R. Bazin : Rose Harel, la Servante-Poète Normande 1826-1885 (1903) BAZIN, Raymo

R. Bazin : Rose Harel, la Servante-Poète Normande 1826-1885 (1903) BAZIN, Raymond (1866-19..) : Rose Harel, la Servante-Poète Normande 1826-1885.- Pont-L'Evêque : R. Percepied, 1903.- 68 p. ; 22 cm. Saisie du texte : S. Pestel pour la collection électronique de la Médiathèque André Malraux de Lisieux (13. VI.2007) Texte relu par : A. Guézou Adresse : Médiathèque André Malraux, B.P. 27216, 14107 Lisieux cedex -Tél. : 02.31.48.41.00.- Fax : 02.31.48.41.01 Courriel : mediatheque@ville-lisieux.fr, [Olivier Bogros] obogros@ville-lisieux.fr http://www.bmlisieux.com/ Diffusion libre et gratuite (freeware) Orthographe et graphie conservées. Texte établi sur l'exemplaire de la Médiathèque (Bm Lx : Norm 254) Rose Harel, la Servante-Poète Normande 1826-1885 par Raymond Bazin ~*~ Cette Etude couronnée par la Société Littéraire et Artistique La Pomme en 1902, (médaille d’argent) a paru inédite dans le Journal l’Eclaireur de Dieppe, les 27 septembre, Ier, 4, 8 et 11 Octobre 1902. ROSE HAREL __ SA VIE - SES OEUVRES Rose HAREL, naquit à Bellou (Orne), le 9 avril 1826 ; son père était inconnu et sa mère une pauvre servante illettrée. La petite Rose, frèle et délicate comme la belle fleur dont elle portait le nom, fut élevée un peu à « la diable », et, toute jeune encore, on lui fit apprendre le métier de tisserande ou toilière, sa santé fragile ne lui permettant pas de se livrer comme ses camarades, aux rudes travaux des champs. Rose se lassa bientôt de cette existence monotone, elle éprouvait le besoin de s’instruire et quelques amis obligeants lui apprirent enfin à déchiffrer des lettres et à griffonner des mots. On raconte sur elle une anecdote charmante, que Mme de Besneray, dont il sera parlé plus loin dans cette étude, http://www.bmlisieux.com/normandie/rbazin01.htm (1 sur 25) [16/01/08 20:08:32] R. Bazin : Rose Harel, la Servante-Poète Normande 1826-1885 (1903) a relatée dans son éloge de la servante-poète. Un jour, elle trouve dans un grenier un vieux bouquin aux feuillets abimés et dont la reliure est dans un pitoyable état ; elle parcourt ce livre informe et croit deviner dans les quelques pages entrevues, des choses qui peuvent charmer son esprit ; elle s’empare de ce trésor ; elle en recoud les feuillets épars et lui fait une reliure au moyen d’un vieux morceau de tablier hors d’usage ; puis, dans sa mansarde, elle cache le livre, arraché comme par miracle à la voracité des rats et des souris, et il se trouve que ce nouvel ami est tout simplement un Télémaque, oublié depuis des années dans ce grenier perdu ! Oh ! comme elle va s’instruire, la vaillante fille ; elle veut savoir maintenant, elle veut apprendre….. Le poète normand Adolphe Bordes, dans sa jolie préface du premier volume de Rose Harel, fait une peinture saisissante de son enfance : « Cette pauvre fille du peuple, qui pour toute instruction apprit à lire, à écrire et prier Dieu, est digne du vif intérêt qui s’attache à elle ; d’une conduite irréprochable, bonne pour sa mère, qu’elle soutient du fruit de son travail, elle ne paraît pas comprendre tout ce qu’elle vaut…. ; son âme est ouverte à toutes les beautés de la nature, son coeur aux sentiments les plus généreux. » Rose Harel se plaça d’abord comme servante à Vimoutiers, puis à Lisieux ; elle alla ensuite à Pont-l’Evêque, où elle entra en qualité de demoiselle de magasin chez un libraire ; elle s’employa aussi pendant quelques années dans cette ville comme couturière en journées ; enfin, elle se plaça à Lisieux, où elle habita jusqu’à sa mort. C’est à Pont-l’Evêque qu’elle fit la connaissance du poète Adolphe Bordes, membre de la Société des Gens de lettres et de l’Académie de Caen, qui l’encouragea dans ses essais poètiques, l’aida de ses conseils et s’occupa avec un grand dévouement de rassembler ses premières poèsies ; il les réunit dans un volume, L’Alouette aux Blés, dont il écrivit la préface et qu’il fit éditer au moyen d’une souscription publique. Adolphe Bordes, qui était conservateur des hypothèques à Pont-l’Evêque, avait deviné chez Rose Harel une nature d’élite et, s’intéressant à ses débuts littéraires, il l’avait encouragée dans cette voie qui devait rendre immortel plus tard le talent naissant de la servante-poète. Il a dédié à sa soeur en poésie, comme il l’appelait, une pièce de vers intitulée Souvenir qui figure dans un de ses volumes, paru en 1862 ; dans cette ballade, il rappelle à Rose Harel leur première rencontre et il lui dit : « Oh ! laissez-moi vous appeler ma soeur, Rose, ma douce fleur De poésie ! » La première édition de L’Alouette aux Blés, parue en 1863, fut rapidement épuisée et suivie d’une seconde édition, considérablement augmentée, qui parut chez l’éditeur Le Doyen, au Palais Royal, en 1865. Dans la biographie d’Adolphe Bordes par Victor Advielle (1868) on lit à la page 22 : « Nous ajouterons à ces indications bibliographiques qu’Adolphe Bordes recueillit, mit en ordre, corrigea et fit imprimer les poésies de Rose Harel, servante à Lisieux ; grâce à son généreux concours, les oeuvres de Rose Harel eurent un certain retentissement. » Après avoir présenté Rose au public et retracé discrètement la part prise par lui à l’édition du livre, Adolphe Bordes adressait un chaleureux merci aux souscripteurs et terminait sa préface en ces termes : http://www.bmlisieux.com/normandie/rbazin01.htm (2 sur 25) [16/01/08 20:08:32] R. Bazin : Rose Harel, la Servante-Poète Normande 1826-1885 (1903) « Le Dieu qui l’inspirait lui a dit : Marche ! et la pauvre fille a été droit devant elle ; elle a marché, volé de ses propres ailes, chanté comme les oiseaux des campagnes qui l’ont vu naître. ………………………………………………………………………………………………………………………. Sa taille est moyenne, mais bien prise ; sa tête rayonne d’une belle intelligence ; par moments, ses yeux lancent des éclairs. Telle est, en quelques mots, cette Rose Harel qui, depuis quelque temps, jouit du privilège d’éveiller l’intérêt public à un si haut degré. Mais la plus belle part d’elle-même ne se révèlera qu’à la lecture de ses poésies. » * * * L’auteur de cette étude, s’il n’écoutait que les sentiments d’admiration qu’il éprouve pour les oeuvres de Rose Harel, se laisserait entraîner à reproduire une grande partie de ses beaux vers, afin de les rappeler au souvenir de ceux qui n’ont pas la bonne fortune de les posséder. Mais ces reproductions ne seraient alors qu’une vulgaire copie ; l’auteur se bornera donc à citer quelques vers de la servante-poète, en donnant son appréciation personnelle sur ces poésies ; ce sera le complément de cette étude qui restera ce qu’elle doit être en somme : le récit de la vie de Rose Harel et l’éloge de ses oeuvres. * * * « J’ai vécu bien longtemps pauvre, mais sans orgueil, Dans un humble réduit dont je chéris le seuil ; Hélas ! je dus un jour quitter ma solitude. Il me fallait du pain !.... la dure servitude M’en offrait, j’acceptai : mais Dieu, qu’il est amer ! Il faut, pour l’obtenir, traîner un joug de fer…. Et, quand mon coeur blessé pousse un cri de détresse Que j’élève la voix dans un chant de tristesse, On se parle tout bas ; on commente et l’on dit : Elle est folle, orgueilleuse et veut jouer l’esprit ! » ………………………………................................ Ce sont les premiers vers de L’Alouette aux Blés ; c’est un chant mélancolique qui résume toute la vie de Rose Harel : la pièce dont ils sont extraits ne porte pas de titre. Ces vers qui datent de 1858 sont comme un appel douloureux adressé par la servante-poète à ceux qui peuvent comprendre la désespérance de son âme ! « Quand on vous le dira, répondez : je l’ai vue ! Son désir est de vivre ignorée, inconnue ; C’est une fantaisie étrange du destin, D’avoir près d’un fuseau, mis un luth dans sa main, Quand, d’en tirer des sons la douleur l’eût forcée L’on a crié tout haut qu’elle était insensée ; Non ; elle est malheureuse et son chant, comme un pleur Monte, avec un sanglot, des plis cachés du coeur ; Nul ne connaît son mal et nul ne la console ; http://www.bmlisieux.com/normandie/rbazin01.htm (3 sur 25) [16/01/08 20:08:32] R. Bazin : Rose Harel, la Servante-Poète Normande 1826-1885 (1903) Elle est bien triste, hélas ! mais elle n’est pas folle ! ……………………………………………………… Comme cette poésie dépeint bien les souffrances intimes endurées par Rose Harel ! C’est le reflet exact de son coeur ; ces quelques vers, dont deux lignes sont gravées sur son tombeau, resteront à travers les âges comme le résumé poétique de l’histoire de sa vie. L’Alouette aux Blés est le recueil des premiers chants de la pauvre servante ; dans cet écrin, où tant de jolies choses sont groupées, il est difficile de faire un choix, car Rose a célébré bien des sujets divers ; pourtant, il en est qui se distinguent de l’ensemble par leur véritable originalité et leur valeur prosodique ; c’est là le côté curieux de l’oeuvre de Rose Harel, de cette fille des champs qui, connaissant à uploads/Litterature/ bazin-rose-harel-servante-poete.pdf

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