L’interculturalit´ e dans ”L’´ etrange destin de Wangrin ou Les roueries d’un i
L’interculturalit´ e dans ”L’´ etrange destin de Wangrin ou Les roueries d’un interpr` ete africain” d’Amadou Hampˆ at´ e Bˆ a Lise P´ erusat To cite this version: Lise P´ erusat. L’interculturalit´ e dans ”L’´ etrange destin de Wangrin ou Les roueries d’un in- terpr` ete africain” d’Amadou Hampˆ at´ e Bˆ a. Literature. 2010. <dumas-00733202> HAL Id: dumas-00733202 http://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-00733202 Submitted on 18 Sep 2012 HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destin´ ee au d´ epˆ ot et ` a la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publi´ es ou non, ´ emanant des ´ etablissements d’enseignement et de recherche fran¸ cais ou ´ etrangers, des laboratoires publics ou priv´ es. - 1 - L’INTERCULTURALITE DANS L’ETRANGE DESTIN DE WANGRIN OU LES ROUERIES D’UN INTERPRETE AFRICAIN D’AMADOU HAMPATE BA Mémoire de première année de Lise PERUSAT. Sous la direction de Christiane ALBERT, maître de conférences en Lettres Modernes. Année 2009/2010. Mémoire soutenu le 5 Octobre 2010. Université de Pau et des Pays de l’Adour. Master Lettres et Civilisations. Parcours Poétiques et Histoire littéraire. - 2 - Extrait de la lettre d’Amadou Hampâté Bâ à la jeunesse à l’occasion de l’Année internationale de la jeunesse. 1985. « De même que la beauté d’un tapis tient à la variété de ses couleurs, la diversité des hommes, des cultures et des civilisations fait la beauté et la richesse du monde. Combien ennuyeux et monotone serait un monde uniforme où tous les hommes, calqués sur un même modèle, penseraient et vivraient de la même façon ! N’ayant plus rien à découvrir chez les autres, comment s’enrichirait-on soi-même ? » - 3 - Remerciements : Je tiens tout d’abord à remercier Madame Albert, ma directrice de recherche, pour m’avoir fait découvrir la littérature africaine, à travers ses cours riches et variés ; pour ses encouragements et sa disponibilité tout au long de mes recherches. C’est aussi son aide et son soutien qui m’ont permis d’élaborer mon projet d’études de deuxième année de Master au Burkina Faso s’inscrivant dans la continuité de mes recherches. Je lui en suis très reconnaissante. Je tiens également à remercier ma grand-mère, pour sa relecture avisée, ses encouragements, et ses conseils ; et de manière plus générale, ma famille et mes amis qui m’ont soutenue et supportée tout au long de l’année. - 4 - SOMMAIRE : Introduction. I. Mise en scène d’une diversité culturelle. I.1. La situation coloniale. I.1. a) « noirs-noirs », « noirs-blancs » et « blancs-blancs », ou la hiérarchisation de la société coloniale I.1. b) Wangrin, les « dieux de la brousse » et les anciens tirailleurs : quelles formes d’interaction ? I.2. Wangrin, confluent de cultures. I.2. a) L’œcuménisme de Wangrin. I.2. b) La maîtrise de la langue, clé du succès. I.3. Les différents univers symboliques. I.3. a) Amadou Hampâté Bâ, un fond culturel riche. I.3. b) Etude du bestiaire. II. L’Etrange destin de Wangrin, une œuvre hybride. II.1. Entre traditions littéraires africaines et occidentales. II.1. a) Interférences génériques. II.1. b) Un roman polymorphe. II.2. Le chemin de la Parole. II.2. a) « L’oral-écrit ». II.2. b) Hétérolinguisme et polyphonie. - 5 - III. L’Etrange destin de Wangrin, porteur d’un humanisme moderne ouvert sur la diversité. III.1. Un roman placé sous le signe de l’échange. III.1. a) Entre traditions et modernité III.1. b) Dualité ou dichotomie ? III.2. Amadou Hampâté Bâ, passeur de langue et de culture. III.2. a) Un auteur postcolonial ? III.2. b) Wangrin, une harmonie retrouvée dans l’alliance des contraires. Conclusion. Bibliographie. - 6 - Introduction : « En Afrique, chaque fois qu’un vieillard meurt, c’est une bibliothèque qui brûle. » Cette célèbre phrase d’Amadou Hampâté Bâ continue de résonner dans tous les esprits lorsqu’il s’agit de littérature africaine. A l’heure où l’Afrique tente de trouver sa place dans la communauté internationale, sur les plans économiques, politiques, et culturels, l’œuvre d’Amadou Hampâté Bâ fait référence. Pour l’écrivain, le développement économique ne peut se faire sans son penchant culturel. C’est dans ce domaine qu’a œuvré tout au long de sa vie cet érudit. Amadou Hampâté Bâ est né à l’aube du XXè siècle en 1900 à Bandiagara au Mali, dans l’ancienne Afrique Occidentale Française et se décrit comme un « fils aîné du siècle »1. Il naît d’Hampâté Bâ, et Kadidja Pâté Poullo Diallo, tous deux issus de nobles familles peules. A la mort de son père, alors qu’il n’avait que deux ans, il est adopté par Tidjani Amadou Ali Thiam, le roi