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L’observation récurrente Pascal Amphoux DEA Ambiances architecturales et urbain

L’observation récurrente Pascal Amphoux DEA Ambiances architecturales et urbaines Module 5 du tronc commun Méthodologie générale d'enquête Concrètement, la technique de l'observation récurrente consiste à soumettre des documents photo- ou vidéographiques de situations choisies à l'interprétation de spécialistes de disciplines différentes ou à des habitants du lieu, tout en les faisant réagir sur les commentaires ou interprétations de ceux qui les ont précédé. Première définition L’observation récurrente Une technique de repérage et d'objectivation des phénomènes Une méthode indirecte Une méthode cumulative Une méthode interprétative L’observation récurrente Une technique de repérage et d'objectivation des phénomènes Trois caractéristiques non pas faire parler les gens, mais faire parler la ville - ou les lieux tels qu'ils sont fréquentés non pas se limiter à une observation sensible ou à un relevé ethnographique, mais passer par le médium de la représentation vidéographique pour autoriser une observation rétrospective contrôlable et répétable non pas analyser les séquences vidéographiques selon un modèle sémiotique, sociologique ou topologique, mais croiser les regards disciplinaires et promouvoir la multiplicité des interprétations comme moyen d'objectivation les travaux de sociologie urbaine la théorie de l'approche connotative la technique des entretiens sur écoute réactivée L’observation récurrente Une technique de repérage et d'objectivation des phénomènes Sources et antécédants Le rôle de l’image R. Ledrut, Les images de la ville, Anthropos, Paris, 1973. Y. Chalas, H. Torgue, La ville latente, espaces et pratiques imaginaires d'Echirolles, recherche, ESU, Grenoble, 1981 P. Amphoux et al., Mémoire collective et urbanisation, IREC, EPFL, Lausanne, tome 2, 1988 Le décalage entre l’ouï et l’inouï Les travaux de J.-F. Augoyard, cf. par ex. in L’espace urbain en méthodes, op.cit. P. Amphoux, L'identité sonore des villes européennes, Tome 1 - Techniques d'enquêtes, CRESSON, EAG, IREC, EPFL, Lausanne, 1993 Quatre points de méthode et d’écriture interdisciplinaire : traverse, connotation, récurrence et autoréférence P. Amphoux et G. Pillet, Fragments d'écologie humaine, Editions de l'Université de Bruxelles / Editions Castella, Albeuve (Suisse), diff. Vrin, Paris, 1985 La sélection de situations expressives Un contrat de prise de vue et de montage L’observation récurrente Une technique de repérage et d'objectivation des phénomènes La réalisation de vidéogrammes Nombre limité d'espaces Distinction de morphologie urbaine (par exemple parc, rue, configuration topologique, itinéraire); Distinction entre trois types de rapport au monde (le connu, le vécu, le sensible) Relation contractuelle entre chercheurs et réalisateurs Explication générale de la démarche Fiche synoptique au preneur de vue synthétisant le maximum d'informations, de commentaires ou de représentations utiles ou nécessaires à la prise de vue (localisation, intention, composition, information) Synopsis précis des plans et des séquences Concertation au niveau du montage Des durées de prise de vue oscillant entre 1 et 2 mn Le principe de récurrence Durée et consignes d'entretien Un «échantillon expressif» L’observation récurrente Une technique de repérage et d'objectivation des phénomènes L'interprétation des séquences Hypothèses préalables Un contenu qui se précise : interprétations successives avec retour et reformulation progressive des hypothèses initiales Des axes d’interprétation dominants qui, à force de redondance, échappent aux subjectivités des observateurs et permettent d’objectiver, par récurrence, des traits spécifiques de l’identité des lieux filmés Individuel ou collectif Nombre adaptable habituellement compris entre 5 (seuil de validité) et 10 (seuil de saturation) Expressif et non représentatif : diversité a priori des regards portés sur le vidéogramme. Equilibre à trouver par ex. entre professionnels de la vision, spécialistes de la thématique étudiée, habitants « ordinaires » Durée habituelle 1h30- 3h00 Rappeler brièvement le cadre et les objectifs Visionner et induire commentaire. Progression entre quatre niveaux : description, associations, interprétation, appréciation Relancer en permanence la parole de l'interviewé (niveaux, revisionnement, hypothèses) 1. La réception des images est, en règle générale, excellente. Le support photographique ou télévisuel ne fait l'objet d'aucune résistance particulière : il y a même une sorte d'adhésion implicite au contenu, qui fait de l'image en général un "embrayeur de communication" très performant pour toutes sortes d'enquêtes qualitatives. 