Le premier lycée 100% énergie propre ouvrira ses portes à la rentrée 2009 et ac
Le premier lycée 100% énergie propre ouvrira ses portes à la rentrée 2009 et accueillera cinq cents élèves. É T A N C H É I T É . I N F O · N U M É R O 2 0 · D É C E M B R E 2 0 0 8 · 35 RÉALISATION > POITIERS Le lycée qui veut devancer Kyoto E n Poitou-Charentes, les lycéens l’ont appris de- puis quatre ans: tout peut se conjuguer au mode «participatif», y compris désormais le bâtiment. À la rentrée 2009, cinq cents élèves inaugureront à Poitiers le premier lycée étiqueté « 100 % énergie propre». Baptisé Kyoto, en référence au protocole épo- nyme, l’établissement s’affiche déjà comme l’une des fi- gures de proue de la politique «d’excellence environne- mentale » voulue par la présidente de la région, Ségolène Royal. Blogs, forums publics, visites de chan- tier, débats avec le personnel pour le choix du revête- ment de sol du centre de documentation ou encore du carrelage de la cuisine: le projet se veut également un modèle de participation citoyenne jusque dans sa ges- tion future qui dépendra d’un «budget participatif» à l’instar de l’ensemble des lycées picto-charentais. Autant technique que médiatique, l’ouvrage est présenté comme un concentré des principes d’écoconstruction: signature d’une charte «chantier vert», mise en place d’une démarche Haute qualité en- vironnementale (HQE) et surtout diminution drastique de la consommation énergétique. Et sur ce dernier point, le maître d’ouvrage a placé la barre très haut. L’objectif: diviser par 30 le recours aux énergies fossiles par rapport à un établissement conçu dans les années 2000. Concrètement, cela signifie une consommation de chauffage réduite de 90 à 3 kWh/m2 par an et de 45 à 1 kWh/m2 par an pour l’électricité. Pour parvenir à un tel bilan, le lycée Kyoto réunit tous les fondamentaux d’une conception qui minimise les besoins énergétiques: compacité des bâtiments, orientation bio- climatique, ventilation et éclairage naturels, inertie thermique et isolation par l’extérieur renforcée. «75% du bilan énergétique sont directement liés aux efforts d’isolation, qui concernent toute l’enveloppe, murs, vi- trages, toiture», détaillent les architectes du projet, Samuel Neves, François Gillard et Guy Autran, associés du cabinet SCAU à Paris. Traitement systématique des ponts thermiques Sur les 10000 m2 de toitures-terrasses du lycée dont près de la moitié est végétalisée, les isolants vont at- teindre des épaisseurs encore peu courantes: jusqu’à 180mm pour les panneaux en polystyrène expansé (PSE) mis en œuvre sur la majorité des surfaces par les équipes de l’agence Soprema de Poitiers en charge du lot étanchéité. Seuls 3000 m2 de terrasses techniques et 680 m2 de toiture en tôle d’acier nervurée seront Voulu comme une figure de proue de la démarche «énergie propre», le futur lycée Kyoto de Poitiers s’annonce d’ores et déjà comme un concentré de tous les principes d’écoconstruction: charte «chantier vert», HQE, réduction de la consommation… Tout est mis en œuvre pour minimiser les besoins énergétiques tout en devançant les limitations de la prochaine réglementation thermique. 1- Les équipes en charge de l’étanchéité ont 10000 m2 de toiture- terrasse à traiter. 2- Au sein de l’atrium, un système d’ouvrants assurera une ventilation efficace, l’air frais entrant par le bas et l’air chaud étant évacué par le haut. 3- Les panneaux de PSE mis en œuvre peuvent atteindre 180 mm d’épaisseur. É T A N C H É I T É . I N F O · N U M É R O 2 0 · D É C E M B R E 2 0 0 8 · 37 RÉALISATION > respectivement isolés avec un isolant en polyuréthane (120mm) et des panneaux en laine minérale. Mais au- delà des épaisseurs d’isolants, les performances ther- miques visées ont également imposé une gestion systé- matique des ponts thermiques en toiture. Au total, près de 1700 mètres linéaires d’acrotères vont ainsi être en- tièrement traités à l’aide de panneaux en polystyrène extrudé (160mm). Une logique de réduction des déper- ditions linéiques qui va également conduire à isoler les réservations du gros œuvre au droit des entrées d’eaux pluviales. Autant de dispositifs qui préfigurent les exi- gences de la prochaine réglementation thermique pour les bâtiments neufs. «Techniquement, notre principale contrainte résidait dans l’obligation de conserver des rele- vés d’étanchéité visitables tout en rapportant une isola- tion, précise Julien Gatefait, conducteur de travaux sur ce chantier. La solution a consisté à installer des costières métalliques amovibles en appui des panneaux XPS verti- caux et lestées sous la protection de l’étanchéité de partie courante.» Autre