23/05/2021 Déplacement Épistémico-Esthétique du Théâtre Décolonial https://www.
23/05/2021 Déplacement Épistémico-Esthétique du Théâtre Décolonial https://www.scielo.br/scielo.php?script=sci_arttext&pid=S2237-26602018000400644&lng=en&nrm=iso 1/11 Services on Demand Journal SciELO Analytics Google Scholar H5M5 (2020) Article text in Portuguese text new page (beta) French (pdf) | Portuguese (pdf) Article in xml format How to cite this article SciELO Analytics Automatic translation Indicators Related links Share More More Permalink Revista Brasileira de Estudos da Presença On-line version ISSN 2237-2660 Rev. Bras. Estud. Presença vol.8 no.4 Porto Alegre Oct./Dec. 2018 Epub Aug 30, 2018 https://doi.org/10.1590/2237-266078793 POÉTICAS E PEDAGOGIAS DECOLONIAIS Déplacement Épistémico-Esthétique du Théâtre Décolonial The Epistemic and Aesthetic Delinking of Decolonial Theatre Lîlâ BisiauxI IUniversité Toulouse Jean-Jaurès - Toulouse, France RÉSUMÉ: L’article adopte une approche dialogique entre les études décoloniales et les études historiques et esthétiques théâtrales. Il met en exergue ce que la modernité/colonialité produit en termes d’hégémonie non pas seulement épistémique, mais bien esthétique, et constate l’incapacité du théâtre postmoderne à sortir de la matrice coloniale du pouvoir. L’étude de cas de la pièce Kay pacha, du dramaturge et militant équatorien Juan Francisco Moreno Montenegro, permet de discerner les caractéristiques d’une œuvre décoloniale, procédant à un déplacement épistémico-esthétique. L’approche empirique souligne enfin le caractère eurocentré des outils d’analyse dramatique, qui manquent leur objet, quand celui-ci est décolonial. Mots-clés: Décolonial; Esthétique; Drame; Postdramatique; Colonialité ABSTRACT: The article consists in crossing decolonial studies, history and aesthetics. I highlight how the Modernity/Coloniality dualism not only creates an epistemic hegemony but also an aesthetical domination, and I show the postmodern theater unability to untangle itself from the colonial roots of power. Through the analysis of Kay pacha - written by the equatorian activist and playwriter Juan Francisco Moreno Montenegro - I determine the defining features of a decolonial work. In doing so I carry out an epistemic and aesthetic. The kind of empirical approach stresses the european bias of the tools dramaturgical, which are useless to comprehend a decolonial piece of work. Keywords: Decolonial; Aesthetics; Drama; Postdramatic; Coloniliaty 23/05/2021 Déplacement Épistémico-Esthétique du Théâtre Décolonial https://www.scielo.br/scielo.php?script=sci_arttext&pid=S2237-26602018000400644&lng=en&nrm=iso 2/11 RESUMO: O artigo adota uma abordagem dialógica entre os estudos decoloniais e os estudos históricos e estéticos teatrais. Ele expõe o que a modernidade/colonialidade produz em termos de hegemonia não apenas epistêmica, mas também estética, e constata a incapacidade do teatro pós-moderno de retirar-se da matriz colonial do poder. O estudo de caso da peça Kay pacha, do dramaturgo e militante equatoriano Juan Francisco Moreno Montenegro, permite distinguir as características de uma obra decolonial, operando um deslocamento epistêmico e estético. Por fim, a abordagem empírica destaca o caráter eurocêntrico das ferramentas de análise dramática, inaptas para tratar obras decoloniais. Palavras-chave: Decolonial; Estética; Drama; Pós-dramático; Colonialidade Cet article s’offre comme une proposition dialogique entre, d’une part, les études décoloniales, et d’une autre, les théories théâtrales. Il s’agit plus particulièrement de faire dialoguer le concept de colonialité du pouvoir inséré dans la discussion pour la première fois par Aníbal Quijano, et repris par Walter Mignolo et Enrique Dussel, avec la théorisation historico-esthétique du théâtre dramatique et postdramatique menée, entre autres, par Peter Szondi et Hans-Thies Lehmann. Cette approche dialogique tend à localiser des esthétiques théâtrales, à les localiser dans une aire culturelle, géographique et épistémique, afin de mettre en exergue les corollaires esthétiques et théâtraux de la modernité/colonialité. À partir de cette identification, il s’agit de s’interroger sur les possibilités de déplacements épistémico-esthétiques du théâtre et sur les modalités d’une soustraction politique aux esthétiques modernes/coloniales, qui permettraient l’émergence d’œuvres décoloniales, autrement dit, d’œuvres remettant en cause la modernité dans sa version monologique et monotopique. C’est à partir de l’étude de la pièce Kay pacha, du militant et dramaturge équatorien Juan Francisco Moreno Montenegro que nous aborderons de manière empirique une esthétique décoloniale. L’objectif de cette rencontre entre les études décoloniales et historico-esthétiques est donc quadruple. Elle vise à rendre intelligible la production d’esthétiques par la modernité/colonialité et ainsi la reproduction par la scène de la rhétorique moderne dans sa version eurocentrée, est-ce à dire, dans la dissimulation de sa localité et de sa logique oppressive autrement appelée colonialité du pouvoir. Cette rencontre tend également à souligner le caractère eurocentré des œuvres postmodernes, brisant, certes, les codes esthétiques de la modernité, mais demeurant dans la matrice coloniale du pouvoir. Enfin, elle vise peut-être à compléter, ou à élargir le projet décolonial tel qu’il est théorisé par Walter Mignolo pour qui la base du décolonial est un détachement épistémique tant théorique que pratique. S’il s’agit de décentrer, de dé-universaliser et de