www.comptoirlitteraire.com André Durand présente Michel TOURNIER (France) (1924
www.comptoirlitteraire.com André Durand présente Michel TOURNIER (France) (1924-) Au fil de sa biographie s’inscrivent ses œuvres qui sont résumées et commentées (surtout ‘’Vendredi ou les limbes du Pacifique’’, ‘’Le roi des aulnes’’, ‘’Le nain rouge’’). Bonne lecture ! 1 Né en 1924 à Paris, il fit des études à Saint-Germain-en-Laye puis, en pension, chez les pères à Alençon. Ensuite, il suivit des cours de lettres et de droit (il est titulaire d’une double licence), obtint un D.E.S. de philosophie à la Sorbonne (avec Bachelard). Il étudia l’allemand à l’université de Tübingen, l'ethnologie auprès de Claude Lévi-Strauss au Musée de l'homme. Germaniste (comme ses parents, l’Allemagne étant pour lui une terre d’élection, ce qui fut tragique au temps de l’Occupation) et philosophe, il rata l'agrégation de philosophie, et, déçu dans son désir d’enseigner cette matière, devint, en 1949, traducteur, producteur et réalisateur à la R.T.F. puis journaliste à Europe 1, directeur des services littéraires aux éditions Plon de 1958 à 1968. Il décida alors de devenir romancier pour s’attacher à «faire servir à la chose littéraire ce qu(’il) savai(t) de philosophie», pour trouver un passage entre la philosophie et le roman par le recours à de grands mythes toujours vivants. Il prétend avoir alors eu des «velléités pseudonymiques» : «À la veille de publier mon premier livre, j'ai fait mine de vouloir reprendre le nom de l'une de mes arrière-grands- mères qui s'appelait Anus. C'était pure provocation de ma part, et d'ailleurs personne n'a voulu me prendre au sérieux.» Puis, en septembre 1966, alors que son premier roman devait paraître en mars 1967, il voulut prendre «le nom d'un gros bourg, Brasparts, près de la montagne Saint-Michel» : «Il m'avait paru d'autant plus sympathique que je voulais conserver mon prénom, Michel. Je rencontre alors Roland Laudenbach, que je connaissais depuis longtemps et qui dirigeait les éditions de La Table ronde, sises à proximité. Nous échangeons quelques propos. Je lui dis que je vais enfin me décider à publier quelque chose et je lui donne une idée de mon ‘’Vendredi’’. Puis j'ajoute : ‘’Ah, mais il faut que vous sachiez qu'il paraîtra sous un pseudonyme. Oui, j'ai décidé de m'appeler Michel Brasparts.’’ / Le résultat est foudroyant. Je le vois se figer, blêmir, me fixer avec une espèce d'horreur. Qu'avais-je dit, bon Dieu ! Il finit par prononcer d'une voix blanche : ‘’Comment ! vous ne savez pas que j'ai publié une œuvre sous ce nom !’’ Cette fois, c'était moi qui étais anéanti. Je ne sais plus ce que j'ai bafouillé. Laudenbach m'a tourné le dos, et je crois bien que je ne l'ai plus revu. Mais je n'ai fait qu'un saut chez Gallimard pour indiquer que, décidément, je publierais sous le nom de Tournier.» Ce fut : __________________________________________________________________________________ “Vendredi ou les limbes du Pacifique” (1967) Roman de 250 pages «Il y a en vous un organisateur. Il lutte contre un univers en désordre qu’il s’efforce de maîtriser avec des moyens de fortune. Il semble y parvenir mais n’oublions pas que ce démiurge est aussi bateleur : son oeuvre est illusion. Malheureusement, il l’ignore. le scepticisme n’est pas son fort». Dans un texte. liminaire, tout l’avenir de Robinson Crusoé, jeune Anglais qui est parti tenter fortune dans le Nouveau Monde, est deviné dans les cartes d'un tarot, le 29 septembre 1759, par le capitaine de "la Virginie” sur laquelle il avait embarqué à Lima, en route vers le sud. Mais la tempête fait rage et le bateau est soudain brutalement immobilisé. Robinson se réveille sur une plage, non loin de l’épave de “la Virginie". Partant en exploration, il découvre qu'il est seul sur cet îlot. D’abord convaincu qu’un secours ne peut tarder à arriver, il laisse un feu allumé en permanence et se contente de contempler la mer au point d’avoir peur de perdre l’esprit. Décidant alors de construire un bateau, il ramène de l'épave des vivres, des outils, un fusil, quarante tonneaux de poudre noire et, surtout, une bible. Après avoir trouvé un secours moral dans la lecture du chapitre du déluge et de l'arche, Robinson entreprend, pour rejoindre le Chili, la construction d’un bateau qu’il appelle “L’évasion”. Mais, au moment où il est presque achevé, il se rend compte qu’il lui sera impossible de le mettre à flot à cause de son poids. L’échec lamentable de cette tentative le laisse découragé, et, renonçant alors à toute activité, se repliant sur lui-même, il préfère rester vautré dans la vase d'une souille, ayant bientôt perdu son caractère humain par «la