Auteur: Nadia BIROUK ( Lycée Derfoufi - Agadir) Esquisse d’analyse : d’une pièc
Auteur: Nadia BIROUK ( Lycée Derfoufi - Agadir) Esquisse d’analyse : d’une pièce théâtrale rénovée Antigone de JEAN ANOUILH I. Le rôle du prologue dans une tragédie moderne a. Prologue ou scène d’exposition Le prologue dans la tragédie moderne joue le rôle de la scène d’exposition au théâtre classique et le rôle de la préface à la fois. Dans le prologue d’Antigone de JEAN ANOUILH, il y a des indications scéniques qui signalent le décor et sa nature : il ne s’agit pas d’un décor fabuleux comme c’est le cas au théâtre classique, mais d’un décor neutre sans fantasmes. Les indications signalent aussi les activités des personnages qui sont regroupés sur scène : ceux qui bavardent, ceux qui tricotent ou qui jouent aux cartes. Une chose inattendue au début d’une tragédie. Le prologue débute par une présentation immédiate des protagonistes : une présentation qui montre que les personnages sont artificiels. Dans un style familier est ordinaire, le prologue trace un tableau vivant en montrant les protagonistes du doigt : ceux qui vont jouer sur scène et qui vont déclencher l’action. Les présentatifs ’’voilà’’ ’’c’est’’ sont très utilisés, ainsi que les démonstratifs ’’ce garçon pâle’’, ’’cet homme’’. La présentation faite par le prologue détermine les personnages et leurs rôles : « Elle s’appelle Antigone et il va falloir qu’elle joue son rôle jusqu’’ au bout… » (p.10) Le prologue présente déjà les personnages, leurs caractéristiques et leur rôle : Les protagonistes Caractéristiques Rôles Antigone Maigre, petite, elle regarde droit devant elle, noiraude, renfermée, personne ne la prenait au sérieux Antigone va surgir soudain, et se dresser seule en face au monde, seule face au Créon. Elle va mourir. Créon Robuste, aux cheveux blancs, il médite. Il a pris la place d’Œdipe et ses fils. Le roi de THEBES Ismène Bavarde, rit de nous tous, blonde, belle, heureuse. Sœur d’Antigone Hémon Il aime la danse, la réussite, sensuel comme Ismène. Le fils de Créon et le fiancé d’Antigone. Il va mourir. Eurydice La vieille dame qui tricote. La femme de Créon. Elle va mourir. Le Messager Garçon pâle. Il viendra annoncer la mort d’Hémon. La Nourrice ----------------------- Elever les deux filles. Les gardes Trois hommes rougeauds qui jouent aux cartes. Ils vont tuer les accusés tout-à- l’heure. b. Les anachronismes La volonté de choquer le lecteur réel que nous sommes a amené Jean Anouilh, à exploiter l’anachronisme tout d’abord dans le texte lui- même. Nous sommes surpris par la présence du décor neutre et moderne de la scène, par la présence du ’’café’’, que La Nourrice apporte à Antigone, du ’’tricot’’ d’Eurydice, de la ’’cigarette’’ qui avait allumé Polynice, etc. L’anachronisme, veut montrer que le héros mythique est de tous les temps, comme il renforce le message de l’œuvre. En outre il illustre la modernisation et la rénovation du mythe. Notons que l’anachronisme également actualise le mythe et le modernise. Dans ce prologue nous avons un système anachronique dans la mesure où l’auteur ou plutôt l’orateur nous parle des rôles que les personnages vont jouer tout en se précipitant sur leurs parcours narratif en signalant leur fin tragique et leurs activités peu propres à l’époque. D’abord, il précise la fatalité de l’existence d’Antigone qui ne devait jamais avoir lieu. Comme il annonce la mort d’Hémon puisqu’il ne devait pas y avoir de mari d’Antigone. Ce jeu sur le temps marque la tournure tragique des actes d’Antigone. Cette dernière est guidée par son sort tragique, elle devait mourir malgré son innocence, puisque l’Histoire ne peut être corrigée et ne peut pardonner personne. Les lecteurs-spectateurs sont concernés et impliqués dans ce prologue artificiel au décor neutre, voire moderne. Cet anachronisme a pour but de mettre en relief le rôle d’Antigone. La personne qui veut parler très fort et tenir tête à Créon. La fille maigre et noiraude qui a osé dire ’’Non’’ à voix haute malgré ses origines et malgré ses particularités génétiques. Les personnages semblent modernes et peu propres aux personnages classiques qui émanent de La tragédie telle qu’elle est conçue. II. L’insoumission/ La révolte/ La solitude L’insoumission, la révolte, la solitude sont les caractéristiques d’Antigone : héroïne solitaire, qui trace quelques aspects du héros tragique traditionnel, distingué par son audace et sa force. Sauf qu’ici, Antigone est seule face au danger. Elle va réagir seule contre la volonté de Créon même sa sœur Ismène ne peut prendre sa défense. Pendant les premières scènes d’Antigone (La pièce