1 INTRODUCTION AU LIVRE DE JÉRÉMIE 1. Généralités 2. L’homme 3. Auteur 4. Plan
1 INTRODUCTION AU LIVRE DE JÉRÉMIE 1. Généralités 2. L’homme 3. Auteur 4. Plan 5. Période et circonstances a. Le monde extérieur contemporain de Jérémie b. Situation politique intérieure 6. Vocation et carrière 7. Message 1. Généralités Le livre du prophète Jérémie est le second dans l’ordre des grands prophètes de l’Ancien Testament. Son nom signifie « celui que l’Éternel a établi ». Sans doute, Jérémie est le plus célèbre des prophètes. « Sans cet homme extraordinaire, l’histoire religieuse de l’humanité eut suivi un autre cours », disait au siècle dernier un grand littérateur français dont il faut mesurer la grande capacité à formuler des jugements à l’emporte-pièce, plus frappants au premier moment que réellement convaincants! Le français a conservé son nom dans le substantif « jérémiade », « plainte fréquente et importune », selon le dictionnaire Littré, et c’est monnaie courante que de l’entendre donner comme exemple d’oiseau de malheur : « Pas besoin d’être Jérémie pour deviner le sort qui m’est promis », chantait G. Brassens. Plus sérieusement, on peut mesurer la trace laissée par Jérémie dans l’histoire, au fait qu’interrogés par Jésus sur ce que les gens disent de lui, les disciples répondent : « Les uns disent Jean-Baptiste; d’autres, Élie; d’autres, Jérémie, ou l’un des prophètes. » (Matt. 16:14). Il y a là plus qu’un parallèle arbitraire : comme Jésus, Jérémie marque la fin d’une ère; plus rien après lui ne sera comme avant. Comme lui, il faut retenir un message de repentance radicale : il faut que fassent demi-tour tous les hommes détournés de Dieu. Comme lui, il prononce de sévères attaques contre le temple et se fait le prédicateur de l’authentique culte spirituel (Jér. 4:4; 31:31- 34). Comme lui, il souffre douloureusement, payant d’un prix très lourd la parole et l’attitude que Dieu lui inspire. Ainsi, Jérémie est-il un des grands « types » du Christ dans l’Ancien Testament, un de ceux dont la personne tout entière, et pas seulement la parole, annonce et signifie la passion du Messie promis. Un écrivain moderne a dit : « Les quatre principales époques de la vie d’Israël se résument dans quatre noms : Abraham, Moïse, David, Jérémie; Abraham est la racine, Moïse, le tronc, David la fleur, Jérémie le fruit. L’accord parfait de la volonté humaine avec la volonté divine par le Saint-Esprit est, en effet, le but suprême, le fruit mûr du salut que Dieu a préparé pour l’homme par l’Ancienne Alliance. » (Bible Annotée, Conclusion à Jérémie). 2 2. L’homme Jérémie est le prophète sur la personne duquel nous sommes le mieux renseignés, car outre qu’il nous a laissé lui-même de nombreux témoignages sur sa vocation et sa mission, son secrétaire Baruch a rédigé une véritable biographie de l’homme, laquelle a été réunie à l’ensemble du livre. Il est né vers 645, dans une famille de prêtres, et son nom signifie : « Yahvé est puissant », ou « Yahvé jette ». Il est fils de Hilkija, non de celui qui fut grand-prêtre de Jérusalem, mais d’un modeste desservant. Le nom de Hilkija était assez répandu. On a supposé, non sans vraisemblance, que la famille de Jérémie descendait du prêtre Abiathar, exilé précisément à Anatoth par Salomon (1 Rois 2:26); Anatoth, village situé à 6 km au nord de Jérusalem, en Benjamin. C’est un peu comme Béthanie, une sorte d’oasis dans un pays passablement aride. De la tribu de Lévi, Jérémie naquit vers la fin du roi Manassé, grandit pendant celui de l’impie Amon et le début de celui de Josias. Son appel prophétique date de la 13e année de ce roi, cinq ans avant la découverte du livre de la loi dans le temple. Le personnage est timide, faible, presque un enfant, selon son propre aveu. Mais il est ému d’une tendresse touchante qui le fait vibrer devant la détresse d’autrui et de son peuple. Bien qu’animé d’un patriotisme ardent, il sera considéré comme un traître à cause de la mission impossible que Dieu lui confie, et qui lui inflige des souffrances morales et même physiques. Quel est le miracle qui expliquera que cet homme timide devient un téméraire s’opposant aux puissants de son peuple, le porte-parole hardi de l’Éternel, colonne de fer restant debout, lutteur indomptable et solitaire, prêt à braver tout jusqu’aux moqueries et même les persécutions et l’emprisonnement? Le miracle s’explique par la seule parole : « Je suis avec toi. » Cette présence est le secret de sa personnalité, de sa vaillance invincible, de son courage exceptionnel. Sa foi trempée par la lutte quotidienne, constante, ne fléchira pas malgré les vagues de découragement et de tristesse