avantage de cette technique: elle per- met rapidement de mettre le bâtiment hors d’eau. Mais elle impose aussi aux équipes d’intervenir en deux temps. «Cela complique le phasage des travaux, reconnaît Julien Gatefait. Nous devons repasser sur les toitures afin de réaliser les relevés et leur isolation, une fois les éléments de façade achevés.» FDES obligatoires Côté maîtrise d’ouvrage, il a également fallu justifier le choix des matériaux. D’abord pour répondre aux exi- gences du référentiel HQE ; ensuite, démarche «partici- pative» oblige, afin de rassurer les enseignants, étonnés que leur lycée «écolo» n’utilise ni chanvre, ni liège comme isolant de toiture. Conséquence, tous les four- nisseurs ont dû montrer patte blanche. Le sésame: les Fiches de données environnementales et sanitaires exi- gées pour chaque produit de construction afin d’évaluer le profil environnemental de l’ouvrage. «Pour l’enduit d’imprégnation à froid, note le conducteur de travaux de Soprema, il nous a été demandé de recourir à un produit 1 2 sans solvant.» De plus, en signant une charte «chantier vert», toutes les entreprises ont dû s’engager à prendre en compte dans leur mode constructif et dans leur orga- nisation des dispositions afin de réduire les nuisances liées à la construction. Principale contrainte pour l’étancheur: la gestion des déchets générés par la mise en œuvre. «Pour éviter de relarguer des billes de polysty- rène volatiles, la découpe de l’isolant en PSE s’effectue à l’aide de guillotines à fil chaud et de thermocutters qui per- mettent de réaliser des coupes nettes», explique Benoît Poupin, directeur de l’agence travaux de Soprema. RÉALISATION > Le bilan énergétique optimisé du lycée Kyoto repose également sur un ensemble de production d’énergie renouvelable. Dispositif phare de ce système : une cuve de 1000 m3 capable de stocker en été les calories produites par l’usine d’incinération voisine avant de les redistribuer dans l’établissement dès le début de la saison froide. Le complément (électricité et chaleur) sera ensuite fourni par deux microcogénérations fonctionnant à l’huile végétale. Enfin, des capteurs photovoltaïques produiront les quelques kilowatts nécessaires manquants. À l’arrivée, seulement 6% de la chaleur sera d’origine non renouvelable. P R I O R I T É A U X É N E R G I E S R E N O U V E L A B L E S 3 38 · É T A N C H É I T É . I N F O · N U M É R O 2 0 · D É C E M B R E 2 0 0 8 RÉALISATION > L E S I N T E R V E N A N T S Maître d’ouvrage: Région Poitou-Charentes Architecte mandataire : Guy Autran - François Gillard Ingénierie: Technip - TPS Ingénierie HQE: Cedre Architecte paysagiste: Anouk Debarre Bureau de contrôle: Socotec 4- Mise en œuvre de l’équerre de ren- fort sur les relevés. En partie courante, la première couche d’étanchéité est constituée d’un re- vêtement bitumi- neux autoadhésif adapté au support en PSE. 5- Près de 1700 mètres linéaires d’acrotères vont être entièrement traités à l’aide de panneaux en poly- styrène extrudé. 6- Afin d’éviter le relarguage de billes de polystyrène volatiles, la découpe du PSE s’effectue à l’aide de guillotines à fil chaud et de thermocutters, «chantier vert» oblige. L’entreprise va également respecter un tri sélectif de ses déchets, dont la majorité se devait dès le départ d’être recyclable. C’est le cas par exemple des chutes de mem- branes bitumineuses, collectées et prises en charge par la société Eurovia qui assure leur revalorisation. Même démarche pour le PSE dont les chutes représentent en- viron 60m2 de panneaux pour 6000 m2 de surfaces iso- lées. Conditionnées en big bags –eux-mêmes constitués de polystyrène recyclé– elles sont stockées au sec avant d’être transférées vers l’usine la plus proche du fabri- cant, Knauf, située à 80km du chantier et équipée pour le recyclage du PSE dans sa production. «L’ensemble de ces opérations fait l’objet d’un contrôle strict, jusqu’à la quantité de carburant consommé pour le transport des matériaux. Chaque étape est documentée et suivie par un système de traçabilité», souligne Gérard Persuy, respon- sable du marché de l’isolation des toitures supports d’étanchéité. Toutes ces mesures ont un prix: pas moins de 1,2 mil- lion d’euros pour le lot étanchéité, «ce qui représente de loin le chantier le plus important de l’agence en 2008», souligne Benoît Poupin. À l’arrivée, le coût de construc- tion du lycée Kyoto devrait représenter un budget de 50 millions d’euros, dont un surinvestissement uploads/Ingenierie_Lourd/ etancheite-info-20-4.pdf
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- Publié le Jul 21, 2022
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