théâtrale), plusieurs questions surgissent à travers la conversation des deux sœurs : Faut-il réfléchir avant d’agir ?ou il vaut mieux ne pas le faire ? Antigone dit dans l’une de ses répliques : « Il y a des fois où il ne faut pas trop réfléchir. » (p.24) Antigone ne veut plus écouter la raison, elle veut sortir de son coin pour parler ; s’exprimer, faire pour la première fois, ce qu’elle lui semble bon à faire et non ce qu’elle doit faire. Antigone n’est plus la soumise d’autrefois, elle se révolte, elle se rebelle sans comprendre pourquoi et sans chercher à le comprendre. Comprendre pour Antigone est une stratégie pour donner raison à des choses insensées et illogiques : « Comprendre dit-elle (…) Il fallait comprendre qu’on ne peut pas toucher à l’eau, à la belle eau fuyante et froide, parce que cela mouille les dalles. A la terre parce que cela tache les robes… » (p.26) a. Le poids de la fatalité A travers le dialogue impossible entre les deux sœurs, nous constatons qu’Antigone veut supporter, voire porter toute seule le poids de la fatalité. Elle exprime ainsi sa révolte sans penser aux risques qu’elle va prendre. Ismène au contraire, a peur de l’humiliation, de la souffrance et de la mort. Le jeu de l’aînée et la cadette relate la sagesse d’Ismène, qui veut essayer d’étouffer la colère et l’impétuosité d’Antigone, qui refuse de céder aux conseils de sa sœur. Antigone veut tenir tête à Créon, à tout le monde en prenant en défi la puissance du pouvoir et le poids de la fatalité. III. Le rôle des mythes antiques dans les tragédies modernes « L’Antigone de Sophocle, lue et relue et que je connaissais par cœur depuis toujours, à été un choc soudain pendant la guerre(…) Je l’ai réécrite à ma façon, avec la résonance de la tragédie que nous étions alors en train de vivre. » Jean Anouilh Jean Anouilh ici évoque le drame de la guerre mondiale, il trouve que le mythe d’Antigone peut très bien illustrer cette tragédie moderne. La mort, le sang, les cadavres, les décombres : un choc que seule la littérature peut mettre en lumière. Créon symbolise cette force insensée des plus forts, qui écrasent les faibles. Cette guerre dévastatrice et incroyable qui tue tout le monde sans raison. Antigone symbolise les pacifistes qui sont contre ce drame et qui meurent malgré tout, car personne ne s’occupe de leurs pensées. En effet, c’est le pouvoir et la force qui commandent. Jean Anouilh a écrit cette pièce pour incarner un débat d’actualité : La guerre, cette machine de la mort qui écrase tout le monde. Antigone relate également le conflit entre les générations. En effet, chaque temps à son Antigone… a. La réécriture du mythe dans la tragédie moderne La tirade de Créon où il répond à Antigone (p.76-77) relate la réécriture d’un mythe ancien celui d’Œdipe dans la tragédie moderne. La tragédie du pouvoir excessif, qui entraîne tout le monde sans raison. Les conflits des générations, la révolution contre l’injustice… Créon est contre ceux qui le prennent en défi. Comme tous les tyrans, il ne peut supporter qu’on lui tienne tête. Pour lui Antigone et son père Œdipe méritent la mort, car ils sont des sottes personnes qui ne raisonnent point. Pourtant, Créon a voulu calmer Antigone puisqu’il est son oncle après tout : « Les rois ont d’autre chose à faire que du pathétique personnel, ma petite fille. (Il a été à elle, il lui prend le bras). » Cette didascalie montre que Créon veut étouffer la révolte d’Antigone, qu’il cherche à calmer le jeu : « Thèbes en a besoin plus de ta mort, je te l’assure. Dit-il. N’oublie pas que c’est moi qui t’ai fait cadeau de ta première poupée, il n’y a pas si longtemps.» Pourtant, cette stratégie pathétique n’aura pas de l’effet sur Antigone puisqu’elle va refuser de céder à ces tentatives (Aux tentatives de Créon.) I. La fonction actantielle des personnages : Créon et Antigone Sujets Objet de la quête Adjuvants Opposants Destinateur Antigone Bonheur absolu, idéal Hémon Sa volonté et son courage Créon Les gardes Ismène, La Foule Enterrer son frère Créon Bonheur Prosaïque La Foule, les gardes, Ismène Antigone Hémon Faire étouffer la révolte ordinaire Ismène Et sa femme vers la fin de la pièce. d’Antigone Antigone va entrer en conflit avec Créon toute seule. Seule face à Créon, elle va essayer de s’exprimer pour la première fois, afin de montrer l’absurde d’exister, de croire à un bonheur possible ou de céder au pouvoir. Les deux protagonistes Créon et uploads/Litterature/ article 3 .pdf
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- Publié le Mar 25, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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