Pouvoir voler en 2050 QUELLE AVIATION DANS UN MONDE CONTRAINT ? 03 MARS 2021 Av
Pouvoir voler en 2050 QUELLE AVIATION DANS UN MONDE CONTRAINT ? 03 MARS 2021 Avec la contribution de : 2 POUVOIR VOLER EN 2050 : QUELLE AVIATION DANS UN MONDE CONTRAINT ? Édito Peu de secteurs occupent dans le paysage de la transition énergétique une place aussi singulière que l’aviation. Industrie de pointe à l’impact climatique négligeable pour ses défenseurs, lubie des ultra-riches rompus à l’exercice de minimiser leurs émissions pour ses détracteurs, elle génère des avis clivants et des oppositions parfois stériles. Les auteurs du présent rapport soutiennent l’idée que par-delà ces positions extrêmes, une autre voix doit se faire entendre. En mai 2020 un premier rapport intitulé Crise(s), climat : préparer l’avenir de l’aviation proposait une série de mesures décarbonantes que l’État pourrait exiger en contrepartie de son soutien au secteur. En ciblant des actions activables immédiatement et aux effets significatifs dès 2025, ce rapport défendait l’idée que le redressement d’un secteur durement touché par la crise n’était pas incompatible avec le lancement d’une politique effective de décarbonation. Bien au contraire : il soutenait que temporiser la transition énergétique de l’aviation la rend d’autant plus vulnérable face à la menace climatique. Les neuf mois qui nous séparent de cette publication ont été jalonnés d’événements contrastés. Si Airbus s’est engagé dans la production d’un avion à hydrogène en 2035, si les prises de positions publiques sur la décarbonation de l’aviation se sont multipliées, la crise sanitaire s’est prolongée, affectant l’équilibre financier de nombreux acteurs aujourd’hui confrontés à un risque de faillites sans précédent. Mais ces neuf mois ont aussi vu de nombreuses voix s’élever, celles d’ingénieurs, de pilotes, de contrôleurs aériens, d’employés de compagnies aériennes et de simples usagers de l’aviation qui se sont reconnus dans le discours du rapport du Shift Project. Exprimer leur intérêt pour la démarche, en souligner les manques et les limites, a conduit un grand nombre d’entre eux à souhaiter poursuivre l’analyse. Telles sont donc les contributrices et contributeurs de ce nouveau rapport : des professionnels du secteur désireux de se confronter à l’angoissante mais inéluctable question de savoir comment agir aujourd’hui pour continuer à voler demain, dans un monde contraint. Si personne ne mésestime les souffrances et le désarroi causés par la crise du COVID-19, bien plus lourdes sont les menaces que laissent augurer le changement climatique, l’épuisement des énergies fossiles et l’effondrement de la biodiversité sur la vie humaine en général, et sur l’aviation en particulier. Nous qui aimons l’aviation et qui pour beaucoup en ont fait leur métier, nous qui aimons la technique, les grandes découvertes, toute cette prodigieuse intelligence humaine mobilisée pour faire voler des machines, nous affirmons aimer plus encore la vie, la nature et la science - cette science qui décrit aussi rigoureusement les phénomènes aérodynamiques et climatiques, cette science dont on ne peut à la fois jouir des bienfaits et ignorer les bouleversements qu’elle projette. Nous, ingénieurs aéronautique, pilotes, contrôleurs aériens, employés de compagnies aériennes, usagers ou simples amoureux de l’aviation, las des discours clivants à son égard, signons ce rapport avec l’ambition de créer les conditions d’un débat apaisé sur sa capacité à réduire drastiquement ses émissions de gaz à effet de serre, dans des proportions compatibles avec un monde vivable en 2100. Nous, aérophiles climato- concernés, revendiquons pouvoir faire partie de la solution plutôt que du problème, en portant une parole transparente, désintéressée et scientifiquement étayée sur ce que peut faire - mais aussi ne peut faire - le secteur aérien pour se décarboner. Le Comité de rédaction 3 POUVOIR VOLER EN 2050 : QUELLE AVIATION DANS UN MONDE CONTRAINT ? 