relocaliser les formes de vivre, de penser et d’agir imposées par ceux qui se sont octroyé le droit de classifier pour répondre à leurs intérêts, économiques, politiques ou religieux (Mignolo, 2015), ce décentrement touche également les formes artistiques, qui sont une manière particulière de vivre, de penser et d’agir. Certaines formes artistiques sont hégémoniques, et se sont imposées unilatéralement, pourrait-on croire, sur les scènes mondiales, qu’il s’agisse du drame ou de son éclatement (et donc paradoxalement de sa modélisation) par le théâtre postdramatique. Cependant, d’autres formes théâtrales existent, des formes qui ne sont ni dramatiques ni postdramatiques, et qui dialoguent avec ces formes hégémoniques. Ces formes s’offrent comme des manières autres de faire du théâtre, d’appréhender les esthétiques et exhibent la localité des formes dramatiques ou postdramatiques canonisées et modélisées. L’étude de cas nous permettra alors de prendre la mesure de ces formes théâtrales décoloniales, mais également du caractère inadapté de nos outils d’analyse, car précisément modernes et eurocentrés, manquant ainsi leur objet. LA COLONIALITÉ: LA FACE NÉCESSAIRE ET DISSIMULÉE DE LA MODERNITÉ Tout d’abord, établissons une définition de la modernité. Dans sa version eurocentrée, elle se présente comme la possibilité historique de l’émancipation de l’homme au moyen de la réflexivité et de la rationalité du sujet. La prise de conscience de la possibilité du sujet de s’émanciper de l’état de nature, de toute forme d’hétéronomie et de son idiosyncrasie, ainsi que l’engagement à rendre effective cette émancipation dans le temps historique, portent le nom de progrès. Dans sa définition historico-philosophique eurocentrée, la modernité se présente comme une redécouverte, à partir de la Renaissance, de l’Antiquité et de sa forme rationnelle et politique. Cette Renaissance, dont les bornes chronologiques symboliques sont souvent identifiées à la prise de Constantinople ou à la découverte de l’Amérique, se caractérise par un humanisme, renforcé par les avancées scientifiques rationalisant les phénomènes naturels, et permettant aux hommes d’accéder à des vérités d’ordre universel. Avec la philosophie des Lumières, cet universalisme se sécularise et le rationalisme ainsi que l’esprit critique sont présentés comme les formes d’émancipation des tutelles politiques traditionnelles. Le contrat politique est, quant à lui, perçu comme le moyen de réalisation de l’aspiration naturelle de l’homme à la liberté. La modernité s’offre alors comme synonyme du progrès, du rationalisme et de la démocratie, autant de moyens de conduire à l’émancipation de l’homme et à la libération de la société, en somme la modernité se présente comme un horizon de félicité. Cependant, cette définition occulte le fait que ce récit soit construit par des hommes qui habitent corporellement la modernité, en étant constitués par elle, et autorisés à prendre en charge son récit (Mignolo, 2015). Autrement dit, dans sa définition eurocentrée, la modernité occulte sa localité. Si le récit eurocentré de la modernité valorise 23/05/2021 Déplacement Épistémico-Esthétique du Théâtre Décolonial https://www.scielo.br/scielo.php?script=sci_arttext&pid=S2237-26602018000400644&lng=en&nrm=iso 3/11 sa rhétorique émancipatrice, il dissimule, voire nie, sa logique oppressive. Il ne fait pas mention de l’esclavagisme autorisé par une logique de substituabilité des vies humaines, par une dispensation de niveau d’humanité. Jamais, dans sa définition eurocentrée, la logique de substituabilité des vies humaines n’est formulée comme une logique indissociable du progrès mu par la modernité. Aníbal Quijano, quant à lui, conçoit la modernité comme l’instauration d’un nouveau patron global du pouvoir, rendue possible par un double processus historique. Il s’agit, d’une part, de la découverte de l’Amérique et de sa colonisation légitimée, aux yeux des colonisateurs, par une infériorité dite biologique des colonisés, et d’autre part, de “[...] l’articulation de toutes les formes historiques du contrôle du travail, de ses ressources et de ses produits, autour du capital et du marché mondial” (Quijano, 2000, p. 122) 1. En somme, la modernité est définie, par Aníbal Quijano, comme l’expansion du capitalisme à l’échelle mondiale, prenant sa source de la découverte de l’Amérique et de la colonisation (Quijano, 1992). Cette nouvelle forme d’économie reposerait sur le concept de différence coloniale (Mignolo, 2003) comprise comme la classification hiérarchique de la population mondiale en fonction des manques et excès par rapport aux critères de ceux qui s’octroient le droit de parler universellement. Il s’agit de dispenser des degrés d’humanité à la population mondiale et d’établir une normalisation de la classification raciale des êtres. Or, ceux qui se sont donné le droit de classer universellement sont les hommes blancs bourgeois chrétiens et hétérosexuels qui ont opéré une double colonisation temporelle. Ils ont établi une différence temporelle interne, en créant un Moyen âge, un temps passé, pour façonner la Renaissance comme temps présent, et ont créé une différence temporelle externe en inventant les primitifs et les barbares, qui ne sont pas seulement dans un espace autre, uploads/Litterature/ a-desvinculacao-epistemica-e-estetica-do-teatro-decolonial-original-em-frances.pdf
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- Publié le Apv 19, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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