Collection dirigée par Henri Mitterand T a r t u f f e Molière résumé analytiqu

Collection dirigée par Henri Mitterand T a r t u f f e Molière résumé analytique commentaire critique documents complémentaires C l a u d e P u z i n Agrégé de Lettres classiques © Éditions Nathan, 1989 ISBN 2.09.188612.2 L a vie de Molière Une vocation irrésistible Jean-Baptiste Poquelin (né en 1622) est l'aîné d'une honorable famille de la bourgeoisie parisienne. Son père, marchand tapissier, est pourvu d'un « office » à la Cour, qui lui procure le privilège de faire le lit du roi. À l'héritier de parachever une ascension sociale en bonne voie ! Aussi de solides humanités au collège de Clermont (l'actuel lycée Louis- le-Grand) et des études de droit, à Orléans, sont-elles chargées de le mettre en selle. Mais le Pont-Neuf n'était pas loin de la maison familiale, sise dans le quartier des Halles, et Jean-Baptiste, durant son enfance puis son adolescence, s'est délecté des bouffonneries, des parades et des chan- sons qui y étaient offertes en permanence aux badauds par tout un monde pittoresque de farceurs et de saltimbanques. À vingt et un ans, en 1643, Molière — i l prendra ce pseudonyme, semble-t-il, l'année suivante — tourne le dos à la carrière bourgeoise qui l'attend pour embrasser l'état de comédien et fonder l'Illustre- Théâtre avec sa maîtresse, Madeleine Béjart, une comédienne qui s'est déjà fait un nom à la scène. Sur les routes de France L a nouvelle compagnie ne parvient pas à s'imposer, à côté des deux troupes installées à Paris, l'Hôtel de Bourgogne et le Théâtre du Marais. Elle ne tarde pas à péricliter et à se disperser ; Molière a même été emprisonné deux jours pour dettes. E n 1646, le jeune homme s'engage avec Madeleine dans une troupe de comédiens ambulants. Promu à nouveau chef de la troupe, i l va jouer en province pendant quinze ans, avec notamment pour protecteur titré le prince de Conti ; on donne les grandes tragédies du répertoire, de Corneille, entre autres, et de petites farces traditionnelles, dont Molière fixe lui-même, en par- tie, le texte. L e comédien finit par devenir auteur dramatique à part entière avec L'Étourdi, joué à Lyon en 1655, et Le Dépit amoureux, donné à Béziers en 1656. Converti, Conti retire en 1657 sa protection à la troupe. Celle-ci, livrée à elle-même, décide de jouer une seconde fois la carte de la capitale. Combats et succès E n 1658 voilà Molière de retour à Paris. I l a trente-six ans. Sa pre- mière carrière, provinciale, a forgé son expérience du métier de comé- dien et de la société française. C'est un homme de théâtre jusqu'au bout des ongles, à la fois directeur de troupe, metteur en scène, acteur et auteur. Une seconde carrière, qui durera elle aussi quinze ans, va lui valoir la gloire, l'admiration de ses contemporains et bon nombre d'enne- mis. Protégée par « Monsieur », la troupe joue un jour devant Louis X I V , au Louvre, Le Docteur amoureux, une farce composée par son chef en province. L e roi rit beaucoup et accorde aux comédiens le droit de se produire dans la salle du Petit-Bourbon, en alternance avec les Comédiens-Italiens. Le comédien du roi E n 1659 un coup de maître, Les Précieuses ridicules, révèle le génie de Molière. E n 1661 la troupe s'installe dans la salle du Palais-Royal. Molière, qui a désormais son propre théâtre, peut alors donner le meilleur de lui-même ; une trentaine de comédies, inégalables souvent, le hisse- ront au sommet du genre comique. Jusqu'en 1665, l'ascension vers la gloire est rapide et infaillible. Les œuvres se succèdent dans un climat exaltant de conquête et de bataille. L a protection du monarque est constante ; la Cour et la Ville ne cessent de rire et d'applaudir. L'École des maris et Les Fâcheux (1661), L ' É c o l e des femmes (1662) sont autant de comédies de mœurs qui apparaissent comme des mer- veilles de « naturel » et de drôlerie. Jamais le théâtre français n'avait été à pareille fête ! Mais le réalisme critique de l'auteur, qui semble bafouer les traditions religieuses, sociales et morales, suscite le scan- dale. Molière doit se défendre, dans La Critique de l'École des fem- mes et L'Impromptu de Versailles, contre des détracteurs de plus en plus nombreux (gens du monde, prudes et dévots, rivaux jaloux, etc.). Le scandale du siècle Et le premier Tartuffe, joué à Versailles en 1664, provoque une levée de boucliers dans le camp des catholiques intransigeants. Pour avoir osé s'attaquer à la dévotion fausse et intéressée, la pièce est interdite, malgré l'appui royal. Dom