1 HOMERE : L'ILIADE ET L'ODYSSEE, ETC. LES CROYANCES ET LES PRATIQUES DE THEURG
1 HOMERE : L'ILIADE ET L'ODYSSEE, ETC. LES CROYANCES ET LES PRATIQUES DE THEURGIE ET DE GOETIE EXPOSEES PRECEDEMMENT SE RETROUVENT DANS LES PLUS ANCIENS AUTEURS DE L'ANTIQUITE. A l'exposé si incomplet des croyances religieuses de l'antiquité, à ce qui vient d'être dit sur la théurgie et la goétie, il serait bon de joindre divers passages pris dans différents auteurs de l'antiquité et chez plusieurs peuples. Mais cette tâ- che n'entre pas dans ce plan : à la rigueur, un seul peuple et un seul auteur suffisent, ces croyances et ces prati- ques étant à peu près les mêmes partout. Cette nation, si on veut, ce sera la Grèce ; cet auteur, ce sera Homère. Les Grecs ont reçu leurs doctrines des Phéniciens, des Thraces, des Égyptiens. Orphée, chez eux, fonda les mystères ; Cé- crops leur apporta la sagesse égyptienne ; Cadmus le premier érigea chez eux des autels. Les Grecs avaient déjà leurs pratiques superstitieuses, telles que divinations, oracles, etc. ; ils consultaient le chêne de Dodone, ils avaient enfin ce merveilleux qu'on voit même aujourd'hui chez les peuples les plus sauvages ; mais ces législateurs coordonnèrent les croyances, réglèrent le culte, et apportèrent la notion d'un Dieu premier principe... Citer ces croyances et ces pratiques chez les Grecs, c'est citer ce qu'on croyait et, ce qu'on pratiquait chez les vieux peuples dont ils furent les disciples. Mille ans avant notre ère, Homère a composé un ouvrage immortel, que ce soit un poème contenant des fictions, peu nous importe s'il transmet les croyances du temps, les mœurs, les superstitions. Ouvrons l'Iliade et l'Odyssée, nous y verrons toutes les croyances des Grecs, citées avec plus de détails qu'on n'a droit de l'attendre d'un auteur qui n'en parle que par occasion, ouvrons-les, dis-je, et nous y trouverons les oracles, les présages, la nécromancie, les diverses divinations, les prodiges qui présagent les événements dirigés par les dieux, les songes, le pouvoir de transformer, de causer des maladies et de guérir par des charmes. La faculté de se rendre invisible, l'enthou- siasme prophétique, le don de prédire qu'on observe quelquefois chez les mourants, l'augurie, la magie malfai- sante, la magie bienfaisante, la magie prestigieuse, toutes ces choses que nous ferons remarquer dans les livres sa- crés des Hébreux, que nous retrouverions chez les anciens sages d'Égypte et de Chaldée, qu'on verra aux époques his- toriques chez les Grecs et chez les Romains et parmi les peuples modernes ; tout cela, dis-je, est dans l'Iliade et l'Odyssée1. Ainsi, depuis une longue suite de siècles avant notre ère, les Grecs consultaient les augures et les songes. Achille dit : consultons un augure ou même un interprète des songes, car ils sont envoyés par Jupiter. Calchas est consulté, pour qu'il fasse connaître la cause du courroux d'Apollon ; mais le devin, qui connaît le passé, le présent et l'avenir, hésite de répondre ; il serait forcé d'accuser Agamemnon... Ce courroux est excité, non par la gravité d'un crime, mais par la prière de Chrysès, prêtre d'Apollon. Ce dieu, l'ayant exaucé, afflige les Grecs d'une épidémie qui ne cessera qu'après avoir immolé une hécatombe et renvoyé Chryséïs. (Iliade, I.) Bien des siècles avant notre ère on pensait donc qu'un prêtre pouvait obtenir des dieux qu'ils châtiassent les coupables2. On croyait aux présages, aux prodiges... Le même devin interpréta celui-ci : on avait vu un dragon, le dos marqué de sang, dévorer des passereaux et paraître soudain pétrifié. (Iliade, II.) Les songes annonçaient l'avenir. Homère nomme le vieil Eurydamas interprète des songes, qui avait négligé d'inter- préter ceux de ses fils avant le combat (Iliade, V, 149, 150. Le devin Hélénus, inspire par Apollon et Pallas, engage Hector à provoquer au combat le plus vaillant des Grecs, en lui assurant qu'il ne succombera pas dans l'action. Les dieux apparaissent alors sous la forme de deux vautours pour en- courager le guerrier qui accepte cet heureux présage. (Iliade, VII.) A cette époque, le tonnerre, comme il le fut chez les Étrusques, était un présage. Plusieurs fois Jupiter tonnant sur le mont Ida, Hector y vit un signe de la victoire. Cependant il devait succomber, car le destin, plus puissant que Jupiter, l'avait décrété ; le héros a lancé sur Achille un trait inutile, que son bouclier divin (enchanté) a repoussé. Déiphobe appa- raît à côté d'Hector, ce dernier lui demande sa lance ; hélas ! Déiphobe n'était qu'un fantôme trompeur, dont l'apparition présageait le trépas d'Hector. Les dieux ont fasciné ses yeux..., vaincu bientôt et mortellement frappé, il fait cette prédic- tion : Pâris, s'écrie-t-il, avec l'aide d'Apollon