1 Contexte 4 2 Objectifs clés du rapport 4 3 Notre proposition de base : l’instauration d’un budget carbone pour le transport aérien 5 4 Nos 2 scénarios de décarbonation 5 5 Focus sur la France : quelles mesures de décarbonation activer rapidement au niveau national ? 7 6 Impacts sur les emplois en France 8 7 Conclusion 9 Comité de rédaction Lire le communiqué de presse Equipe de rédaction N.B. La situation professionnelle de certains membres de l’équipe les contraint à l’anonymat. Par ailleurs, chacun des contributeurs s’exprime ici en son nom propre et ses propos ne reflètent en aucun cas ceux de son entreprise ou association, exceptions faites de The Shift Project, les Shifters, Citoyens pour le Climat et SUPAERO-DECARBO. Ces derniers portent une parole indépendante de l’Institut Supérieur de l’Aéronautique et de l’Espace (ISAE-SUPAERO) qui ne l’engage en rien. Ange BLANCHARD (Etudiant ISAE-SUPAERO), Jeanne BOSC BIERNE (Étudiante ISAE-SUPAERO), Angela BOVO (Ingénieure SUPAERO, Membre du collectif SUPAERO-DECARBO), François CAMILLERI, (Ingénieur aéronautique, Membre du Pôle Sciences du collectif Citoyens Pour Le Climat), Grégoire CARPENTIER (Ingénieur SUPAERO, Co-fondateur du collectif SUPAERO- DECARBO), Olivier COEURDRAY (Ingénieur SUPAERO, Membre du collectif SUPAERO-DECARBO), Maximilien de POMMEROL (Etudiant ISAE-SUPAERO), Olivier DEL BUCCHIA (Ingénieur SUPAERO, Co-fondateur du collectif SUPAERO-DECARBO), Xavier DEVARS (Pilote de Ligne), Soizic ESNAULT (Doctorante en mécanique des fluides), Louis FIEVET (Ex-ingénieur aéronautique, Membre du collectif SUPAERO-DECARBO), Yohann GIRARDEAU (Etudiant ISAE-SUPAERO), Bich HA DUONG (Ingénieur SUPAERO, 16 ans de carrière dans une compagnie aérienne, Membre du collectif SUPAERO-DECARBO), Nicolas HUBERT (Ingénieur aéronautique, Membre du collectif SUPAERO-DECARBO), Clément JARROSSAY (Ingénieur aéronautique), Auriane JOUDIOU (Etudiante ISAE-SUPAERO & Sciences-Po Paris), Alix LAGET (Contrôleuse aérienne), Julien MARCINKOWSKI (Ingénieur aéronautique, Formateur énergie- climat), Florian NGUYEN (Ingénieur aéronautique et spatial), Florent NOBELEN (Ingénieur aéronautique, Membre du collectif SUPAERO-DECARBO), Marie REBIERE (Etudiante ISAE- SUPAERO), Jules RICHARD (Ingénieur aéronautique, conseiller en mobilité, Membre du collectif SUPAERO-DECARBO), François ROBERT (Ingénieur aéronautique, Etudiant en Arts et Politiques à Sciences Po, Membre du collectif SUPAERO- DECARBO), Elisabeth WOELDGEN (Ingénieure aéronautique). Ont souhaité garder l’anonymat : Guillaume (Pilote de ligne), 6 ingénieurs aéronautique, 1 ex-administrateur d’une com- pagnie aérienne. Relecture / Conseil Loïc BONIFACIO (Ingénieur ESTACA), Sigrid CLAVIERAS (Ingénieure SUPAERO, Union des transports publics et ferroviaires, Membre du collectif SUPAERO-DECARBO), Maxime EFOUI-HESS (Ingénieur SUPAERO, Membre du collectif SUPAERO-DECARBO, Chargé de projet, THE SHIFT PROJECT), Yves FOUQUART (Ancien professeur de l’Université de