toucouleur de Bandiagara. Son éducation traditionnelle est assurée entre autre par un traditionnaliste et conteur très populaire, dénommé Koullel qui vivait à la cour de son père adoptif. Pour Hampâté Bâ, elle est d’une certaine manière la première école qu’il a fréquentée, écoutant et mémorisant contes, poèmes, épopées, chants des griots et traditionnalistes avant même de savoir écrire. En deuxième lieu, c’est Tierno Bokar Salif Tall, saint homme et grand savant, qui prend en charge son éducation coranique, et occupe une place primordiale dans sa vie.2 En 1912, étant fils adoptif de chef de province, il est réquisitionné par l’Ecole Primaire Française, puis par « l’école des Otages » à Kayes, pour être formé en tant qu’auxiliaire de l’administration coloniale. Il est ensuite admis à l’Ecole Normale de Gorée, mais ne s’y rend pas, ce qui lui vaut, en guise de « punition », une mutation en Haute-Volta à Ouagadougou. En 1933, il est muté à Bamako où il occupe diverses fonctions au sein de l’administration coloniale. En raison de son attachement à l’Ordre Tidjanya, branche soufiste de l’Islam, il s’attire les foudres du gouvernement colonial, et doit son salut au Professeur Théodore Monod, fondateur de l’I.F.A.N. (Institut Français d’Afrique Noire). Ce dernier lui confie en 1942, un travail de recherches et d’enquêtes ethnologiques à travers l’A.O.F., ce qui lui permet de mener en parallèle des recherches personnelles ayant pour but de collecter les traditions orales africaines. Il publie sa première œuvre, L’empire Peul du Macina en 1955, fruit de ses 1 A. H. Bâ, Amkoullel l’enfant peul. Mémoires I, Paris : J’ai lu, 1991. 442p. p.58. 2 Sur le sujet, voir A.H. Bâ, Vie et enseignement de Tierno Bokar, le sage de Bandiagara. Paris : Seuil, 1980, 254p. - 7 - travaux. En 1958, il fonde et dirige l’institut des sciences humaines du Mali, et représente son pays fraichement indépendant à la Conférence générale de l’UNESCO. La même année en 1962, il est élu membre du Conseil Exécutif de l’UNESCO, où il siège jusqu’au début des années 1970. Dès lors, il cesse toutes fonctions officielles pour se consacrer à ses recherches personnelles, d’ordre religieux, historique, littéraire et ethnologique. Il publie alors plusieurs contes traditionnels comme Petit Bodiel1 en 1976, mais aussi Njeddo Dewal mère de la calamité2 en 1985, etc. Il rédige également ses mémoires en deux volumes, Amkoullel l’enfant peul et Oui mon commandant ! publiées après sa mort respectivement en 1991 et 1994, et son seul et unique roman L’Etrange destin de Wangrin ou les Roueries d’un interprète africain en 1973. Au vu de ces éléments biographiques, en particulier ses différentes éducations – traditionnelle, coranique et française- ainsi que ses travaux de recherche à l’I.F.A.N., on peut d’ores et déjà constater qu’Hampâté Bâ a été très tôt et à maintes reprises au contact de la différence. Il semble donc être pertinent de s’interroger sur la manière dont l’écrivain a pu mettre en scène cette altérité dans ses œuvres, que nous allons envisager sous l’angle de l’interculturalité. Cette dernière se définit comme la rencontre de deux ou plusieurs cultures dans un espace donné. Le substantif est formé du préfixe « inter » qui exprime la notion de relation, de réciprocité et d’échange entre deux éléments distincts, et du nom « culture ». Les deux éléments sont ici les cultures africaines et européennes, séparées par des frontières géographiques, politiques, idéologiques et socioculturelles. Nous verrons que l’interculturalité chez Amadou Hampâté Bâ est plus complexe que ce schéma bipartite et qu’elle se retrouve également entre les différentes ethnies, bambara et peul, pour ne citer qu’un exemple. L’étude de l’interculturalité a donc pour objet la rencontre des cultures et ainsi mêle des disciplines telles que : l’anthropologie, la psychologie la linguistique, la littérature, etc. Pour ce qui est de cette dernière, il s’agit « d’observer l’interaction des facteurs propres aux différentes cultures qui se trouvent en contact dans la production, la mise en circulation et la lecture des textes. »3. Pour ce faire, nous nous concentrerons en particulier sur le roman L’Etrange destin de Wangrin ou les Roueries d’un interprète africain. Cet ouvrage retrace la vie de Sambi Traoré aussi connu sous le nom de Samaké 1 In A.H. Bâ, Petit Bodiel et autres contes de la savane. Paris : Pocket, 2006. 217p. 2 In. A.H. Bâ, Contes uploads/Litterature/ 2009-2010-perusat-lise-m1.pdf
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- Publié le Dec 11, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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