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FANNY COLONNA - http://www.socialgerie.net/spip.php?article1505 Page 1 FANNY COLONNA Socialgerie le 8 décembre 2014 UN TÉMOIGNAGE DE MOHAMED HARBI - Publié par Saoudi Abdelaziz - blog algerieinfos - le 29 Novembre 2014 ; LES VERSETS DE L’INVINCIBILITÉ - Messaoud Benyoucef - braniya chiricahua – le 21 novembre 2014 ; FANNY COLONNA NOUS A QUITTÉS - ELLE AVAIT 80 ANS - Publié par Saoudi Abdelaziz - blog algerieinfos - le 21 Novembre 2014 : FANNY COLONNA : "MES COLLÈGUES NE S’INTÉRESSENT PAS À L’ISLAM" ; FANNY - Par Arezki Metref - Le Soir d’Algérie - balade dans le Mentir/vrai (35) - le 23 novembre 2014 ; FANNY COLONNA, CHERCHEURE ESSENTIELLE - El Watan - le 21 novembre 2014 ;  HEUREUSE D’ENCOURAGER UNE NOUVELLE GÉNÉRATION DANS LA DÉCOUVERTE DE L’ ALGÉRIE : - Par : James McDougall ;  ELLE AVAIT CHOISI D’ ÊTRE ALGÉRIENNE : - Par Augustin Jomier ;  UNE PASSION ALGÉRIENNE - Par : Kamal Chachoua, Mohand Akli Hadibi, Azzedine Kinzi et Loïc Le Pape ; UN TÉMOIGNAGE DE MOHAMED HARBI Publié par Saoudi Abdelaziz blog algerieinfos le 29 Novembre 2014 Lycéen à Skikda, je fus un jour sollicité par un chef scout, Zerouk Bouzid, pour assurer la diffusion d’une publication que lui avait envoyée Salah Louanchi : il s’agit de Consciences maghrébines , une revue annonciatrice de la naissance d’un courant de pensée anticolonialiste au nom de la conscience chrétienne. Le professeurAndré Mandouze en était l’animateur. Je sus, plus tard, que Fanny appartenait à ce courant, qui constituait une chance pour l’affirmation d’un nationalisme démocratique, œuvrant à une société multiculturelle et multiethnique. Chacun sait que l’éveil de l’Algérie à une existence historique a fait de grands progrès après 1945. La critique des mythes fondateurs de l’Algérie coloniale, qui gagnait des secteurs de plus en plus étendus de la société, n’épargna pas la communauté européenne. Une mince frange des chrétiens d’Algérie – prêtres, étudiants et syndicalistes, à l’image d’Evelyne Lavalette, détenue politique – s’attaquèrent aux « écrans accumulés pour nier le caractère politique du problème algérien et le réduire à un problème économique et social ». FANNY COLONNA - http://www.socialgerie.net/spip.php?article1505 Page 2 Cette donnée, oh combien féconde, de l’histoire algérienne a été prise en charge à Alger par les Scouts musulmans, avec Mahfoud Kaddache, Salah Louanchi, Omar Lagha, Mohammed Drareni, Reda Bastandji et les centralistes du MTLD – auxquels Fanny a consacré une étude qui revoit les polémiques anciennes à la lumière des politiques de notre temps. Loin d’atténuer cette avancée, la guerre la précipita. Des prêtres comme les abbés Albert Berenguer, Pierre Mamet, Jobic Kerlan, Jean Scotto…, les militants de l’AJAAS et les animateurs de Consciences maghrébines s’engagent dans la résistance et incitent l’Eglise d’Algérie, avec à sa tête le cardinal Duval, et le Vatican à la défendre. Hommes de l’ombre sur le sol algérien, détenus politiques dans les prisons, exilés à l’étranger, ils ont tous mis leur énergie et leur foi au service de la nation algérienne : « Nous ne venons pas en aide au FLN, dixit Pierre Chaulet. Nous sommes Algériens comme vous : notre sol, notre patrie, c’est l’Algérie, nous la défendons avec vous. Nous sommes du FLN. » Cette profession de foi, c’est aussi celle de Fanny. Son amour de la terre natale, qu’elle a exprimé tout au long de la guerre civile des années 1990 et jusqu’à son dernier souffle, a transformé sa vie de manière à lui donner un sens que la mort ne peut lui ravir. L’hommage que l’Algérie lui doit va aussi à tous les chrétiens que le fanatisme religieux n’a pas épargnés. Ne les oublions pas. Le silence institutionnel sur leur contribution à la victoire contre le colonialisme n’a pas aidé à assurer leur sécurité dans la tourmente qu’a connue l’Algérie ces dernières années. Espérons que le rattrapage en cours y remédiera. Mohammed Harbi, 25 novembre 2014. haut de page photo DR FANNY COLONNA REPOSE DÉSORMAIS À CONSTANTINE la sociologue-anthropologue algérienne est enterrée au cimetière chrétien de Constantine FANNY COLONNA - http://www.socialgerie.net/spip.php?article1505 Page 3 LES VERSETS DE L’INVINCIBILITÉ Messaoud Benyoucef braniya chiricahua vendredi 21 novembre 2014 Fanny Colonna, anthropologue, vient de nous quitter. Paix à son âme. En 1996, j’avais écrit un article de recension pour la revue"Hommes et migrations". Il s’agissait d’un compte-rendu du maître ouvrage de Fanny Colonna, "Les versets de l’invincibilité". En hommage à Fanny, chrétienne- progressiste algérienne, le voici : C’est l’histoire d’une perte, entrevue et pensée en termes de courbe, dont le tracé, "lent, très lent, séculaire", dessine en définitive la disparition d’une figure centrale de la société algérienne : le "saint", ce clerc, ce lettré, ce "taleb" nourri à la sève unique du Livre Invincible, le Coran. Avec l’effacement du saint, c’est un "bouleversement dans l’épistémé des gens" qui se produit : la manière de lire et d’interpréter le monde au moyen du Coran change. Notons bien, cependant, que le Coran reste présent dans son immuabilité et que la perception et l’appropriation du monde se font toujours par son truchement ; c’est son mode de présence au monde qui a changé. Disons-le autrement : une fracture décisive se produit au XXème siècle, en Algérie, qui voit la religiosité changer : la silhouette familière et fantasque du saint s’estompe pour laisser la place à l’Islahi, le réformateur qui, revenu du fond des âges -et, accessoirement de quelque voyage d’études au Moyen-Orient- entend rappeler la société à l’observance stricte de l’Islam "véritable", celui des Origines, des premiers croyants, les "Salaf". C’est donc cette permanence de l’Islam et ces changements dans la religiosité dans l’Algérie contemporaine, que Fanny Colonna scrute, décompose et reconstruit à travers un exposé méthodologique-critique et une analyse de quatre "nouvelles", récits de Coran, de terre et de sang dans le massif montagneux de l’Aurès, dans l’est de l’Algérie. Dans la première partie, intitulée "une religion introuvable", F. Colonna s’interroge sur les enjeux cognitifs du religieux et sur sa place et sa fonction dans les sociétés maghrébines. Elle relève que l’historiographie et la sociologie du Maghreb ont, très longtemps, été élaborées à la lumière épistémologique du positivisme durkheimien dominant dans les sciences sociales, et qui n’accordait pas de place à la religion dans son analyse des faits sociaux. Pourtant, en dehors du cadre universitaire, une foule d’études et de travaux étaient produits sur l’Algérie qui accordaient à la religion une place centrale, essentielle même, dans la vie sociale : il s’agissait de la "littérature" des officiers des Bureaux arabes et des Administrateurs des Affaires indigènes, dont la préoccupation immédiate était, il est vrai, de comprendre, pour mieux la combattre, la dynamique de mobilisation et d’insurrection des tribus. Cette alternative, "la religion est tout / la religion n’est rien", est la manifestation symptomale d’un autre enjeu, celui de l’inscription identitaire du Maghreb. En effet, toute une tradition intellectuelle se rattachant à la "Cité antique" de Fustel de Coulanges, via Durkheim, a abouti à la négation de l’ancrage du Maghreb dans la culture islamique, au profit de son inclusion dans l’espace méditerranéen, aux côtés de la Grèce, de Rome, de l’Anatolie... Emile Masqueray, Jean Servier et, surtout, Albert Camus figurent parmi les nombreux promoteurs de cette annexion ; (F. Colonna rappelle que le premier épisode du célèbre reportage d’A.Camus, "Misère de la Kabylie" , était titré : "la Grèce en haillons" !). On le voit bien : ce stéréotype de la "méditerranéité est incompatible avec une religion révélée scripturaire comme l’Islam ; il n’est compatible qu’avec un paganisme de fait." FANNY COLONNA - http://www.socialgerie.net/spip.php?article1505 Page 4 Pourtant, la présence de l’Écriture et de textes dans les sociétés maghrébines était un fait têtu et massif : pas une des manifestations de la vie en société n’était indemne de l’empreinte de la religion et du texte sacré ; rien n’échappait à leur magistère. C’est cette réalité que les anthropologues anglo-saxons en particulier, Clifford Geertz, Jack Goody et Ernest Gellner -entre autres- vont placer au centre de leurs réflexions sur les sociétés islamiques ; leurs travaux vont marquer le début de la déconstruction de la raison objectiviste durkheimienne et ouvrir la voie à une interprétation du sens de la religiosité : "l’accent va être mis, dès lors, sur l’autonomie du religieux et, surtout, sur la construction d’un paradigme qui offre les moyens de questionner l’évolution des manières de croire comme un phénomène endogène, c’est à dire ne se ramenant pas à la conséquence directe des rapports avec un autre." C’est, explicitement, que F.Colonna inscrit son travail dans le cadre général de ce paradigme ; comme C. Geertz avec Bali, ou E. Gellner avec le Haut-Atlas marocain, elle choisira le massif des Aurès, en Algérie, sur lequel, pendant plus de vingt ans, elle enquêtera et réfléchira, car il offre des homologies troublantes avec ces deux situations : " même résistance à la conversion, aussi bien à la laïcité qu’au Christianisme. Même besoin de se légitimer comme croyants aux yeux des autres et de l’État central. Et, surtout, même prise en main de l’opération de réformation religieuse par la caste religieuse elle-même ; par le haut, si on uploads/Litterature/ 2014-12-08-fanny-colonna.pdf

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