Lille, Ex-membre du comité scientifique du Programme mondial de Recherches sur le Climat et co-rédacteur du 3ème rapport du GIEC ), Nicolas GOURDAIN (Professeur à l’ISAE- SUPAERO, Membre du collectif SUPAERO-DECARBO), François NEGRE (Contrôleur aérien, Expert ATM pour les études européennes), Nicolas RAILLARD (Chef de projet THE SHIFT PROJECT), Yannick SALEMAN (Chef de projet emploi, finance, macroéconomie, THE SHIFT PROJECT), Antoine THEBAULT, Léa FOURCADE (Graphiste), Édouard LAFORE (Infographiste). Ont souhaité garder l’anonymat : Un ingénieur aéronautique, un membre de la DGAC, un membre de l’OACI, une personne en poste dans les solutions IT pour les compagnies aériennes et le secteur du Voyage, Manager en Stratégie Table des matières Pouvoir voler en 2050 QUELLE AVIATION DANS UN MONDE CONTRAINT ? 03 MARS 2021 SYNTHÈSE Avec la contribution de : 4 POUVOIR VOLER EN 2050 : QUELLE AVIATION DANS UN MONDE CONTRAINT ? Le secteur aérien est aujourd’hui frappé par la pire crise de son histoire, affectant tous les acteurs du secteur avec des risques de faillites en cascade, de pertes d’emplois, et de savoir-faire uniques 1. A plus long terme, les risques climatiques, couplés avec l’épuisement des ressources fossiles, menacent l’en- semble de l’économie mondiale. Plus que jamais, anticiper et se transformer devient, pour l’aviation comme pour tout autre secteur économique, un enjeu de survie dans le monde bas car- bone de demain. En 2018, l’aviation civile mondiale a émis ~1,1 GtCO2 2, amont compris, soit ~2,56% des émissions mondiales de CO2 (agri- culture, foresterie et autre utilisation des terres inclus)3. Mal- gré l’amélioration continue de l’efficacité énergétique des aé- ronefs, les émissions de CO2 ont augmenté de 42% entre 2005 et 2019 4 du seul fait de la croissance du trafic aérien. Avec les perspectives de croissance post crise COVID annon- cées par l’IATA5, la maîtrise de ces niveaux d’émissions est une préoccupation de premier ordre. Le transport aérien contribue également au dérèglement clima- tique par le rejet d’autres GES. En 2011, l’aviation contribuait ainsi – en comptabilisant les effets hors CO2 – à hauteur de 3,5% au forçage radiatif effectif net ; en 2018, la part des effets hors CO2 au forçage radiatif est deux fois supé- rieure à celle du CO2 seul 6. Toutefois, il n’existe pas encore de consensus sur une métrique robuste pour décrire les impacts climatiques de ces effets, dont la dynamique et la temporali- té sont significativement différentes. Nous présentons l’état des connaissances scientifiques sur les phénomènes hors CO2 7, mais dans un objectif de robustesse des calculs et de projec- tion sur le long terme, les études quantitatives se concentrent sur les seules émissions de CO2. L’impact climatique évalué doit donc être considéré comme minimum. Il est bien rappelé que toute technologie ou stratégie de réduction des émissions de l’aérien doit intégrer l’ensemble de ces phénomènes. Rappelons qu’en dépit de ses efforts de démocratisation, le transport aérien reste l’apanage d’une minorité de personnes, parmi les plus aisées. Seule 10% de la population mondiale prend l’avion chaque année 8 et, en 2018, 1% de la population mondiale était responsable de 50 % des émissions de l’avia- tion 9. Ramenés au nombre uploads/Ingenierie_Lourd/ pouvoir-voler-en-2050-shiftproject-rapport-2021.pdf
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- Publié le Fev 13, 2022
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