qui, plus d’une fois, essayeront de le submerger. Il est prophète à contrecœur, et son cœur est tendre, vulnérable, constamment déchiré. C’est au plus sensible de tous les hommes de l’Ancien Testament qu’est confiée cette impossible mission. Écorché, le cœur à la limite de l’éclatement, la tête bouillonnante de pensées d’amour qu’il faut refréner pour annoncer le dur message de son Dieu, Jérémie le doux, le rêveur, l’affectueux, va devenir l’homme de douleur. « Mon cœur frémit, je ne puis me taire! » (Jér. 4:19). Empruntons à la TOB une page d’introduction : « La solitude de l’homme de la Parole : Au lecteur du livre Jérémie se présente comme un grand solitaire. “Je reste à l’écart” : ce sont les termes mêmes qu’il emploie pour caractériser ses rapports avec la société (Jér. 15:17). Incompris et persécuté, mal aimé de ceux-là mêmes qui devraient l’entourer et l’encourager (les membres de sa famille, Jér. 12:6), il n’est avec eux ni quand ils font la fête à de jeunes mariés ni quand ils pleurent un mort (Jér. 16:5-9). Il ne connaîtra jamais le réconfort et les responsabilités de la vie conjugale et il ne sera jamais père (Jér. 16:1-4). Incarcéré, brutalisé, entraîné malgré lui vers l’Égypte, il finira ses jours dans une terre lointaine et nul ne gardera le souvenir de sa tombe. Pourtant, nous sommes assez bien renseignés sur sa vie intérieure. Nous savons que cette solitude ne correspondait nullement chez lui à une disposition naturelle. Elle lui était imposée par une force extérieure qui lui faisait violence, qui l’assaillait, le remplissait, le tenaillait, requérait une adhésion totale de sa volonté, qui avait besoin de la solitude comme d’un moyen d’action au sein du peuple : Cette impitoyable force, c’était la Parole de Dieu. Aucun prophète n’évoque la Parole de Dieu et sa manière 3 d’agir avec autant de douloureuse précision que Jérémie. “La Parole du Seigneur s’adressa à moi”; c’est chez lui une notation courante qui introduit et qualifie son discours. “Dès que je trouvais tes paroles, je les dévorais.” (Jér. 15:16). Bien qu’elles le réjouissent, leur effet est souvent dévastateur : “À cause de tes paroles, je tremble de tous mes membres, je deviens comme un ivrogne, un homme pris de vin.” (Jér. 23:9). Cette Parole éprouvante qui est semblable à un feu, à un marteau qui pulvérise le roc (Jér. 23:29), il la reçoit non seulement dans les éclairs d’illumination qui semblent s’inscrire dans une expérience en soi banale (Jér. 1:11-14); il l’entend aussi dans la salle d’audience du Seigneur céleste où, en sa qualité de prophète, il a le droit de pénétrer. En outre, le Seigneur la pose sur ses lèvres (Jér. 1:9), en veillant sur elle afin de faire d’elle un feu qui va dévorer le peuple récalcitrant (Jér. 5:14). Parfois aussi, la Parole semble l’abandonner; elle se fait rare et lui inflige de longues journées d’attente avant de communiquer à nouveau (Jér. 42:7). Dans la vie de cet homme, la Parole est devenue le facteur clé, le centre encombrant, trouble-fête aussi bien que raison d’être, une sorte de despote capricieux l’aliénant apparemment à lui-même et à ses semblables pour, en fait, le plonger au cœur même de la réalité. On comprend dès lors que le prophète ait dû faire un effort constant pour assumer cette Parole et pour s’assumer lui-même face à elle. Le prophète se plaint amèrement de son isolement, de la futilité de sa condition, mais il s’entend simplement dire que cette condition est inéluctable et qu’elle fait partie de sa mission prophétique. Dans ces dialogues avec Dieu, la parole de l’homme est aux prises avec la Parole de Dieu, et c’est toujours cette dernière qui triomphe. Quelles que soient les modalités historiques de leur déroulement (il n’est pas facile de pénétrer la psychologie de l’expérience prophétique), ces dialogues attestent en tout cas que la Parole de Dieu était une préoccupation constante de Jérémie. » 3. Auteur Comme la plupart des écrits prophétiques, le livre de Jérémie est essentiellement une compilation de discours et d’oracles isolés. La tradition juive et chrétienne considère Jérémie comme l’auteur du livre qui porte son nom. Dans la quatrième année du règne de Jojakim, Jérémie dicta son livre à son secrétaire Baruch, « paroles reçues de la part de l’Éternel ». Ce message fut lu en public devant le roi. Celui-ci s’en débarrassa au moyen d’un canif et d’un brasier. Mais uploads/Litterature/ aaron-kayayan-introduction-au-livre-de-jeremie.pdf
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- Publié le Mai 13, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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