2. La qualité de la prise de vue est déterminante. Il s'agit d'abord de qualité technique, qui doit être irréprochable : effet d’immersion, attention au détail, … Mais il s'agit aussi de qualité esthétique : la valeur heuristique de la séquence est renforcée par sa cohésion formelle. L’observation récurrente Une technique de repérage et d'objectivation des phénomènes Esthétiques de la réception Remarque préliminaire Décrire sera considéré par certains comme un aveu d'impuissance : faute d'explication rationnelle et de démonstration cohérente, faute de construction logique et de connaissance objective, nous serions contraints de nous contenter de descriptions "littéraires", que l'activité libre et non protocolaire condamnerait à n'avoir d'existence qu'en dehors du champ de l'objectivité scientifique. Pourtant, nous aimerions soutenir la légitimité d'une telle démarche, dans la lignée d'auteurs tels que Guy Debord, Pierre Sansot, Alain Médam ou Georges Pérec, et rendre possible sa réintroduction dans le champ des constructions scientifiques, ou du moins dans celui de processus d'objectivation des phénomènes qui échappent à l'analyse positive ordinaire. La description récurrente Un mode d'écriture et de restitution des situations Deux arguments Face à un monde de plus en plus éclaté, diversifié et fragmenté que l'explication scientifique objective ne parvient pas toujours à maîtriser, l'urgence aujourd'hui serait de décrire le monde. Si la description par nature ne peut jamais prétendre à l'exactitude, elle peut ne pas manquer de rigueur. Davantage, la description, en tant que méthode d'approche, doit regagner en rigueur ce qu'elle perd en exactitude. Une question Sur quelles règles d'écriture peut être fondée la rigueur d'une description ? Principe de récurrence à deux titres : - reconstruction par le texte de ce qui était déjà reconstruit par l'image, puisqu'elle-même, on l'a vu, était conçue comme la reconstruction par la prise de vue d'une parole habitante - passage de l’analyse monographique à « l’ approche polygraphique » : suite récurrente de fragments écrits qui, se ressaisissant mutuellement, constituent autant de modalités de la même description : l'évocation du lieu, la composition de l'image, la recomposition des commentaires et l'invention de concepts intermédiaires. La description récurrente Un mode d'écriture et de restitution des situations La rigueur de la description – Une approche polygraphique La description récurrente Un mode d'écriture et de restitution des situations 1. Evocation du lieu ou de la situation Première modalité de la description : évocatrice. Chaque monographie s'ouvre sur une brève évocation du lieu ou de la situation. Il s'agit en quelque sorte de planter le décor pour donner le ton et faire comprendre brièvement le contexte dans lequel se situe la monographie - description au sens romanesque et presque balzacien du terme : on plante le décor, on décrit les lieux, on donne à voir ou à pressentir quelque chose. Objection immédiate : cette évocation n'est-elle pas totalement subjective et attachée à la personnalité de l'auteur ? Réponse : non, car elle intègre les descriptions des personnes interviewées dans une phase préliminaire. Déjà à ce premier niveau, la description est redescription - l'interprétation ré-interprétation. La description récurrente Un mode d'écriture et de restitution des situations 2. Composition de l'image Seconde modalité de la description : littérale et narrative. Ce paragraphe est destiné à donner une idée précise et aussi fidèle que possible de la suite des images ou de la façon dont le vidéogramme a été composé. L'évocation du premier paragraphe, par là, se redouble et se précise. Le texte, ici, colle à l'image visionnée. La description récurrente Un mode d'écriture et de restitution des situations reconstructive réaliste phénoménologique 3. Recomposition des commentaires Il est reconstruit, à partir de l'ensemble des réactions, des commentaires et des interprétations redondants fournis par les interviewés à la découverte et à l'analyse du vidéogramme. Un patient travail de recoupements et de regroupements autour de "nébuleuses sémantiques". Thèmes récurrents, thèmes essentiels L'essence d'un lieu ou d'un phénomène n'est pas une idée intelligible qui serait donnée par un protocole d'analyse, si fin soit-il; elle est ce qui apparaît lorsque les choses se ressaisissent pour avoir un sens - propre… Représenter le lieu Exprimer "l'esprit du lieu" L'essence recherchée, à ce niveau de la description, n'est pas quelque chose d'abstrait, c'est au contraire le fondement du réel, ce qui fonde la réalité du lieu, sa nature la plus enfouie - la façon qu'il a, culturellement et historiquement, de se sédimenter, de devenir archive et mémoire de la ville. Cohérence du raisonnement Cohésion des images Troisième modalité de la description : reconstructive, phénoménologique et réaliste. Ce paragraphe constitue le corps principal du texte de chaque monographie. La description récurrente Un mode d'écriture et de restitution des situations déconstructive nominaliste phénoménologique 4. Invention de concepts intermédiaires Déconstructive parce qu'après avoir reconstruit un discours collectif autour desdites "nébuleuses sémantiques", il est nécessaire d'en fixer les essences et, à la lettre, d'en déconstruire le sens a posteriori, en désignant quelques mots-clés qui permettent de fixer les idées. Dernier travail sur les images, dernier retour de la récurrence. On reste dans une perspective phénoménologique, puisqu'en un sens, c'est bien une sorte de "réduction eidétique" que nous pratiquons finalement, tentant d'extraire, à force de variations imaginaires innombrables, une sorte d'invariant irréductible Mais on retient cette fois un point de vue nominaliste et presqu'inverse uploads/Litterature/ amphoux-l-observation-recurrente.pdf