Juan n'a pas plus de chance en 1665 : on y voyait un « grand seigneur méchant homme » braver Dieu et se transformer en faux dévot. Les ennuis s'accumulent : Molière tombe gravement malade ; une seconde version de Tartuffe, intitulée L'Imposteur, encourt les foudres de l'archevêque de Paris ; les dévots vouent l'auteur à la damnation, voire au bûcher ! E n 1666, Le Misanthrope ne remporte pas le succès escompté. Molière est de moins en moins heureux en ménage, depuis qu'il a épousé la très jeune sœur (ou fille ?) de Madeleine, en 1662, cette Armande Béjart qui répond si mal, comédienne coquette et volage, à son amour possessif. Les dernières années Molière n'a plus que six ans à vivre. Après la parenthèse de la répres- sion, sa production reprend de plus belle, fertile en chefs-d'œuvre : pièces éblouissantes et comédies-ballets pour la Cour (Amphitryon, Les Amants magnifiques, Le Bourgeois gentilhomme...), grandes comé- dies, de caractère et de mœurs (L'Avare, Les Femmes savantes...), farces réjouissantes et enlevées (Monsieur de Pourceaugnac, Les Four- beries de Scapin...). E n 1669, Tartuffe, enfin autorisé, est un triomphe. Mais les adver- saires ne désarment pas, les calomnies pleuvent ; pour contribuer aux plaisirs du roi, l'auteur s'astreint à un labeur épuisant. Les intrigues de Lulli, le compositeur préféré de Louis XIV, ôtent à l'inventeur de la comédie-ballet les moyens de mêler la musique et la danse à l'action dramatique. Tuberculeux, Molière va succomber à la tâche. Alors qu'à cinquante et un ans i l tient le rôle d'Argan dans Le Malade imaginaire (1673), i l est pris, en scène, d'un malaise ; ramené précipitamment chez lui, i l ne peut être sauvé. Le curé de la paroisse refusant la sépulture en terre chrétienne, l'illustre comédien est inhumé de nuit, sans aucune pompe ni service funèbre. Cette disparition survient au moment où le règne du Roi-Soleil atteint son zénith. VIE ET ŒUVRE ÉVÉNEMENTS POLITIQUES, DE MOLIÈRE SOCIAUX ET CULTURELS 1617 Début du règne personnel de Louis XIII. 1618 Début de la guerre de Trente Ans. 1622 Naissance à Paris de Jean-Baptiste Poquelin. 1624 Richelieu entre au Conseil du roi. 1628 Mort de Malherbe. 1629 Première pièce de Corneille, Mélite. 1631 L e père de Molière achète la charge de valet de chambre ordinaire et tapissier du roi. 1635 Molière entre au collège de 1635 Fondation de l'Académie française. Clermont. 1637 Corneille, Le Cid. Descartes, Discours de la méthode. 1640 Molière se lie avec la famille Béjart. 1642 Molière annonce à son père qu'il 1642 Mort de Richelieu. veut devenir comédien. 1643 Fondation de l'Illustre-Théâtre. 1643 Mort de Louis X I I I . Régence d'Anne d'Autriche. Mazarin ministre. Victoire de Rocroi. 1645 Molière est emprisonné pour dettes. Fin de l'Illustre-Théâtre. 1646 Molière et Madeleine Béjart entrent dans une troupe de comédiens ambulants. 1647 Début de la Fronde. 1648 Paix de Westphalie. F i n de la guerre de Trente ans. 1650 Molière devient chef de la troupe. 1653 Molière et ses camarades deviennent, à Lyon, comédiens du prince de Conti. 1655 L'Étourdi. 1656 Le Dépit amoureux. 1656 Pascal, Les Provinciales. 1657 Converti, Conti retire sa protection à la troupe de Molière. 1658 D e retour à Paris, Molière s'installe avec sa troupe dans la salle du Petit- Bourbon. 1659 Les Précieuses ridicules (un 1659 Paix des Pyrénées, avec l'Espagne. triomphe). 1660 Sganarelle ou le Cocu imaginaire. 1660 Mariage de Louis X I V avec Marie- Louis X I V accorde à Molière la salle Thérèse. du Palais-Royal. 1661 Dom Garcie de Navarre. 1661 Début du règne personnel de L'École des maris. Louis XIV. Les Fâcheux. 1662 L'École des femmes et la « querelle 1662 Colbert ministre. de l'École des femmes ». Molière épouse Armande Béjart. 1663 L a Critique de l'École des femmes. L'Impromptu de Versailles. 1664 Le Mariage forcé. 1664 Première pièce de Racine, La Princesse d'Élide. L a Thébaïde. Tartuffe (début de l'affaire). 1665 Dom Juan. L'Amour médecin. 1666 Le Misanthrope. Le Médecin malgré lui. Mélicerte. 1667 Le Sicilien. 1667 Racine, Andromaque. 1668 Amphitryon. Guerre de Dévolution. George Dandin. 1668 Paix d'Aix-la-Chapelle. L'Avare. 1669 Monsieur de Pourceaugnac. 1669 Paix de l'Église. Tartuffe est autorisé (un triomphe). 1670 Les Amants magnifiques. 1670 Pascal, Les Pensées. L e Bourgeois gentilhomme. L e Versailles de L e Vau et L e Nôtre. 1671 Psyché. Les Fourberies de Scapin. La comtesse d'Escarbagnas. 1672 Les uploads/Litterature/ 9782402616010.pdf

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