rupture de quelque petit ressort de son âme». Il constate que, sans les autres, son regard se désagrège et que, privée de ce regard, la pensée s’émiette, morceau par morceau : «Est-ce que je vois vraiment ce que je vois ou est-ce que je rêve?» La perception de soi 2 prend elle-même des allures de mirage mouvant : «Qui suis-je? Les autres ont toujours été les balises de mon individualité. Est-ce que j’existe vraiment?» Il faut qu’il soit victime d'une forte hallucination, celle d'un navire passant au large, pour qu'il décide de se détourner de la mer et de s’intéresser désormais à l’île. «Robinson consacr(e) les semaines qui suiv(ent) à l'exploration méthodique de l’île et au recensement de ses ressources». Ayant trouvé le moyen d'écrire, il décide de composer un «log-book» pour y consigner ses réflexions. Il inaugure un calendrier, dresse une carte de l’île et lui donne le nom de «Speranza» car elle a la forme d'une femme. Semant des grains de blé et domestiquant des chèvres, il passe «du stade de la cueillette et de la chasse à celui de l’agriculture et de I’élevage». Mais il ne perd pas le sentiment d'être «orphelin de l'humanité» et, dans des moments de désespoir, il cède encore à la tentation de la souille. Dans le «log-book», il affirme sa volonté d'imposer à Speranza un ordre moral «contre son ordre naturel». Il connaît bientôt le bonheur d'une première moisson, mais il prend la décision de n’en rien consommer, de «thésauriser» en vue de la production suivante. «Dès lors Robinson s’appliqu(e) à vivre de rien tout en travaillant à une exploitation intense des ressources de l’île». L'arrivée de Tenn, le chien de "la Virginie”, lui prouve qu'il est redevenu un homme. Il se construit une maison et mesure le temps avec une sorte de clepsydre. «Le jour 1000 de son calendrier», Robinson entreprend de composer une «Charte de l'île de Speranza» (il se nomme gouverneur, s’oblige à parler pour entretenir cette faculté, s'impose une discipline corporelle, respecte des préceptes religieux) ainsi qu'un «Code pénal» (il prévoit des châtiments, s'interdit la souille, etc.). Alerté par un filet de fumée, il découvre... une quarantaine d'Indiens Araucans qu'il sait hostiles à l'homme blanc. Une sorcière est en train de procéder à un rite qui aboutit à un sacrifice humain. Ils disparaissent, mais Robinson déclare l'île «place fortifiée» et reste vigilant, trouvant beaucoup de «bienfait moral et physique» dans cette excitation. Après la deuxième récolte, il s’offre «la joie de se faire du pain» et de retrouver ainsi «la communauté humaine perdue». «L'organisation frénétique de l’île» n'empêche pas «la présence sauvage et indomptée de la nature tropicale et, à l'intérieur, le travail d'érosion de la solitude sur son âme d’homme civilisé» : il tombe «sans cesse dans des superstitions ou des perplexités», il soupçonne «ses sens de le tromper». Obsédé par la solitude à laquelle il croit avoir été voué dès son enfance, il trouve qu'il en est «défiguré» : n'est-il pas incapable de répondre au sourire que Tenn lui fait? Il se rend compte que les réflexions de son «log-book» sont de la philosophie. Un jour que la clepsydre s'est arrêtée, il constate qu'il peut interrompre son activité sans céder à la tentation de la souille, mais il préfère retourner vite à ses tâches. Refaisant cette expérience, il se sent attiré par la grotte qui se trouve au centre de Speranza qu'il considère alors comme une femme. En se glissant au fin fond dans un alvéole, il peut y loger exactement son corps recroquevillé et, dans cette «éternité heureuse», il se sent comme un foetus dans un utérus. Il constate ensuite dans le «log-book» que, comme la souille, la grotte le ramène vers son passé, vers l'innocence perdue de l'enfance. Cependant, l’île fournit moins de récoltes, moins d'eau, etc.; elle s’épuise dans «cette vocation maternelle monstrueuse qu'il lui impos(e)». Aussi renonce-t-il à cette «régression» et, pour «assumer virilement (s)on destin», il se lance dans des «travaux gigantesques» pour «transformer en rizières les marécages». Mais il n’en faut pas moins que le désir sexuel soit satisfait : il essaie alors «la voie végétale», faisant l'amour avec le tronc d'un arbre abattu jusqu’au jour où, piqué par une araignée, il s'en détourne, trouvant à cet accident «une signification morale indéniable». Robinson a terminé l’organisation de la rizière, mais, premier signe d'une métamorphose, «la vanité de son oeuvre lui apparaît», car il n'a pas besoin de tout ce qu'il produit, et il a la tentation de tout détruire. Poursuivant son uploads/Litterature/ balzac-illusions-perdues.pdf
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