Corrigés 1 Andromaque de Jean Racine Séquence I. Pour guider votre analyse A. L
Corrigés 1 Andromaque de Jean Racine Séquence I. Pour guider votre analyse A. Les relations d’amour 1) Pour décrire la relation de Pyrrhus à Andromaque, Pylade reprend le lieu commun des flammes de l’amour : « ses feux ont éclaté » (vers 108). Cela anticipe la vérité nue exprimée en trois syllabes « Il l’aime. » (vers 109), reprise par le mot « amour » au vers suivant. À la fin de la tirade, Andromaque est désignée comme l’objet de son amour : « punir ce qu’il aime. » (vers 122). 2) Oreste utilise lui aussi le vocabulaire de l’amour pour parler d’Hermione : « l’ardeur » (vers 93) et les « feux » (vers 95) précèdent la révélation crue, mise en valeur au début du vers 99 : « J’aime. » Il dit deux fois son dessein de l’enlever, aux vers 94 et 99-100. Il est prêt à tout puisqu’il se déclare insensible aux « périls les plus grands ». En se vouant à sa passion, il se « livre en aveugle au destin » (vers 98) et parle déjà de « mourir » au vers 100, même si c’est une mort relative. 3) La jalousie d’Oreste s’exprime à la fin de sa réplique. Il y a d’abord l’impatience marquée par deux questions successives aux vers 103-104. Dans ces deux vers, on note une opposition très nette entre la première personne, Oreste, avec le possessif « mon » et les deux pronoms personnels « me », face à la troisième personne qui représente Pyrrhus : « Me rendra-t-il, Pylade, un bien qu’il m’a ravi ? » Dans ce vers, c’est le vocabulaire du vol ou du rapt qui est employé avec le verbe « ravir » utilisé ici au sens de « ravisseur ». B. La complexité de ces relations 1) Astyanax est l’objet d’un chantage. Oreste rappelle d’abord dans les vers 91-92 qu’il est venu pour livrer Astyanax aux Grecs. L’enjeu politique est souligné avec le mot « États ». Ensuite, Pyrrhus en fait l’objet d’un chantage vis-à-vis d’Andromaque aux vers 112-113 : « De son fils (…) il menace la tête ». L’objet est bien de l’ordre du chantage : « Pour fléchir sa captive. » On comprend que l’arrivée d’Oreste va donner un sens politique à ce qui n’était auparavant qu’un chantage affectif. 2) On note de nombreuses antithèses : « amour/haine » (vers 110), « couler des pleurs/qu’aussitôt il arrête » (vers 114), « amour/rage » (vers 118) et surtout « épouser/punir » et « hait/aime » (vers 122). 3) Pylade se sert de ces antithèses pour montrer le caractère extrême et inconstant de Pyrrhus. Il souligne le paradoxe de son attitude envers Andromaque tantôt menacée, tantôt séduite, ainsi que vis-à-vis d’Hermione : tantôt il n’en paraît pas flatté (vers 107), tantôt il revient « sous ses lois » (vers 116). C’est ce que soulignent les vers 120 et 121 dans leur deuxième hémistiche : « si peu maître de lui / dans ce désordre extrême ». Ici se marque une nouveauté de la tragédie racinienne : faire paraître un caractère « constamment inconstant ». C. Une scène d’exposition de tragédie 1) La tirade d’Oreste se termine par deux questions sur le roi chez qui il vient d’arriver. Le lecteur comprend qu’il s’agit d’un personnage principal, car ces questions sont liées à de la passion. Pylade, au contraire, répond uniquement avec des phrases déclaratives et informe Oreste : il est dans le rôle du confident qui écoute la passion de son protagoniste et le renseigne. 2) Le vers 98 semble écrit pour exprimer toute la tragédie : « Je me livre en aveugle au destin qui m’entraîne. » La nouveauté est ici l’apparente passivité du personnage devant la fatalité, alors que chez Corneille le héros était l’acteur de son destin. Le verbe « entraîner » exprime dans ce vers l’aspect inéluctable de la fatalité propre à la tragédie dans la Grèce ancienne et qui est réactualisé par Racine. 3) Pour amorcer le suspens de la pièce, il y a deux grandes zones d’incertitude qui tiennent au caractère changeant de Pyrrhus : comment va-t-il recevoir l’ambassade d’Oreste ? Qui va-t-il choisir entre Hermione et Andromaque ? C’est pourquoi les antithèses de la tirade de Pylade ont une fonction dramatique importante ; elles lancent le suspens de la pièce. III. À vous d’écrire Écriture d’invention Il faudra être attentif aux points suivants : • La clarté de l’exposition de la situation amoureuse : Oreste aime Hermione qui aime Pyrrhus qui aime Andromaque, sans retour. • La clarté des enjeux autour d’Astyanax. • L’expression d’un vrai dialogue de théâtre dans lequel Pyrrhus exprime la passion qui l’anime, alors que Phœnix est plus neutre dans le rapport qu’il fait à Pyrrhus. Séance 1 Pyrrhus selon Pylade Corrigés 2 Andromaque de Jean Racine Séquence I. Pour guider votre analyse A. L’avancement de l’intrigue 1) Dans ce passage, la contrainte exercée par Pyrrhus sur Andromaque et son fils est exprimée par le verbe « souffrir » dont le sujet est à la deuxième personne : « Puisqu’une fois le jour vous souffrez que je voie / [mon fils] » (vers 261). Racine rappelle donc que tous deux sont au pouvoir du roi d’Épire. Par ailleurs, la première phrase de Pyrrhus le pose en amoureux d’Andromaque. 