renversera un jour mon impitoyable vainqueur près des portes Scées. (Iliade, XXII). Dans ce passage se voient, deux croyances, que le temps n'a pu détruire. Les mourants obtiennent parfois le don de prédire, et souvent l'apparition d'un spectre a été le présage d'une mort prochaine3. On trouve même dans Homère des exemples d'incrédulité qui prouvent qu'elle est de tous les temps : Halitherse, ha- bile devin par le vol des oiseaux, prédisait un malheur terrible aux amants de Pénélope ; l'un d'eux, Enrymaque, lui ré- pond : va, vieillard, va prophétiser à tes enfants... Ton oracle va être anéanti par le mien... Que d'oiseaux voltigent sous le soleil, sont-ils tous des interprètes certains de nos destinées ? (Odyssée, II.) Circé, par ses enchantements domptait les animaux les plus féroces ; sous l'influence de sa baguette et d'un breu- vage magique, les compagnons d'Ulysse furent métamorphosés en pourceaux ; ils en eurent la tête, la forme et la voix, ils devinrent comme eux hérissés de soie... Cependant ils se reconnaissaient : à cet égard seulement la métamorphose n'était pas complète. Ainsi captifs, ils déploraient leur malheureux sort qu'Ulysse n'évita qu'en recevant de Mercure une plante qui neutralisa les enchantements de Circé. C'est en vain qu'il a bu le fatal breuvage, que Circé l'a frappé de sa ba- guette, Ulysse a conservé sa figure et sa forme. Son protecteur lui avait indiqué un secret pour désenchanter ses compa- gnons, c'était de se précipiter sur Circé en feignant de vouloir l'immoler, alors non-seulement il évite lui-même la trans- 1 Et l'on fait étudier cette pourriture dans les écoles depuis longtemps et encore aujourd'hui dans les écoles de la Tradi- tion. Quelle folie ! Ne soyons pas surpris que la grâce ne passe pas. Les travaux de Bizouard sont fondamentaux. 2 La malédiction ou excommunication remonte à l'origine du Monde. Caïn fut maudit après le meurtre d'Abel. L'excommu- nication livre aux puissances infernales ; c'est la traditio Satanæ des Actes des Apôtres. On la voit dans toutes les reli- gions, et les peuples mêmes ressentent l'excommunication lancée contre leur souverain. 3 Patrocle mourant prédit à Hector que le destin a décidé qu'il tomberait bientôt sous le fer d'Achille (Iliade, XVI). 2 formation, mais il obtient que ses guerriers recouvreront leur première forme, ce qui eut lieu par l'onction d'une huile ma- gique. (Odyssée, X.) On fera de suite observer que cette métamorphose, dans la pensée du poète, appartenait à l'art magique; que ce se- rait une erreur grave de l'attribuer à l'effet des charmes naturels de Circé ou du vin, qui, bu avec excès, assimile l'homme à un animal immonde. La croyance aux transformations est trop constante chez les anciens pour qu'on doive recourir à l'allégorie ; ils en ont la voix, dit Homère, ils en ont la forme, ils sont même comme eux hérissés de soie… Cette descrip- tion n'est pas le portrait d'hommes ivres ; ceux-ci ne se connaissent plus, et les premiers se reconnaissaient en déplorant leur sort. La manière dont Ulysse obtint le désenchantement de ses guerriers, et l'évita pour son propre compte, vient corroborer ce sentiment. Voici donc un exemple de transformations d'une haute antiquité ; on y voit encore qu'à cette époque, comme chez les modernes, les menaces étaient un préservatif contre les charmes ou en détruisaient l'effets. Après cet exemple de transformation, on en trouve un de nécromancie. Ulysse veut évoquer l'ombre de Tirésias et s'adresse à Circé, qui, n'étant pas une nécromancienne, lui conseille d'aller à l'extrémité des mers consulter ceux qui évoquent les mânes ; comme elle sait commander aux vents, le navire d'Ulysse, abandonné au souffle de Borée, vogue en suivant une route inconnue avec une vitesse prodigieuse, jusqu'à l'entrée des enfers1. On voit souvent dans Homère les dieux prendre un corps fantastique, et combattre pour les mortels. Achille ayant fait une prière à Jupiter, Pallas et Neptune, sous forme humaine, viennent le soutenir dans son combat et lui promettent qu'il ne succombera point sous l'effort du dieu du fleuve Xanthe. (Iliade, XXI.) Les dieux accordaient quelquefois la faculté d'être invisible. Hector allait succomber si Apollon, au moyen d'un nuage, ne l'eût rendu invisible aux regards d'Achille. (Iliade, XX, 444.) C'est ainsi que, sans être vu, Ulysse traversa la ville des Phéaciens. Il en admira les murailles, les places, et arriva jusqu'au palais d'Alcinoüs. Ce ne fut qu'en embrassant les genoux de la Reine que le charme cessa. (Odyssée, VII) Avant l'époque chantée par uploads/Litterature/ bizouard-iliade-odyssee-pdf.pdf
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- Publié le Jui 06, 2022
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