Nous terminerons par un examen des enjeux autour de la formation des individus et la permanence de certaines notions et l’importance de la lecture ou de la littératie. Première partie Pierre Lévy montre que les méthodes et les mécanismes de production de savoirs ne peuvent demeurer les mêmes avec les « nouvelles technologies ». Il affirmait que le déluge informationnel ne connaîtrait pas de décrue. Nous ne pouvons que constater ce phénomène lié à un nombre croissant d’internautes diffusant volontairement ou non une somme de données d’importance toujours plus grande. Les plateformes issues du phénomène du web 2.0 ont accru la masse de données disponibles en ligne. Si nous prenons le cas de la plateforme de vidéos en ligne Youtube, c’est l’équivalent de 24 heures de vidéo qui sont ainsi mises en ligne par minute4. Cependant, parmi cette masse disponible, ne figure pas nécessairement des éléments de connaissance, mais une diversité de données et d’informations dont l’intérêt est parfois faible et renforce le sentiment d’ « infobésité » devant les difficultés à trier les uploads/Litterature/ capes-2011-annale-0-ep-1-corrige-le-deuff.pdf
Documents similaires










-
48
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Jui 18, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
- Taille du fichier 0.5770MB