2) Pyrrhus informe Andromaque de la menace qui pèse sur Astyanax en trois temps : aux vers 265-266, il laisse planer un doute ; aux vers 269-270, il annonce qu’Astyanax est l’objet de la crainte des Grecs, et il précise aux vers 273- 274 exactement le risque de mort qui plane sur lui. Cette rapidité et ce court suspens, juste après un compliment, montrent la brutalité de Pyrrhus. 3) Dès le vers 281, Pyrrhus s’engage très clairement à défendre le fils d’Andromaque ; il est à la fois ferme et délicat. B. Le pathétique d’Andromaque 1) La première tirade d’Andromaque provoque l’émotion, elle doit aller embrasser son fils. Comme ils sont tous deux prisonniers, cette idée est exprimée avec une négation : « Je ne l’ai point encore embrassé d’aujourd’hui. » (vers 264). Dans sa demande, elle s’adresse à Pyrrhus avec le verbe « souffrez » qui veut à la fois dire « acceptez » et est connoté par la souffrance. Ce pathétique associé à l’enfant se retrouve dans le vers 278. On y retrouve les pleurs, deux fois mentionnés (vers 263 et 278). 2) Hector est toujours évoqué par son absence. Il définit d’abord Astyanax, comme « le seul bien qui (…) reste et d’Hector et de Troie» (vers 263). Pour Andromaque, il est à nouveau « fils d’Hector » (vers 272), et la relation s’inverse même, puisqu’elle dit que son fils lui « aurait tenu lieu d’un père et d’un époux » (vers 279). Astyanax ne semble vivre aux yeux de sa mère que comme substitut d’Hector. Mais la place de l’enfant dans les mentalités depuis Jean-Jacques Rousseau ayant été renforcée, le pathétique s’en trouve aujourd’hui plus fort qu’à la création de la pièce. Dans la réplique de Pyrrhus, Hector est l’équivalent de la ville de Troie (vers 269). 3) Pyrrhus exprime le fait d’être repoussé dans sa demande à Andromaque, au dernier vers du passage (vers 290) : avec l’expression « un regard moins sévère, » il sous-entend que son amour est rejeté, tandis qu’avec l’interrogation « Me refuserez-vous » il formule une demande de façon élégante. C. L’idéal aristocratique et galant de Pyrrhus 1) Pyrrhus s’exprime brutalement face à Andromaque en lui parlant de la menace grecque sans ménagement. En outre, les vers 287-288 sont ceux d’un guerrier : « je vole à son secours / Je défendrai sa vie aux dépens de mes jours ». 2) Pyrrhus fait d’abord comprendre son impatience de voir Andromaque par les deux vers du début de la scène, vers très galants (vers 258-259). Plus loin, son empressement à sauver la vie d’Astyanax est l’expression de son amour. 3) Dans les vers 283-288, Pyrrhus exprime de façon hyperbolique ce qu’il est prêt à faire pour défendre Astyanax. Il utilise l’imparfait du subjonctif avec une inversion du sujet pour exprimer l’hypothèse qu’il formule : « dussent-ils », « Coûtât-il », « Dussé-je ». Cette forme aujourd’hui vieillie est ici très efficace. Sur le fond, il est prêt à subir le sort de la ville de Troie pour protéger le fils d’Andromaque. On peut y voir l’expression d’un sentiment de culpabilité pour avoir lui-même conduit le massacre de Troie. III. De l’écrit à l’oral Exemples d’axes de lecture possibles : • En quoi cette scène est-elle encore une scène d’exposition ? A. La découverte d’Andromaque par le spectateur B. La réaction de Pyrrhus face au nouveau chantage des Grecs C. Le caractère emporté et galant de Pyrrhus • Comment Racine provoque-t-il la compassion et la pitié du spectateur ? A. Compassion pour Andromaque et pour l’amour de Pyrrhus B. Terreur devant l’évocation de la guerre et le chantage sur Astyanax, mais… C. Ton uploads/Litterature/ andromaque-corriges.pdf
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- Publié le Mar 23, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
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